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Varia sur la Passe #66

Passeur « en difficulté »

par Fernand Gasser

 

Ayant été passeur (pour deux passants), je voudrais apporter ma contribution au débat en mettant mon expérience et ma question en regard d’un point de la théorie.

Passeur “en difficulté”1, j’étais dans un certain malaise, pas sans lien avec le fait qu’aucune des deux passes n’a donné lieu à une nomination d’AE.

Lacan écrit que le passeur assure “une fonction de médiation”, qu’il “est la passe”, “une plaque sensible”.

Dans les transmissions que j’ai faites aux cartels, je pense avoir été un secrétaire fidèle au discours des passants. J’ai évidemment réécrit un texte, temps oblige, plus court que leur témoignage.

La passe est définie comme une expérience de déduction et non de déchiffrage : je renvoie au travail de A. Zaloszyc2, pour avancer que cette déduction viserait le point obscur (Unerkannt) – et/ou – en émane, point que l’Autre cherche à saisir, à faire entrer dans ses circuits et enclos selon les deux modalités de Phi et “petit (a) sur moins phi”.

La réponse du cartel : “il y a” (passe et AE) se logerait dans l’empreinte, dans la trace effacée du passage du zéro au Un (cf. Frege) pour indiquer que le sujet se serait dégagé de cette trace ?

“Il y a” désignerait donc un nouage desserré et la perspective d’Un nouveau ?

Et le passeur là dedans ? Lui aussi enthousiaste… ou timoré, est chargé, par l’Autre de l’École comme par le passant, d’être le porte-parole de ce dernier, il est chargé de ne pas brouiller les veines du roc qu’il a pu repérer, au moins dans un tâtonnement déductif ?

Je conclurai ces questions – hypothèses à vérifier pour dire un mot me concernant : par la suite je me suis présenté à “la passe à l’entrée”, démarche qui peut s’entendre comme un “t’y mords pas encore”…

 

1. Lacan : « Une Procédure pour la passe ».

2. A. Zaloszyc : « L’Unerkannt et la jouissance liquide ». LM 275.