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#83 LNA

Anaëlle Lebovits, Ultimate fight

Le « management par le stress » appuyé sur l’évaluation, la quantification et le comportementalisme a montré ses effets. On ignore si les employés rompus à ces méthodes sont aujourd’hui plus rentables qu’autrefois – on peut en douter –, mais on sait en revanche, qu’ils dépérissent. Yonnel Dervin vient de faire paraître Ils m’ont détruit ! Le rouleau compresseur de France Télécom. Il n’est pas seul à dire les humiliations et vexations qu’inflige le management « rationnel » auquel cèdent trop d’entreprises de l’hexagone. Car comment procède-t-il, ce management ? Pour réduire les coûts de production, il entend réduire les salariés au seul comportement pour lesquels ils sont rémunérés. Ce que la machine ne peut faire, des hommes le font, mais si possible comme des machines. Tout ce qui distingue l’humain du robot programmé pour exécuter sa tâche est ainsi abrasé, éradiqué, interdit. Désubjectiver l’employé pour plus de rentabilité, voilà le programme des réjouissances. À ce titre et en toute logique, ce qui les distingue les uns des autres – leurs sentiments, leur histoire, leurs conceptions, leurs émotions – n’a plus droit de cité au travail. Pour un manager en quête de rentabilité, un employé se réduit au maillon interchangeable d’une chaîne de production. La disparition pure est simple de la scène dont s’éjectent les suicidés interprète le discours managérial. « Tu peux me remplacer, eh bien, vas y, remplace-moi », dit le mort, d’entre les morts.