YAYOI KUSAMA – « Self-Obliteration »

Yayoi Kusama . Ceci n'est pas un tableau ( à partir de son phénomène élémentaire d'enfant)

Chers Escapadiens,

Les éclaireurs hyper-actifs, Al, Ley & Nou ont encore frappé sur leur lieu du crime préféré: le centre Pompidou! Ils se « dépayseront soudainement » avec les mathématiques chez Cartier une autre fois. Al, en effet, n’a pas réussi sa romance auprès de Ley & Nou pour les rendre gourmandes des parfums mathématiques. Il a fallu qu’il dise seulement « dé-gentée », femme et japon, pour embarquer Ley & Nou dans une escapade impromptue ce « ça me dit »-là. Escapade à la galerie du musée, et qui a pour nom: YAYOI KUSAMA, jusqu’au 9 janvier 12!

Un choix de 150 œuvres réalisées par cette artiste japonaise, entre 1949 et 2011.

Œuvre démarrée par une hallucination visuelle vécue autour de la table familiale: les fleurs rouges de la nappe se multiplient sur le plafond, les murs, le sol, sur elle-même. L’expo débute par une évocation de cet Un. Ainsi se fonde la légende, vivante, de Kusama: âme sans corps, l’artiste fait de son « Self-Obliteration » le défi et la quête même d’une œuvre singulière, qui lui donne corps et nom!

Le parcours dans l’expo double celui de Yayoi dans sa réalité.

On se balade dans de la répétition qui allège, qui, étrangement, fait surgir de l’infini comme fini.
La promenade s’achève sur un traitement de la réalité ( corps, objets, événements) par le tissu-phallus.

Ce n’est pas sans évocation Louise Bourgeois, son travail avec les tissus et sa  » destruction du père », avec cependant, l’ironie en moins.

Ces objets tissés par la multiplicité de phallus ( qui en signe son défaut) – pris pour des nouilles par une mère causant à son fils -, sont d’une blanche beauté qui délivre une image de solidité amusante.

Imaginez-vous recevoir vos patients sur un divan tissé de petits phallus en tout genre! Sourire, mais justement, et bizarrement, ça ne porte pas ici à l’humour, à l’ironie.

Belle Exposition, courrez-y!

Alain

Yayoi Kusama . Invitation au voyage . Mille bateaux.

 

Yayoi Kusama . la femme phallique . le divan
Yayoi Kusama . la femme phallique . le divan

Yayoi Kusama – la belle perplexité

J’ai placé Ley dans la chambre rouge, œuvre de Yayoi, faudrait vérifier qu’elle n’y soit pas toujours!

«Un souvenir d’enfance fonde la légende de Yayoi Kusama et associe le commencement de sa vie d’artiste à une hallucination, une inquiétante étrangeté qui s’est manifestée autour de la table familiale : les fleurs rouges de la nappe se multiplient sur le plafond, les murs, le sol, sur elle-même. Âme sans corps, l’artiste fait de son insupportable auto-anéantissement (Self-Obliteration) le défi et la quête même d’une oeuvre radicale et atypique : inscrire son corps, s’inventer un corps à corps selon des procédures formelles toujours réinventées..

L’exil à New York en 1958 libérera Kusama, peintre, sculpteure, performeuse, écrivaine et chanteuse. En traversant les frontières, elle se défait de tout lien, sauf de la mémoire d’une immense culture.

[…]
« C’était la période de l’engouement pour l’Action painting. J’avais l’idée qu’il était important pour moi d’élaborer un art original, issu uniquement de mon monde intérieur […]. En 1959, j’exposais mes Infinity Nets, blancs sur fond noir. La monotonie engendrée par une répétition due à une action constante, l’absence d’un centre, et l’indifférence témoignée à la composition, plongèrent le public dans la perplexité […] J’avais en moi le désir de mesurer de façon prophétique l’infini de l’univers incommensurable à partir de ma position, en montrant l’accumulation de particules dans mes mailles d’un filet où les pois seraient traités comme autant de négatifs. […] C’est en pressentant cela que je puis me rendre compte de ce qu’est ma vie, qui est un pois. Ma vie, c’est-à-dire un point au milieu de ces millions de particules qui sont les pois. […] »

Un jour, après avoir vu, sur la table, la nappe au motif de fleurettes rouges, j’ai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, sur la surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s’étendaient les formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout l’univers en seront pleins ; moi-même je m’acheminerai vers l’autoanéantissement, vers un retour, vers une réduction, dans l’absolu de l’espace et dans l’infini d’un temps éternel. […] Je fus saisie de stupeur. […] Peindre était la seule façon de me garder en vie, ou à l’inverse était une fièvre qui m’acculait moi-même. […] »

UN POIS, C’EST TOUT, Chantal Béret, Conservatrice au musée national d’art moderne. Texte publié dans le magazine programme Code Couleur

les … 5 prochains rendez vous d’escapades

salut les boulimiques !

donc, si j’ai bien suivi, on en est là pour les RV :

  1.  rattrapage Edward Munch :  mercredi 17h30 à  Beaubourg
  2. Yayoi Kusama : le 26  20 novembre
  3.  Paul Klee : 10 décembre +/- 15 hrs
  4. 1 date à fixer pour l’expo « Mathématiques. Un dépaysement
    soudain. » ( du 21 oct 11 au 18 mars 12 à la fondation Cartier)
  5. + 1 visite surprise

bises à vous tous

véronique

très envie des femmes aux amandiers

——– Message original ——–
Le 12 nov. 2011 à 19:01, Veronique Outrebon a écrit :

Pouvons-nous également nous escamper au théâtre ? Je pense à ces pièces,

DES FEMMES
Les Trachiniennes, Antigone et Electre de Sophocle
mise en scène de Wajdi Mouawad
Du mardi 22 novembre au dimanche 18 décembre 2011
Théâtre Nanterre-Amandiers

http://www.nanterre-amandiers.com/2011-2012/des-femmes

que j’ai très envie d’aller voir.

A vous,

Véronique Outrebon

DOSSIER DE PRESSE

à la tempête, molière

Bonjour à tous,

Le théâtre me semble en effet un art à escapader !

QUI?

Avec Do, Ley & Nou …

QUAND?

le samedi 3 décembre à 20h30 (durée du spectacle 1h30)

QUOI?

La folie Sganarelle  = L’Amour médecin / Le Mariage forcé / La Jalousie du barbouillé
de MOLIERE mis en scène PAR Claude Buchvald

OU?

au Théâtre de la Tempête
à la Cartoucherie,
43, route du champ de Manœuvre,
Paris 12ème.

Vous pouvez bien sûr vous joindre à nous, ainsi que les autres escapadiens!

DOSSIER DE PRESSE

COMMENT?

On peut réserver en ligne ou au 01 43 28 36 36 !

//

//

//

//

Hier soir, sur l’île Seguin, j’ai sombré dans la féerie du Cirque du Soleil.

Corteo, le nom de cette féerie, s’est amusé des corps d’hommes et de femmes
qui se font cerceaux, corde, lustre, échelle ou ange, sous des rocks
d’enfer! On ne savait plus qui était corps, qui était objet! bref, une belle
illusion de l’existence du rapport sexuel!

La légèreté règne par la vitesse des corps qui s’amuse de la relativité
d’Einstein!

La lumière se fait odeur, l’odeur musique et la musique acrobatie, c’est
tout simplement beau et ça s’appelle Cortéo, du Cirque du soleil!

Alain

clair de lune

je me suis interrogée sur ce « i » qui si souvent revenait dans les compositions de Munch, pour découvrir alors qu’il s’agissait d’un clair de lune.

TWO HUMAN BEINGS. 1899-16. Woodcut
TWO HUMAN BEINGS. 1899-16. Woodcut

Munch, à propos des « Lonely Ones » (« De ensomme »)

The Lonely Ones
Her gaze is lost in the growing night, his gaze is lost in the whiteness of her figure and the golden brazier of her hair. And his back arches, his neck tenses, his fists clench in dark desire for her white loveliness.

comment traduire?

Les solitaires
Son regard à elle perdu dans la nuit qui vient, le sien dans la blancheur de sa silhouette et le brasier d’or de ses cheveux. Et son dos se courbe, sa nuque se tend, il serre les poings dans le noir désir de sa beauté blanche.

j’ai vérifié que « MUNCH », en norvégien, veut dire « mastiquer »,

que « lune » se dit « MOON »,

« bouche » se dit « MUNN »,

« clair de lune » se dit « MåNESKINN »,

« homme » se dit « MANN »,

et que feu se dit « BRANN »,

la première amie de Munch s’appelait MILLIE Thaulow (née Ihlen), et il s’y réfère dans ses écrits en l’appelant Mme Heiberg, et se désignant lui-même sous le nom de BRANDT,

« LIE » veut dire « mensonge ».

« What a deep impression she has left on my mind – so much so that no other image can completely efface it –

Was it because she took my first kiss that she robbed me of the taste of life – Was it that she lied – deceived – that she one day suddenly shook the scales from my eyes so that I saw the medusa’s head – saw life as unmitigated horror – saw that everything which had once had a rosy glow – now looked grey and empty. »

« Hvilket dypt mærke hun har gravet ind i min hjerne – at intet andet billede kan trænge det aldeles væk –

Var det fordi hun tog mit første kys at hun tog duften af livet fra mig –
Var det at hun løi – bedrog – at hun en dag pludselig tog skjællene fra
mit øie så jeg så medusahovedet – så livet som en stor rædsel –
At alt det som før havde rosenskjær – nu så tomt og gråt ut »

Ex vivo / In vitro à la Colline

Chers amis,

du 17/11/ au 17/12 au Théâtre de la Colline.

Ex vivo / In vitro

« À Dieu ne plaise !
La procréation telle qu’elle
était de mode,
Nous la déclarons une vaine
plaisanterie. »

(Goethe, Faust )

Qu’est-ce qu’engendrer, être engendré, d’où viennent les enfants ? Les nouvelles méthodes de procréation relancent les questions qui n’ont jamais lâché l’humanité. Après Tournant autour de Galilée et Les Variations Darwin, Jean-François Peyret et Alain Prochiantz continuent de croiser avec ludisme et humour l’imaginaire du théâtre et celui de la science, et reprennent la question “naître ou ne pas naître”, là où ils l’avaient laissée. Cherchant un écho actuel au conflit qui opposa Galilée à l’Église, ce n’est plus sur le terrain de l’astronomie qu’ils le trouvent, mais sur celui des technologies du vivant. Les positions paraissent inconciliables entre un discours religieux qui pose la vie comme un don, et celui d’une pratique scientifique et technique qui considère le vivant comme manipulable. Pour se pencher sur ces nouveaux berceaux: le scientifique, le médecin, le psychanalyste, l’anthropologue, et aussi le juriste, le prêtre, le politique. Sans oublier les “patients” : parents pour qui donner la vie n’est plus un événement plus ou moins heureux, mais un droit, et enfants qui ne savent pas, encore moins qu’avant, d’où ils viennent et revendiquent le droit à leur histoire.

suivie d’une rencontre le 21/11 avec Ansermet, Magistretti, Peyret, Prochiantz.

Rencontre “Un théâtre exposé à la science”

lundi 21 novembre à 20h30

À l’occasion de la création de la pièce Ex vivo / In vitro d’Alain Prochiantz et Jean-François Peyret La Colline organise une rencontre avec François Ansermet, psychanalyste, professeur de pédopsychiatrie à l’Université de Genève, chef du Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent aux Hôpitaux universitaires de Genève et directeur du Département universitaire de psychiatrie, Pierre Magistretti, professeur de neurosciences au Brain Mind Institute de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne et professeur de psychiatrie au Centre Hospitalier Universitaire de Vaudois et à l’Université de Lausanne, Jean-François Peyret, metteur en scène et Alain Prochiantz, neurobiologiste, professeur et titulaire de la Chaire des Processus Morphogénétiques au Collège de France.

D’être concerné, de s’exposer à la science (LA science, pour le dire vite), notre théâtre paraît parfois chercher midi à quatorze heures. Il ne serait pas de son ressort de se confronter aux questions parfois vertigineuses que tout un chacun se pose quand il prend connaissance quotidiennement des dernières “avancées” des sciences dont on ne sait pas si elles feront le bonheur de l’humanité ou la fin de l’espèce humaine. Tout un programme (de théâtre).

Je ne pourrai pas assister à la rencontre le lundi car j’ai une réunion forda en revanche je vais prendre des places pour la pièce. Vraisemblablement le samedi 10. Qui cela intéresserait-il ?

Amicales bises

Véro O.

retour du i de la lune de munch (par jules)

Chers,

Jules (qui trouve qu’il faudrait une Escapade tous les mercredis) lors de notre escapade à l’exposition Munch a voulu chercher ses « i » .

A trouvé (et photographié) celui-ci, que nous connaissions,

Et plus tard décrété que le i, le point du i, jaune, c’était ça:

(tiens, de quelle peinture il les a extraits, ces troncs?)

Puis, j’ai voulu revoir les i que j’avais publiés sur le blog, et je suis tombée sur celui-ci

MISTERY OF THE SHORE, 1899
MISTERY OF THE SHORE, 1899

avec ce texte de Munch :

The Tree Stump
The stones protruded from the shallow water far far out, they looked like a whole family of sea people, large and small, who moved and stretched and made faces, but silently. You could see a little of the moon, large and yellow.

Stubben
Stenerne raget opad det grunde vand langt langt ud, de så som en hel familie af havmennesker store og små som bevægede sig og stragte sig og skar ansigter, men stille. Der så man lidt af månen gul og stor

Marrant non…

à plus plus !

!eoik

@escapcult écoute la radio

escapcult

En ce moment, « 3D » émission sur F. Inter sur l’expo  » les mathématiques, un dépaysement soudain« , avec Chandès , directeur de Cartier …

Pour réécouter l’émission de France Inter – 3D à la Fondation Cartier : le mystère des mathématiques, et les robots et la curiosité

« 3D » Fondation Cartier, comment un mathématicien élabore une façon d’écrire?  » j’ai abusé du zéro ».  » les banquiers fatiguent les zéros  »

« 3D » Fondation Cartier,  Chandès: 2 années de conversation d’artistes avec les mathématiciens, écouter, fréquenter les uns et les autres. 

« 3D » Fondation Cartier,  Chandès: comment exposer une pensée, écrire l’invisible? Quelles formes donner aux maths dans un lieu d’images?

————————————————————————————————————————————-

Trois Lacanquotidienistes ont écrit sur cet expo:

  1. dans le LQ72, Catherine Lazarus-Matet (  » Nouvelles d’azimut – A la fondation Cartier: une
    conversation avec l’univers
    « ),
  2. dans la LQ74, Rose-paule Vinciguerra (« L’exposition Mathématiques, un dépaysement soudain ») et
  3. et dans la LQ77, Luc Miller avec son fils ( «  Vu par un enfant et un mathématicien« )

débat sur EX VIVO IN VITRO

Bonjour Escapadeurs,

J’ai assisté au débat au théâtre de la Colline ce soir  avec le metteur en scène Jean-François Peyret, son co-auteur le biologiste Alain Prochiantz, ainsi que François Ansermet et Pierre Magistretti, professeur de neurosciences. Une fine équipe, pleine d’humour ! J’ai posté une demi-douzaine de tweets, où je tente de reprendre quelques points marquants du débat.

D

——

Dominique Chauvin

Les tweets de @doms3

Débat passionnant sur « Ex vivo in vitro » à la Colline. Il n’a pas du tout été question de la procréation médicalement assistée (AMP !)

mais du non-rapport entre art (ou théâtre) et science. Chaque intervenant a parlé de sa position subjective dans son champ propre.

Alain Prochiantz mentionnant un « sujet de l’art » vs  sujet de la science , François Ansermet le définit ainsi : le sujet étant réponse du réel

l’artiste est sujet de l’art en tant qu’il met en jeu une pratique symbolique particulière pour traiter l’impensable de ce réel.

Réplique géniale dans la pièce : avec l’AMP, je sais exactement quand j’ai été conçu mais pendant que la technicienne opérait

que faisaient mes parents ? L’irreprésentable recule d’un cran !

Alain Prochiantz : La science est le dernier refuge de la poésie (où l’on invente encore quelque chose).

post kusama

Chers amis,

Et voilà! encore une super escapcult ce dimanche à Beaubourg pour l’exposition de cette artiste au prénom imprononçable pour nous, Yayoi Kusama.

En ce qui me concerne exposition intéressante à plusieurs titres. je n’arrive pas encore à élaborer ma question précisément mais elle tourne, d’une part, autour du lien de la psychose et de l’art, de ce que ce lien peut nous dire de la nature de l’art aujourd’hui, et, d’autre part, de ce que l’art nous dit du monde contemporain.

lien psychose – art // disparition du Nom du Père – monde contemporain // psychose généralisée

Au départ de l’expérience de YK que peut-on dire de l’éthique de l’artiste ?

Pour rappel, en guide de prélude à l’exposition, on passe par une pièce qui reproduit ce qu’Alain avait nommé le « phénomène élémentaire » d’enfant de Yayoi Kusama dont elle parle dans les termes suivants ( que je reprends du petit dépliant de l’exposition):

« Un jour, après avoir vu, sur la table, la nappe au motif de fleurettes rouges, j’ai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, sur la surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s’étendaient les formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout l’univers en seront pleins; moi-même je m’acheminerai vers l’auto-anéantissement, vers un retour, vers une réduction, dans l’absolu de l’espace et dans l’infini d’un temps éternel […] Je fus saisie de stupeur. […] peindre était la seule façon de me garder en vie, ou à l’inverse était une fièvre qui m’acculait moi-même. […]. »

Le terme de « phénomène élémentaire » utilisé par Alain m’avait frappée, retenue : sans doute avais-je envie d’entendre parler de psychose (j e rappelle que je ne suis pas psychanalyste, mais très intéressée par la psychanalyse). Au cours de la discussion post-expo à la cafèt de Beaubourg, je repose la question : de quoi s’agit-il quand on parle de « phénomène élémentaire ». Dominique me répond que s’agissant de l’installation dont il est question plus haut on peut parler d’une expérience de jouissance. Et rappelle dans quels termes Lacan parle du phénomène élémentaire dans le séminaire des psychoses :

« Dès cette époque, j’ai souligné avec fermeté que les phénomènes élémentaires ne sont pas plus élémentaires que ce qui est sous-jacent à l’ensemble de la construction du délire. Ils sont élémentaires comme l’est, par rapport à une plante, la feuille où se verra un certain détail de la façon dont s’imbriquent et s’insèrent les nervures – il y a quelque chose de commun à toute la plante qui se reproduit dans certaines des formes qui composent sa totalité. De même, des structures analogues se retrouvent au niveau de la composition, de la motivation, de la thématisation du délire, et au niveau du phénomène élémentaire. Autrement dit, c’est toujours la même force structurante, si l’on peut s’exprimer ainsi, qui est à l’œuvre dans le délire, qu’on le considère dans une de ses parties ou dans sa totalité. L’important du phénomène élémentaire n’est donc pas d’être un noyau initial, un point parasitaire, comme s’exprimait Clérambault, à l’intérieur de la personnalité, autour duquel le sujet ferait une réaction fibreuse destinée à l’enkyster en l’enveloppant, et en même temps à l’intégrer, c’est-à-dire à l’expliquer, comme on dit souvent.
Le délire n’est pas déduit, il en reproduit la même force constituante, il est, lui aussi, un phénomène élémentaire. »
J. Lacan, Le Séminaire, Livre III, Les Psychoses (1955-1956), Paris, Le Seuil, 1981, p. 26.

Je me souviens alors que Miller a parlé l’année dernière du symptôme comme d’un objet fractal (objet fractal que m’évoque ici la feuille et ses nervures de Lacan) :

Alors l’ itération du symptôme, l’itération du Un de jouissance, il m’est arrivé durant la semaine de la comparer, quand j’ai eu à parler à Londres, il m’est arrivé en passant, de la comparer au processus qui génère ce qu’on appelle en mathématiques, les objets fractals. Ce sont des objets qui sont exactement auto-similaires, c’est-à-dire où le tout est semblable à chacune des parties. Et bien, c’est sur cette référence que je m’arrête pour dessiner la configuration du symptôme dont la matrice est élémentaire, et dont pourtant les formes sont les plus complexes de celles qui peuvent se rencontrer dans les mathématiques.
cours du 6 avril 2011

Le symptôme, ce qui en reste une fois qu’il est interprété, une fois que le fantasme est traversé, une fois que le désêtre est conquis, le symptôme n’est pas dialectique, il représente, il répercute le « une seule fois« , et lorsqu’il est fermé, lorsque dans l’expérience, et dans la parole bien entendu, il est saisi dans sa forme la plus pure, alors il apparaît qu’il est, comme on dit en mathématiques, auto-similaire (n’écrivez pas ça « S -I-M-I- L L – E- R » … )  Il est auto-similaire, c’est-à-dire qu’on s’aperçoit que la totalité est semblable à l’une des parties, et c’est en quoi il est fractal.
cours du 3 mai 2011

Dans l’installation-prélude : passé et présent sont emmêlés : on trouve dans le buffet livres et photos récents de Yayoi, la nappe n’est pas celle de la première expérience – d’ailleurs il n’y en n’a plus – , témoignant de la constante actualité de cette hallucination : cela parle – ou plutôt manque à parler – encore aujourd’hui. A cette première hallucination, peut-être suivie d’autres, je ne le sais pas, YK n’a cessé de chercher à y revenir, d’en rendre, d’en ramener le réel vers la représentation.

Est-ce que c’est ce fait de la représentation qui la « soulage » ? Est-ce que c’est le « ratage » même de la représentation qui la sauve ?

Les Infinity Dots offrent ce même type de réponse : c’est la toile même qui fait arrêt, qui cadre qui limite l’expérience d’infinitisation, d’illimité (la cerne en un objet … d’art). Et en quelque sorte le ratage de la représentation vient ici redoubler le premier ratage, celui du manque rencontré dans le symbolique qui a provoqué l’hallucination, le retour dans le réel du forclos.

Ce qui est intéressant également, c’est que la réponse de YK trouve de l’intérêt auprès du public, qu’il fût artiste ou profane (l’intérêt du public et du marché, d’ailleurs) – dans quelle mesure est-ce que cela ne souligne pas qu’on a tous à faire avec la psychose…

Question à Alain : penses-tu que Munch est plutôt du côté de la psychose quand tu proposes le i de Munch comme son Nom-du-père ?

Autre question à Alain ( !) : lien Bourgeois /Kusama : pourquoi avoir souligné qu’il n’y avait pas d’ironie chez Kusama ?

//

Autres points d’intérêt pour moi :

.politique

Au cours de la discussion, Nou a voulu souligner les points de ressemblances entre les 3 expos – Cahun /Munch/Kusama. voulait parler de leur présence dans le monde, de leur façon d’engagement politique.

.keskelart

C’est alors qu’à un moment donné Dominique a, me semble-t-il, posé la question de « Mais est-ce que c’est de l’art ? » « Pourquoi ? Parce que c’était quelque chose qu’elle faisait ‘pour elle-même’ ?» lui a répondu Nou parlant de Claude Cahun, et de son travail photographique…

(Pour moi, intuitivement, oui, c’est de l’art, il me semble que leur démarche à tous les trois s’inscrivait dans une démarche artistique, et il m’arrive de penser à l’art comme à un style de vie – il y a là, quelque chose, une vie qui se mène sinon au nom de l’art, au moins grâce au soutien de ce nom.

Bon, c’est pas très clair. Plus clairement, YK a fait une école d’art, il y a autour de Cahun et de sa compagne la présence de tout un monde artistique foisonnant ; quant à Munch il est clair que sa démarche est volontairement artistique. Puis, est-ce qu’il ne faut et suffit pas qu’il y ait quelqu’un qui dise : c’est de l’art, pour que ça en soit ? )

.l’acte et le processus

Enfin, il a une fois de plus été question du cartel proposé par Alain. De l’acte et du processus… (je m’étais permise de rapporter que Vanessa était éventuellement intéressée à travailler la question du processus de création – tandis qu’Alain était intéressé par la dimension de l’acte)

Qu’est-ce que l’acte ? On s’y oublie, dit quelqu’un (Dominique ?)

« Devenez un avec l’éternité. Oblitérez votre personnalité. Devenez une partie de votre environnement. Oubliez-vous. L’auto-destruction est la seule issue. » YK

Dominique souligne qu’on ne peut parler de l’acte sans se référer à l’acte analytique.

Je fais un rapprochement entre les Infinity Dots de Y. Kusama quand elle arrive à New York et le travail de Pollock. Frédéric en profite pour signaler qu’il n’aimait pas du tous les Infinity Dots. Qu’il les trouvait fastidieux, là où on contraire chez Pollock, on sent l’acte, le geste, le mouvement.

Les Infinity Dots rappellent à Dominique Louise Bourgeois qui, quand elle n’arrivait pas à dormir la nuit, dessinait des petits carrés.

J’ai encore été trop longue, hein.

biiiiise !!!

vrm

nb : hii, à ceux dont les propos sont rapportés ici, n’hésitez pas à corriger, compléter vos positions…

post kusama – l’acte et le geste

Chère Véronique,

Bravo et merci pour ton texte, qui rassemble les fils de plusieurs discussions et ouvre de nombreuses pistes pour d’autres échanges. Nous voici en plein cartel, déjà ! Il faut que je retrouve quelques références et je t’en ferai part.

Je n’ai jamais mis en doute que les photos de Claude Cahun soient de l’art !!! A développer, mais je ne voulais pas laisser planer ce malentendu… Je disais sans doute qu’à côté de son art, elle avait fait des actes dans sa vie – en particulier de résistance.

Il y aurait peut-être une distinction à faire entre « acte« , analytique ou pas (pour nous c’est une référence un peu obligée en effet, quand on parle d’acte, cf. le séminaire XV, « L’acte psychanalytique ») et « geste » de l’artiste. En même temps, ça a certainement quelque chose à voir. Cf. les développements de Lacan sur « l’unique trait de pinceau » des peintres et calligraphes chinois, dans « Lituraterre » et, je crois, dans le séminaire XVIII, « D’un discours qui ne serait pas du semblant ».

A suivre bientôt…

D

post kusama – tu n’as rien vu à Hiroshima

Bonsoir chers amis,

Merci Véronique et Dominique pour vos commentaires passionnants sur l’exposition Yayoi Kusama!

Beaucoup de pistes intéressantes en effet pour une réflexion plus psychanalytique qui s’inscrirait dans un travail en cartel à davantage préciser… Merci Alain pour cette formidable proposition!

Cette citation de Yves-Claude Stavy, relevée dans un récent numéro de Confluents, me parait également apporter quelques lumières  :

« Ce à quoi convoque chaque expérience psychanalytique, c’est la rencontre toujours singulière …(d’)une jouissance opaque, qu’emporte le symptôme avec lui. C’est sur ce point précis que l’artiste devance le psychanalyste: il y a ce qui relève de l’interprétation; et il y a ce qui relève du témoignage d’un incurable. L’objet de la clinique sitôt qu’on s’oriente de Freud et de Lacan, c’est l’objet a…L’artiste devance le psychanalyste, en cette exigence de témoignage d’une jouissance pas toute réductible au noyau élaborable qu’est l’objet a. »

J’ai aussi beaucoup apprécié cette exposition, avec une préférence pour la première période japonaise, (1949-1957), regroupant ses premières peintures très marquées par « l’après Hiroshima », mêlant les thèmes de la mort, de l’anéantissement, du corps, de la séparation, de l’énigme de la féminité, avec dés 1950   » l’élément fondateur de sa pratique artistique, le motif du Dot (pois ou point) comme substitut de son Auto-portrait, annonçant déjà la dissolution de sa propre image et de son individualité dans l’infini d’un paysage cosmique. » (brochure de l’exposition).

Je joins en aparté le chapitre 1 du film Hiroshima mon amour trouvé sur Youtube, film que j’avais en tête en découvrant l’exposition Yayoi Kusama.

« Tu n’as rien vu à Hiroshima… »  http://www.youtube.com/watch?v=2UpPd-2wWlc&feature=share

A bien vite.

Amitiés.

Géraldine.

post kusama – présentation de l’objet, retour du punctum

Chères amies,
Chère Eoik,

Nos bavardages ont fière allure. Il est l’heure de dormir, mais je suis trop tenté de répondre, de répondre à la fougue d’eoik qui aiguise le désir de l’échange.

Je vais donc, comme d’habitude, maltraiter mon corps, sans atteindre toutefois le niveau d’expérience de Yayoi dans la contingence de son hallucination inaugurale ( que je pose comme phénomène élémentaire). D’avoir élevé à la nécessité d’art cette contingence lui permet de la faire fonctionner comme Nom-du-père qui capitonne son existence dans ce que tu rappelles si bien :  » devenez Un avec l’éternité… l’autodestruction est la seule issue ». Ce qui soulage, sauve peut-être pour un temps Yayoi, c’est de faire de cette hallucination un trait qui par sa réitération ou sa répétition ( je ne saurais dire ce qui conviendrait le mieux) est une tentative d’inscrire dans l’Autre de l’art cette expérience inaugurale inouïe, bref, c’est d’en faire un destin et un nom, non par la représentation, mais par, dirais-je, la présentation: l’objet, pois, point, phallus, par sa réédition fait le père.

Bien qu’il soit difficile de repérer l’acte en dehors d’une référence à la psychanalyse, il n’en reste pas moins qu’il existe hors d’elle. La politique, l’histoire en recèlent d’exemples.

Si chez Kusama, l’hallucination fait fonction de cadre pour venir border son existence, chez Munch, c’est plutôt le i jaune, trait extime de ses toiles, punctum selon Barthes. Le sens du i jaune est sans intérêt, ne compte, me semble-t-il, que sa présence.

Il y a d’autre point en suspens, j’ y répondrai plus tard, me laissant séduire par le sommeil rieur. Juste un mot pour dire que l’idée de cartel tient toujours pour moi, il y en a déjà un certain écho. Un +1 non analyste serait le bienvenu, mais N’EST PAS NON ANALYSTE QUI VEUT!!!!

Bye bye
Alain

l’art non plus que la femme, que le rapport dit sexuel

Chers tous,

L’appel du réveil a sonné. Mon iPhone, tel un enfant, me supplie de le prendre dans ses bras. Je n’y résiste point. Il me suffit d’une raison menteuse – nos échanges escapatoires ( échappatoires?) – pour dire oui, sans malaise, mais jubilation.

Qu’est-ce donc qui prime? Manipuler l’objet pour donner du plaisir au doigt?

Parler au mur de l’autre? Un alliage instable des deux, d’eux?

Qu’importe après tout, pourvu que ça ait lieu!

Alors y a- t-il de l’acte dans l’art? Probablement, à condition de poser que l’art n’existe pas plus que la femme, que le rapport dit sexuel? Il n’y a que des artistes! Mais qu’est-ce qu’un artiste? Je propose: est artiste d’aujourd’hui celui ou celle qui montre l’objet, non sous du beau, mais par la pudeur de l’énigme. Le regard est toujours impliqué, qu’en pensez-vous?

Mes pieds en ont marre de penser, ils demandent à aller se dégourdir les jambes, je leur obéis !

Bye bye,
Alain

Comment se repère l’Acte dans le livre de BHL

CONVERSATION AVEC BERNARD-HENRI LEVY, « DES GUERRES DU XXIe SIÈCLE », le 23 novembre 2011, à l’occasion de la sortie de son livre La guerre sans l’aimer

A la demande de Géraldine, je partage avec vous quelques notes prises lors de cette soirée. Au risque d’inexactitudes, car il s’agit de notes très lacunaires. Les interventions seront certainement publiées bientôt.

Dans son intervention, Anaëlle Lebovits repère un acte au sens psychanalytique dans le récit que fait BHL de la part qu’il a prise aux événements de Libye.

Anaëlle Lebovits montre en cinq points qu’il s’agit bien d’un acte :

  1. L’acte n’a de sens que quand manque la certitude. Ce qui est le cas ici. BHL fait part de ses nombreux doutes.
  2. Le choix est dicté par un impossible à supporter : devant l’impossibilité pour lui de laisser « l’ordre ancien » se maintenir, il prend le risque de la mort.
  3. L’opposition optimisme / pessimisme [qui partage l’opinion] a pour fonction d’inhiber l’acte. Il s’agissait d’opérer un dépassement dialectique, en prenant la juste position dans l’infime espace temporel qu’il avait pour le faire en emportant l’aval du Conseil de sécurité, ce qui était essentiel [avant que la Russie et la Chine ne mettent leur veto].
  4. Qui dit acte dit engager une livre de chair, ce qu’il appelle « l’emportement corps et âme » [p. 10]. Cela suppose d’engager ce qu’on n’a pas. Au-delà de ses biens (qu’il a engagés aussi), au-delà du risque encouru par le corps : en Libye, sa tête est mise à prix, en France, il suscite haine et méfiance, et le retour d’un « antisémitisme d’un autre âge ». Il reçoit des menaces de mort. Il lui faut se battre, ruser et gagner, pour rester en vie.
  5. Pour poser un acte, il faut s’en savoir responsable, soit s’en faire responsable. Il faut avoir cerné le mal en soi, ce qui évite de chercher un responsable en dehors de soi et d’éprouver de la haine.
    La solitude est la condition de possibilité de l’acte. Que BHL ait été accompagné de quelques « camarades » n’y change rien.

Réponse de BHL à Anaëlle Lebovits :

Cela va encore plus loin que l’opposition optimisme / pessimisme que vous relevez. Tout est fait pour inhiber l’acte, que ce soit par les administrations, par l’opinion… Comment déjouer cet empêchement acharné de faire, de décider et de dire ?

« L’engagement » des intellectuels est très galvaudé. Qu’est-ce qu’on met en gage ? Dans cette affaire, j’ai mis au clou des choses plus précieuses que ma vie : mon nom, ce que mon nom dit. Mes valeurs aussi, bien sûr. C’est un calcul + un pari.

Qu’est-ce qu’on met en gage, c’est la question qu’il faudrait se poser à propos de tous les intellectuels « engagés ». Cf. la préface de Sartre au Portrait de l’aventurier de Roger Stéphane. Sartre y oscille tout au long, il cherche le point de l’esprit où les deux positions peuvent se conjoindre. Il cherche la « révolte logique » [terme emprunté à ???]. C’est peut-être ce après quoi nous courons tous, nous qui sommes ici.

//

MISE à JOUR du 30 nov. 2011 : le texte d’annaëlle lebovits-quenehen est publié sur le site de la règle du jeu : http://laregledujeu.org/2011/11/26/7950/lacte-dun-ecrivain/

n’importe quoi et de la représentation à la présentation

Cher,
Chers,
Peut-être en réponse à Alain du matin, ce texte, long et vieux, que j’ai récemment retravaillé,
amicalement,
véronique

2 février 2006, 9:10 [8 novembre 2011]

 « Fais n’importe quoi. Point. Sans conditions. Fais absolument n’importe quoi. »*

* Et le « fais n’importe quoi » n’est jamais inconditionné mais il faut qu’il le soit. A l’universalité de l’échange, la loi de la réalité, il faut opposer, muette et incompréhensible, la loi de la nécessité qui est aussi nécessité de la loi. L’impératif « fais n’importe quoi » est un impératif catégorique.
Thierry de Duve,  Au nom de l’art,  “Fais n’importe quoi”, p. 129.

« Si, comme je le soutiens, “fais n’importe quoi” est bien un impératif catégorique, alors il faut aller plus loin et dire que l’universel est impossible, ou que l’impossible est aujourd’hui la modalité de l’universel. La phrase “fais n’importe quoi” ne donne pas le contenu de la loi, seulement le contenu de la maxime. Et encore ce contenu est-il quelconque et ne devient-il déterminé que par l’action qui met la maxime en pratique. Cela ne prescrit qu’une forme conforme à l’universel dans les conditions radicales et finales de la finitude. Et cela signifie : conforme à l’impossible. »
Ibid. pp. 133-134.

Des années que je me coltine ce « n’importe quoi » de Thierry de Duve et que je ne m’en dépatouille pas.

« Fais n’importe quoi » est pour lui l’impératif catégorique de l’art moderne.  C’est au départ de cette maxime qu’il analyse l’art moderne qu’il date, si ma mémoire est bonne,  à Courbet et à ses « Casseurs de pierre » et qu’il appuie sur une analyse fouillée de l’œuvre de Marcel Duchamp.

« Fais n’importe quoi », impératif catégorique, absolument sans condition : conforme à l’impossible. L’impossible, c’est, ce serait, l’impossible de l’universel. Expression-là probablement pour une part de ce qui m’aimante dans la proposition de Thierry de Duve. Le « n’importe quoi » seul permet de rendre compte de l’impossibilité de l’universel.

Quand le fond de l’enjeu de mon attachement à cet enseignement se situe probablement dans le fait qu’il s’agissait pour moi, qu’il s’agit pour moi, de trouver ce qui fait la valeur dans l’art, ce qui fait la valeur de l’art. Mon père étant artiste et n’ayant jamais moi-même eu l’impression d’avoir jamais rien compris à l’art, cet enjeu est certainement très capital. Qu’est-ce qui pourrait faire que l’art ça ne soit justement pas n’importe quoi.

Comment juger ? Juger de l’art ?

Continuer la lecture de n’importe quoi et de la représentation à la présentation

On n’arrête pas le désir!

Chère Dom, Géraldine, et les autres…

Merci pour ces notes précieuses. J’ai eu le sentiment, hier d’assister effectivement à un « évènement », à savoir une rencontre entre les intellectuels de notre temps, provoquée par Jacques-Alain Miller avec BHL, à propos de son livre « La guerre sans l’aimer » , JC Milner, Hubert Védrine, Eric Laurent, Anaëlle Lebovits, et des amis normaliens, donc entre Psychanalystes, Politiques et Philosophes. C’était un peu comme dans cet ancien temps, qui fait rêver, Althusser, Lacan etc. ou encore Sartre et, dont François Régnault nous parle de temps en temps. La question de l’humanisme n’en était pas absente, à travers bien des accroches, les guerres « justes » ou pas, la question de la vérité ou de la croyance, le combat communs contre les S1, les signifiants-maîtres qui nous aliènent en tant qu’ordre établi, la dimension de l’acte pour franchir cela et de ses conséquences.

J’ai été bien intéressée par un point qui a fait accord, c’est que ce n’est pas la victoire qui signe la justesse de la cause. Il y a des causes perdues, des « guerres oubliées » qui furent pourtant justes, et hurler avec les loups n’est pas à hauteur humaine.
Tout cela a été dialectisé d’une façon formidable qui a été filmée et sera sûrement diffusée.

J’en fus ravie. Petit détail amusant: Il nous a fallu forcer la barrière, puisque pourtant bien à l’heure, il n’y avait déjà plus de place dans la salle. J’ai dit que l’on ne pourrait arrêter ce désir d’être là, et me suis sentie suivie par quelques membres de l’École retenus aussi dehors. Alors, j’ai utilisé un subterfuge, faisant semblant d’être connue de BHL, qui était venu chercher un intervenant à l’extérieur, je l’ai interpellé. Étant courtois, il n’a pas dit le contraire, et nous nous sommes tous engouffrés. transgresser, franchir, c’est bon!

On n’arrête pas le désir!
Bises
Catherine Decaudin

l’art, la langue naturelle de l’artiste

Merci, eoik, pour ce texte où tu vas si loin pour tenter de te « dépatouiller » avec des questions aussi difficiles. J’en reste un peu saisie, il me faudra y revenir, et plus d’une fois. Je vais commencer par lire Thierry de Duve ! Et ce fameux catalogue de l’exposition de Bruxelles « 100 ans d’art contemporain », le trouve-t-on encore ?

Quant à la pulsion et au fantasme, ça a été mon sujet de cartels pendant dix ans (quel que soit le séminaire au travail, je mettais « pulsion et fantasme ») et, bien sûr, je ne m’en dépatouille toujours pas ! Les enseignements de l’Ecole en ce moment tournent beaucoup autour de ces questions de plus-de-jouir (que le « s » s’entende ou non) et d’objet a à la fin de l’enseignement de Lacan. Ce qui entraîne forcément la question de l’universel et du particulier (pas plus tard qu’hier soir). Mais toi, tu partages avec nous non seulement ce que tu as retiré de ton expérience analytique mais aussi de ton expérience de « fille d’artiste », et de tes longues réflexions sur l’art (comment peux-tu dire que tu n’y comprends rien ?)

Je reviens à l’un de mes tweets de l’autre jour, que tu avais d’ailleurs souligné, « L’artiste est sujet de l’art en tant qu’il met en jeu une pratique symbolique particulière pour traiter l’impensable de ce réel » (François Ansermet). Si l’on suit ce fil, ce qui ferait la différence (c’est mon hypothèse), ce qui ferait que quelque chose « est de l’art » ne tiendrait peut-être pas non plus tant que ça à l’objet au sens où il serait de l’ordre du visible (d’où il peut bien être « n’importe quoi »), mais à la position de l’artiste, à une certaine façon qu’il a de traiter le trou dans le symbolique qu’est l’objet. Alain Prochiantz disait aussi qu’à son sens les mathématiques étaient peut-être la « langue naturelle » du mathématicien, c’est-à-dire la langue qu’il parle, même si à première vue c’est la science par excellence qui n’a plus rien à voir avec une « langue naturelle ». Ne pourrait-on poser de la même façon que l’art est la « langue naturelle » de l’artiste ? D’autant plus que, souvent, l’artiste n’a rien à dire de plus sur son art.

Je sens que je m’embrouille, je m’arrête là !
Dominique.

Une soirée sur la Chine le 7 décembre à 21h 15

Une soirée sur la Chine le 7 décembre à 21h 15, au local de l’ECF, organisée par l’équipe de la bibliothèque (dont je fais partie). Il y sera question entre autres de l’écriture chinoise. Cette affaire de la calligraphie chinoise rejoint nos interrogations sur l’art et l’acte, si j’en crois les quelques lectures que j’ai faites. Cf. « L’unique trait de pinceau » du moine Citrouille-amère, dont parle Lacan. Bon, j’avoue que nous ne savons pas exactement ce que diront nos quatre invités, nous ne leur avons pas demandé leurs textes. Ce sera une surprise ! Mais je peux vous dire que ce sont des gens passionnants. Quelques précisions dans Babel n° 11, qui se trouve en pièce jointe et sur ECF-Alexandrie.

Dominique

**************************************************************
Babel n°11 – novembre 2011
Bulletin Apériodique de la Bibliothèque de l’École de Lacan-ecf
Sommaire :
– Soirée de la bibliothèque du 7 décembre 2011 : « Lire Lacan en Chine »
– Une offre de la bibliothèque aux responsables des Enseignements à l’ECF
**************************************************************
Vous trouverez le Babel n° 11 en attaché

**************************************************************
Soirée de la Bibliothèque
Mercredi 7 décembre 2011 à 21h15
1, rue Huysmans 75006 Paris

Le symbolique au XXIe siècle
Le signifiant vivant : « Lire Lacan en Chine »

Nathalie Charraud présentera un exemple chinois de pas-tout, tiré d’un commentaire de l’Art de la guerre de Sun-tsu.

Alain Cochard se propose de montrer que les références de Lacan à la culture chinoise et en particulier à Mencius répondent à des problèmes cliniques. Il prendra la courte référence à Mencius à la fin du Séminaire VII pour montrer qu’elle s’inscrit dans la question de Lacan concernant ce qu’on est en droit d’attendre d’une analyse menée à son terme.

Jean-Louis Gault fera le point sur les caractéristiques de l’écriture chinoise, en ce qui la distingue d’une écriture alphabétique et ce pour quoi elle a pu intéresser Lacan, qui était à la recherche d’une théorie de l’écriture, qu’exigeait la nature du symptôme chez le parlêtre.

Catherine Orsot-Cochard traitera des « pouvoirs de la cursive », en référence à la phrase de Lacan dans « Lituraterre », Séminaire XVIII, p. 120 : « Ça me fascine, ces choses qui pendent, kakemono, c’est comme ça que ça se jaspine, les choses qui pendent au mur de tout musée là-bas, portant inscrits des caractères, chinois de formation, que je sais un peu, très peu, mais qui, si peu que je les sache, me permettent de mesurer ce qui s’en élide dans la cursive, où le singulier de la main écrase l’universel, soit ce que je vous apprends ne valoir que du signifiant. »

On trouvera des échos des récents voyages de nos collègues en Chine dans Lacan quotidien n° 10, 27, 40, 42, 59, 73, 84, 90, 91, et dans Babel n°11 une brève bibliographie sur le thème de la soirée, disponibles sur le site : http://ecf.base-alexandrie.fr/
**************************************************************

 

« fais n’importe quoi! »

Eoik, Do, chères,

Admirable, ton texte Vero, je m’y retrouve un peu dans ce que dit Thierry de Duve « au nom de l’art ».

Je brûle d’envie de répondre de suite sur 2 ou 3 choses.

Devant le feu de cheminée, que je viens de réveiller, une fois de plus, c’est mon p’tit plaisir d’hiver, de taquiner la mort: vais-je pouvoir raviver le feu au petit matin à partir des cendres mourantes. Résultat, un nom possible de l’impossible pour moi : la mort ne meurt jamais. Tiens donc?

L’art, une pratique symbolique particulière du réel? En quoi? Et pourquoi pas singulière?

Je ne peux m’empêcher de faire entrer en résonance le « fais n’importe quoi » de l’artiste avec le « dis n’importe quoi » de l’association libre. Dis, fais n’importe quoi, et il n’en sortira pas n’importe quoi!

Donc, la différence n’est pas tant au niveau de la visée que du moyen: le « Bien-faire » pour l’artiste, le « Bien-dire » pour l’analysant. Peut-il y avoir rencontre entre les deux? Oui, comme entre un homme et une femme: ratée.

Je pose: l’art est une pratique du « Bien-faire ». Mais qu’est-ce que le faire? Là, je passe à une navigation à vue, sans GPS, hasardeuse. Je me risque: le faire est une pratique pulsionnelle malgré le fantasme, au-delà de lui! Que devient la pulsion au-delà du fantasme, se demandait Lacan? Provocateur, je réponds: une œuvre d’art!

Ça pourrait bien être une pratique de la pulsion, avec un objet particulier, mentionné une fois par Lacan, 2 ou 3 fois par Miller: la musculature, le mouvement corporel. ( je pense au « penser avec les pieds » de Lacan)

Autre point: pas d’art sans regard! Et

Pas d’œuvre d’art, si elle est « toute seule ». La réitération fait la série, ce qui fait sérieux et crée deux choses énigmatiques: ce qui ne se dit pas dans ce qui se trace; et la naissance du « traceur » dirais-je !

L’art, n’est-il pas une pratique du trait?

Il fait encore nuit, le jour se lève timidement , le feu est à point, et je vais laisser s’endormir mes pensées.

Bises
Alain

Tao : le faire sans nom n’ayant désir et le nom ayant désir

Cher Alain, en début de réponse à ta proposition sur le « faire » de l’artiste, ce merveilleux texte d’Eric Laurent sur le vide-médian où sont confrontés, en Chine, par Cheng et Lacan,  « le faire » et « le parler ».

A ce texte, et un peu paradoxalement, j’ajouterais : y aurait-il un lien à établir entre

.d’une part, l’opposition que découvre Lacan dans le Tao du dire et du fairele faire sans nom n’ayant désir et le nom ayant désir -, « dilemme » avec lequel il se demande « comment vivre?  », à quoi Cheng répond spontanément : « par le vide médian »

.et, d’autre part, le Witz  que préconise Duchamp quand il veut tirer le conséquences de ce que « le faire » n’est plus possible en peinture du fait que ce sont maintenant les machines qui font et que la peinture arrive « ready-made » ? Ce Witz lui ouvre-t-il la voie du Vide médian dont Lacan et Cheng s’attachent à « élucider la réalité »?

Et puis, tu vois, Dominique, moi aussi, on dirait, que je vais vers la Chine….

Bon dimanche à tous,

Véronique

le vide-médian

La Voie qui peut s’énoncer

N’est pas la Voie pour toujours

Le nom qui peut se nommer

N’est pas le nom pour toujours

Sans nom : Ciel-et-Terre en procède

Le nom : Mère-de-toutes-choses

La Voie/voix, en tant qu’elle est avant tout nomination puis l’effet de nomination, qui fait venir quelque chose, mais quoi ?, car c’est là où ça n’est pas grec : il ne s’agit plus de faire venir à l’être, mais à un certain usage. Le chinois n’est pas une langue indo-européenne, il ne connaît pas le verbe être, à la place de la copule il y a cette invention propre au chinois qui est que le mot Tao veut dire tout à la fois faire et dire, énoncer.

Et c’est une des histoires les plus extraordinaires de la pensée que révèle l’histoire de la pensée en Chine, où la pensée chinoise a réussi à accueillir l’être transmis par le bouddhisme sous le mode du vide, parce qu’il parlait le sanskrit, une langue indo-européenne, donc, impliquant l’être et le non-être, et que les Chinois ont mis quand même huit cents ans pour faire se rejoindre le Tao et le vide bouddhique. Ça a pris beaucoup de temps, et causé beaucoup de frictions dans les différentes écoles chinoises, pour ajuster deux notions qui n’avaient rien à voir, et pour en faire une création de discours, qui, elle, sera transmise au Japon, avec le bouddhisme que l’on appelle zen. La secte Chan a mis au point, précisément, une version un peu sophistiquée de cette combinaison entre le vide hindou et le Tao chinois.

Là nous avons la Voie/voix en tant qu’elle est d’avant la nomination, et Cheng dit qu’en lisant ce texte, Lacan dit : c’est merveilleux !, s’arrête, arrête Cheng et lui fait le petit schéma suivant :

Il lui dit : voilà, il y a le Tao, alors faisons deux registres, le faire –  le parler, ce qui est sans nom, ici – et le nom, ce qui est n’ayant désir, et ce qui est ayant désir. Lacan lui fait donc ce petit schéma, mais il dit tout de suite qu’« il s’agit maintenant de savoir comment tenir les deux bouts, ou plutôt ce que Lao-Tseu propose pour vivre avec ce dilemme. »

Et là, ce qui intéressait Lacan parlant avec Cheng, c’était la solution proposée, et, dans le témoignage de Cheng nous lisons ceci : « Sans trop réfléchir, je réponds : « Par le Vide-médian ». Ce terme de Vide-médian une fois prononcé, nous n’avons eu de cesse que nous n’ayons élucidé la réalité de cette notion fondamentale entre toutes ». Après avoir fouillé les sources, vérifié les interprétations, ils ont donc pu établir que le trois, chez Lao-Tseu, n’était autre que le Vide-médian. Or, à suivre Cheng, qui est ici le spécialiste, alors que, jusque-là, le trois n’avait pas beaucoup retenu les spécialistes de la pensée chinoise, qui s’arrêtaient au deux, à l’opposition du Yin et du Yang, cette interprétation est désormais adoptée par tous les sinologues ainsi que par les savants chinois eux-mêmes. (Cf : L’Âne,  p. 53). Ils se sont appliqués à observer les multiples usages du Vide-médian dans le domaine concret à l’intérieur d’une personne – c’est très précieux, le Vide-médian à l’intérieur d’une personne – dans un couple, entre deux tribus, (en se référant à Lévi-Strauss), entre acteur et spectateur au théâtre etc.

Voilà donc, dans le concret, où se situe le vide. Comment articuler le vide, c’est ce qui intéressait Lacan. L’usage correct du vide, de ce Vide-médian qui est une sorte de version du littoral, soit ce qui sépare deux choses qui n’ont entre elles aucun moyen de tenir ensemble, ni aucun moyen de passer de l’une à l’autre.

« Shih-t’ao n’a-t-il pas parlé d’Universelle Circulation ?, poursuivait-il. Cela explique peut-être que les Chinois aient privilégié la notion de sujet/sujet, au détriment de celle de sujet/objet, puisque tout métaphorisé que soit le sujet, ce qui importe à leurs yeux, c’est ce qui se passe entre les sujets, plutôt que le sujet lui même, en tant qu’entité séparée ou isolée. Là intervient encore, sans doute, le Vide-médian » conclut Lacan.

Eric Laurent, « La lettre volée et le vol sur la lettre ». Conférence prononcée au Cours de Jacques-Alain Miller : « L’expérience du réel dans la cure analytique » 1998-1999 (inédit). Publiée dans La Cause freudienne n° 43, « Les paradigmes de la jouissance », p. 22.

l’impossibilité du fer

et à votre sagacité, dans le fil de la proposition d’alain de l’art comme « faire » je propose encore ce court extrait de Duve (et j’en aurai fini pour aujourd’hui!) :

Ainsi, le readymade est de l’art à propos de la peinture avant d’être de l’art à propos de l’art. L’art de peindre, c’est l’art du faire, dit Duchamp, qui répète là une très vieille définition de l’art comme artisanat et habilité manuelle. Mais si l’industrialisation a rendu objectivement inutile l’artisanat, alors l’habilité manuelle est aussi ce que l’artiste sensible à l’époque doit ressentir comme impossible. Ce sentiment est, dans la peinture, même normale, sa « nécessité intérieure », la nécessité qui poussa Kandinsky et les autres pionniers de l’abstraction à abandonner presque toutes les conventions traditionnelle de la peinture, et qui poussa Duchamp à l’abandon du métier lui-même.

Fini le faire, reste le nom. Fini le tour de main, l’habilité, le talent, reste le génie, le Witz. A Denis de Rougemont qui lui demande « Qu’est-ce que le génie? », Duchamp répondit par un calembour : « L’impossibilité du fer ».

Puisque faire signifie choisir, le syllogisme de tout à l’heure conduit à la conclusion, cette fois, que le génie tient à l’impossibilité de choisir. Et puisque l’exemple exemplaire d’un tel choix impossible est un tube de bleu, un tube de rouge, il faudrait imaginer que le génie tient à l’impossibilité de choisir ses couleurs, d’ouvrir un tube, de commencer son tableau, de peindre. Génie de l’impuissance en lieu et place de l’impuissance du talent !

Thierry de Duve, Résonnances du readymade, « Le readymade et le tube de couleur » (1984-1989), Éditions Jacqueline Chambon, 1989, p. 127, 128, 129, 130

vies d’escapades :: nouveaux membres et prochains rendez-vous

Bonjour, Chers Véronique, Dominique, Alain, Catherine, chères et chers amis,

Je profite d’un petit répit dominical pour vous dire combien je trouve stimulants ces échanges autour de l’art, du processus de création, je vous lis avec beaucoup d’attention, me laisse entraîner par vos références, textes, auteurs, à partir de ce que j’en comprends et chemine de mon côté pour serrer davantage quelle serait ma question au sein de notre futur cartel. Une première date à proposer pour nous rencontrer? Qui voudrait en être ? Qui serait notre plus-un? J’aime beaucoup l’idée que ce pourrait être un ‘non-analyste’. Je peux accueillir le cartel chez Auguste! Un cartel, deux cartels, …Décidément ces escapades nous emmènent loin!

Je voulais vous présenter Laurent Guerlou, un ami de Toulouse qui vient de rejoindre notre groupe et qui serait intéressé par une escapade ‘les Femmes’, je sais que Dominique et Véronique O ont prévu d’y aller le 18 décembre pour la dernière et l’intégrale. D’autres propositions?

Je vous présente également Malik Berkati, que certains connaissent peut-être sur Twitter et qui m’a fait l’amitié de rejoindre également notre groupe. Bienvenue à tous ceux qui viennent de s’inscrire!

Donc, prochaines escapades:
samedi prochain, le 3 décembre ‘la folie Sganarelle
le 10 décembre, exposition Paul Klee à la cité de la musique dans l’après-midi et ‘Ex vivo In vitro‘ en soirée,
et enfin le dimanche 18, à 14h30 l’intégrale les Femmes aux Amandiers.

D’autres dates? Serait-il possible de créer une rubrique agenda pour mieux nous repérer? Sans oublier nos imprévus et impromptus! Je crois qu’Isabelle avait un projet de passage sur Paris un mercredi ?

Qui veut m’aider pour une présentation escapades décembre pour le courrier ACF? Klee (Vanessa?)? Wajdi Mouawad (Laurent? Véronique O?)? Ex vivo (Dominique?)

Merci beaucoup Dominique pour le partage de tes notes formidables! Merci à tous qui rendent ce groupe si vivant!

A bien vite,
Géraldine.

Envoyé de mon iPad

art et psychanalyse : la séparation de l’objet

Éric Rondepierre, Le Voyeur (Moires), 1996-1998, Courtesy Gallery RX
Éric Rondepierre, Le Voyeur (Moires), 1996-1998

 

Cher amis escapadants,

voici une proposition de travail pour le cartel « Art et psychanalyse »,  dont j’ai eu l’idée de je ne sais où, probablement dans tout ce que j’ai lu ou ressenti ces temps-ci, mais qui m’a marquée:
Un point commun entre la psychanalyse et l’art serait que cela permet dans les deux cas la séparation de l’objet, d’où l’effet de soulagement produit.

Bien à tous

Catherine Decaudin

Rétrospective Béla Tarr au Centre Pompidou

29.11.11 04:56

Rétrospective Béla Tarr à Beaubourg, du 3 décembre au 2 janvier. C’est un cinéaste à découvrir (cf. L’homme de Londres et Les harmonies Werckmeiter, qu’on a pu voir à Paris ces dernières années).

Dominique

//

Programme

Toutes les séances

Samedi 3 Décembre 2011
15:00 Master class avec Béla Tarr
Pour la première fois en France, Béla Tarr retrace les différentes étapes de son parcours de cinéaste, depuis les tournages en 16 mm semi-improvisés des débuts jusqu’à la précision extrême des œuvres tardives.
18:30 Les Harmonies Werckmeister, Béla Tarr, 2000 noir et blanc
Dans une petite ville glaciale de la plaine hongroise, un cirque s’installe pour exhiber son unique attraction, une gigantesque baleine empaillée.

Dimanche 4 Décembre 2011
14:30 Le Nid familial, Béla Tarr, 1977 noir et blanc (100 mn)
Le premier film de Béla Tarr, emblématique du style de ses débuts, est précédé du court métrage Hotel Magnezit (1978, noir et blanc).
17:30 Damnation, Béla Tarr, 1987 noir et blanc
Karrer, personnage amer et renfrogné, a pour seul lien avec le monde un bar-cabaret, le Titanik. La chanteuse qui s’y produit l’obsède tant elle semble posséder quelque chose qui lui est inaccessible : une forme d’espoir.

Lundi 5 Décembre 2011
19:30 Rapports préfabriqués, Béla Tarr, 1982 noir et blanc
Dans un style qui est comme un pendant épuré de celui de Cassavetes, Béla Tarr poursuit avec ce troisième long métrage son portrait du prolétariat hongrois et des relations hommes-femmes qui s’y développent.

Vendredi 9 Décembre 2011
19:30 L’Outsider, Béla Tarr, 1979-1980 couleur
L’outsider, c’est András, jeune homme qui semble flotter sur la vie sans jamais trouver sa place, avec, pour seul compagnon stable, un violon. Par un récit elliptique, le film nous fait partager quelques étapes de la vie de cet être en décalage permanent, incapable de se plier aux injonctions du monde qui l’entoure.

Samedi 10 Décembre 2011
14:00 Satantango, Béla Tarr, 1990-1994 noir et blanc
Adapté du roman éponyme de László Krasznahorkai, Satantango expose les complots et les trahisons qui agitent une coopérative agricole en déliquescence, au cœur d’une campagne humide.
Samedi 10 Décembre 2011

Dimanche 11 Décembre 2011
14:30 L’Homme de Londres, Béla Tarr, 2007 noir et blanc (132 mn)
Le film, adapté d’un récit de Georges Simenon, est précédé du court métrage « Prologue » (2004, noir et blanc).
17:30 Almanach d’automne, Béla Tarr, 1983-1984 couleur
Hédi, une dame âgée et argentée, partage une maison avec son fils, son infirmière et l’amant de celle-ci, bientôt rejoints par un quatrième locataire.

Lundi 12 Décembre 2011
19:30 Macbeth, Béla Tarr, 1982 couleur
Fidèle adaptation du texte de Shakespeare, Macbeth a été réalisé pour la télévision hongroise. Radicalisant son usage du plan-séquence, Béla Tarr y livre une mise en scène vertigineuse et labyrinthique.

Jeudi 15 Décembre 2011
19:30 The Last Boat, Béla Tarr, 1990 couleur (32 mn)
C’est sans doute avec « The Last Boat » que Béla Tarr s’est le plus éloigné d’une conception classique de la narration. On y découvre une Budapest désertée, théâtre de scènes énigmatiques et irréelles baignant dans un climat post-apocalyptique. Le film est suivi du court métrage « Voyage sur la plaine hongroise » (1995, coul.).

Vendredi 16 Décembre 2011
19:30 Les Harmonies Werckmeister, Béla Tarr, 2000 noir et blanc
Dans une petite ville glaciale de la plaine hongroise, un cirque s’installe pour exhiber son unique attraction, une gigantesque baleine empaillée.

Samedi 17 Décembre 2011
14:30 Macbeth, Béla Tarr, 1982 couleur
Fidèle adaptation du texte de Shakespeare, Macbeth a été réalisé pour la télévision hongroise. Radicalisant son usage du plan-séquence, Béla Tarr y livre une mise en scène vertigineuse et labyrinthique.

Samedi 17 Décembre 2011
16:00 Table ronde
Table ronde autour de l’oeuvre du maître hongrois, avec Kristian Feigelson, András Kovács, Sylvie Rollet et Jarmo Valkola
18:00 Rapports préfabriqués, Béla Tarr, 1982 noir et blanc
Dans un style qui est comme un pendant épuré de celui de Cassavetes, Béla Tarr poursuit avec ce troisième long métrage son portrait du prolétariat hongrois et des relations hommes-femmes qui s’y développent. Ici, chaque nouvelle scène semble amener le couple plus loin dans l’impasse.
20:00 L’Outsider, Béla Tarr, 1979-1980 couleur
L’outsider, c’est András, jeune homme qui semble flotter sur la vie sans jamais trouver sa place, avec, pour seul compagnon stable, un violon. Par un récit elliptique, le film nous fait partager quelques étapes de la vie de cet être en décalage permanent, incapable de se plier aux injonctions du monde qui l’entoure.

Dimanche 18 Décembre 2011
14:00 Satantango, Béla Tarr, 1990-1994 noir et blanc
Adapté du roman éponyme de László Krasznahorkai, Satantango expose les complots et les trahisons qui agitent une coopérative agricole en déliquescence, au cœur d’une campagne humide.

Lundi 19 Décembre 2011
19:30 Tarr Béla, cinéaste et au-delà, Jean-Marc Lamoure, 2011 couleur
Accompagnant la réalisation du Cheval de Turin entre 2008 et 2011, ce film présenté à l’état de work in progress propose une immersion auprès de Béla Tarr. Il est précédé du court métrage « Le jour où le fils de Raïner s’est noyé » (2011, coul.), d’A. Vernhes-Lermusiaux.

Jeudi 22 Décembre 2011
19:30 Almanach d’automne, Béla Tarr, 1983-1984 couleur
Hédi, une dame âgée et argentée, partage une maison avec son fils, son infirmière et l’amant de celle-ci, bientôt rejoints par un quatrième locataire.

Vendredi 23 Décembre 2011
19:30 Le Nid familial, Béla Tarr, 1977 noir et blanc (100 mn)
Le premier film de Béla Tarr, emblématique du style de ses débuts, est précédé du court métrage « Hotel Magnezit » (1978, coul.)

Vendredi 30 Décembre 2011
19:30 L’Homme de Londres, Béla Tarr, 2007 noir et blanc (132 mn)
Le film, adapté d’un récit de Georges Simenon, est précédé du court métrage « Prologue » (2004, coul.).

Samedi 31 Décembre 2011
14:30 The Last Boat, Béla Tarr, 1990 couleur (32 mn)
C’est sans doute avec « The Last Boat » que Béla Tarr s’est le plus éloigné d’une conception classique de la narration. On y découvre une Budapest désertée, théâtre de scènes énigmatiques et irréelles baignant dans un climat post-apocalyptique. Le film est suivi du court métrage « Voyage sur la plaine hongroise » (1995, coul.).

Lundi 2 Janvier 2012
19:30 Damnation, Béla Tarr, 1987 noir et blanc
Karrer, personnage amer et renfrogné, a pour seul lien avec le monde un bar-cabaret, le Titanik. La chanteuse qui s’y produit l’obsède tant elle semble posséder quelque chose qui lui est inaccessible : une forme d’espoir.

« Le cheval de Turin » : chef-d’oeuvre !

//

29.11.11 12:20

Je vous conseille surtout son dernier film: Le cheval de Turin.

Un chef-d’œuvre, et comme vous ne me connaissez pas, vous ne pouvez pas savoir qu’entre autres je suis critique de cinéma, que je ne suis pas forcément difficile à cause de cette activité mais par contre que je fais attention aux mots que j’emploie dans ce domaine et là, il n’y en a pas d’autres! Ce film (le dernier de sa carrière de réalisateur si j’en crois ce qu’il m’a dit à la Berlinale) est la somme épurée de toute son œuvre. J’en ai des frissons rien que de penser aux images de ce film.

Par contre, histoire que vous ne me fassiez pas de procès dès la sortie du cinéma, je vous avertis que le film est très exigeant et très inhabituel dans sa structure: c’est une sorte de boléro de Ravel cinématographique. Cela veut donc dire que soit on se laisse aller et arrive à entrer dans le rythme soit on reste à l’extérieur…et comme le film est long, si on reste à l’extérieur, là, cela peut être éprouvant!

Malik

//

30.11.11 02:23

Merci, Malik, pour votre conseil : surtout ne pas rater Le cheval de Turin de Béla Tarr, film exigeant, le clou de sa carrière – et peut-être le dernier qu’il fera (j’espère quand même que non…) Contrairement à ce que je pensais, il ne fait pas partie de la rétrospective qui sera consacrée à Béla Tarr au centre Pompidou du 3 décembre au 2 janvier. Il faudra donc guetter sa sortie en salles, qui sera sans doute concomitante à cet événement.

Quelle chance d’avoir un critique de cinéma parmi nous ! J’espère que vous nous suggérerez beaucoup d’escapades cinématographiques et que vous y participerez de temps en temps.

A bientôt donc.

Dominique.

//

30.11.2011 17:50

Malheureusement Dominique, pour avoir rencontré le « maître », je n’ai pas l’impression qu’il soit du genre à changer d’avis. Il a dit qu’avec le Cheval de Turin, il avait fermé une boucle et tout ce qui pourrait venir après ne serait que recommencement, répétition. Il n’exclut cependant pas de continuer dans le cinéma, comme producteur par exemple. Mais effectivement, comme on dit en allemand, l’espoir meurt en dernier…alors espérons qu’il trouve une autre boucle à ouvrir…

Le film sort chez vous en France aujourd’hui (30 novembre).

Malik

Il n’y a pas, il n’y a jamais eu d’Art brut

Ce qui serait de l’Art… (et ce qui n’en serait pas tout à fait !)

Francis Berezné est né en 1946. Il dessine depuis toujours, même dans les moments les plus difficiles d’une vie tourmentée. Adolescent, il voyage, croquant sur nature tout ce qui se présente à lui. Pendant quelques années, il est assistant aux Beaux-Arts. À présent il s’intéresse aux relations du dessin et de l’écriture, et commence à réaliser des films expérimentaux. Après avoir été fou, le voilà qui revient en psychiatrie pour animer des ateliers d’arts plastiques.

Extraits du Dit du brut, de Francis Bérezné, éditions « La chambre d’échos ».

Mon ami Francis Bérezné, peintre et écrivain, est diparu en 2010. Le sous-titre de son livre Le dit du brut est Colère. Colère parce que, si « l’Art des fous et des marginaux » s’est vu reconnaître une place depuis que Dubuffet inventa le terme d’art brut en 1945 et créa une fondation pour l’abriter (devenue la Collection de l’art brut de Lausanne), il continue à être ghettoïsé. Cette colère est née, « un jour de 1967 en voyant les oeuvres de ces artistes [les grands, les reconnus] exposées dans la grande nef du Musée des Arts décoratifs, alors que bien séparée d’eux, dans des salles différentes, était accrochée la donation Dubuffet. » (p. 7).

« J’ai voulu battre en brèche un certain nombre d’idées reçues à ce sujet », continue-t-il. «Certaines dont je crains qu’elles n’aient la vie longue. En particulier que cet art ne peut s’inscrire dans une histoire de l’Art, sinon comme un genre tout à fait à part et bien singulier. Je pense au contraire qu’il fait partie de l’Art du vingtième siècle, au même titre que ses grands créateurs reconnus, et comme eux inspirant fortement la production d’aujourd’hui »

.

Conversation imaginaire entre Francis Bérezné et une amie :

« Je le vois [Dubuffet] dans Son Musée remplissant des cases, des tiroirs, des étages, aménageant Ses Collections, ouvrant des annexes aux Collections, inaugurant des à-côtés des Collections, éliminant les pas tout à fait ci ou pas tout à fait ça, dont Lui seul pouvait juger. Lui et les siens écartant ceux qui n’étaient pas dignes de participer aux grandes festivités de la création.

– Ce ne sont que des affabulations jalouses. Il n’était même pas conservateur du Musée de l’Art brut!

– Mais je me fous de l’Art brut ! Il n’y a pas, il n’y a jamais eu d’Art brut. Ce n’est qu’une de Ses inventions. Et pas des meilleures. Qui, après qu’on eut enfermé les fous, enfermait leurs œuvres dans un concept et un Musée, sinon à double tour et comme sous haute surveillance, du moins à consommer selon un strict mode d’emploi. En vérité, Wölfli créait comme n’importe quel autre artiste. […] Tenez, dites-vous que Wölfli est comme orphelin du reste de la création. » De Miro, en particulier, dont il serait éclairant de le rapprocher. En effet, « Ainsi que Miro et quelques autres il a fabriqué un monde où les signes se combinent comme un langage, se répondent d’un tableau à l’autre, se font écho, et nous tiennent un discours surprenant. » (p. 27-28). Même chose quand il s’agit de rapprocher Francis Palanc, artiste « brut » né en 1928, et Jean-Pierre Raynaud. « Mais avez-vous vu la gymnastique mentale et les détours que j’ai faits pour mettre Palanc et Raynaud en perspective ? les efforts sans compter pour déplacer la barrière que tous après moi se hâteront de remettre en place ? » (p. 29-30).

Or « ne croyez pas que l’asile soit étanche. Il y souffle le vent des grands bouleversements artistiques, sociaux et politiques. » (p. 46). Ledit « art brut » est « une pratique née avec la modernité et avec l’abstraction, avec le renouveau des arts. […] je revendique pour ces artistes le droit d’être regardés avec les mêmes yeux que tout autre […]. Leur spécificité n’est pas de faire l’envers ou le contraire de tout ce qu’ont fait l’art et la culture. Leur spécificité est d’être, comme tout artiste digne de ce nom, un parmi les autres et irréductible aux autres. » (p. 48).

Ah ah ! Qui va dire ce qu’est un « artiste digne de ce nom » ?

Les soulignages sont de moi.

Dominique.

LIENS:

http://www.francis-berezne.net/

http://lesilencequiparle.unblog.fr/2010/10/19/sur-lamitie-dans-la-psychiatrie-francis-berezne/

Peintures de F. Bérezné