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Varia sur la Passe #75

L’AU-MOINS-UN ET MOI

par Philippe Benichou

 

Je dois dire qu’il m’a fallu un certain temps pour comprendre l’importance du débat engagé sur la passe.

D’abord parce que pour moi, la nomination comme AE n’est pas un critère discriminant quant à la clairvoyance politique, au vu de l’histoire de l’ECF, je parle essentiellement de la dernière crise dont j’ai suivi les événements. Le critère discriminant, c’est celui de la conception qu’on se fait de l’au-moins-un dans l’École.

Cette fonction, Jacques-Alain Miller l’a de nouveau fait briller par l’acte de sa direction des Journées 38. Il a analysé l’École-sujet et produit l’interprétation qu’il lui fallait, et nous en avons l’effet, la constitution de ce que Éric Laurent a nommé le « mouvement analysant » (JJ 70) et la relance du désir pour la passe.

Lors de la soirée des AE de cette semaine, pourtant, il a été rappelé que l’AE n’a pas uniquement à nous enseigner sur le passage à l’analyste, mais également à assurer la fonction d’analyste de l’expérience de l’École. Une fois de plus JAM est le seul à tenir cette place. Est-ce une nécessité de structure ou pouvons-nous à ses côtés incarner cette fonction sans entrer dans le conflit ? Je pense à une phrase d’une personne lors de cette soirée qui n’a pu s’empêcher de faire résonner cette perspective en évoquant un, je la cite, « faire mieux que lui » alors qu’était évoqué l’action politique et institutionnelle des AE dans l’ECF, et le constat que cette action n’était pas ou peu effective.

Je voudrais faire une proposition dans la perspective de la conférence de janvier. Puisque du débat sur la passe dans le Journal des Journées, il se déduit :

  1. que l’AE éprouve une solitude dans l’ECF, l’AE dont la production est la fonction essentielle de l’École avec celle de l’effet-de formation, comme le formulait Jacques-Alain Miller dans un précédent Journal.
  2. Le non nommé AE ne se sent pas bien traité par l’ECF. L’engagement profond et conforme à la cause analytique dans la procédure dont nos collègues ont témoigné et les déceptions qui ont pu se lire en font foi.
  3. Les passeurs ne sont pas bien traités non plus. Le fait est que c’est la première fois qu’on les entend témoigner alors que c’est aussi à eux qu’on doit la nomination de nos collègues.
  4. Les cartels de la passe ne se traitent pas particulièrement bien dans l’ECF. Je pense au silence de leur enseignement alors que leurs décisions se fondent sur la doctrine de la passe dont ils sont tout de même supposés être les détenteurs, et qui reste pour moi un savoir agalmatique et crucial de l’ECF. (dernier document à ma connaissance, le rapport à l’attention des membres 2004-2006).

Pour le point 1, pourquoi ne pas donner un pouvoir institutionnel indépendant aux AE en exercice ? Création d’événements, forme de leur enseignement, initiatives institutionnelles … Indépendant voulant dire qu’ils n’auraient pas à les faire valider par le Directoire, l’AE ne s’autorisant alors que de lui-même dans l’École.

Pour les autres points, j’attends beaucoup de cette conférence de janvier.