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Le courrier de Rennes #70

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Des Journées d’automne aux Journées de Rennes
Anne Guillam : MES JOURNEES SUR LE DIVAN DE L’ÉCOLE

Le courrier de Rennes
Isabelle Rialet-Meneux : L’ESPRIT ROCK

Orientation
Anne-Marie Le Mercier : LE CONTROLE AUX JOURNEES DE RENNES ?

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Nous attendons vos contributions pour le blog des Journées de Rennes : réactions, suggestions diverses, réflexions sur l’orientation de ces prochaines Journées, notamment quant au débat sur la passe. Tout format, tout style.

Vos textes sont à adresser à Caroline Pauthe-Leduc (caro.pauthe.leduc@gmail.com) et Sophie Marret (sophie.marret@wanadoo.fr)

Pour la rubrique des Journées de Rennes du JJ, les textes (au format défini par Jacques-Alain Miller de 4500 signes maximum) sont à adresser à Jacques-Alain Miller (ja.miller@orange.fr), ainsi qu’en copie à Sophie Marret et Caroline Pauthe-Leduc.

Une réponse sur « Nouveautés du blog »

Porte Maillot,
Par Isabelle Chuniaud

« La vérité ne se supporte que d’un mi-dire »
D’un Autre à l’autre, Jacques Lacan

Permettez-moi d’apporter ma contribution aux prochaines Journées de l’E.C.F. qui se tiendront cet été à Rennes. Elle me semble illustrer, pour une part, le titre de ces Journées et elle me permet de rendre hommage à ceux qui se sont laissé lire. D’autre part, elle s’inscrit dans une série, celle que formèrent les Journées d’automne à Paris, puis le Forum sur l’Evaluation et enfin, le VII Congrès de l’A.M.P. Pour moi, l’un n’allait pas sans l’autre. Je voulais en savoir plus. Je voulais combler, ne serait-ce qu’un peu, ma curiosité et le vide abyssal contenu dans ces questions : Ai-je quelque chose en commun avec eux ? Comment ont-ils fait ? Comment ça se passe ailleurs ? Un seul lieu de rendez-vous : le Palais des Congrès, Porte Maillot, à Paris.
Tout a commencé par un rêve, raconté dans la cure en septembre, la veille de mon inscription aux Journées de l’E.C.F. La question de la fin de l’analyse me taraudait depuis un moment, deux ans déjà. Comment se démettre de son analyste, objet bout de corps ? « …objet petit a, je te mutile » dit Lacan. Comment couper ? Est-ce que ma propre horreur de savoir cèderait le pas à un savoir nouveau ? Pour être tout à fait exacte, le rêve que j’ai appelé Porte Maillot, fut précédé d’un rêve érotique.

Je suis Porte Maillot, au Palais des Congrès, à Paris. Je suis entourée de gens hilares. Sur l’avant-scène, il y a une marre de boue. Une demi-femme, coupée dans le sens de la longueur, nue et âgée s’y prélasse joyeusement. La boue se transforme en bain de jouvence. Une autre femme se tient à ses cotés. Femme d’âge mûr, nue également, debout, sorte de Vénus sortie des eaux. Tout le monde trouve cette scène normale et de bon aloi. Je me réveille.

L’analysante ne sera pas longue à identifier la figure de la première femme, double visage de l’analyste. Nu et défroqué, il ne porte plus l’habit. Reste un hic. L’analyste étant un homme, qui était donc cette femme, « quand confronté au signifiant primordial, le sujet vient pour la première fois en position de s’y assujettir » ? C’est un cri. Celui de la femme d’à côté, visage de nouveau-né, comme reste. Corps divisé d’une analyste, ancienne élève de Jacques Lacan, Eugénie Lemoine Luccioni. Ici, femme plus vivante que jamais. L’analysante l’avait entendue, il y a bien longtemps, dans le cadre universitaire, mais surtout, elle l’avait lue. L’histoire à l’envers, Pour une politique de la psychanalyse, paru aux éditions des Femmes, dirigée par Antoinette Fouque, ce n’était pas rien ! Femmes, psychanalyse et politique liés. Que de signifiants importants mis bout à bout ! Ca lui avait parlé ! « Il suffit pourtant que le cri soit entendu pour que se constitue une chaine » écrit-elle. L’idée qu’il ne lui restait plus qu’à s’engager en politique était évident. Il faut dire que le signifiant politique avait une connotation particulière pour l’analysante. Enfant solitaire malgré la fratrie, elle avait compris dès la prime adolescence que son salut passerait par les autres de la collectivité, incarnés à ce moment là, par le groupe de gauche qui dénonçait les injustices et les inégalités ; mais l’Autre se fit tellement féroce qu’elle se laissa emportée ; une névrose hystérique prit le trait particulier d’un fantasme d’exclusion. La psychanalyse dans la cité, c’est la visée originelle portée par Sigmund Freud. Visée scientifique et politique que celle de la transmission d’un savoir inédit. C’est à ce prix et seulement à ce prix que la fin de l’analyse peut être abordée, « afin que le savoir () désigné de l’inconscient,[soit] ce qu’invente l’humus humain, pour sa pérennité d’une génération à l’autre ». Se déposséder d’un savoir, c’est faire passer ce savoir-fumier au rang de nouveau savoir afin qu’advienne un nouveau sujet. Aucun courage là-dedans. Cette histoire ne me raconte plus, pourrait dire l’analysante, je peux m’en séparer. Fin de l’histoire, début de l’hystoire.

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