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Varia sur la Passe #70

LA NAISSANCE DU DÉSIR DE PASSE

par Fouzia Liget

 

En tant qu’analysante, la passe, je ne savais pas vraiment ce que c’était. J’en sais un peu plus, grâce au « Journal des Journées ». Quel savoir ai-je de la passe ? Et quelle image ? Quel espoir, aussi ?

Il y a quelques mois, un collègue, membre de l’École, me demandait si, entre jeunes, on parlait de la passe, si on y pensait. Ma réponse fut non.

J’avais gardé en tête votre intervention sur le thème des Journées 2009, le 12 octobre de l’an dernier : vous y disiez que la passe signifiait la fin de l’analyse, mais pas la fin de l’analyse de son inconscient. Ma connaissance s’arrêtait là, et je ne cherchais pas non plus à en savoir davantage. Cela me paraissait si loin…

Le débat qui s’est ouvert dans le JJ, c’était une chance pour moi. Je l’ai suivi avec beaucoup de curiosité. Un voile de la pudeur s’est levé sur une question aussi sensible que précieuse, mais aussi opaque et obscure, à la limite d’un tabou. Depuis lors, des questions émergent : comment naît le désir de faire la passe ? A quel moment décide-t-on que c’est le temps de la passe, le temps logique de l’analyse ?

Je lisais les témoignages des passants, ceux qui n’ont pas obtenu de nominations. J’ai été frappée par le fait que ces témoignages restaient lettres mortes, sans réponses, sans suite. En effet, de quoi tuer le désir de passe.

J’ai dans l’idée que la passe est une procédure précieuse, inouïe, dans une société du chiffre, du standard, qui forclot le sujet, qui méprise le désir. Ici, à l’ECF, il est permis de désirer, on devient psychanalyste par la voie royale de son inconscient, de son déchiffrement… Pas de diplômes, pas de notes, pas de standard. Une procédure commune, recueillant le plus singulier de chacun, le plus intime, mais dans une visée de transmission au service de la psychanalyse.

Alors quel espoir ? Que les témoignages des passants qui n’aboutissent pas à une nomination soient mieux reconnus. Qu’une place d’enseignement et de transmission sur la cure analytique leur soit donnée. La nouveauté des Journées a été d’entendre les témoignages d’analysants non AE. Pour ma part, ils ont suscité chez moi le désir de transmettre, de témoigner de mon analyse.

Un désir de « mini-passe », comme l’écrit joliment Giorgia, a émergé chez moi. Et pourquoi pas, un jour, la passe ?