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n’importe quel travail

n’importe quel travail parce que ce qui compte, c’est le travail. et ce qui compte aussi, c’est le n’importe quoi.

le n’importe quoi, c’est la signature de la pulsion. que le travail devienne n’importe lequel, trahit la présence de la pulsion. c’est elle qui est à l’oeuvre, au coeur de ce qui devient devoir de travail. (ce devoir de travail, on voudra y revenir, trouver son articulation au surmoi – et du surmoi à la pulsion). elle y est venue pour que le travail se fasse jouissance. l’alléger de son poids de désir. jouissance de désir à l’intérieur du désir même. rester sous l’ordre du S1, rester dans l’a-matière de la parole de la pensée.

or, à certains égards, je revendique ce n’importe quoi. d’où le saurais-je qu’écrire vaudrait mieux que de faire la vaisselle? qu’un travail aie plus ou moins de valeur qu’un autre? d’où je le sais, comment je le saurais, ça je ne peux m’empêcher de le remettre en question.

mes pensées, elles, le savent, qui m’orientent vers n’importe quel travail (m’obligent à y penser, me réveillent, et m’en empêchent).

(aveugle pulsion, elle sans queue ni tête.) (mes pensées elles, elles le savent, elles savent jouir. avec quoi il faut compter – qu’on ne saurait éliminer – qui jouent sur un autre terrain que celui de la valeur.)

il y a la mort. elle fait la différence. mais la vaisselle, c’est la vie. il y a la mort, il y a le posthume. bien sûr que non, je ne me réveille pas la nuit à cause des vaisselles que j’ai à faire, encore que. je peux, pourrais, me réveiller et enrager, je l’ai dit, le redis. elles sont deux choses à me réveiller : le travail et la rage. l’ennui, de ces vaisselles, de ces basses tâches, c’est qu’à les faire, m’y employer, je risque encore de jouer à l’esclave, la servante, celle due aux basses besognes – là où les autres, les autres eux sont appelés à et les hautes sphères. c’est pourquoi la tâche m’incombe de rendre à la vaisselle sa dignité, si tant est qu’elle en ait jamais eu, et la faire valoir. à quoi je m’attache mais c’est très difficile.

31 janvier 2006 - 12:38 / le n'importe quoi /