Catégories
#79

POURQUOI L’ECOLE DE LA CAUSE FREUDIENNE AIMANTE-T-ELLE UN JEUNE PSYCHIATRE EN FORMATION ?

par Guillaume Roy

Cher Jacques-Alain Miller,

Suite au dernier journal des Journées, en réponse à la lettre d’Yves Depelsenaire et en écho à la vôtre, je tenais à vous faire part de ces quelques mots.

Avant toute chose, il y a la rencontre avec mon analyste. Le répondant que j’y ai trouvé pour faire face aux tourments de mon existence d’alors était non seulement à la hauteur, mais d’une autre nature que les réponses que je pouvais trouver dans la littérature ou la philosophie, qui d’ailleurs n’y suffisaient pas. Mon analyste, devant mon désir d’en savoir un peu plus, m’a très rapidement invité à découvrir les cours donnés à la Section clinique de Bordeaux, qui m’a également permis de mettre un pied dans des institutions orientées par la psychanalyse. Mon désir de psychanalyse était né, vif et ardent.

J’ai été également accueilli au séminaire de Philippe La Sagna. Je dois dire qu’en tous ces lieux où je rencontrais quelque chose de l’ECF, cela a toujours été quelque chose de chaleureux et d’ouvert.

Puis, au fur et à mesure que mon désintérêt pour mes études d’alors grandissait, venait se poser à moi la question : que faire ? La psychanalyse me passionnait, je voulais y aller et tout de suite, et à Paris VIII de préférence. Mon analyste tempéra mon ardeur, dans un sens que je comprends mieux maintenant, celui de me permettre d’assurer mes arrières pour pouvoir « payer les factures de gaz » comme vous dites. Je me dirigeai vers des études de psychologie, avec une insatisfaction qui insistait lorsqu’un jour, il me dit : « Et pourquoi pas médecine ? »

Ce fut une révélation. J’ai su une fois que cela était dit que mon désir était là. Le pari était un peu fou, mais j’avais (enfin, et peut-être pour la première fois) pris une décision qui m’engageait.

Je me suis soutenu durant la difficile première année de cette belle phrase de Pascal : « Tout joueur pari avec certitude pour gagner avec incertitude. »

Alors que je préparai mon concours, les Forums psy naissaient et je n’en manquerai quasiment pas un. Ils ont fait événement pour moi, mais également pour certains de mes amis (non-férus de psychanalyse mais concerné par les affaires de la cité). Ils étaient une nouvelle version, impromptue et intermittente, de ce qu’il y a pour moi de plus désirable dans l’effervescence de Mai 68 à savoir : gaîté, liberté de la parole, iconoclasme et enfin, subversion mais vers un but, celui de la défense de la psychanalyse et d’une certaine forme du lien social. J’y ai rencontré des gens de mon âge, passionnés et décidés, et ce fût une bouffée d’air frais.

Voilà en quelques mots pourquoi l’Ecole de la Cause Freudienne ne cesse pas, et à plus forte raison avec les récentes Journées, d’animer mon désir qui est aujourd’hui de devenir psychiatre et qui sait, un jour, psychanalyste.