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Varia sur la Passe #73

LA PASSE N’EST PAS UNE


par Ahmed Degachi

 

On est en mai 1998, belle journée ensoleillée, un vendredi je crois.

Je lui disais combien je me sentais assigné à une place qui m’empêchais de me mouvoir, le corps s’y mettant en travers, mais qu’en même temps j’étais supposé capable de me déplacer, d’ailleurs ma décision est prise, je vais me rendre à M.

De la place d’enfant modèle je suis tombé un jour de calamité, rencontre de la sexualité crue, pudeur outragée, j’ai fui et j’ai couru, couru…

-« Et vous êtes arrivé ici ! »

Coup de gong…je m’aperçois à l’instant que ce n’est pas en courant qu’on change de place. C’est en changeant de point de vue, en prenant un point d’où voir ça autrement.

-« Vous avez là résumé votre parcours ! »

Puis vint une question saugrenue posée d’une façon inimitable :

« -Vous êtes membre de l’école vous ? » et sans attendre la réponse l’indication est donnée, elle ne souffrait pas de délai…

-« Allez-y à l’entrée par la passe, avec ce petit récit là ! ».

J’y suis allé à toute vitesse avec ça qui est arrivé, témoigné dans la hâte du mois de juin, juste avant le Congrès de l’AMP, celui fiévreux de 1998 à Barcelone. Mes passeurs ont su transmettre le point et je fus proposé pour devenir membre de l’école au printemps 99, j’en deviens membre à l’automne de la même année, toujours à toute vitesse !!

L’analyse continua, la passe a fait son entrée dans l’analyse en perdant de sa massivité.

Elle n’est pas une, plutôt multiple et les usages qui peuvent en être faits nombreux et variés. Il n’y a pas que la passe finale, il y a toute une variété de moments de passe, que je propose d’appeler « des points d’où » considérer son parcours analytique pour « permettre de réintroduire l’expérience psychanalytique de chacun au centre d’une conversation, soit lors de l’admission comme membre, soit au moment du passage à la décision de s’autoriser comme analyste…saurons nous tenir cette conversation continue sur l’autorisation que chacun tire de sa cure ? ». C’est ce que disait Éric Laurent, délégué général de l’AMP, à Rome en 2006.

Les dernières Journées de l’École telles que voulues par Jacques-Alain Miller montrent que c’est possible.