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Varia sur la Passe #65

LE GOÛT DE LA PASSE

par François Leguil

Apologie du gai savoir, les Journées d’Études de novembre ont redonné à l’ECF le goût de la Passe.

Prévu tous les six ans pour connaître et faire connaître le point vraisemblable où en est la procédure dans notre communauté de travail, notre Collège se trouve dans un moment privilégié. S’il interrompait ses travaux avant de penser ce qu’il a à démêler, il décevrait. S’il tardait dans sa réflexion, il agacerait. Aussi, peut-on souhaiter qu’il tiendra à honneur de mesurer que sa tâche est précise parce qu’elle est simple.

Elle est simple parce que, suivant Lacan, c’est-à-dire en allant « de l’avenir au passé », nous savons que l’événement accompli il y a trois semaines a déjà opéré la relance tant attendue. Il appartient au Collège d’accompagner les premières étapes de cette relance en fournissant les outils qui permettront d’améliorer deux ou trois dispositions du règlement de notre procédure. Nous en avons les moyens puisque nous devons réfléchir aux six dernières années qui viennent de s’écouler. Nous savons que durant cette période, la Passe a langui dans l’École. Les raisons en sont peut-être complexes, mais les remèdes n’ont pas besoin d’en épouser toutes les courbes : des solutions existent dans les recommandations que nous pourrons formuler afin que d’éventuels dysfonctionnements soient corrigés. La tâche du Collège est précise, parce qu’elle concerne le diagnostic de ces dysfonctionnements et parce qu’il ne lui appartient pas de se substituer à l’expérience elle-même, qui incombe à ses protagonistes que sont les passeurs, les passants, les cartels et les AE.

Plusieurs interventions dans le Journal des Journées indiquent que la situation des passeurs a changé. Nous pouvons savoir pourquoi et proposer quelques aménagements dans la relation que le Secrétariat de la Passe aura à entretenir avec eux. Les sentiments des passants qui n’ont pas été nommés ont parfois été exprimés dans ce même Journal. Le Collège pourra rappeler qu’une meilleure définition, qu’une nouvelle définition plutôt, de la nature et de la fonction des AE dans l’École aura, à n’en pas douter, le bénéfice d’alléger les regrets en donnant à chacun la possibilité d’apprécier la part exacte de sa contribution. Tout cela n’est pas vague, mais constitue un nouveau cahier des charges pour les cartels à venir.

La tâche du Collège est de permettre à ces nouveaux cartels qui, à l’évidence, partiront d’un autre pied, d’être encouragés par le rappel que leur enseignement doit être promu ainsi qu’il est prévu par nos règlements qu’il le soit. Pour tous ces motifs, nous avons bien agi en attendant l’événement des Journées qui a donné à notre deuxième réunion un ton de lucidité optimiste et salubre. Quelques semaines nous séparent de la reprise de la procédure. Cela suffit pour former des observations qui tiennent compte de la masse impressionnante de ce que nous avons entendu depuis bientôt trois mois, mais qui les dépassent aussi bien, en se projetant sur une nouvelle conception de notre expérience. Notre prose n’aura pas à être luxuriante ni interminable. En quelques pages nous pouvons raconter ce qui s’est passé jusqu’alors, et en tirer de brèves leçons qui nous permettront de tenir compte de l’effet de rencontre du Palais des Congrès. Chaque membre du Collège, certes, doit y aller de son engagement personnel et de la publication de sa réflexion propre. Mais si nous voulons faire œuvre collective de cette occasion institutionnelle, notre Collège, avant de s’effacer, doit élever son ambition à la hauteur d’une mise au point collective et pratique.