l’art non plus que la femme, que le rapport dit sexuel

Chers tous,

L’appel du réveil a sonné. Mon iPhone, tel un enfant, me supplie de le prendre dans ses bras. Je n’y résiste point. Il me suffit d’une raison menteuse – nos échanges escapatoires ( échappatoires?) – pour dire oui, sans malaise, mais jubilation.

Qu’est-ce donc qui prime? Manipuler l’objet pour donner du plaisir au doigt?

Parler au mur de l’autre? Un alliage instable des deux, d’eux?

Qu’importe après tout, pourvu que ça ait lieu!

Alors y a- t-il de l’acte dans l’art? Probablement, à condition de poser que l’art n’existe pas plus que la femme, que le rapport dit sexuel? Il n’y a que des artistes! Mais qu’est-ce qu’un artiste? Je propose: est artiste d’aujourd’hui celui ou celle qui montre l’objet, non sous du beau, mais par la pudeur de l’énigme. Le regard est toujours impliqué, qu’en pensez-vous?

Mes pieds en ont marre de penser, ils demandent à aller se dégourdir les jambes, je leur obéis !

Bye bye,
Alain

Une soirée sur la Chine le 7 décembre à 21h 15

Une soirée sur la Chine le 7 décembre à 21h 15, au local de l’ECF, organisée par l’équipe de la bibliothèque (dont je fais partie). Il y sera question entre autres de l’écriture chinoise. Cette affaire de la calligraphie chinoise rejoint nos interrogations sur l’art et l’acte, si j’en crois les quelques lectures que j’ai faites. Cf. « L’unique trait de pinceau » du moine Citrouille-amère, dont parle Lacan. Bon, j’avoue que nous ne savons pas exactement ce que diront nos quatre invités, nous ne leur avons pas demandé leurs textes. Ce sera une surprise ! Mais je peux vous dire que ce sont des gens passionnants. Quelques précisions dans Babel n° 11, qui se trouve en pièce jointe et sur ECF-Alexandrie.

Dominique

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Babel n°11 – novembre 2011
Bulletin Apériodique de la Bibliothèque de l’École de Lacan-ecf
Sommaire :
– Soirée de la bibliothèque du 7 décembre 2011 : « Lire Lacan en Chine »
– Une offre de la bibliothèque aux responsables des Enseignements à l’ECF
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Vous trouverez le Babel n° 11 en attaché

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Soirée de la Bibliothèque
Mercredi 7 décembre 2011 à 21h15
1, rue Huysmans 75006 Paris

Le symbolique au XXIe siècle
Le signifiant vivant : « Lire Lacan en Chine »

Nathalie Charraud présentera un exemple chinois de pas-tout, tiré d’un commentaire de l’Art de la guerre de Sun-tsu.

Alain Cochard se propose de montrer que les références de Lacan à la culture chinoise et en particulier à Mencius répondent à des problèmes cliniques. Il prendra la courte référence à Mencius à la fin du Séminaire VII pour montrer qu’elle s’inscrit dans la question de Lacan concernant ce qu’on est en droit d’attendre d’une analyse menée à son terme.

Jean-Louis Gault fera le point sur les caractéristiques de l’écriture chinoise, en ce qui la distingue d’une écriture alphabétique et ce pour quoi elle a pu intéresser Lacan, qui était à la recherche d’une théorie de l’écriture, qu’exigeait la nature du symptôme chez le parlêtre.

Catherine Orsot-Cochard traitera des « pouvoirs de la cursive », en référence à la phrase de Lacan dans « Lituraterre », Séminaire XVIII, p. 120 : « Ça me fascine, ces choses qui pendent, kakemono, c’est comme ça que ça se jaspine, les choses qui pendent au mur de tout musée là-bas, portant inscrits des caractères, chinois de formation, que je sais un peu, très peu, mais qui, si peu que je les sache, me permettent de mesurer ce qui s’en élide dans la cursive, où le singulier de la main écrase l’universel, soit ce que je vous apprends ne valoir que du signifiant. »

On trouvera des échos des récents voyages de nos collègues en Chine dans Lacan quotidien n° 10, 27, 40, 42, 59, 73, 84, 90, 91, et dans Babel n°11 une brève bibliographie sur le thème de la soirée, disponibles sur le site : http://ecf.base-alexandrie.fr/
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l’impossibilité du fer

et à votre sagacité, dans le fil de la proposition d’alain de l’art comme « faire » je propose encore ce court extrait de Duve (et j’en aurai fini pour aujourd’hui!) :

Ainsi, le readymade est de l’art à propos de la peinture avant d’être de l’art à propos de l’art. L’art de peindre, c’est l’art du faire, dit Duchamp, qui répète là une très vieille définition de l’art comme artisanat et habilité manuelle. Mais si l’industrialisation a rendu objectivement inutile l’artisanat, alors l’habilité manuelle est aussi ce que l’artiste sensible à l’époque doit ressentir comme impossible. Ce sentiment est, dans la peinture, même normale, sa « nécessité intérieure », la nécessité qui poussa Kandinsky et les autres pionniers de l’abstraction à abandonner presque toutes les conventions traditionnelle de la peinture, et qui poussa Duchamp à l’abandon du métier lui-même.

Fini le faire, reste le nom. Fini le tour de main, l’habilité, le talent, reste le génie, le Witz. A Denis de Rougemont qui lui demande « Qu’est-ce que le génie? », Duchamp répondit par un calembour : « L’impossibilité du fer ».

Puisque faire signifie choisir, le syllogisme de tout à l’heure conduit à la conclusion, cette fois, que le génie tient à l’impossibilité de choisir. Et puisque l’exemple exemplaire d’un tel choix impossible est un tube de bleu, un tube de rouge, il faudrait imaginer que le génie tient à l’impossibilité de choisir ses couleurs, d’ouvrir un tube, de commencer son tableau, de peindre. Génie de l’impuissance en lieu et place de l’impuissance du talent !

Thierry de Duve, Résonnances du readymade, « Le readymade et le tube de couleur » (1984-1989), Éditions Jacqueline Chambon, 1989, p. 127, 128, 129, 130

burlesque

Bonjour

Je tombe par hasard sur ceci
http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/03/09/la-culture-plus-on-la-consomme-plus-on-a-envie-d-en-consommer_1655773_3246.html

Le genre d’article qui me donne envie de balancer une brique dans mon pc

« ou simplement être plus productif au travail grâce au plaisir que vous avez ressenti. En bref, vous serez un meilleur citoyen et cela va profiter à la société. »

Quelle horreur
Quelle honte

Votre,
Guy.

 

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 Je préfère :

La culture / C’est comme le riz / D’abord c’est dur / Ensuite c’est cuit… 

(in « – je peux / – oui« , d’ Yves-Noël Genod).

 

Dominique.

 

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 Eh bien oui, cher Guy, si le capitalisme investit dans la culture ce n’est pas pour nos beaux yeux! Il sait sur quel bouton appuyer pour nous faire jouir et produire comme il veut. Il sait même perfectionner cela en s’appuyant sur Freud ( la sublimation, qui a des effets thérapeutiques), sur Marx ( la plus-value) et maintenant sur Lacan ( le plus-de-jouir). On appelle cela du détournement, de l’exploitation du bien de l’autre.

À nous d’y résister de la bonne manière, à ce pousse-à-jouir sans fin d’objets standardisés venant du marché.

Et la seule résistance qui vaille, c’est ce qui fait référence pour chacun: son petit a ! Ce n’est que par lui qu’on peut faire solidement objection à la standardisation de la jouissance.

L’usage de la culture pour l’obtention d’objets humains équilibrés en vue d’une meilleure exploitation de leur force de travail est vieux comme le monde: bien nourrir ses esclaves! Certaines entreprises offrent aujourd’hui gratuitement des séances de psychothérapie à ses salariés. Le système s’est perfectionné en passant de l’esclavage au salariat, via  » la servitude volontaire » ( cf La Boetie )

À ce titre-là, je serais toujours plutôt Loup que Chien ( cf le Loup et le Chien, fable de Jean de la Fontaine), Plus Lobito (lol)que chiot.

Soyons arteurs de nos vies!

Al

 

 

Envoyé de mon iPhone

 

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Bonjour

Oui, sans doute!
Bon je relisais ça ce matin:

192

La consommation spectaculaire qui conserve l’ancienne culture congelée, y compris la répétition récupérée de ses manifestations négatives, devient ouvertement dans son secteur culturel ce qu’elle est implicitement dans sa totalité : la communication de l’incommunicable. La destruction extrême du langage peut s’y trouver platement reconnue comme une valeur positive officielle, car il s’agit d’afficher une réconciliation avec l’état dominant des choses, dans lequel toute communication est joyeusement proclamée absente. La vérité critique de cette destruction en tant que vie réelle de la poésie et de l’art modernes est évidemment cachée, car le spectacle, qui a la fonction de faire oublier l’histoire dans la culture, applique dans la pseudo-nouveauté de ses moyens modernistes la stratégie même qui le constitue en profondeur. Ainsi peut se donner pour nouvelle une école de néo-littérature, qui simplement admet qu’elle contemple l’écrit pour lui-même. Par ailleurs, à côté de la simple proclamation de la beauté suffisante de la dissolution du communicable, la tendance la plus moderne de la culture spectaculaire — et la plus liée à la pratique répressive de l’organisation générale de la société — cherche à recomposer, par des « travaux d’ensemble », un milieu néo-artistique complexe à partir des éléments décomposés ; notamment dans les recherches d’intégration des débris artistiques ou d’hybrides esthético-techniques dans l’urbanisme.

Ceci est la traduction, sur le plan de la pseudo-culture spectaculaire, de ce projet général du capitalisme développé qui vise à ressaisir le travailleur parcellaire comme « personnalité bien intégrée au groupe », tendance décrite par les récents sociologues américains (Riesman, Whyte, etc.). C’est partout le même projet d’une restructuration sans communauté.

http://dumauvaiscote.pagesperso-orange.fr/la_societe_du_spectacle/societespectacle.htm

Bonne journée
Guy.

Je crois qu’à la base de l’art, il y a cette idée ou ce sentiment très vif d’une certaine honte d’être un homme

Chers amis, sur la honte voir dans l’abécédaire de Gilles Deleuze la lettre R  (fonction de l’art en rapport avec la honte).

A bientôt
Jean-Luc

 

« Je crois qu’un des motifs de la pensée, c’est une certaine honte d’être un homme. Je crois que l’homme, l’artiste, l’écrivain qui l’a dit le plus profondément, c’est Primo Levi. Il a su parler de cette honte d’être un homme. Ce qui dominait à son retour des camps de concentration, c’était la honte d’être un homme. C’est une phrase… à la fois très splendide, je crois très belle, mais ce n’est pas abstrait, c’est très concret, la honte d’être un homme. Mais elle ne veut pas dire les bêtises qu’on veut lui fait dire, ça ne veut pas dire nous sommes tous des assassins, où nous sommes tous coupables ; par exemple, nous sommes tous coupables devant le nazisme. Primo Levi le dit admirablement, cela ne veut pas dire que les bourreaux et les victimes soient les mêmes. On ne nous fera pas croire cela, on ne nous fera pas confondre le bourreau et la victime. La honte d’être un homme, cela ne veut pas dire : on est tous pareils, on est tous compromis (…), mais ça veut dire plusieurs choses ; c’est un sentiment complexe, ce n’est pas un sentiment unifié. La honte d’être un homme, ça veut dire à la fois : comment des hommes ont-ils pu faire cela ? Des hommes, c’est-à-dire d’autres que moi, comment ils ont pu faire ça ? Et deuxièmement, comment est-ce que moi, j’ai quand même pactisé, je ne suis pas devenu un bourreau, mais j’ai pactisé assez pour survivre,, et puis une certaine honte d’avoir survécu, à la place de certains amis qui n’ont pas survécu. C’est donc un sentiment très complexe. Je crois qu’à la base de l’art, il y a cette idée ou ce sentiment très vif d’une certaine honte d’être un homme qui fait que l’art, ça consiste à libérer la vie que l’homme a emprisonnée. L’homme ne cesse pas d’emprisonner la vie, de tuer la vie, la honte d’être un homme, l’artiste c’est celui qui libère une vie, une vie puissante, une vie plus que personnelle, ce n’est pas sa vie… »

L’art est une chose rare

Sommaire

éditorial

L’art est une chose rare

Alain Géronnez : L’indice pensable
                          Du lit et du divan
Dirk Snauwaert : Indiscipline de l’art contemporain
Gérard Wajcman : All that fall
Pierre Malengreau : Ponge et Braque : « La toile du poète »
Yves Depelsenaire : Conquêtes de Marcel Broodthaers

Table ronde : Translation dans l’art contemporain

Carine Fol : art) & (marges : des oeuvres de vie
Table ronde : Art et institutions
Joost Demuynck : Nous sommes tous Outsider
Dalila Arpin : Marilyn, une femme d’exception
Jean-Claude Encalado : Lisette Model, Photographier avec l’oreille
Jolka Nathanaili : Les voix du réel dans l’oeuvre d’Anri Sala
Philip Metz : Conversation autour d’un objet

Table ronde : Des artistes lacaniens ?

Enseignement de la passe

Patricia Bosquin-Caroz : Trauma et événement de corps
Bernard Seynhaeve : Les avatars du transfert
Angelina Harari : « L’effet de sens, il faut qu’il soit réel »

Travaux

Marga Auré : Le corps du schizophrène
Pierre Malengreau : Du roman familial au réel de la famille
Daniel Voirin : « Le bruit des ciseaux »
Dossia Avdelidi : « Je n’ai jamais été insérée »

Un numéro, un livre

Valérie Loiseau : « Sukkwan Island » de David Vann

Conférences

Marie-Hélène Brousse : Corps sacralisé, corps ouverts : de l’existence, mise en question, de la peau
Catherine Henri : Professeur de l’être
Joseph Attié : Écriture et réel
Sonia Chiriaco : De la porosité entre rêves et hallucinations

ISSN: 0771 67 45 – ISBN : 78-2-930653-02-0
Prix : 25 €
Quarto, revue de psychanalyse, école de la Cause freudienne
éditeur responsable : Bruno de Halleux – 8 Place des Chasseurs Ardennais – 1030 Bruxelles – Belgique

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