On n’arrête pas le désir!

Chère Dom, Géraldine, et les autres…

Merci pour ces notes précieuses. J’ai eu le sentiment, hier d’assister effectivement à un « évènement », à savoir une rencontre entre les intellectuels de notre temps, provoquée par Jacques-Alain Miller avec BHL, à propos de son livre « La guerre sans l’aimer » , JC Milner, Hubert Védrine, Eric Laurent, Anaëlle Lebovits, et des amis normaliens, donc entre Psychanalystes, Politiques et Philosophes. C’était un peu comme dans cet ancien temps, qui fait rêver, Althusser, Lacan etc. ou encore Sartre et, dont François Régnault nous parle de temps en temps. La question de l’humanisme n’en était pas absente, à travers bien des accroches, les guerres « justes » ou pas, la question de la vérité ou de la croyance, le combat communs contre les S1, les signifiants-maîtres qui nous aliènent en tant qu’ordre établi, la dimension de l’acte pour franchir cela et de ses conséquences.

J’ai été bien intéressée par un point qui a fait accord, c’est que ce n’est pas la victoire qui signe la justesse de la cause. Il y a des causes perdues, des « guerres oubliées » qui furent pourtant justes, et hurler avec les loups n’est pas à hauteur humaine.
Tout cela a été dialectisé d’une façon formidable qui a été filmée et sera sûrement diffusée.

J’en fus ravie. Petit détail amusant: Il nous a fallu forcer la barrière, puisque pourtant bien à l’heure, il n’y avait déjà plus de place dans la salle. J’ai dit que l’on ne pourrait arrêter ce désir d’être là, et me suis sentie suivie par quelques membres de l’École retenus aussi dehors. Alors, j’ai utilisé un subterfuge, faisant semblant d’être connue de BHL, qui était venu chercher un intervenant à l’extérieur, je l’ai interpellé. Étant courtois, il n’a pas dit le contraire, et nous nous sommes tous engouffrés. transgresser, franchir, c’est bon!

On n’arrête pas le désir!
Bises
Catherine Decaudin

art et psychanalyse : la séparation de l’objet

Éric Rondepierre, Le Voyeur (Moires), 1996-1998, Courtesy Gallery RX
Éric Rondepierre, Le Voyeur (Moires), 1996-1998

 

Cher amis escapadants,

voici une proposition de travail pour le cartel « Art et psychanalyse »,  dont j’ai eu l’idée de je ne sais où, probablement dans tout ce que j’ai lu ou ressenti ces temps-ci, mais qui m’a marquée:
Un point commun entre la psychanalyse et l’art serait que cela permet dans les deux cas la séparation de l’objet, d’où l’effet de soulagement produit.

Bien à tous

Catherine Decaudin

Ex-vivo, In-vitro, après-coup, ô solitude (6)

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#6

Chers tous,

Je crois que la pièce que nous avons vue, « Ex-vivo, In vitro », résonne vraiment bien avec nos sujets d’actualité, en particulier sur les mutations du symbolique: Paternité, maternité, qu’est-ce que cela veut dire aujourd’hui? Ce ne sont plus que des fixions, comme le mariage, l’enfant conçu dans « l’amour », etc. Autant la chanson dans la forêt qui féconde ou les débris dans la mer, pourquoi pas, ce n’est pas plus fou. Reste la génétique, attribut de la science, mais qui ne nous fait guère humain. Le sujet hypermoderne marque bien que « il n’y a pas de rapport sexuel »: issu de 2 pères et d’une ou deux mères (selon les nécessités de porter, d’adopter, de féconder, etc…), et sœur jumelle de son ainée de 10 ans ou fille de son oncle, ou nièce de son arrière grand-père (avec la PMA et la congélation, tout est possible), l’individuel de la jouissance est dévoilé. Reste, en opposition à la science, le langage, recelant en son cœur le réel du non-rapport, mais noué au désir de l’Autre, qui même s’il nous embête, nous fait humain!

Catherine Decaudin.

Encore? (l’éclat d’Antigone)

Merci à toi, Véronique, et à Géraldine, pour les « Éclats » de ces trois pièces « Des femmes » que vous nous renvoyez à distance.

L’ Éclat  d’Antigone , il me semble que c’est le mot que Lacan lui avait consacré dans son Séminaire L’éthique ((Jacques Lacan. L’éthique de la psychanalyse. 1959-1960. Le Séminaire. Livre VII, Paris, Seuil (Le champ freudien), 1986; part. «L’éclat d’Antigone» (1960))), au-delà du bon, du bien, du beau, et même du vrai! 

Décidément, la position féminine défend et révèle à chaque fois, pour chacune, quelque chose qui échappe aux dictats et aux mœurs du moment, et qui en même temps pointe quelque chose d’indicible, du coté de l’amour? ou de l’humanité? en tout cas quelque chose d’important!

Et qui n’est pas fiction, puisque c’est une par une.

J’espère que vous nous en direz encore plus,  Encore?

Bien à vous tous

Catherine Decaudin

le plus-de-jouir du mathématicien

Voilà, je suis revenue à Nancy déjà, après avoir vu l’exposition sur les mathématiques à la Fondation Cartier. C’est un peu difficile, il faut un peu de culture dans ce domaine, mais c’est aussi très enthousiasmant sur le plan du rapport subjectif de la science et des maths au réel: Le monde, y compris celui des mathématiques est construit par nous, par l’homme-mathématicien, ou physicien et dépend de ses possibilités personnelles et donc subjectives et intimes de trouver des outils qui l’éclaire… reste après le pb de la vérification et de la non-contradiction, mais qui peut aussi être révolutionnaire (Galilée, Einstein, et pourquoi pas Freud, Lacan…). Une preuve qui m’a beaucoup séduite, est la question du style: Quand il s’agit d’un théorème, on peut retrouver celui qui l’a inventé, car, « c’est bien son style »! Il y a donc, et c’est très clair dans l’exposition, comme si elle était faite pour des psychanalystes, la question du plus-de-jouir qui motive le mathématicien. Cela a été attrapé par le concept de beauté:  La résolution d’un pb, d’une équation recherchée est belle, esthétique,  élégante, harmonieuse; et cette beauté, ressentie personnellement,  ne trompe pas (comme l’angoisse à l’envers); elle éclaire sur le chemin de la Vérité, jamais atteignable.

Finalement, la Science dépend de la Beauté, de la » bonne forme » à donner aux choses; j’adore!

La science, loin d’un « savoir » sur le « Vrai », serait à l’intersection de l’intelligence et de la beauté; La Science n’est que Culture, ce que nous visons…

Bises à tous « jazzi

Catherine Decaudin

 

 

l’éthique de la psychanalyse et celle de l’amour dans le film A Dangerous Method

Hello! escapadants,

Cela fait un petit moment que j’ai sur le cœur un commentaire sur le film « A Dangerous Method », que nous avons vus, ensemble ou séparément :

Il me semble que le point nodal de ce film est l’Ethique de la Psychanalyse, avec un parti pris décidé pour Freud. Ce point nodal d’Ethique se manifeste en particulier dans cette scène, qui attrape le tout, au moment où Freud confie qu’il n’aime plus Jung, son élève, qu’il en est déçu, de par ses recherches ésotériques, certes, qui sont pour lui un menace discréditante à une époque où la psychanalyse est fragile (il parlera plus tard de « la boue de l’occultisme »), et, surtout, qu’il s’en est aperçu lorsque Jung lui a écrit cette lettre mensongère a propos de Sabina, niant qu’il a été son amant.

Celui-ci a préféré sacrifier la dignité de sa maîtresse, qu’il aimait, connaissant de surcroit la fragilité de cette femme qu’il a soignée, à ses intérêts petits-bourgeois, à son économie personnelle et égotique, voire un peu sadique d’obsessionnel insuffisamment analysé. Cela fait penser à l’homme aux rats.

Mais ce n’est pas le fait que Jung ai couché avec une patiente que Freud a jugé inacceptable, c’est le fait qu’il l’ait démenti.
C’est pour cela que sur ce bateau où Jung voyageait en première classe, grâce aux finances de son épouse qu’il n’a pu quitter pour Sabina, Freud, lui en deuxième classe, mais allant apporter la psychanalyse comme « la peste » en Amérique, refuse de lui confier son rêve, qui portait sur l’amour aussi, …qu’il éprouvait pour sa « belle »-soeur.

Ainsi, on se trouve face à une Éthique de la psychanalyse, de « ne pas céder sur son désir« , de ne pas recouvrir le Désir de l’Analyste concernant la « Cause Sexuelle », qu’il nomme la libido, par des religiosités, …ni de recouvrir son désir sexuel pour Sabina Speilrein par des enjeux de réussite financière ou socio-professionnelle.

Sabina s’en sortira dignement cependant, en exigeant de son ex-amant qu’il écrive à Freud pour réhabiliter la vérité, et devenir ainsi sa patiente, puis analyste.

Jung n’a sans doute pas exploré la dimension de rivalité avec Freud, le père de la psychanalyse, mais il a souffert ensuite une double perte: celle de son amour et de la confiance de Freud.

Ainsi la présentation de ce film, surtout dans cette scène, qui éclaire le tout, me paraît défendre l’Éthique de la psychanalyse et, en même temps,  ce que je proposerai comme « une Éthique de l’amour »: On ne trahit ni l’une ni l’autre!

Bises à tous

Catherine Decaudin

la beauté au un par un

Chère Véronique,

Il me semble que c’est justement cela, qu’il n’y ai pas de subjectivité ni d’émotions dans les mathématiques que l’exposition contredit foncièrement et de toutes les façons possibles… surtout en amenant cet objet, la beauté.

C’est vrai que Lacan n’aimait pas beaucoup « la bonne forme », placée du coté de l’imaginaire , surtout à cause des Gestaltistes, il me semble, qui avaient tendance à la standardiser. Mais au un par un, c’est peut-être différent.. tu verras le film de Depardon ou des mathématiciens s’expriment est magique!

Il y a aussi le rapport de la beauté avec la pulsion de mort, que Lacan attrappe dans « Antigone ». Bon..à voir…

Bon, il faut que j’aille travailler

A+ et bonne journée à toi

Cath

Chers Alain et Véronique,

Je suis très intéressée par vos échanges sur A Dangerous Method, film qui nous sollicite beaucoup décidément!  Peut-être parce qu’il appelle les origines de la psychanalyse, et la question des origines… Je me sens à la fois de l’Un et de l’Autre: Merci Véronique pour ton développement sur l’Un et l’hénologie, cette piqûre de rappel du cours 2011 de JAM. Les patients psychotiques nous en apprennent quelque chose de ces « Uns tout seuls », non-branchés sur l’Autre… Et puis  je suis assez d’accord avec Alain aussi: Pas d’Un sans l’Autre, dans les circuits de la demande et du désir. En toute fin d’analyse seulement, il devient possible de cultiver un peu son « autisme » (après la découverte de cette jouissance et  que Yad’lun)… pour le repos de chacun et afin de mieux s’en éveiller et en sortir! Comment dire cela? c’est un repos, un retrait vivant, à l’envers de la pulsion de mort, et qui permet d’être éveillé.

Bise à tous

Catherine Decaudin

notations sur l’art à la soirée des AE du 21 mars 2012

22/03/2012 à 3 h 43min 03

Avec Anne Lysy, Sonia Chiriaco, Patricia Bosquin-Caroz et Eric Laurent.

L’une des AE (laquelle ? Laure ou Catherine, qui étiez là, vous en souvenez-vous ?) s’est demandée si on pouvait rapprocher le « savoir y faire » avec son symptôme de la pratique de l’artiste. Ce ne serait pas un autre nom de la sublimation mais bien plutôt l’envers de celle-ci.

Dominique.

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22/03/2012 à 5 h 13 min 01 s

Pour ma part, j’identifierais le sinthome au sublimé, le nouage au  » sublimage ». En ce sens qu’est-ce qui distingue un psychanalyste d’un artiste, avec la référence aux nœuds? Quel rapport entre auto-analyse, si elle existait, et pratique artistique?

Histoire de sortir du lit!!!!

Alain

Envoyé de mon iPhone

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22/03/2012 à 8 h 14 min 07 s

 à  propos d’auto-psy et de pratique de l’artiste, peut-être intéressant, cet art press 2:

Images de l’art et de l’artiste

En 1934, les historiens Ernst Kris et Otto Kurz publiaient leur célèbre étude sur L’Image de l’artiste, tentative d’envisager, dans la Vienne du Docteur Freud, la manière dont se sont construits au fil du temps la légende et le mythe des artistes que nous admirons. Pour quelle part ce que nous savons de leur vie et de leur personnalité, forcément idéalisé et mêlé de fiction, participe à la perception de leur œuvre ?

Pollock par Namuth


Le sujet n’est-il pas encore plus pressant aujourd’hui ? Depuis Andy Warhol et Joseph Beuys, tous les artistes dont on dit qu’ils font de leur personne même et de leur mode de vie une œuvre d’art nous obligent à prendre en considération les documents, photographies et films, qui nous les révèlent. Regarderait-on Pollock de la même façon sans Namuth ? Et nous ne pourrions pas continuer de réfléchir à l’art de la performance sans les images documentaires, contrôlées ou non par les artistes, qui gardent la trace de leurs actions éphémères et qui exhibent leur corps. Ni l’historien ni le critique d’art n’ignorent ces innombrables sources visuelles,
périphériques de l’œuvre elle-même, d’autant que ce sont souvent les artistes qui entreprennent, à l’instar de Salvador Dalí ou de Jeff Koons, de se mettre en scène, de se « médiatiser ». Notre musée imaginaire, depuis celui d’André Malraux, inclut autant les reproductions que la mémoire des œuvres avec lesquelles nous avons été réellement en présence. Vues d’exposition, reportages dans les ateliers, interviews télévisuelles constituent désormais autant  que les textes une matière première.

Tel est l’immense chantier que ce numéro d’artpress2  tente pour la première fois de cerner.

Trimestriel n°24 – bilingue fçs/angl. – 148 pages – prix : 9,50 € – sortie : le 10 février 2012. 

Actuellement sur www.artpress.com

je ne suis plus abonnée à art press, j’irai donc voir à la bibliothèque.

est-ce que Ernst Kris, c’est l’homme au cervelles fraîches ?

bonjour !

véronique

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22/03/2012 à 11 h 47 min 52 s

Chère Dom,

Il y a eu Anne Lysy, qui a parle du « se faire un nom » de l’artiste, comme Joyce, qui n est pas le but de la fin d’analyse, puisque la jouissance n est pas nommable par un « tu es cela ». Du cote du symptôme, c est différent, c est composite, tout un « ,  suage », comme  » la coureuse ». Le courir ne change pas, mais il y a a faire autrement avec ça , avec ce reste opaque de jouissance inéliminable. De même pour la » désinvolture  » de Patricia Bosquin-Caroz, à partir de l’insupportable de la désinvolture maternelle, pris comme laisser tombé, elle fait de ce symptôme, de cette crainte permanente et donc de sa demande d’ amour insatiable ( la bouffeuse d’ émotion) un « enveloppement » dans ses relations et fonctions institutionnelle , comme un retournement ( une » involture » a dit Éric Laurent).

Il m a semble que dans ces deux cas, le symptôme persiste, mais prend une place meilleure dans les relations du sujet avec les autres.

Pour Sonia Chiriaco, ce sera le  » montrer-caché » au niveau de l’écriture.

Soirée passionnante. 

Bises a toi et a tous

Catherine

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22/03/2012 à 16 h 22 min 51 s

Dis-moi, Catherine, qu’as-tu voulu écrire à propos du symptôme : « c est composite, tout un « ,  suage » »..  j’essaie de deviner mais je n’y arrive pas…

Je vais essayer de réfléchir au « se faire un nom » de Joyce, ce que tu nous écris m’étonne, me heurte un peu…

Bises à toi et aux autres,

v

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22/03/2012 à 18 h 07 min 44 s

Chère Véronique,

« Savoir faire avec son symptôme »,

Un autre usage du symptôme peut apparaitre après l’extraction de l objet, donc après de la traversée du fantasme:

Composite, suage, sont des mots d’ Anne Lysy, pour dire que le symptôme, avec lequel il s agit de faire avec n’est pas aussi précis qu’un signifiant peut l’être. C est du corps aussi… courir, bouffer , du moins à ce que j’ai compris. 

Pour Joyce, c’est son nom qui a fait sinthome, nouage, son art étant celui d’ une écriture dont le caractère équivoque était sans limite ( a dit Éric Laurent)

Voilà un peu plus … 

Bises

Envoyé de mon iPhone

Platonov mais… à la Cartoucherie

Chers amis escapadeurs,

Voici quelques nouvelles de la dernière représentation de « Platonov mais…», et de nos échanges après, ce dimanche à la Cartoucherie. J’ai trouvé cette pièce époustouflante, avec des moments très stylés de comédie musicale, et des acteurs très énergiques portant à rire, grincer, pleurer … vivre!

Le personnage principal, Platonov, est aux prises avec une sorte d’errance de l’été dans un Domaine où se retrouvent plusieurs couples amis, plus ou moins oisifs et où règne l’ennui. « Welcome summer, bye bye winter» scande l’entrée de chaque personnage et leur attente.

Il n’y a plus que l’amour et ses intrigues pour espérer se réveiller et sortir de cette torpeur, mais finalement sans succès.

Platonov séduit et se fait séduire par 4 types de femmes différentes:

(Une des 3 actrices joue deux rôles, présentés donc comme l’endroit et l’envers.)

-1 Sa femme, marionnette-poupée, mère de leur enfant, -1 bis, la même actrice, une femme qu’il rejette cyniquement après lui avoir fait avouer qu’elle l’aime.

            « plus on les maltraite, plus elles vous aiment » .

-2 Son ex-amante, étudiante, à nouveau troublée par lui.

-3 La maîtresse du Domaine, surtout maîtresse d’elle-même, « maîtresse-femme », phallique en diable, qui a jeté son dévolu sur lui. Elle finira par l’avoir malgré lui, en l’attrapant par les penchants du corps, démontrant, si c’était nécessaire que « l’homme est le sexe faible » (ceci est une citation de Lacan).

 Pourtant, de celle-ci (3), il ne souhaitait que l’estime

Car c’est la seconde (2), l’ex-étudiante qu’il désire à nouveau, surtout depuis qu’il apprend qu’elle a épousé son meilleur ami…et il parviendra à ses fins, ne sachant plus qu’en faire après.

Enfin, des deux premières (1 et 1 bis), il attendait l’amour, d’être aimé seulement.

 Il est régulièrement « un extra-ordinaire sale-type », et ne sera pas sauvé par l’amour.

Dans cette pièce, on a le sentiment d’un objet rebut, qui plane dès le début et se refile comme une patate chaude d’un partenaire à l’autre :

Déjà ce Domaine, où il n’y a plus assez d’argent pour qu’il soit entretenu correctement ou inviter sans traiter les invités de « pique-assiete ». Cela représente la déchéance d’une partie de la société russe à un moment.

Platonov lui-même se situe comme le rebut d’un bel avenir que ses études auraient pu lui donner, mais qu’il a abandonnées, après la mort de son père, un père mort désabusé. C’est au cours de ces études qu’il avait rencontré la belle étudiante et l’avait convaincue une première fois.

Mais il est le rebut de toute chose, de toute cause, et , in fine, de tout amour, après l’avoir tenté auprès de ces trois figures de femmes.

Un peu comme Don Juan dont est dit ( toujours par Lacan) que « les désirant toutes, il n’en désire aucune», il me semble plutôt ici qu’il n’en aime aucune ! et surtout ne s’aime plus lui-même.

Cet objet rebut, suite logique du narcissisme mis à mal par l’abandon d’amour ne sera pas, pour chacun et chacune, traité par l’amour.

Cela ne lui sera pas pardonné!

Il sera tué.

Mais devinez par laquelle??

Bien à tous,

Catherine Decaudin

{ lun. 16/04/2012 23:05 }

Cosmopolis, film cauchemar

Voici un petit commentaire sur le film « Cosmopolis » de Cronenberg, vu avec Dominique qui l’a qualifié de « cauchemar ».

Je pense aussi que c’est ainsi qu’il faut le lire, comme un rêve qui vire au cauchemar et qui en dit long sur le masculin mené a son terme ( le pouvoir, le sexe) quand aucune « femme » n’intervient vraiment, sauf les prostituées ou la « bourgeoise » ( milliardaire) seulement intéressée par l’argent.

D’une façon assez onirique, cette figure de femme éphémère et idéalisée est rencontrée à chaque carrefour par cet homme jeune, beau, intelligent, milliardaire qui a tout pour lui et se déplace en limousine mais ne veut qu’une chose : aller chez son coiffeur.

Cosmopolis
réalisateur: David Cronenberg
avec :
Robert Pattinson, Juliette Binoche, Sarah Gadon

Il est froid, invincible, fait des calculs sur l’avenir sans se préoccuper de ce qui se passe au présent, tandis que sa limousine – dans laquelle il vit, dort, baise et se fait faire des « shake up » quotidiens – se déplace lentement dans une Amérique en crise : l’assassinat du président est prévu, ainsi que d’autres désordres, dont la montée du « Yuan » sur laquelle il n’avait pas parié malgré toutes ses analyses de computer.

Le coiffeur est une vague figure de père, qui ne le ratera pas, et lui fera une coupe «à la 6, 4, 2» : très mortifère. Quant à la jeune femme si belle et inaccessible, elle le quitte lorsqu’il perd sa fortune, et c’est la déréliction.

Ce film laisse donc à penser qu’heureusement, il y a des hommes et des femmes et la question de l’amour entre eux, même si c’est un leurre, pour éviter une chute aussi funèbre! Il me semble que cela ré-interroge le « il n’y a pas de rapport sexuel » ou son équivalent « Ya de l’Un » autrement, comme un danger pour le vivant lorsque cet aphorisme est poussé jusqu’à son terme.

Enfin, il y a aussi pendant tout le film cette question cruciale du temps et de l’endettement, sur le futur qui empiète le présent et l’annihile, ce qui provoquera la fin des fins, dans une relation en miroir, sans altérité. Cela remet au métier la question du temps dans sa durée, si précieuse!

Je n’en dirai pas plus pour ceux qui n’ont pas encore vu ce film hyper-contemporain!

Bises à tous les escapadeurs

Catherine

Sur la route de Walter Selles // « borderoad »

Hello les escapadeurs routards,

J’ai vu « On the road » hier soir, mais pas jusqu’au bout tellement l’ennui était important, lié, il me semble à la répétition du thème: La route, la sexualité et la toxicomanie, à travers un jeune écrivain fasciné par un ami sans limites. Il est  « sur la route », ou plutôt sans cesse sur la limite vie/mort ; c’est la première fois que ça m’arrive de quitter un film avant la fin. Il faut dire que j’étais avec une amie qui supportait mal et j’ai donc abandonné la dernière demi-heure. Vous me raconterez la fin? et ce que vous y avez trouvé?

« Le grand roman de la Beat Generation, Sur la route, écrit par Jack Kerouac en 1957, était réputé inadaptable. Marlon Brando, Francis Ford Coppola, Jean-Luc Godard ou Gus Van Sant s’y sont cassé le nez. Finalement, un cinéaste brésilien, Walter Salles, relève le défi, trahissant le texte pour mieux lui rester fidèle. » (Olivier Delcroix, Le Figaro)

Cela m’a fait un peu penser à « Shame », pour ce qu’il en est de la jouissance du « Un tout seul », mais en moins bien, du fait de l’insaisissable d’une quelconque histoire, ….seulement la répétition. 

Cela s’éclaire peut-être à la fin? Mais j’ai parié que non.

Et que l’important est justement la répétition intenable de cette limite, sur cette route, comme on dirait « à la rue » ou « en déroute ». Finalement, seule la route compte, se mettant en place d’un désir qui ne cesse pas de céder à la jouissance.

Borderline/ border road

Vous me direz?

Bises

Catherine


On The Road – Official trailer – (HD 1080p) par MK2diffusion

Lire/écrire 7

Oui, je suis d’accord avec toi, Alain et j’y travaille d’ailleurs ces temps-ci, pour le Forum sur l’autisme à Metz, sous le titre un peu aventureux que j’ai choisi de  « L’autisme du symptôme »; ….peut-être pour que cela cesse de ne pas s’écrire, c’est à dire pour essayer d’en écrire quelque chose. Même quelque chose de furtif!

Bises
Catherine

 

l’enfer : un désert de solitude, sans salut

Cher Malik,
J’ai pu voir Faust, sur tes conseils, avec Véronique, et en ai été ravie, sans trop savoir pourquoi. Très belles images, mais aussi cette phrase, si j’ai bien compris, concernant ce qu’est l’enfer, si on a  » vendu son âme » ( en a-t-on vraiment une ? enfin, on le croit) : l’enfer c’est …. » un désert de solitude, sans salut »!
Je suis bien d’accord avec ça.
Merci
Bise
Catherine
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Je suis bien d’accord également chère Catherine!
Au creux de la nuit, et pour l’accompagner, un enfer plus épicurien:

Au delà de la Terre, au delà de l’Infini,
Je cherchais à voir le Ciel et l’Enfer.
Une voix solennelle m’a dit :
« Le Ciel et l’Enfer sont en toi. »

Rubayat, Omar Khayyâm, quatrain XV