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Les Journées de l'ECF #10

Jacques-Alain Miller : Projets et programme

Loin de se ralentir, le rythme des envois qui me parviennent s´accélère encore. Entre samedi midi et ce lundi à 6 heures, 35 nouveaux projets m´ont été adressés. J´ai dû en refuser 5. J´en ai inscrit 18. Je suis en négociation avec 12 collègues, à qui j´ai écrit pour leur donner mon avis.

Sauf erreur, à 6 heures ce matin j´avais répondu à tous ceux qui m´ont écrit depuis la semaine dernière, ou alors, ils ont directement trouvé leur nom sur les listes publiées. Vu l´abondance du courrier quotidien, et en dépit de ma vigilance, il serait étonnant que, sur le nombre, il n´y ait pas quelques oublis de ma part, ou que des mails ne se soient pas égarés. Si votre envoi est dans ce cas, veuillez me le signaler, si possible sans acrimonie.

Pour la plénière du dimanche, j´ai eu l´idée de consacrer l´une des six séquences à « Comment Freud et Lacan sont-ils devenus analystes? « . Réponse : « En s´analysant« . Serge Cottet et Eric Laurent m´ont fait l´amitié d´accepter de composer, respectivement, un Freud analysant et un Lacan analysant. Qu´ils en soient remerciés.

J´aimerais qu´une autre tranche horaire nous donne l´occasion d´entendre deux praticiens de disciplines extrêmes, exigeant du sujet que son inconscient ne vienne pas l´embrouiller dans son action ou sa pensée. Dans l´idéal, pour l´action sans acte manqué, ce serait un coureur automobile, un acrobate, un trapéziste, un épéiste, cette sorte de choses. Pour la pensée sans lapsus – on peut discuter l´expression – je ne vois qu´un mathématicien, ou, à la rigueur, un physicien. Il serait d´autant plus intéressant de les entendre évoquer, non seulement leur activité professionnelle, mais la psychopathologie de leur vie quotidienne – dans sa partie innocente, pour ainsi dire – s´ils acceptaient d´en dire un mot. Qui m´aidera à dégoter l´avis rara ?

Enfin, disposant inopinément d´une heure de libre dimanche matin, j´ai regardé le DVD qui m´avait été envoyé en service de presse, d´un documentaire préparé pour France 3, et intitulé La Première séance. Eh bien, c´est excellent. On reste rivé à l´écran pendant 52 minutes. Mon avis a son prix, car je suis accoutumé de porter un regard critique sur les activités du réalisateur, et ce, depuis sa naissance, puisqu´il s´agit de Gérard Miller. Le film est d´un tact parfait, et ceux qui s´expriment le font avec une simplicité, une pertinence, une authenticité, confondantes – et aussi une sorte de douceur, tous à l´exception de deux, des réfractaires à l´analyse, d´une grande drôlerie, un grand couturier grinçant et un cinéaste qui se bidonne. On y rencontre des analystes posés, inspirant confiance, et qui sont, comme c´est curieux, des membres de l´ECF. Mais il y a surtout des analysants, à visage découvert, certains inconnus, et d´autres qui sont des people, dont une chanteuse prénommée Carla.

Je me dis qu´il faut absolument projeter ça le dimanche dans le grand Auditorium, sur grand écran. Ou bien à l´heure du déjeuner – mais ce serait condamner les spectateurs aux sandwichs, et les priver d´une partie des papotages sans lesquels ils n´y a pas de congrès digne de ce nom – ou bien comme l´une des séquences – mais ce serait sacrifier le temps de deux exposés et leur discussion. A suivre.

Pour terminer, je signale la fulgurante contribution que m´a adressée, en français, notre collègue Marco Mauas, de la New Lacanian School. Si d´autres collègues, d´autres Ecoles, voulaient nous donner un aperçu de ce genre concernant « comment on devient analyste » dans leur pays, qu´ils sachent qu´ils seront les bienvenus dans le Journal des Journées.