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#68

FLORY KRUGER-JA MILLER

extrait d’une correspondance

 

de flory, 29 novembre, 13 : 15

Il ne fait pas de doute qu’ouvrir le Congrès de 2010 à Paris aux non-membres représente un changement radical.

Comment pourrais-je ne pas me souvenir de la Rencontre internationale de l’an 2000 à Buenos Aires, à l’hôtel Sheraton ? C’était moi la responsable de l’organisation, et en quelques heures, nous dûmes trouver comment élever une paroi de séparation le jour du Congrès : dedans, les membres ; derrière le mur, le Sheraton, où ça chauffait… À seulement l’évoquer, j’en suis encore émue. Chacun s’en fut avec une clef symbolisant l’entrée dans l’École Une, pendant qu’un chœur interprétait Nabucco. Tu t’en souviens ? Pour moi, cela reste un événement inoubliable.

Aujourd’hui, c’est le contraire. Nous assistons à la chute du mur, du nôtre, de celui de l’AMP. Les temps ont changé, et c’est toi, dans ta solitude, qui enregistre les changements, et donne l’orientation à suivre. Nous t’accompagnons, élevant des murs quand c’est nécessaire, les détruisant quand il le faut, parce que depuis près de 20 ans, les faits nous ont démontré que c’est la meilleure façon de défendre la psychanalyse dans le monde, et que là est l’enjeu le plus important

 

de jacques-alain, 30 novembre, 22 : 09

En 2000, il était urgent de donner à l’AMP son identité propre après vingt ans de Rencontres internationales. C’est au feu de ces Rencontres que s’était forgée l’EOL, et, de plus, l’AMP et l’EBP. Mais cette période, à se prolonger indûment, aurait conduit à la confusion : il fallait couper.

Depuis dix ans, nous sommes entre nous dans l’AMP. Nous avons conquis notre identité. Désormais, elle nous emprisonne, nous. On croirait que l’AMP est devenue un syndicat de co-propriétaires. Donc, nouveau renversement dialectique : ouvrir, non pas totalement, mais assez pour donner une perspective aux jeunes, et aussi pour rénover le style et les manières de nos échanges, qui ont pris dernièrement un sérieux coup de vieux.

Diriger demande de prendre en compte le facteur temporel. Aucun règlement n’est valable pour toujours. Il produit d’abord les effets positifs qui ont motivé sa promulgation ; puis, après un temps Tx, viennent les effets négatifs. L’ouverture devient chaos, la rigueur se fait mortifère.

Donc, il ne faut pas penser que « Miller change d’opinion comme de chemise, un jour il ferme, un jour il ouvre ». Les chers collègues qui disent ça oublient que le temps, je veux dire la durée, modifie l’effet des procédures. Quand les responsables y sont attentifs, ils peuvent faire évoluer les choses en douceur. S’ils ne s’en soucient pas, et laissent filer les choses, les changements interviennent tout de même, mais brusquement.

À mon avis, il convient de donner au Congrès 2010 la valeur d’une refondation.

Traduit de l’espagnol par JAM ; publié avec l’accord de F. Kruger