(horreur et beauté) (tim burton et les ambassadeurs)

11 mars 2012, 20h10

Tim Burton, à la Cinemathèque, rue de Bercy, c’est extra!

Ne ratez pas son Burtonarium: toutes sortes de créatures, qui sont des monstres qui s’ignorent, qui n’ont nulle conscience de leur étrangeté.

En écho à nos questions de cartel ( magistralement déclaré par notre v ), c’est étrangement – mais pas inquiétant du tout – ni beau, ni laid, c’est ! 

C’est le dessin de la monstruosité comme voile de la monstruosité : il en ressort une certaine humanité. Le crime est toujours au premier plan, celui de la dévoration, maternelle bien sûr chez TB.

Quant à l’acte dans l’art, qui me préoccupe, peut-être y en a t-il une trace chez TB,dans ce qu’il dit: je dessine parce que j’aime ça, sans me soucier si c’est beau ou pas, si on aimera ou pas. Il y a, chez l’artiste, un instant d’acte qui ne se soutient d’aucune référence, sinon son petit a chéri !

Je questionnerai JL là-dessus samedi!

Bises

a.

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12 mars 2012, 00:10

Merci, Alain!

Trop belle cette image sur le couple, au sens de la monstruosité, que nous aurons aussi à travailler dans notre cartel, en en serrant les bords, les bords de la jouissance, pour passer de l’horreur à la beauté -ou moins… et bien nous porter, allégés de cet objet innommable ( je rejoins là mon point: séparation de l’objet).

J’ai vu l’expo sur Matisse aujourd’hui. Un point m’a intéressée, c’est justement le point qu’il repérait dans sa peinture comme faille, comme ce qui ne va pas, à partir duquel il se réintroduisait et reprenait tout son tableau. J’en ai parlé avec Géraldine, lorsque plus tard nous visitions au Jeu de Paume l’œuvre de Ai Wei Wei, et on a repensé à ce point de réel, du tableau de « Ambassadeurs« .

Y a t’il, dans chaque œuvre un point de réel, qui ouvre sur l’horreur ou sur la beauté?

Est-ce cela qui fait l’œuvre d’art?

bises lointaines

Catherine

 

Matisse sur la brèche // attention, derniers jours

« … si je trouve qu’il y a une faiblesse dans mon ensemble, je me réintroduis dans mon tableau par cette faiblesse – je rentre par la brèche – et je reconçois le tout. » Matisse, 1936.

Dominique.

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derniers jours donc de cette exposition :

Matisse
Paires et séries

7 mars – 18 juin 2012

« Je me suis inventé en considérant d’abord mes premières œuvres. Elles trompent rarement. J’y ai trouvé une chose toujours semblable que je crus à première vue une répétition mettant de la monotonie dans mes tableaux. C’était la manifestation de ma personnalité apparue la même quels que fussent les divers états d’esprit par lesquels j’ai passé. » Henri Matisse interrogé par Guillaume Apollinaire (La Phalange, n°2, décembre 1907).

Godard/Matisse/Aragon

Dans un de ses films, Godard compare le magnifique tableau de Matisse « La blouse roumaine » à un poème d’Aragon…

Il n’en dit pas plus. Je ne retrouve pas la citation exacte, mais ça m’avait beaucoup frappée. Il me semble que, depuis, assez mystérieusement, je regarde mieux ce tableau (revu hier encore). Pour moi, le point commun serait une certaine emphase. Les effets de manche(s)…

NB. Godard aimait beaucoup ce tableau, qui occupait une place de choix dans son exposition « Voyage(s) en utopie » (Centre Pompidou 2006).

Dominique.

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Derniers jours Matisse
Nocturnes et ouvertures anticipées:

nocturne tous les vendredis, samedis, dimanches, lundis jusqu’à 23h.
ouverture anticipée tous les dimanches de 10h à 11h, réservée aux adhérents et aux détenteurs de billets achetés en ligne.

Bonjour Dominique…..intéressée par ta remarque, je reviens d’une petite escapade sur Google et j’ai trouvé ceci……Concernant Godard commentant le tableau « La blouse roumaine », j’y ai entendu son allusion à Aragon….qu’en penses-tu ?

Brigitte

Détail de l’affiche de l’exposition « Matisse. Paires et séries ». Henri Matisse, « La Blouse Roumaine », 1940, Huile sur toile, 92x73cm, Photo

Louis ARAGON (1897-1982)
Les mains d’Elsa

Donne-moi tes mains pour l’inquiétude
Donne-moi tes mains dont j’ai tant rêvé
Dont j’ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi tes mains que je sois sauvé

Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d’émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes mains à moi

Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m’envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j’ai trahi quand j’ai tressailli

Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d’aimer qui n’a pas de mots

Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D’une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d’inconnu

Donne-moi tes mains que mon coeur s’y forme
S’y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement.

Source : http://membres.multimania.fr/donm/citation.htm#aragon

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En effet, il y a dans ce poème d’Aragon comme un écho à la notation de Godard dont je me souviens. Merci !

De toute façon, il y a des liens entre Godard et Aragon, dans les deux sens. J’avais trouvé le site ERITA, avec, plutôt en désordre, ce qu’en dit Maryse Vassevière. Un petit paragraphe me semblait cependant corroborer mon souvenir, mais il ne donne pas de détails. 

Il faudrait retrouver le film mais je n’ai aucun indice. Je l’ai vu au cours de la très vaste rétrospective des films de Godard concomitante à l’exposition.

 Dominique.

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Là !
http://www.ina.fr/art-et-culture/beaux-arts/video/I04188950/jean-luc-godard-au-musee-d-art-moderme-de-paris.fr.html : Jean Luc GODARD déambule dans les salles du musée d’art moderne de Paris, et nous livre ses commentaires sur la peinture, et en particulier sur un tableau d’Henri Matisse.