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Varia sur la Passe #65

読み方 : « FAÇON DE LIRE »

par Marc Gabbaï

Lorsque j’ai été nommé « passeur » par l’analyste, ce fut pour moi comme une véritable déflagration, dont il me reste encore aujourd’hui l’écho dans le lointain, un pur son. Non seulement cette nomination faisait suite à une traversée du fantasme mais en plus faisait interprétation majeure par rapport au montage de ce dernier car définitivement je n’étais pas la sœur morte. « Pas Sœur » !

Ce passage au passeur (pas sœur), fut donc marquée par l’Angoisse, celle qui écrase un corps, celle qui ne trompe pas, et j’étais impatient de savoir comment d’autres s’en étaient sorti, mais la procédure à cette époque était suspendue.

Un an plus tard j’ai reçu le premier appel d’un passant. L’expérience pouvait commencer. Je n’avais pas cherché de vade-mecum.

C’est une expérience formidable, dont je ne cesse de mesurer les effets d’après-coup. Le passant par son témoignage ouvre une voie, tel un éclaireur, dans le champ du Réel. A nous de le suivre ou pas selon l’authenticité de la parole qui porte ce message, le message d’une vie sauvée, d’une vie transformée, d’une vie bouleversée, d’un savoir y faire avec la jouissance opaque, au-delà d’une simple identification à la théorie analytique, au-delà du fantasme. En-corps faut-il l’entendre. Sur quel littoral, dans quel godet, le passant a-t-il donc pu poser un pied qui invite à le suive ? C’est à cela, me semble-t-il, que s’attelle, le cartel de la passe et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il s’agit là, de choses de finesses.