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Varia sur la Passe #70

DÉBAT AU COLLÈGE DE LA PASSE

Quelques notes de lecture concernant la circulation des textes sur la passe

par Jean-Claude Razavet

 

En relisant les textes envoyés, je note qu’un véritable débat s’est engagé, dans lequel la passion qu’a toujours suscité la passe, était présente. Il est vrai qu’avant la première réunion du collège, cette passion s’était quelque peut éteinte comme l’a fait remarquer Lilia. Il faut dire que cette passion fait pomme de discorde depuis l’École Freudienne (séparation du quatrième groupe). Et que, de chaque réunion du collège de la passe, est résulté une crise, qui nous a fait à chaque fois perdre collègues et amis. Peut-être que, jusqu’aux journées de novembre, les héros s’étaient fatigués. Au précédent mini collège par exemple, chacun a gardé sa passion dans la poche. Et pourtant, ces crises témoignent de la vitalité d’une École. La passe, et son dispositif, comme je l’ai dit jadis, est un ver dans le fruit introduit par Lacan au cœur de l’institution analytique, qui, de structure tend à devenir SAMCDA voir Société Mutuelle Contre la Passe.

Depuis la rentrée 2008, un pas a été franchi par JAM, dont témoigne son cours, et qui s’est traduit par l’impulsion qu’il a donnée à ces journées. Impulsion qu’on peut qualifier d’acte si on en juge à ses conséquences, dont l’une est le réveil du collège. Cet acte représente une véritable révolution culturelle. Il a consisté à déclancher la crise avant la réunion du collège, en donnant la parole aux analysants qui ont su dire quelque chose de leur rapport à l’inconscient.

En attendant la suite des effets de ces journées, où en sommes nous du débat ?

Concernant la question des passeurs qui était au programme, nous avons entendu les passeurs qui ont témoigné non seulement de leur expérience de récepteur du témoignage des passants, de leur expérience en tant que membre dans les cartels de la passe, mais aussi, point important, du moment de leur cure où, selon eux, ils ont été désignés. Je retiens, entre autre, le moment de « désorientation » signalé par Bernard Lecoeur.

Je voudrais maintenant débattre en toute amitié avec Rose Paule et lui dire mon désaccord concernant le portrait du passeur de ses rêves, et le savoir faire qu’elle lui prête. Bien sûr quand on est dans un cartel de la passe, on rêve tous d’un passeur comme çà. Mais si c’était aussi simple, il suffirait de lui faire faire un stage chez un éditeur. Si on en croit Lacan, relativement aux fonctions respectives de chacun des trois niveaux du dispositif, magistralement détaillées par Philippe La Sagna, ce qui défini le passeur, ce n’est pas un savoir faire mais un être. Un être la passe, un analysant chez qui est encore présent le désêtre qui a frappé son analyste. Un être qui est sensé, faire de lui une plaque sensible, selon la formule de JAM. C’est très joli à dire, mais pas si évidant à repérer comme moment clinique. Dire qu’il n’est pas question de demander des comptes à l’analyste qui a désigné le passeur, c’est déjà faire intervenir un imaginaire qui justement est à exclure. C’est à chacun d’entre nous de se demander des comptes à soi-même, quand il désigne un passeur. À chacun de nous de demander à ses collègues : « Et toi tu sais reconnaître ce moment clinique ? As-tu vérifié sa pertinence auprès des cartels qui l’ont utilisé, ou à partir de ce que t’en dit le passeur dans la cure au moment où il témoigne? Deuxième point de désaccord : proposer un portrait, c’est le meilleur moyen d’obtenir qu’on s’y conforme.

À La Sagna, je ferai remarquer que je ne vois pas très bien le rapport entre son exposé et sa conclusion relative à une nouvelle composition du cartel de la passe, avec deux passeurs et un plus un élu. Pour qu’il y ait un « turn over » important des passeurs, il faudrait peut-être aussi qu’il y ait plus d’AME nommés, ou alors que d’autres ait la possibilité de le faire.

À Marie Hélène Brousse : Je ne suis pas sûr de ce qu’elle a voulu dire en parlant d’un profil type de l’AE. Si elle veut dire que les passants sont tentés de se conformer à ce profil type, ce serait le signe d’un échec de la passe, puisque, si on se fie à ce qu’en attendait Lacan, l’AE ne peut être que le produit de l’extrême singularité de sa cure. Que veut dire vouloir faire le portrait de l’AE nouveau tant attendu ? Par hypothèse chaque AE est nouveau et on ne peut pas prévoir ce qu’il sera. Si profil il y a il faut le mettre sur le compte des grands shows qui ont été faits aux débuts pour présenter les AE. L’intérêt pour la passe n’est pas une question de marketing.