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#79 Politique de l'AMP

Discours de candidature d’Eric Laurent devant la VIème assemblée de l’AMP (2008)


Ce matin, nous avons conclu le rapport moral sur la description de la mécanique complexe de ce qu’est l’AMP aujourd’hui, mais l’AMP va devoir se complexifier encore plus pour faire face aux tâches qui l’ attendent dans un futur qui se manifeste déjà auprès de nous.

Le développement de l’AMP sera important dans les prochaines années sur tous les continents, et la structure de l’association doit anticiper pour que son mode de fonctionnement ne l’empêche pas d’être à la hauteur de tout ce qu’elle devra faire dans son mouvement d’accompagnements, d’impulsion, d’anticipation du développement des Ecoles mêmes.

A cet égard, comme je le disais ce matin, la nouvelle position du psychanalyste dans son dialogue avec les pouvoirs publics : le débat sur l’Utilité publique et les conséquences sur les Ecoles d’une part, et l’AMP d’autre part, implique pour l’AMP d’être au moins aussi organisée que les Ecoles qui la composent. Les statuts de l’AMP ont été conçus il y a 16 ans, en 1992, et les statuts de cette époque ne sont plus adéquats pour faire face à la multiplicité des tâches et fonctions qui sont maintenant les siennes. Les premiers statuts étaient des statuts classiques, minimalistes, d’une association à développer. Ils ont permis la création de ce monde que nous appelons maintenant l’AMP. Ce monde est maintenant constitué, il implique de multiples niveaux de responsabilités. L’AMP est une Association Internationale, certes, mais elle est de droit français. En tant que telle, elle est prise dans un contexte. Ce contexte du discours nous l’avons exploré ce matin aussi, à l’occasion des discussions sur le code déontologique. Le droit français est soumis actuellement à une évolution particulière dans la mesure où l’Etat français s’intéresse chaque jour davantage au secteur associatif, en expansion très forte en France et dans les pays du nord de l’Europe. Le secteur des associations sans but lucratif ou non profit organisations est particulièrement concerné. C’est un secteur crucial pour l’emploi, en France encore plus que les Petites et moyennes entreprises. L’Etat veut donc savoir toujours plus comment se répartit l’activité de ces associations qui ont une telle importance économique.

Ce secteur, régi par la loi de 1901, n’a pas été conçu à l’origine, au début du XXème siècle, pour s’adapter aux nécessités d’organisations internationales, qui traversent une grande diversité de langues, de coutumes, de normes juridiques. Elles n’étaient pas conçues dans ce but. C’était plutôt des associations de proximité, conçues pour favoriser l’activité à plusieurs depuis des sociétés de chasse, de pêche, aux associations de quartier pour des objectifs politiques concrets, depuis la sauvegarde du patrimoine jusqu’à la défense d’intérêts collectifs.

Ces associations ont formé un réseau de liens sociaux et politiques qui s’est révélé crucial dans la construction d’un discours démocratique en France. D’une manière distincte des associations qui ont structuré la société américaine, comme déjà Tocqueville l’avait remarqué, mais tout aussi importante. Chaque citoyen français est membre d’au moins une association, et en général de plus d’une. L’Etat ne souhaite donc pas toucher à ce réseau consubstantiel au développement de la démocratie française, mais il est pourtant clair que le droit des associations n’est plus adapté à leur usage actuel.

L’Etat souhaite donc orienter et encadrer le fonctionnement des associations sans pour autant installer un contrôle externe dans lequel il s’épuiserait étant donné leur très grand nombre. La voie choisie a été plutôt de proposer à ces associations un certain type de fonctionnement, un modèle associatif qui pourrait intéresser et orienter ainsi l’ensemble des associations, au-delà de la diversité de chacune d’entre elles. Il propose donc aux associations de souscrire à un modèle qui permette un contrôle serré des dirigeants par les assemblées des associations. Ce contrôle strict des dirigeants est ce qui caractérise le système dit de « l’utilité publique ». Dans cette perspective, il ne s’agit pas seulement que l’association ait un but dont l’intérêt puisse relever du bien commun, du bien public, mais aussi que la forme de gouvernement se rapproche du modèle proposé sur deux points essentiels.

Le premier est que soient clairement affirmés les pouvoirs de l’assemblée qui nomme ses dirigeants, formant le Conseil. Et ensuite, que ce soit dans ce Conseil que l’on choisisse un Président. Ce dispositif interdit un lien direct entre le Président et l’assemblée. Pas de Président élu directement par une assemblée, pas d’homme providentiel. En théorie la représentation, la délégation ainsi instituée procède en deux étapes. D’abord élire les membres du conseil, et dans ce conseil, des alliances sont supposées avoir lieu pour désigner ensuite un Président qui n’a pas d’autre légitimité que celle de l’action collégiale.

Le second point est que pour ce type de statut associatif, l’Etat souhaite un contrôle annuel de la trésorerie par l’assemblée pour éviter les dérapages éventuels. Ce qui implique une présentation annuelle des comptes et un vote chaque année.

L’AMP, pour soutenir son expansion, doit se rapprocher du modèle que suivent déjà certaines des écoles membres. Si l’ECF est sous le régime de l’utilité publique, il semble normal que l’AMP s’inspire de son fonctionnement. Vous voyez que ce modèle ne correspond pas à nos statuts actuels dans lesquels le Président est élu directement par vous. Mon élection va d’ailleurs se dérouler selon ces anciens statuts et je vais demander vos suffrages directement. Il nous faudra modifier les statuts ensuite.

Un autre point que nous devrons traiter est cette obligation d’une assemblée annuelle pour contrôler nos finances. Comment tenir donc une assemblée annuelle alors que notre association est mondiale et que nos membres sont répartis entre tant de pays. Nous pouvons déjà constater l’effort qu’accomplissent les membres pour assister à nos assemblées tous les deux ans.

Elles réunissent plus de la moitié des membres. L’avocat spécialiste du droit des associations que j’ai consulté me soulignait combien c’était exceptionnel. En général, me disait-il, il est rare que plus d’un quart des membres d’une association assistent aux assemblées. Ce régime ordinaire des associations se rapproche en ce sens de certain pays démocratiques où à peine plus du quart des habitants se déplace et vote. Les chiffres de participation des membres de l’AMP démontrent l’effort général et l’intérêt que vous manifestez envers la vie associative. Ils montrent aussi que l’AMP est construite pour inciter ses membres à voyager. Nous organisons des congrès qui sont des évènements intellectuels pour donner envie de voyager et de nous rencontrer. C’est probablement ce qui ne se produit pas dans d’autres types d’associations. On ne met pas autant l’accent sur le lien scientifique et associatif, au delà de sa fonction bureaucratique ou administrative.

Nous ne pourrons cependant pas demander aux membres un effort plus grand que celui qu’ils font actuellement. Il nous faut trouver une autre solution. Une des solutions possibles a été retenue dans la proposition de nouveaux statuts qui vous a été transmis. Dans ce texte, l’article 11 stipule que dans l’assemblée générale ordinaire (AGO) « il n’y a pas de limites aux nombre de pouvoirs détenus par les membres ».

Ceci nous permet de tenir compte du style actuel de la vie associative dans l’AMP. Nous avons une assemblée tous les deux ans, mais nous avons par contre une réunion annuelle du Conseil qui en son sein, comporte des membres de toutes les écoles et qui les représente. Il n’y a pas de limites aux nombres de pouvoirs que détiennent les conseillers qui voyagent. Ce conseil et ses conseillers peuvent tenir leur réunion sur deux régimes légaux distincts. Une partie de sa réunion sera considérée comme assemblée. Le Quorum des membres sera atteint par le nombre de pouvoirs des membres que chacun des conseillers détiendra. Cette assemblée ne se limitera pas aux Conseillers. Elle pourra aussi accueillir des membres dans les occasions où elle se réunira et qui feront savoir leur souhait d’y participer. Cette assemblée pourra entendre le rapport moral et le rapport financier et voter leur approbation de façon qualifiée. Une fois l’assemblée terminée, les membres conseillers se réuniront en tant que Conseil proprement dit et poursuivront l’examen de leurs tâches selon les attributions que leur réservent les statuts, selon les articles 7 et 8. En tant que Conseil, l’article 7 stipule dans son alinéa ‘e’ que « chacun des administrateurs ne peut détenir qu’un pouvoir en sus de son vote ». Cette clause est introduite pour éviter qu’un administrateur puisse, par des manoeuvres diverses, recueillir une majorité de pouvoirs et agir en tant que Président ou en tant que maître de l’association.

Nous avons donc une limite de pouvoirs au niveau du conseil mais pas de l’assemblée. Cela va nous permettre de répondre aux exigences nouvelles des statuts sans pour autant changer notre style de vie. Nos coutumes ne changent pas. Nous allons continuer à nous rencontrer tous les deux ans dans un congrès et une assemblée qui va réunir les membres en chair et en os. Les conseillers ou administrateurs de l’AMP, qui ont déjà l’habitude de se réunir à Paris tous les ans lors du dernier week-end de janvier, continueront à le faire. Nous ne changerons pas ces habitudes, mais elles vont s’inscrire dans un nouveau cadre légal.

C’est à un autre niveau que nous aurons des répercutions profondes sur la vie de l’association. Dans le système de statuts du type que nous souhaitons adopter, l’élection des conseillers est une élection directe. La conséquence immédiate en est que les membres des différentes écoles vont voter pour les personnes qu’ils connaissent, c’est à dire pour les membres de leurs écoles qui se présenteront à l’élection. Peu de personnes sont connues dans toutes les écoles et susceptibles de recueillir les votes de tous. Puisqu’il y a des écoles qui réunissent autour de 500 membres comme l’ EOL ou 350 comme l’ECF et 100 personnes comme la SLP, les seuls qui pourraient être élus seraient les membres des écoles très nombreuses. Comme l’assemblée de l’AMP élit huit membres, nous pouvons penser qu’il pourrait se faire que quatre membres de l’EOL et quatre de l’ECF soient élus, point final. Ainsi les représentants des plus petites écoles perdraient leur représentation au sein du conseil.

Ce qui s’ouvrirait ainsi c’est une sorte de course mortelle à l’augmentation du nombre de membres de chacune des écoles. Ce serait une inflation anormale, pour reprendre la classification faîte par le ministre des finances Argentin qui a démissionné hier soir. Le conseil pourrait être contaminé par cette lutte entre écoles pour obtenir le maximum de votes et de conseillers.

Pour éviter cette concurrence qui est prévisible et fait partie d’une conséquence mécanique du suffrage direct, nous prendrons deux mesures. La première est de mettre en évidence le fonctionnement de l ‘association complémentaire de l’AMP, qui est la Fondation du champ freudien. Tous les deux ans, la Fondation du champ freudien nomme autant de membres que ceux qui sont élus par l’assemblée de l’AMP. Huit membres désignés par la Fondation, un par école, et huit élus par l’assemblée. Cela permet de nommer des membres d’écoles plus petites qui n’auraient pas été élus, ou de nommer des personnes de sensibilités minoritaires d’une école qui, par l’effet de la règle majoritaire ne pouvaient avoir de représentation au sein du conseil. L’AMP doit pouvoir entendre les échos du courant majoritaire de chaque école mais aussi les voix minoritaires porteuses de vérités précieuses qui pourraient être oubliées dans le consensus. Cette incidence de la Fondation du champ freudien est nécessaire, mais elle ne sera pas suffisante. Il pourrait se faire que l’assemblée de l’AMP soit traversée par une atmosphère de campagne électorale avec alliances, constitution de blocs distincts, dans une même école ou autre école. Ceci produirait des tensions et une cristallisation inutile entre membres. C’est pourquoi nous devons adopter un règlement intérieur du vote qui précisera les procédures. Il sera distinct du règlement intérieur général de l’association qui couvre les procédures générales.

Nous élaborerons un règlement interne tel qu’il ne puisse y avoir plus de deux candidats d’une même école. Nous aurons du temps. Le changement dans l’AMP a sa vitesse propre. La fonction de la hâte ne nous est pas étrangère. Pour autant, nous aurons le temps de nous adapter à ces nouveaux statuts, puisque rien ne changera avant 2010 pour l’assemblée, c’est à dire dans quatre ans.

Que va t’il se passer aujourd’hui ? J’espère qu’un nombre suffisant de votes se porte sur moi pour que j’assume mes fonctions de Président. Le nouveau conseil est déjà formé. En cette année 2008, selon nos statuts actuels, ce sont les écoles qui ont chacune désigné un membre comme administrateur. Nous avons donc le conseil et nous avons un Président. Ensuite, après le vote, je vais demander l’approbation de nouveaux statuts. Si vous les acceptez, lorsque le nouveau conseil va se réunir, à l’issue de l’assemblée, il va fonctionner sur les nouveaux statuts. La première conséquence est que le bureau de l’association sera désigné parmi les membres du conseil et non pas au dehors comme c’est le cas actuellement. Nous désignerons un secrétaire et un trésorier selon une procédure qui nous a été transmise par l’ECF lorsqu’elle a mis en pratique ses propres statuts. Nous savons le faire, ce n’est pas un problème.

Nous exercerons ensuite nos fonctions. La réunion du conseil en janvier 2009 sera aussi l’occasion d’une assemblée. Grâce aux pouvoirs que nous recueillerons, cette assemblée entendra un rapport moral et examinera les comptes qui seront établis et visés par un expert-comptable. Nous aurons ainsi les comptes des trois dernières années qui seront mis en ordre et certifiés. C’est une condition nécessaire pour pouvoir présenter un dossier de reconnaissance comme ONG, les critères d’admission étant proches de ceux de l’utilité publique.

Arrivera 2010, que se passera-t-il ? Selon nos nouveaux statuts, la Fondation du champ freudien va constater que les représentants qu’elle avait désigné il y a quatre ans, sortent du conseil. Elle désignera huit nouveaux membres et cela définira la composition du nouveau conseil. Il se réunira et élira son Président et un bureau. Nous connaissons déjà la candidature pour la fonction de Président en 2010, et nous pensons qu’il n’y aura aucun obstacle, étant donné ses mérites, à ce que le conseil le nomme en cette occasion.

En 2011, il y aura une assemblée, en janvier, avec pouvoirs, à l’occasion de la réunion du conseil en janvier. En 2012, ce seront les écoles qui éliront huit membres du conseil selon les procédures définies par le règlement intérieur et le règlement de vote. Nous aurons donc tout le temps de nous préparer à ce nouveau fonctionnement. Ce sera mon successeur qui le mettra en place. Le projet de statut que je vous propose et que je viens de commenter, est un statut standard des associations d’utilité publique française adapté au caractère hétérogène de l’AMP selon les modalités que je vous ai exposé. Le reste reprend les procédures simples et classiques déjà éprouvées dans le fonctionnement de l’association.

La nouvelle AMP sera plus forte pour soutenir sa demande de reconnaissance auprès des instances internationales comme ONG et des pouvoirs publics comme institution d’utilité publique. Cette mise aux normes exigeante renforcera notre position et donnera une base plus solide pour les actions alternatives de l’association pour nous faire entendre auprès des instances, quelles qu ‘elles soient, que nous pourrions rencontrer lorsque s’élaborent des lois, des normes qui viennent toucher à la pratique de la psychanalyse et à ses conséquence.

Voilà l’essentiel de ce qui va nous occuper durant un ou deux ans pour l’avenir de l’AMP à ce niveau global. Nous serons plus forts pour anticiper le développement des écoles et pouvoir y intervenir efficacement. Ce sera un élément de l’action Lacanienne qui nous permettra de nous tenir au plus près des écoles, des ensembles bureaucratiques d’états, ou des bureaucraties régionales comme la bureaucratie européenne ou encore internationale.

***

Venons en maintenant au futur de l’AMP, non seulement au niveau global mais aussi au niveau de chaque école. Ce matin vous avez entendu les Présidents de chaque école, présenter leur programme d’action. Je ne vais pas répéter ce qu’ils ont dit, je vais seulement souligner un trait et envisager comment l’AMP peut accompagner, anticiper et être un agent animateur dans chacune des écoles.

Commençons par l’EBP qui a un projet ambitieux pour résoudre le problème que pose le nombre de ses correspondants et leur poids relatif sur l’ensemble de la composition de cette école et de son assemblée. C’est un problème délicat. Les Argentins savent combien il a été difficile de résoudre le problème des ‘adhérents’, le temps qu’il a fallu pour le faire et trouver une solution satisfaisante pour tous. Au Brésil, nous sommes dans le moment de comprendre ces difficultés et il faut le faire avec tout le sérieux nécessaire. Il y a actuellement environ 130 membres à l’EBP et il y a 100 correspondants. Si les adhérents entrent d’un coup, l’Ecole double presque le nombre de ses membres et tout se désorganise. Une assemblée où le nombre des membres double rapidement est une catastrophe annoncée. Personne ne peut savoir ce qui se passera dans un tel cas. Nous allons donc avancer par étapes et prudemment quant au nombre de correspondants admis comme membres. Nous n’allons pas, bien sûr, seulement nous tenir au niveau de la quantité. Ils rentreront un par un, après des entretiens individuels avec des membres du conseil de l’Ecole. Dans le même temps, comme l’a dit le président, le conseil pense à proposer de nouvelles formes associatives, s’inspirant des ACF françaises pour inventer des formes associatives plus contemporaines que l’ancien système des correspondants qui a vieilli. Il s’agit de regrouper ceux qui sont intéressés par l’horizon de l’Ecole dans des associations qui ont de véritables tâches à accomplir, des journées à réaliser etc. Cela implique un accompagnement de l’AMP sur un chemin qui peut ne pas être exempt d’embûches. L’exemple des ACF françaises est complexe à analyser. L’EBP aura l’appui décidé du conseil AMP-Amérique et de son Président. Il faudra ainsi que le Président, de l’AMP, dans son second mandat, équilibrer son temps entre l’Argentine et le Brésil, alors que le premier mandat 2006-2008, avait donné priorité à l’EOL et à Buenos Aires. Je partagerai mon temps dans la période 2008-2010 entre l’ESB et EOL, pour aider à mettre en place une solution qui pourra être transmise lors de la permutation. Tout ne sera pas règlé, mais nous aurons suffisamment avancé pour que la permutation s’effectue dans de bonnes conditions.

Pour la NEL, il est clair que le Président de l’AMP doit accompagner cette Ecole dans son effort pour constituer une conversation psychanalytique à l’échelle continentale qui est la sienne, à développer de nouveaux sièges, et favoriser un fonctionnement apaisé de ceux où se manifestent des tensions entre membres. C’est le cas à Caracas en raison du poids de l’histoire. Là encore, il faudra conjuguer les efforts du Conseil AMP-Amérique et du Président.

Pour l’EOL, l’année 2009 sera décisive. C’est en effet à cette échéance qu’a lieu une permutation au niveau du Conseil qui sera historique. En effet, sortiront alors de cette instance les trois derniers conseillers qui ont fait partie du « Movimiento hacia la Escuela » : Monica Torres, Jorge Chamorro, et Ricardo Seldes. Une autre génération fera son entrée dans le Conseil. Celui-ci, dans sa composition actuelle, sous la Présidence de Monica Torres, et avec l’aide du Directoire d’Oscar Zack, pense faire de ce moment l’occasion d’un renouvellement des procédures et des modalités de travail. Des mesures seront élaborées et proposées selon un calendrier à mettre au point avec le Président de l’AMP. Je me réjouis de pouvoir accompagner ce renouvellement de l’EOL.

Venons-en aux Ecoles Européennes et d’abord à l’ECF. Cette Ecole, la plus ancienne, a existé avant l’AMP. C’est un monde dans lequel il n’est pas facile de faire exister la dimension de l’AMP. L’ECF a quelque chose de mondial en elle même. La preuve en est la sorte de mélange en son sein et celui de sa direction d’un courant Argentin. Nous devrons profiter de toutes les occasions de rencontre pour renforcer les liens de l’AMP avec l’ECF et donner des témoignages de la vie de l’AMP. Des rencontres avec le Conseil et le bureau récemment élu auront bientôt lieu. Nous anticipons déjà la rencontre avec les membres et le public de l’Ecole lors de la réunion du Conseil de janvier et de l’Assemblée qui aura lieu à cette occasion. L’accueil du Congrès en 2010 sera aussi une grande occasion de mettre au diapason ECF et AMP.

Pour la SLP, une instance nouvelle est mise en place avec la nouvelle Fédération des Ecoles Européennes de Psychanalyse, la FEEP, dont le Conseil prend la place de l’ancienne AMP-Europe. Ce sera dans son cadre que l’AMP pourra suivre les développements qui vont se produire après les débats qui ont été organisés lors des visites de Jacques-Alain Miller en octobre 2007 et en avril de cette année à Milan. Il faudra aider le Conseil SLP à faire passer un renouveau de l’Ecole aussi bien à Milan et Turin, au Nord, qu’à Rome et au Sud de la péninsule pour qu’une dynamique positive se mette en place.

Pour l’ELP, la permutation des instances aura lieu en novembre de cette année et sera particulièrement significative, comme l’a souligné son Président actuel. Il a souligné la difficulté à renforcer la dimension de l’Un dans le multiple espagnol et la dimension de la passe dans l’ELP. Ce renforcement est la véritable manière de concevoir le développement de l’Un dans l’ELP. Il ne passe pas par des mesures administratives ou des mesures artificielles rêvant de décréter l’absorption des autonomies. Les péripéties de l’histoire de l’ELP sont complexes, mais elles ont montré au fil des hauts et des bas de l’Ecole, que les moments forts de cette histoire ont été ceux où elle s’est éprouvée dans son ensemble comme une Ecole de la passe. Ce fut le cas par exemple lors de la « Question de Madrid ». Il faut aussi souligner que là encore, le fonctionnement des CPCT, s’il renforce les communautés ne permet pas d’élaborer une voie pour une politique de l’Un en Espagne. Le CPCT est avant tout d’une communauté. Et au delà de la reconnaissance par le Ministère d’une unité de ces CPCT, ils ne donnent pas le sentiment d’une communauté de travail et de recherche. Nous verrons avec le Conseil comment mieux articuler ces différents niveaux de contradictions.

La NLS, quant à elle l’école la plus nouvelle, met en place un important projet de développement. Sa nouveauté même et l’originalité des problèmes que posent son développement a suffisamment intéressé Jacques-Alain Miller pour qu’il propose une politique particulière de grands évènements multiculturels, un équivalent des Forums ayant eu lieu en France pour faire exister la psychanalyse dans un milieu culturel où elle a du mal à la faire, comme en Pologne et en Angleterre. Les conséquences de cette politique de grands évènements devront être suivies et amplifiées en collaboration avec le Conseil exécutif de la NLS qui permutera en juin de cette année et son nouveau Président.

Nous avons déjà évoqué la FEEP en parlant de la SLP. Pour la Fédération des Ecoles Européennes de Psychanalyse, la difficulté sera d’exister sans pour autant constituer un nouvel étage bureaucratique plus ou moins artificiel. Elle doit constituer un espace d’interlocution des Ecoles Européennes inédit qui puisse vraiment être comme nulle part ailleurs. L’unité du discours Européen, dans son rapport original aux normes, doit pouvoir permettre cette cristallisation. Le Président de la FEEP fait aussi partie du Conseil de l’AMP et pourra y faire part de ses initiatives. Nous l’aiderons. Nous verrons dans deux ans si nous avons pu vraiment faire exister la FEEP, et notre action sera sûrement jugée en particulier sur ce point.

Voici donc le programme de travail que je propose pour l’AMP au cours de ces deux prochaines années, à la fois au niveau global et dans les rapports avec chacune des Ecoles. Il me reste, pour conclure, à vous demander le renouvèlement de mon mandat pour ce programme, et au delà pour poursuivre à un autre niveau, plus profond. Vous avez entendu la Conférence de Jacques-Alain Miller hier. Il définit un plan de travail à long terme. La reconfiguration de la clinique à partir du Sinthôme qui n’est plus conçu comme un message ou comme une métaphore, mais à partir de sa production comme telle. C’est un travail qui va nous occuper durant les dix prochaines années. Il est clair que l’AMP, bien qu’elle ne soit pas seulement une société scientifique, pourra jouer dans cette perspective un rôle important. D’abord parce que les titres des Congrès définissent un véritable programme de travail, comme il l’a été souligné, dans des cycles de trois ans, avec des exceptions à quatre. La particularité de l’AMP est là encore d’offrir un champ pour que se déploient les effets du programme de travail.

J’ai pu constater, en accompagnant ce Congrès exceptionnel, tous les jours de neuf heures à dix-huit heures, en écoutant et en lisant le plus de travaux possibles, que le travail des membres de l’AMP a franchi un seuil qualitatif. Entre les Ecoles, les membres se parlent comme ils ne l’ont jamais fait. On m’en donne des témoignages répétés. Nous avons des échanges où nous comprenons mieux le réel qui est en jeu dans la reconfiguration de notre clinique. Nous ne sommes pas étrangers à notre propre discours et à notre propre parole, nous sommes plus présents à nous mêmes. C’est un des effets du programme de travail des Congrès de l’AMP qui s’est réalisé sous nos yeux.

Ainsi, chers collègues, c’est pour ces trois raisons que je vous demande de me renouveler votre confiance et de m’élire comme Délégué général de l’AMP pour ces deux prochaines années.

NOTE SUR LE RAPPORT MORAL ET LE DISCOURS DE CANDIDATURE  2008

L’Assemblée 2008 était particulière dans la mesure où je devais, le matin, présenter le rapport moral pour la période 2006-2008, ainsi que le code de déontologie ; et l’après-midi présenter un discours de candidature et de nouveaux statuts. Le rapport moral a été dit en français et le discours de candidature en espagnol. Ils ont été adressés aux membres dans les langues où ils ont été présentés.

Ils ont été ensuite archivés sur le site de l’AMP, dans le secteur réservé aux membres. Depuis le JJ n° 75, Mauricio Tarrab a mis ces textes, ainsi que les rapports et discours des anciens Délégués Généraux dans la zone du site accessible aux non-membres.

La version française du discours de candidature s’y trouve aussi.

Il n’y a pas eu de comptes rendus des débats de l’Assemblée, mais un procès verbal faisant état du résultat des votes. Ils ont été adressés aux membres sous forme de deux Communiqués, comme cela avait été le cas en 2006 et 2004. – 24 décembre 2009