par Clotilde Leguil
« Les nouveaux venus », tel est le signifiant qui a émergé pour désigner le changement opéré par ce mouvement de rencontre et de transmission entre générations que furent les Journées de novembre 2009. Le terme est bien choisi car il évoque côte à côte l’Antiquité grecque et l’esprit américain, faisant résonner à la fois la paideia de la cité platonicienne, et l’hospitalité du Nouveau Monde à l’égard des immigrants.
Comme si l’Ecole de la Cause freudienne avait accouché d’un Nouveau Monde, celui où les nouvelles générations, ceux que les Grecs appelaient tout simplement « les nouveaux », « oi neoi », avaient pu enfin se lancer, grâce à l’accueil que les anciennes générations ont su leur faire, leur tendant la main en leur désignant le monde de la psychanalyse comme un monde où ils pouvaient aussi trouver leur place à leurs côtés. C’est le message que nous pouvons entendre lorsque nous sommes ainsi nommés : « vous, les nouveaux, vous avez aussi des terres à conquérir dans ce continent à la fois convoité et menacé que Freud a découvert ».
Si Hannah Arendt a pu écrire dans La crise de la culture que « l’éducation est le point où se décide si nous aimons assez le monde pour en assumer la responsabilité, et de plus le sauver de cette ruine qui serait inévitable sans ce renouvellement et sans cette arrivée de jeunes et de nouveaux venus », on peut dire alors, avec elle, que nos psychanalystes nous ont montrés qu’ils aimaient assez le monde de la psychanalyse pour en désirer la transmission et le renouveau partagé.