Rétrospective Béla Tarr au Centre Pompidou

29.11.11 04:56

Rétrospective Béla Tarr à Beaubourg, du 3 décembre au 2 janvier. C’est un cinéaste à découvrir (cf. L’homme de Londres et Les harmonies Werckmeiter, qu’on a pu voir à Paris ces dernières années).

Dominique

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Programme

Toutes les séances

Samedi 3 Décembre 2011
15:00 Master class avec Béla Tarr
Pour la première fois en France, Béla Tarr retrace les différentes étapes de son parcours de cinéaste, depuis les tournages en 16 mm semi-improvisés des débuts jusqu’à la précision extrême des œuvres tardives.
18:30 Les Harmonies Werckmeister, Béla Tarr, 2000 noir et blanc
Dans une petite ville glaciale de la plaine hongroise, un cirque s’installe pour exhiber son unique attraction, une gigantesque baleine empaillée.

Dimanche 4 Décembre 2011
14:30 Le Nid familial, Béla Tarr, 1977 noir et blanc (100 mn)
Le premier film de Béla Tarr, emblématique du style de ses débuts, est précédé du court métrage Hotel Magnezit (1978, noir et blanc).
17:30 Damnation, Béla Tarr, 1987 noir et blanc
Karrer, personnage amer et renfrogné, a pour seul lien avec le monde un bar-cabaret, le Titanik. La chanteuse qui s’y produit l’obsède tant elle semble posséder quelque chose qui lui est inaccessible : une forme d’espoir.

Lundi 5 Décembre 2011
19:30 Rapports préfabriqués, Béla Tarr, 1982 noir et blanc
Dans un style qui est comme un pendant épuré de celui de Cassavetes, Béla Tarr poursuit avec ce troisième long métrage son portrait du prolétariat hongrois et des relations hommes-femmes qui s’y développent.

Vendredi 9 Décembre 2011
19:30 L’Outsider, Béla Tarr, 1979-1980 couleur
L’outsider, c’est András, jeune homme qui semble flotter sur la vie sans jamais trouver sa place, avec, pour seul compagnon stable, un violon. Par un récit elliptique, le film nous fait partager quelques étapes de la vie de cet être en décalage permanent, incapable de se plier aux injonctions du monde qui l’entoure.

Samedi 10 Décembre 2011
14:00 Satantango, Béla Tarr, 1990-1994 noir et blanc
Adapté du roman éponyme de László Krasznahorkai, Satantango expose les complots et les trahisons qui agitent une coopérative agricole en déliquescence, au cœur d’une campagne humide.
Samedi 10 Décembre 2011

Dimanche 11 Décembre 2011
14:30 L’Homme de Londres, Béla Tarr, 2007 noir et blanc (132 mn)
Le film, adapté d’un récit de Georges Simenon, est précédé du court métrage « Prologue » (2004, noir et blanc).
17:30 Almanach d’automne, Béla Tarr, 1983-1984 couleur
Hédi, une dame âgée et argentée, partage une maison avec son fils, son infirmière et l’amant de celle-ci, bientôt rejoints par un quatrième locataire.

Lundi 12 Décembre 2011
19:30 Macbeth, Béla Tarr, 1982 couleur
Fidèle adaptation du texte de Shakespeare, Macbeth a été réalisé pour la télévision hongroise. Radicalisant son usage du plan-séquence, Béla Tarr y livre une mise en scène vertigineuse et labyrinthique.

Jeudi 15 Décembre 2011
19:30 The Last Boat, Béla Tarr, 1990 couleur (32 mn)
C’est sans doute avec « The Last Boat » que Béla Tarr s’est le plus éloigné d’une conception classique de la narration. On y découvre une Budapest désertée, théâtre de scènes énigmatiques et irréelles baignant dans un climat post-apocalyptique. Le film est suivi du court métrage « Voyage sur la plaine hongroise » (1995, coul.).

Vendredi 16 Décembre 2011
19:30 Les Harmonies Werckmeister, Béla Tarr, 2000 noir et blanc
Dans une petite ville glaciale de la plaine hongroise, un cirque s’installe pour exhiber son unique attraction, une gigantesque baleine empaillée.

Samedi 17 Décembre 2011
14:30 Macbeth, Béla Tarr, 1982 couleur
Fidèle adaptation du texte de Shakespeare, Macbeth a été réalisé pour la télévision hongroise. Radicalisant son usage du plan-séquence, Béla Tarr y livre une mise en scène vertigineuse et labyrinthique.

Samedi 17 Décembre 2011
16:00 Table ronde
Table ronde autour de l’oeuvre du maître hongrois, avec Kristian Feigelson, András Kovács, Sylvie Rollet et Jarmo Valkola
18:00 Rapports préfabriqués, Béla Tarr, 1982 noir et blanc
Dans un style qui est comme un pendant épuré de celui de Cassavetes, Béla Tarr poursuit avec ce troisième long métrage son portrait du prolétariat hongrois et des relations hommes-femmes qui s’y développent. Ici, chaque nouvelle scène semble amener le couple plus loin dans l’impasse.
20:00 L’Outsider, Béla Tarr, 1979-1980 couleur
L’outsider, c’est András, jeune homme qui semble flotter sur la vie sans jamais trouver sa place, avec, pour seul compagnon stable, un violon. Par un récit elliptique, le film nous fait partager quelques étapes de la vie de cet être en décalage permanent, incapable de se plier aux injonctions du monde qui l’entoure.

Dimanche 18 Décembre 2011
14:00 Satantango, Béla Tarr, 1990-1994 noir et blanc
Adapté du roman éponyme de László Krasznahorkai, Satantango expose les complots et les trahisons qui agitent une coopérative agricole en déliquescence, au cœur d’une campagne humide.

Lundi 19 Décembre 2011
19:30 Tarr Béla, cinéaste et au-delà, Jean-Marc Lamoure, 2011 couleur
Accompagnant la réalisation du Cheval de Turin entre 2008 et 2011, ce film présenté à l’état de work in progress propose une immersion auprès de Béla Tarr. Il est précédé du court métrage « Le jour où le fils de Raïner s’est noyé » (2011, coul.), d’A. Vernhes-Lermusiaux.

Jeudi 22 Décembre 2011
19:30 Almanach d’automne, Béla Tarr, 1983-1984 couleur
Hédi, une dame âgée et argentée, partage une maison avec son fils, son infirmière et l’amant de celle-ci, bientôt rejoints par un quatrième locataire.

Vendredi 23 Décembre 2011
19:30 Le Nid familial, Béla Tarr, 1977 noir et blanc (100 mn)
Le premier film de Béla Tarr, emblématique du style de ses débuts, est précédé du court métrage « Hotel Magnezit » (1978, coul.)

Vendredi 30 Décembre 2011
19:30 L’Homme de Londres, Béla Tarr, 2007 noir et blanc (132 mn)
Le film, adapté d’un récit de Georges Simenon, est précédé du court métrage « Prologue » (2004, coul.).

Samedi 31 Décembre 2011
14:30 The Last Boat, Béla Tarr, 1990 couleur (32 mn)
C’est sans doute avec « The Last Boat » que Béla Tarr s’est le plus éloigné d’une conception classique de la narration. On y découvre une Budapest désertée, théâtre de scènes énigmatiques et irréelles baignant dans un climat post-apocalyptique. Le film est suivi du court métrage « Voyage sur la plaine hongroise » (1995, coul.).

Lundi 2 Janvier 2012
19:30 Damnation, Béla Tarr, 1987 noir et blanc
Karrer, personnage amer et renfrogné, a pour seul lien avec le monde un bar-cabaret, le Titanik. La chanteuse qui s’y produit l’obsède tant elle semble posséder quelque chose qui lui est inaccessible : une forme d’espoir.

« Le cheval de Turin » : chef-d’oeuvre !

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29.11.11 12:20

Je vous conseille surtout son dernier film: Le cheval de Turin.

Un chef-d’œuvre, et comme vous ne me connaissez pas, vous ne pouvez pas savoir qu’entre autres je suis critique de cinéma, que je ne suis pas forcément difficile à cause de cette activité mais par contre que je fais attention aux mots que j’emploie dans ce domaine et là, il n’y en a pas d’autres! Ce film (le dernier de sa carrière de réalisateur si j’en crois ce qu’il m’a dit à la Berlinale) est la somme épurée de toute son œuvre. J’en ai des frissons rien que de penser aux images de ce film.

Par contre, histoire que vous ne me fassiez pas de procès dès la sortie du cinéma, je vous avertis que le film est très exigeant et très inhabituel dans sa structure: c’est une sorte de boléro de Ravel cinématographique. Cela veut donc dire que soit on se laisse aller et arrive à entrer dans le rythme soit on reste à l’extérieur…et comme le film est long, si on reste à l’extérieur, là, cela peut être éprouvant!

Malik

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30.11.11 02:23

Merci, Malik, pour votre conseil : surtout ne pas rater Le cheval de Turin de Béla Tarr, film exigeant, le clou de sa carrière – et peut-être le dernier qu’il fera (j’espère quand même que non…) Contrairement à ce que je pensais, il ne fait pas partie de la rétrospective qui sera consacrée à Béla Tarr au centre Pompidou du 3 décembre au 2 janvier. Il faudra donc guetter sa sortie en salles, qui sera sans doute concomitante à cet événement.

Quelle chance d’avoir un critique de cinéma parmi nous ! J’espère que vous nous suggérerez beaucoup d’escapades cinématographiques et que vous y participerez de temps en temps.

A bientôt donc.

Dominique.

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30.11.2011 17:50

Malheureusement Dominique, pour avoir rencontré le « maître », je n’ai pas l’impression qu’il soit du genre à changer d’avis. Il a dit qu’avec le Cheval de Turin, il avait fermé une boucle et tout ce qui pourrait venir après ne serait que recommencement, répétition. Il n’exclut cependant pas de continuer dans le cinéma, comme producteur par exemple. Mais effectivement, comme on dit en allemand, l’espoir meurt en dernier…alors espérons qu’il trouve une autre boucle à ouvrir…

Le film sort chez vous en France aujourd’hui (30 novembre).

Malik

un monde défait en 6 jours

Le 30/11/2011 18:09, nouage a écrit :

> Bonsoir,  Je viens de trouver ce lien.

> Géraldine.

> Envoyé de mon iPad

Le 01/12/2011 04:31, Dominique Chauvin a écrit :

> Je m’y suis tout de suite précipitée ! Il est vrai qu’on peut concevoir que Béla Tarr n’ait plus rien à dire après ce film. Il est vrai qu’il est superbe mais tout à fait désespéré.

> « Le film illustre la mortalité à laquelle nous sommes condamnés, avec cette profonde douleur que nous ressentons tous  » (B. Tarr).

> Ma première impression était que « Le cheval de Turin » raconte comment le monde se défait en six jours, jusqu’à ce que la lumière elle-même ne soit plus… Ce qui n’est pas incompatible ! Et puis, il y a le cheval, ah, le cheval, que l’on voit marcher interminablement, au début, et puis qui s’arrête, qui ne veut plus ni bouger ni manger…

Le 01/12/2011 09:44, Malik Berkati a écrit :

> C’est exact, alors que Dieu fait le monde en 6 jours, Béla Tarr le défait dans le même laps de temps. Mais quand je suis sorti du film, je n’ai pas senti de désespoir au contraire, car cette litanie du vent, cette immensité désolée, cette obscurité qui laisse saillir quelques ombres n’appelle à mon avis qu’une chose: un renouveau au 7ème jour…

> La dernière image est un tableau, une nature morte fait d’être humain: ils sont figés et leur monde avec. Mais comme la nature a horreur du vide…

> Bon à ma décharge de cette vision optimiste: je l’ai vu à la fin de la Berlinale avec déjà plus de 60 films dans les yeux, à la fin d’une journée avec 5 films derrière moi: j’étais à la fois épuisé et désespéré des 3/4 des films déjà vus et ce film m’a redonné une énergie et un coup d’adrénaline improbable dans l’état ou j’étais…cela a peut-être influé! Faudrait que le revois avec cette idée de désespoir pour confronté mon impression à celle qui semble se dégager si j’en crois également l’article envoyé par Géraldine.

> Malik

le cheval de turin // une étrange erreur

Géraldine et moi venons de revoir « Le cheval de Turin » et j’ai constaté, de ma part, une erreur très étrange, qu’elle m’avait d’ailleurs signalée. J’avais vu – et écrit – que, dans le dernier plan, le père et la fille se regardaient enfin. Or ils ont tous deux les yeux baissés et ne se regardent pas un instant ! Chacun est au contraire laissé à sa solitude, il n’y a même plus la lampe entre eux pour les séparer ou les unir, avant que les deux figures se dissolvent progressivement dans le noir – image magnifique et bouleversante, sur le mode discret et complètement dépourvu de pathos propre à Béla Tarr. Pourquoi cette erreur ? Peut-être parce que, pour la première fois, l’œil de la caméra les prend assis à cette table ensemble. Le père, dont la violence contenue s’était manifestée pendant tout le film, rend les armes. Pour moi, il s’humanise enfin.

Un détail qui m’a beaucoup touchée lors des deux projections est la longueur des cils du cheval, quand on le voit de face, juste avant que la porte de la grange se referme définitivement sur lui. Dirais-tu que c’est le « punctum » selon Barthes, Alain ? Il y manque sans doute l’élément de « hasard », car Béla Tarr laisse peu de choses au hasard, et sûrement pas ça. Ce détail fait du cheval un être féminin, et une sorte de figure maternelle pour la jeune fille. Du moins, c’est ainsi que je le vois.