Ex vivo / In vitro à la Colline

Chers amis,

du 17/11/ au 17/12 au Théâtre de la Colline.

Ex vivo / In vitro

« À Dieu ne plaise !
La procréation telle qu’elle
était de mode,
Nous la déclarons une vaine
plaisanterie. »

(Goethe, Faust )

Qu’est-ce qu’engendrer, être engendré, d’où viennent les enfants ? Les nouvelles méthodes de procréation relancent les questions qui n’ont jamais lâché l’humanité. Après Tournant autour de Galilée et Les Variations Darwin, Jean-François Peyret et Alain Prochiantz continuent de croiser avec ludisme et humour l’imaginaire du théâtre et celui de la science, et reprennent la question “naître ou ne pas naître”, là où ils l’avaient laissée. Cherchant un écho actuel au conflit qui opposa Galilée à l’Église, ce n’est plus sur le terrain de l’astronomie qu’ils le trouvent, mais sur celui des technologies du vivant. Les positions paraissent inconciliables entre un discours religieux qui pose la vie comme un don, et celui d’une pratique scientifique et technique qui considère le vivant comme manipulable. Pour se pencher sur ces nouveaux berceaux: le scientifique, le médecin, le psychanalyste, l’anthropologue, et aussi le juriste, le prêtre, le politique. Sans oublier les “patients” : parents pour qui donner la vie n’est plus un événement plus ou moins heureux, mais un droit, et enfants qui ne savent pas, encore moins qu’avant, d’où ils viennent et revendiquent le droit à leur histoire.

suivie d’une rencontre le 21/11 avec Ansermet, Magistretti, Peyret, Prochiantz.

Rencontre “Un théâtre exposé à la science”

lundi 21 novembre à 20h30

À l’occasion de la création de la pièce Ex vivo / In vitro d’Alain Prochiantz et Jean-François Peyret La Colline organise une rencontre avec François Ansermet, psychanalyste, professeur de pédopsychiatrie à l’Université de Genève, chef du Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent aux Hôpitaux universitaires de Genève et directeur du Département universitaire de psychiatrie, Pierre Magistretti, professeur de neurosciences au Brain Mind Institute de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne et professeur de psychiatrie au Centre Hospitalier Universitaire de Vaudois et à l’Université de Lausanne, Jean-François Peyret, metteur en scène et Alain Prochiantz, neurobiologiste, professeur et titulaire de la Chaire des Processus Morphogénétiques au Collège de France.

D’être concerné, de s’exposer à la science (LA science, pour le dire vite), notre théâtre paraît parfois chercher midi à quatorze heures. Il ne serait pas de son ressort de se confronter aux questions parfois vertigineuses que tout un chacun se pose quand il prend connaissance quotidiennement des dernières “avancées” des sciences dont on ne sait pas si elles feront le bonheur de l’humanité ou la fin de l’espèce humaine. Tout un programme (de théâtre).

Je ne pourrai pas assister à la rencontre le lundi car j’ai une réunion forda en revanche je vais prendre des places pour la pièce. Vraisemblablement le samedi 10. Qui cela intéresserait-il ?

Amicales bises

Véro O.

débat sur EX VIVO IN VITRO

Bonjour Escapadeurs,

J’ai assisté au débat au théâtre de la Colline ce soir  avec le metteur en scène Jean-François Peyret, son co-auteur le biologiste Alain Prochiantz, ainsi que François Ansermet et Pierre Magistretti, professeur de neurosciences. Une fine équipe, pleine d’humour ! J’ai posté une demi-douzaine de tweets, où je tente de reprendre quelques points marquants du débat.

D

——

Dominique Chauvin

Les tweets de @doms3

Débat passionnant sur « Ex vivo in vitro » à la Colline. Il n’a pas du tout été question de la procréation médicalement assistée (AMP !)

mais du non-rapport entre art (ou théâtre) et science. Chaque intervenant a parlé de sa position subjective dans son champ propre.

Alain Prochiantz mentionnant un « sujet de l’art » vs  sujet de la science , François Ansermet le définit ainsi : le sujet étant réponse du réel

l’artiste est sujet de l’art en tant qu’il met en jeu une pratique symbolique particulière pour traiter l’impensable de ce réel.

Réplique géniale dans la pièce : avec l’AMP, je sais exactement quand j’ai été conçu mais pendant que la technicienne opérait

que faisaient mes parents ? L’irreprésentable recule d’un cran !

Alain Prochiantz : La science est le dernier refuge de la poésie (où l’on invente encore quelque chose).

Ex vivo / In vitro, après-coup, Ô solitude (1,2,3)

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#1

Sujet: [escapadesculturelles] Ex-vivo, In-vitro, après-coup, ô solitude
Date : Sun, 11 Dec 2011 19:21:18 +0100
De : Caudron Géraldine
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

Bonsoir,

Dans l’après-coup de la pièce « Ex vivo / In vitro », à propos de la procréation médicalement assistée, pièce que j’ai beaucoup aimée, j’ai eu envie de relire quelques pages de Ô solitude de Catherine Millot. J’ai été mise sur la voie du retour à ce texte par la conversation que nous avons eue, hier soir, avec Catherine, Vanessa et Alain, avant la représentation, conversation qui tentait de reprendre ce qui avait été formulé et entendu lors de la dernière soirée des AE, en quête de ce qui constitue l‘incarnation, le propre même de l’existence et de son « insondable décision de l’être« .

Un chapitre m’a semblé faire lien, et résonner avec la question de l’origine de la vie humaine, en voici quelques extraits librement choisis:

p. 143, « Au commencement, il y a l’Autre et rien d’autre. Il est sans limites, il est l’air qu’on respire, qui force les poumons à s’ouvrir au temps du cri premier. Et nous commençons par nous tenir dans son aire. »

p. 144 « La capacité d’être seul s’édifie selon des strates successives » …
« la plus ancienne de ces strates, que j’appellerais celle de « l’avant-monde » ou de « l’avant-moi« , est l’assise de toutes les autres. C’est la plus mystérieuse, car elle appartient, comme disait Chateaubriand, « à l’âge où la vie n’a pas de souvenir et apparaît de loin comme un songe ». Son fond d’inconnaissable en fait le réceptacle de nos fantasmes… »

p. 145 « …un état primitif de la subjectivité? C’était l’avis de Freud: « tout est conservé d’une manière ou d’une autre et peut reparaître dans des circonstances favorables » …

« l’infini, disait Michaux, à tout homme dit quelque chose de fondamental, parce qu’il en vient. »

Enfin, p. 154, est le passage qui m’avait beaucoup interpelée quand j’ai lu le livre et dont je voulais vous reparler ici:

« pour ma part, j’avais un jour rapporté à Lacan un souvenir bizarre. Je me rappelais, lui disais-je, avoir eu dans l’enfance le souvenir du temps où j’étais dans le ventre de ma mère. C’était un souvenir au second degré: le souvenir d’un souvenir oublié. Lacan m’avait dire alors qu’il était physiologiquement impossible que le cerveau, dans son état d’inachèvement, garde une trace des impressions de la vie fœtale. Mon souvenir de souvenir était un fantasme, affirmait-il, par lequel s’exprimait « ma structure », ce qui me laissa perplexe. »

A y revenir plus loin,

Bien à vous.

Géraldine.

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19:25

J’ai trouvé la vidéo Philosophie sur http://videos.arte.tv/fr/videos/philosophie-4298158.html très à propos!

Géraldine.

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#2

From:véronique müller
To: escapadesculturelles@yahoogroupes.fr
Sent:Monday, December 12, 2011 4:16 PM
Subject: Re: [escapadesculturelles] Ex-vivo, In-vitro, après-coup, ô solitude

géraldine,

est-ce que tu penses que l’opposition marquée par Lacan au souvenir ramené par catherine millet est inappropriée,
dans la mesure où une forme de souvenir aurait pu exister,
de la même façon que dans son témoignage d’AE,
Hélène Bonnaud, de par l’intervention de l’analyste s’est rendu compte, a réalisé
à quel point une phrase dite par son père avant sa naissance,
« si c’est un garçon, on la jette par la fenêtre »,
avait marqué toute son existence,
induit dans son comportement ses tentatives d’échapper à un certain appel du vide, que le hasard seulement, la contingence a pu ramener sur le tapis de l’analyse. qu’il y avait là un point qui a marqué sa la vie entière et qui n’aurait pu cependant être atteint par l’analyse, autrement que par hasard.

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#3

Sujet: [escapadesculturelles] Re: Ô Solitude
Date : Tue, 13 Dec 2011 05:36:04 +0100
De : Dominique Chauvin
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

Géraldine, Véronique,

Il me semble que les deux souvenirs dont tu parles, Véronique, ont des statuts différents.

  • Celui de Catherine Millot, dont elle dit que c’est « le souvenir d’un souvenir », n’a aucun contenu précis. Ce type de « souvenirs » n’est pas si rare et, si j’en crois ma petite expérience, ils se présentent généralement sur ce mode. Pas de signifiants, donc, pour faire « écho dans le corps ».
  • Dans le cas d’Hélène Bonnaud, la phrase du père (« Si c’est une fille, on la jette par la fenêtre ») s’adressait à sa sœur aînée, qui la lui a rapportée quand elle a été en âge d’être « percutée » par les signifiants (terme de Miller). C’était très clair lors de la soirée du 15 novembre. Moins la dernière fois. Cette phrase est restée hors-sens, « tombée dans le corps« , dit-elle. Elle peut en fait se réduire à trois signifiants : jeter – fenêtre – fille.

D’autre part, elle souffrait de vertiges, c’étaient des « événements de corps » auxquels elle ne pouvait attribuer aucune cause. Mais la nécessité de s’arracher à ce vertige, à cette chute, avait constitué le symptôme.

Cela l’a conduite à beaucoup méditer la page 25 du séminaire XI [Je cite un peu plus longuement] :

« Voyez d’où [Freud] part – de l’Étiologie des névroses – et qu’est-ce qu’il trouve dans le trou, dans la fente, dans la béance caractéristique de la cause ? Quelque chose de l’ordre du non-réalisé. […] L’inconscient, d’abord, se manifeste comme quelque chose qui se tient en attente dans l’aire, dirai-je, du non-né. […] Cette dimension est assurément à évoquer dans un registre qui n’est rien d’irréel, ni de dé-réel, mais de non-réalisé . […] ce que Freud appelle le nombril – nombril des rêves, écrit-il pour en désigner, au dernier terme, le centre d’inconnu – qui n’est point autre chose, comme le nombril anatomique, que cette béance dont nous parlons. »


Je trouve aussi, p. 31 : «  La béance de l’inconscient, nous pourrions la dire pré-ontologique. […] ce n’est ni être, ni non-être, c’est du non-réalisé. »

Merci beaucoup pour Grünewald. C’est très très intéressant.

Dominique.

Ex vivo / In vitro // Pas naître

11/12/2011 19:58

De l’amitié se crée sans souci à travers nos jeunes escapades.

Un fil se tisse entre nous, sans tisseur: ou bien alors, bande de moebius oblige, c’est l’art et la psychanalyse qui nous tissent.

Que dire d’EX VIVO/ IN VITRO?

Un voile de cordes, en guise de rideau,
Des JE ( 3 hommes et 1 femme ) devant ce voile, derrière et à travers ,
Incessantes traversées de paroles de la poésie à l’information scientifique, de Freud à la politique, du meeting au débat intérieur!

C’est un pas tout à fait cela, et en même cela, servi par des acteurs admirables, tenant dans leurs mains l’objet de leur délire.
Les cordes, à la fin, chutent ! D’elles, sera dégagé un homme, par les autres, de leurs mains.

Morale de ce conte: pas naître est une maladie dont on ne guérit jamais!
Quant à savoir d’où viennent les enfants, mystère et boule de gomme !

Faites encore quelques tours sur la bande de moebius, sinon, coupez au travers!

Bonne soirée, de chez moi!

Alain
Envoyé de mon iPhone

Ex vivo / In vitro, après-coup, Ô solitude (4,5)

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#4

Re: Ex vivo / In vitro, après-coup, Ô solitude

Le 11 déc. 2011 à 20:26, Alain Gentes  a écrit :

Chère Géraldine,

Solitude, Existence d’avant l’Essence, Infini, peut-être Jouissance féminine,
autant de signifiants pour dire ce qui se vit, ce qui se jouit, avant le sujet du signifiant.

Pourtant, à lire Litturaterre, j’ai le sentiment que Lacan fait surgir la lettre après le signifiant.
Avec le YADL’UN, comme origine, comme zéro, l’infini se limite, pour chacun!

Quelle phrase de Michaux!!! En connais-tu la référence?

Bises

Alain Envoyé de mon iPhone

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#5

Sujet: Re: [escapadesculturelles] Ex-vivo, In-vitro, Michaux, Freud, ô solitude…
Date : Mon, 12 Dec 2011 01:17:18 +0100
De : Caudron Géraldine
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

Chère Véronique, chère Catherine, Cher Alain, chers amis,

Alain, à propos de Henri Michaux, cité par Catherine Millot, j’ai trouvé ceci :

« L’homme est un enfant qui a mis une vie à se restreindre, à se limiter, à se voir limiter, à s’accepter limité.  Adulte, il y est parvenu, presque parvenu. L’infini, à tout homme, quoi qu’il veuille ou fasse, l’Infini ça lui dit quelque chose, quelque chose de fondamental. Ça lui rappelle quelque chose. Il en vient. » « Les Grandes épreuves de l’esprit – Et les innombrables petites »  (1966)

http://passionpoesie.over-blog.com/80-categorie-566088.html

(Henri Michaux, dont nous avons vu récemment l’émouvant portrait photographique par Claude Cahun, a également écrit un recueil de textes qui s’appelle « la nuit remue », je vais aller y voir! )

Le lien avec Ex-vivo, In vitro, me demande Véronique?

Il y a ce qu’Alain a très joliment repris de « ne pas naître…  » et toutes les questions sur le vertige de l’origine, le mystère de la vie humaine, avec la particularité de comment fait-on les bébés aujourd’hui,  qui traversent la pièce, et qui faisaient écho pour moi aux questions des AE.

(Avis: nous cherchons à nous procurer le texte de la pièce, il est vraiment riche en références…)

Associations libres et recherches improvisées de lectures…

p. 151 de Ô Solitude, Catherine Millot toujours, citant Freud :

« Pour lui, dont le pessimisme s’accompagnait toujours de compassion, le désir premier et dernier, le désir fondamental, le désir le plus puissant est celui de n’être pas né, et, à défaut, de retourner d’où l’on vient, dans la chaleur et l’obscurité, recroquevillé en un étroit paquet. Même les adultes, disait-il, ne sont jamais entièrement venus au monde: Pour un tiers, nous ne sommes tout bonnement pas encore nés. »

Oui, merci  Catherine de  resserrer la problématique de la pièce  en la situant en rapport avec nos sujets du moment, et ce que tu précises des mutations dans l’ordre symbolique au XXIème s.:  Quel que soit le mode de conception, nous restons des êtres parlants, il y a le langage, le désir énigmatique de l’Autre, la marque du signifiant sur le corps, la chair signifiante… ce qui fait l’insondable ou « l’indécidable » décision de l’être? …

Promis, je démêle un peu les fils Véronique et je préciserai davantage ma pensée..avec vos commentaires.

Belle nuit.

A bientôt.

Géraldine.

Envoyé de mon iPad

Ex-vivo, In-vitro, après-coup, ô solitude (6)

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#6

Chers tous,

Je crois que la pièce que nous avons vue, « Ex-vivo, In vitro », résonne vraiment bien avec nos sujets d’actualité, en particulier sur les mutations du symbolique: Paternité, maternité, qu’est-ce que cela veut dire aujourd’hui? Ce ne sont plus que des fixions, comme le mariage, l’enfant conçu dans « l’amour », etc. Autant la chanson dans la forêt qui féconde ou les débris dans la mer, pourquoi pas, ce n’est pas plus fou. Reste la génétique, attribut de la science, mais qui ne nous fait guère humain. Le sujet hypermoderne marque bien que « il n’y a pas de rapport sexuel »: issu de 2 pères et d’une ou deux mères (selon les nécessités de porter, d’adopter, de féconder, etc…), et sœur jumelle de son ainée de 10 ans ou fille de son oncle, ou nièce de son arrière grand-père (avec la PMA et la congélation, tout est possible), l’individuel de la jouissance est dévoilé. Reste, en opposition à la science, le langage, recelant en son cœur le réel du non-rapport, mais noué au désir de l’Autre, qui même s’il nous embête, nous fait humain!

Catherine Decaudin.

Ex vivo / In vitro, la dernière corde… (1)

Le 12/12/2011 12:29, Veronique Outrebon a écrit :

Bonjour les amis,

J’ai quelques mails de retard. J’ai lu avec intérêt vos commentaires sur Ex vivo in vitro pièce que j’ai beaucoup appréciée moi aussi. Que pensez-vous de la dernière corde demeurée sur la scène après que les autres soient tombées? Elle relie l’homme à un cordon? vers le ciel ? Mystère des origines ?

J’ai trouvé cette petite poésie que dit Peter Handke co-auteur du film « Les ailes du désir » avec Wenders. Je ne sais pas si vous avez vu le film, à moi il laisse un souvenir impérissable.

Lorsque l’enfant était enfant,
Il ne savait pas qu’il était enfant,
Tout pour lui avait une âme
Et toutes les âmes étaient une.

………

Lorsque l’enfant était enfant, ce fut le temps des questions suivantes :
Pourquoi suis-je moi et pourquoi pas toi ?
Pourquoi suis-je ici et pourquoi … pas là ?
Quand commence le temps et où finit l’espace ?
La vie sous le soleil n’est elle pas qu’un rêve ?
Ce que je vois, entends et sens, n’est-ce pas…simplement l’apparence d’un monde devant le monde ?
Le mal existe t-il vraiment avec des gens qui sont vraiment les mauvais ?
Comment se fait-il que moi qui suis moi, avant de le devenir je ne l’étais pas, et qu’un jour moi… qui suis moi, je ne serais plus ce moi que je suis ?

D’où l’on vient, qu’est ce qu’on fait là et où l’on va. Qu’est ce que le monde ? Une illusion, moi-même ne suis-je qu’une illusion etc.

Bises à tous V.O

——– Message original ——– Origine, Zéro, Yadl’un


——– Message original ——–
Sujet: Re: [escapadesculturelles] Ex-vivo, In-vitro, après-coup, ô solitude
Date : Mon, 12 Dec 2011 16:27:14 +0100
De : véronique müller
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

al’ain,

faut-il croire au yadl’un comme à un zéro, je ne le dirais pas,

et yadl’un rend-il possible la limite, est-ce sûr?

je ne peux m’empêche de songer au UN – ah mais c’est un DEMI, c’est vrai – de la tortue, à coup duquel elle avance, pour aller de zéro à un,
traverser cet espace de la jouissance féminine

v

Le 11/12/2011 20:26, Alain Gentes a écrit :

> Avec le YADL’UN, comme origine, comme zéro, l’infini se limite, pour chacun!

 ——– Message original ——–
Sujet: Re: [escapadesculturelles] Ex-vivo, In-vitro, après-coup, ô solitude
Date : Mon, 12 Dec 2011 17:06:02 +0100
De : Alain Gentes
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

Vé,
Je rentre d’une séance, et avant de recevoir, je tombe sur ton mail. Et comme j’ai  » l’être et l’un » à portée de main, je réponds: oui, c’est ma lecture du cours de Miller du 16 mars 2011. Il y a deux zéros en Un!!!
Je t’envole la photo de la page. Mes patients m’attendent.
Al’un !

Envoyé de mon iPhone

——– Message original ——–
Sujet: [escapadesculturelles] Origine, Zéro, Yadl’un
Date : Mon, 12 Dec 2011 17:07:46 +0100
De : Alain Gentes
Répondre à : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr
Pour : Escapades Culturelles

À Vé et aux autres .

 

——– Message original ——–
Sujet: Re: [escapadesculturelles] Origine, Zéro, Yadl’un
Date : Tue, 13 Dec 2011 00:50:14 +0100
De : Catherine Decaudin
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

C’est super Alain, d’avoir retrouvé ça pour nous! Je comprends mieux pourquoi on parle d’inexistence, au sens d’un effacement et non pas d’un préalable néant: Si il y a, alors, il peut ne pas y avoir, ce qui formalise un zéro, et après on peut compter…cela peut aussi éclairer la question du « Penisneid « pour la femme: Il y a, « elle a vu cela etc. dit Freud », donc pour elle il n’y a pas…D’où le « vertige féminin » du Un au Zéro. Ce zéro, inscrit comme manque, qui compte pour Un tout de même permet la suite phallique. Géant!!!
Catherine

 

——– Message original ——–
Sujet: Re: [escapadesculturelles] Ex-vivo, In-vitro, après-coup, ô solitude
Date : Tue, 13 Dec 2011 19:48:26 +0100
De : véronique müller
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

oui, alain,

pourtant, des souvenirs de lectures de miller qui se sont imposées à moi, qui ont été très importantes, me disent ceci:

pour passer du cardinal (du 1 1 1 1 ou du +1 +1 +1 … de l’identification, de la répétition du même)
à l’ordinal, à la suite des nombres (à la possibilité de l’histoire, du temps),
il faut avoir posé le zéro (ça se trouve dans le texte intitulé je crois la suture que j’avais posté en son temps sur le blog empreintes digitales)
(et poser ce zéro ne va pas de soi) (ça a été une découverte mathématique postérieure à celle du 1 ai-je répondu hier à jules qui me demandait en devinette « quel était le plus ancien des chiffres? »
quand je lui avais répondu : « 1 »
il m’a dit « faux ! c’est zéro ! »
je lui ai dit que même si le zéro était antérieur dans la suite des nombres,
il était postérieur dans l’histoire des nombres. avant le zéro il y a le manque, et dans la faille du manque s’engouffre l’un primordial (j’invente))

donc pour poser le zéro, il faut penser l’effacement, et il faut qu’il y ait cet acte de nomination (enfin là je me risque un peu) du zéro.

et, dit miller dans suture du sujet, la place du zéro, c’est le sujet.

il n’y a pas le sujet tant que dans une analyse, le sujet n’accepte pas ou n’aperçoit pas qu’il a à se séparer d’une identification fondamentale ( je pense ici à un autre texte, de r. warshwski, où elle parle d’une analysante identifiée à la shoah. et c’est à partir du moment où elle pose la question : si je suis de la génération 2, mes parents de la génération 1, qu’en est-il de la génération zéro? c’est, du moment où elle pose le zéro qu’elle peut concevoir le concept de la génération, de la succession plutôt que de l’identification. et que son histoire à elle, comme sujet, peut commencer. parce qu’elle a entendu que c’était ce qui comptait dans ce qu’elle venait raconter à un analyste qui pourtant n’avait même pas connu ça (la shoah))

à tout hasard je vous livre ici un rêve récent, au sortir duquel, en pleine nuit, dans l’effroi, je me suis dit : « Muller et Muller! S1, S2! l’holophrase! mais comment séparer le même?! » muller et muller, son nom à mon père et le mien. c’est ça, qui est à décoller. pour ça, il faut se compter comme zéro et concevoir que le sujet n’est qu’une place dans la chaîne signifiante.

je te relis et relis miller, et relis warshawski, et relis catherine, plus sérieusement plus tard.

v

nb: dit probablement trop rapidement: je dirais même qu’il y a dl’un qui ne s’efface pas, du trop pl1. qui ne rentrera pas dans le compte. extime à la suite des nombres. et donc destiné à la répétition.

 

——– Message original ——–
Sujet: Re: [escapadesculturelles] Origine, Zéro, Yadl’un
Date : Tue, 13 Dec 2011 19:59:46 +0100
De : véronique müller
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

les textes auxquels je faisais allusion :


Du zéro au septième million : Israël et l’Holocauste de Rivka Warshawsky http://empreintesdigitales.wordpress.com/2011/03/22/du-zero-au-septieme-million/

Sa question était celle d’un traitement du réel par le symbolique, une opération de Frege. « Du zéro manque au zéro nombre, se conceptualise le non-conceptualisable.» Le silence tenu jusque-là par cette analysante signait l’échec de la symbolisation du réel de son histoire familiale – travail de symbolisation qui, avec l’apparition du nombre, pouvait commencer.

La suture (ÉLÉMENTS DE LA LOGIQUE DU SIGNIFIANT)
http://empreintesdigitales.wordpress.com/2011/03/23/jacques-alain-miller-la-suture-elements-de-logique-du-signifiant/

 

——– Message original ——–
Sujet: Re: [escapadesculturelles] Ex-vivo, In-vitro, après-coup, ô solitude
Date : Tue, 13 Dec 2011 22:40:14 +0100
De : Catherine Decaudin
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

Chère Véronique,
Je suis d’accord avec la pertinence de cette phrase de JAM que tu as retrouvée, « la place du zéro, c’est le sujet ». C’est la place aussi de celui qui parle, S barré, qui a établi un rapport au grand Autre, et pourquoi pas, qui parvient en fin d’analyse à se nommer, ou « nominer ». Mais la question reste: Est ce que le passage du Un au zéro, assumé comme manque est à proprement parler , par excellence, « l’effort féminin »? Le « vertige féminin » dont ‘Hélène Bonnaud a si bien témoigné va dans ce sens: Vertige éprouvé dans son corps entier, depuis toute jeune, avec plein de symptômes (mal de ventre, de tête, etc…), vertige qu’elle élucide finalement d’avoir en permanence à s’arracher au « décrochage », produit par cette phrase paternelle restituée par sa soeur, « si c’est encore une fille, je la jette par la fenêtre ». Il me semble que l’on peut rapporter cela au « Penisneid » freudien, Roc de la castration, et aller plus loin, comme le fait Lacan, en saluant l’effort féminin, l’effort du manque éprouvé comme « Autre jouissance », abîme, mais non comme nullité.
Pour rejoindre notre débat sur « Ex vivo, In vitro », cela permet tout de même qu’il y ai deux sexes, et pas plus, pas moins, même si par ailleurs, tout se mélange aujourd’hui…
Bien à vous tous
Catherine

 

——– Message original ——–
Sujet: [escapadesculturelles] Zéro, mon héros Un!
Date : Wed, 14 Dec 2011 00:20:30 +0100
De : Alain Gentes
Pour : Escapades Culturelles

Chères Veronique, Catherine, Nou & Do,
Que de plaisir à vous lire, à voir la transformation de nos escapades en joutes verbales.
Je sors d’une soirée ACF à Bergerac, où j’ai eu plaisir de découvrir dans Freud ( Moi et Ça, p261, in essais de psychanalyse) l’existence d’un 3ème Ics, qui ne soit ni le Pcs, ni l’ics refoulé.
Il ne dit pas réel, mais c’est tout comme!
Revenons à nos moutons.
Ok: le mouton zéro, c’est le sujet!
Mais avant lui, il y a le mouton Un, qui, par son effacement, produit le mouton Zéro, à partir duquel on se met à compter, à conter les moutons: ce qui endort, bien évidemment!
Le réveil, père-cutant, n’est, s’il est, qu’à retrouver le mouton Un, père du.
bye, bye
À l’un.

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——– Message original ——–
Sujet: [escapadesculturelles] Qui est premier: O ou 1 ?
Date : Wed, 14 Dec 2011 00:29:59 +0100
De : Alain Gentes
Répondre à : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr
Pour : Escapades Culturelles

Joli débat avec Jules, Vé!
J’ajouterai qu’au commencement est le Un, rencontre matérielle et sonore d’ un mot avec le corps. Son effacement produit le zéro, comme origine et comme MANQUE!
allez, voy a bailar en la cama!
Besitos !
Alain

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——– Message original ——–
Sujet: Re: [escapadesculturelles] Zéro, mon héros Un!
Date : Wed, 14 Dec 2011 00:34:00 +0100
De : Catherine Decaudin
Répondre à : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

> En attendant le printemps..
http://www.youtube.com/watch?v=PxMjenL4k-g&feature=related
>

——– Message original ——–
Sujet: [escapadesculturelles] Nom et Nom !
Date : Wed, 14 Dec 2011 00:36:22 +0100
De : Alain Gentes
Répondre à : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr
Pour : Escapades Culturelles

Démonstration percutante à partir de ton rêve!
Véronique, il serait dommage de perdre nos échanges, peut-on les conserver?
Bye, bye
Je sombre!
Alain

Envoyé de mon iPhone

[ Illustration:  Georg Baselitz, Volk Ding Zero Ξ  à voir jusqu’au 29 janvier au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (MAM) ]

Ex vivo / In vitro, la dernière corde… (2) // la corde des noeuds freudiens

Le 15 déc. 2011 à 11:24, véronique müller a écrit :

la dernière corde, je me demande si le metteur en scène n’en parle pas dans l’une des vidéos de répétitions – faut que je retrouve laquelle. il en parle, je crois, comme du fil rouge, de cela dont ils sont partis et qu’ils n’auraient pas dû quitter, sur quoi donc ils terminent. c’est la corde des nœuds freudiens.

ah voilà la vidéo à laquelle je pensais, elle s’intitule « nœud »:

Bouts de rushes.
n°58
Répétitions du spectacle ex Vivo / In Vitro de Jean-François Peyret et Alain Prochiantz, Petit Théâtre, Théâtre National de la Colline, novembre 2011.
Jean-François Peyret, metteur en scène.
Filmé par Stéphanie Cléau.

 

– Nous v’là face à la scène primitive…
– Oui, c’est la fin et on n’aurait dû parler que d’ça au fond
[…]
– On a perdu ça aussi: la naissance et la mort… Alors, c’est peut-être pour la fin… (c’est le metteur en scène qui parle)
[…]
– Au fond t’as plus de père quoi. T’en as deux, ou trois, ou des trucs comme ça, mais….


corde, ligne, lignage

l’ensemble des vidéos http://vimeo.com/user8603405/videos/page:1/sort:newest

à bientôt,

véronique

Ex vivo / In vitro, la dernière corde… (3) // l’ombilic, le signifiant et le fils de personne

Bonjour, 

C’est vraiment incroyable Véronique, cette vidéo que tu as trouvée résonne avec ce que me disait très récemment un père « d’intention » (je n’avais jamais entendu cette façon de dire jusqu’alors…) qui a eu recours, après le dépistage de sa stérilité, à un donneur pour devenir père. Je n’entre pas dans les détails, il y a bien-sûr la dimension du désir d’avoir un enfant avec sa compagne qui pouvait et voulait avoir un enfant. Au prise aujourd’hui avec sa difficulté à soutenir sa fonction de père, grevée du poids du secret du recours à la science et à un donneur, il disait que sa « seule trouille après tout ça » c’est que son fils soit « en fin de compte le fils de personne »…

A. Artaud, La révolte des Anges sortis des limbes, 1946

Ici, dans cette séquence que tu as trouvée Véronique,  le metteur en scène interroge l’idée que « quand t’as deux pères »,  les pères, le donneur, et celui d’intention, peuvent se dédouaner, et peuvent dire « je ne suis pas ton père ». Et de terminer sur le paradoxe de la pluralité de pères,  « au fond, t’as plus de père »… quelle chute! 

La seule corde qui reste, la dernière corde, une fois que toutes les autres sont tombées, lors de la scène finale de  Ex-vivo In-vitro, m’a évoquée aussi « l’ombilic de l’inconscient » à jamais inconnaissable, qui se rattache à cet amas, cet enchevêtrement, ce sac de nœuds, de liens, d’entraves, qui nous recouvrent déjà pendant la grossesse, et dont une longue, longue analyse nous permet de nous dégager peu à peu… pour arriver peut-être à cette corde là et à son au-delà? …

Il y a aussi tout au long de la pièce Ex-vivo, In-vitro, une mise en perspective « des mots » qui entourent l’arrivée au monde d’un enfant conçu « scientifiquement », « artificiellement », bain de signifiants totalement inédits et j’y reviendrai plus tard…

Ah, si nous pouvions nous procurer le texte de la pièce!

Amicalement.

Géraldine.

Ps: Véronique, patience pour Des Femmes, juste besoin d’un peu de temps pour reprendre mes esprits! 😉 Joyeuses fêtes! 
Envoyé de mon iPad

Ex vivo / In vitro, la dernière corde… (4) // la lacorde (et sa théorie)

 J’aime cette lecture de la pièce, Géraldine, notamment des cordes.

La dernière qui reste, après la chute de toutes les autres (cordes des identifications) ne pourrait-on pas l’appeler  la lacorde, au sens où elle évoque la lalangue, la première corde, très résistante, qui vient en dernier, dans le démontage.

Aujourd’hui un jeune père me dit en consultation qu’il n’a connu son père qu’à l’âge de 14 ans, et que le jour où il le vit pour la première fois, il eût cette expression: “ Ça y est, j’ai un père!” Il ajouta aussitôt: “ Je fus déçu.”

Le rêve d’Einstein~Les ingrédients fondamentaux de la nature sont des cordes d’énergie minuscules, dont les vibrations sont à la base de tout ce qui se passe dans l’univers… L’ une des particularités de cette théorie est qu’elle implique au moins six dimensions de plus que celles que nous connaissons… La théorie des cordes change radicalement notre conception de l’espace et permet d’entrevoir des passerelles entre des univers parallèles. En fait, il n’y a pas une mais cinq théories, qui sont autant de façons de voir la réalité qui nous entoure.

Association amusante: la corde, en physique ( cf. la théorie des cordes) est ce qui permet de faire tenir ensemble les quatre interactions élémentaires responsables de tous les phénomènes physiques observés dans l’univers: l’interaction nucléaire forte, l’interaction électromagnétique, l’interaction nucléaire faible et la gravitation. Bref, une sorte de plus-Un du cartel des interactions.

Allez, je prends la corde et la plume pour B.A !

Belles fêtes à tous!

Et n’oubliez pas le 7: je vous embarque chez Cartier dans le pays des mathématiques, mon premier amour post-maternel!

Alain

Ex vivo / In vitro, la dernière corde… (5) // ô les beaux jours

La dernière corde, qui forme un petit tas d’où sort une main, elle me fait penser à Beckett : « Ô les beaux jours ». C’est bouleversant, surtout avec Catherine Samie dont ça a été, je crois, le dernier rôle à la Comédie Française.

Dominique.

Catherine Samie sur la scène du Phénix, dans «Oh les beaux jours», de Samuel Beckett.PHOTO ARCHIVES DIDIER CRASNAULT

 

Ex vivo / In vitro, la dernière corde… (6) // ce qu’einstein ne savait pas encore

Tiens, Tenez, j’ai trouvé  ce film sur la théorie des cordes : Théorie des Cordes : Ce qu’Einstein ne savait pas encore (FR) – Version longue

http://www.youtube.com/watch?v=sKVuY-TC1YQ&feature=related

 c’est très intéressant,

 à vous,

 v m