Ex vivo / In vitro, après-coup, Ô solitude (1,2,3)

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#1

Sujet: [escapadesculturelles] Ex-vivo, In-vitro, après-coup, ô solitude
Date : Sun, 11 Dec 2011 19:21:18 +0100
De : Caudron Géraldine
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

Bonsoir,

Dans l’après-coup de la pièce « Ex vivo / In vitro », à propos de la procréation médicalement assistée, pièce que j’ai beaucoup aimée, j’ai eu envie de relire quelques pages de Ô solitude de Catherine Millot. J’ai été mise sur la voie du retour à ce texte par la conversation que nous avons eue, hier soir, avec Catherine, Vanessa et Alain, avant la représentation, conversation qui tentait de reprendre ce qui avait été formulé et entendu lors de la dernière soirée des AE, en quête de ce qui constitue l‘incarnation, le propre même de l’existence et de son « insondable décision de l’être« .

Un chapitre m’a semblé faire lien, et résonner avec la question de l’origine de la vie humaine, en voici quelques extraits librement choisis:

p. 143, « Au commencement, il y a l’Autre et rien d’autre. Il est sans limites, il est l’air qu’on respire, qui force les poumons à s’ouvrir au temps du cri premier. Et nous commençons par nous tenir dans son aire. »

p. 144 « La capacité d’être seul s’édifie selon des strates successives » …
« la plus ancienne de ces strates, que j’appellerais celle de « l’avant-monde » ou de « l’avant-moi« , est l’assise de toutes les autres. C’est la plus mystérieuse, car elle appartient, comme disait Chateaubriand, « à l’âge où la vie n’a pas de souvenir et apparaît de loin comme un songe ». Son fond d’inconnaissable en fait le réceptacle de nos fantasmes… »

p. 145 « …un état primitif de la subjectivité? C’était l’avis de Freud: « tout est conservé d’une manière ou d’une autre et peut reparaître dans des circonstances favorables » …

« l’infini, disait Michaux, à tout homme dit quelque chose de fondamental, parce qu’il en vient. »

Enfin, p. 154, est le passage qui m’avait beaucoup interpelée quand j’ai lu le livre et dont je voulais vous reparler ici:

« pour ma part, j’avais un jour rapporté à Lacan un souvenir bizarre. Je me rappelais, lui disais-je, avoir eu dans l’enfance le souvenir du temps où j’étais dans le ventre de ma mère. C’était un souvenir au second degré: le souvenir d’un souvenir oublié. Lacan m’avait dire alors qu’il était physiologiquement impossible que le cerveau, dans son état d’inachèvement, garde une trace des impressions de la vie fœtale. Mon souvenir de souvenir était un fantasme, affirmait-il, par lequel s’exprimait « ma structure », ce qui me laissa perplexe. »

A y revenir plus loin,

Bien à vous.

Géraldine.

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19:25

J’ai trouvé la vidéo Philosophie sur http://videos.arte.tv/fr/videos/philosophie-4298158.html très à propos!

Géraldine.

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#2

From:véronique müller
To: escapadesculturelles@yahoogroupes.fr
Sent:Monday, December 12, 2011 4:16 PM
Subject: Re: [escapadesculturelles] Ex-vivo, In-vitro, après-coup, ô solitude

géraldine,

est-ce que tu penses que l’opposition marquée par Lacan au souvenir ramené par catherine millet est inappropriée,
dans la mesure où une forme de souvenir aurait pu exister,
de la même façon que dans son témoignage d’AE,
Hélène Bonnaud, de par l’intervention de l’analyste s’est rendu compte, a réalisé
à quel point une phrase dite par son père avant sa naissance,
« si c’est un garçon, on la jette par la fenêtre »,
avait marqué toute son existence,
induit dans son comportement ses tentatives d’échapper à un certain appel du vide, que le hasard seulement, la contingence a pu ramener sur le tapis de l’analyse. qu’il y avait là un point qui a marqué sa la vie entière et qui n’aurait pu cependant être atteint par l’analyse, autrement que par hasard.

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#3

Sujet: [escapadesculturelles] Re: Ô Solitude
Date : Tue, 13 Dec 2011 05:36:04 +0100
De : Dominique Chauvin
Pour : escapadesculturelles@yahoogroupes.fr

Géraldine, Véronique,

Il me semble que les deux souvenirs dont tu parles, Véronique, ont des statuts différents.

  • Celui de Catherine Millot, dont elle dit que c’est « le souvenir d’un souvenir », n’a aucun contenu précis. Ce type de « souvenirs » n’est pas si rare et, si j’en crois ma petite expérience, ils se présentent généralement sur ce mode. Pas de signifiants, donc, pour faire « écho dans le corps ».
  • Dans le cas d’Hélène Bonnaud, la phrase du père (« Si c’est une fille, on la jette par la fenêtre ») s’adressait à sa sœur aînée, qui la lui a rapportée quand elle a été en âge d’être « percutée » par les signifiants (terme de Miller). C’était très clair lors de la soirée du 15 novembre. Moins la dernière fois. Cette phrase est restée hors-sens, « tombée dans le corps« , dit-elle. Elle peut en fait se réduire à trois signifiants : jeter – fenêtre – fille.

D’autre part, elle souffrait de vertiges, c’étaient des « événements de corps » auxquels elle ne pouvait attribuer aucune cause. Mais la nécessité de s’arracher à ce vertige, à cette chute, avait constitué le symptôme.

Cela l’a conduite à beaucoup méditer la page 25 du séminaire XI [Je cite un peu plus longuement] :

« Voyez d’où [Freud] part – de l’Étiologie des névroses – et qu’est-ce qu’il trouve dans le trou, dans la fente, dans la béance caractéristique de la cause ? Quelque chose de l’ordre du non-réalisé. […] L’inconscient, d’abord, se manifeste comme quelque chose qui se tient en attente dans l’aire, dirai-je, du non-né. […] Cette dimension est assurément à évoquer dans un registre qui n’est rien d’irréel, ni de dé-réel, mais de non-réalisé . […] ce que Freud appelle le nombril – nombril des rêves, écrit-il pour en désigner, au dernier terme, le centre d’inconnu – qui n’est point autre chose, comme le nombril anatomique, que cette béance dont nous parlons. »


Je trouve aussi, p. 31 : «  La béance de l’inconscient, nous pourrions la dire pré-ontologique. […] ce n’est ni être, ni non-être, c’est du non-réalisé. »

Merci beaucoup pour Grünewald. C’est très très intéressant.

Dominique.

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