par Monique Amirault
J’ai attendu la dernière limite, au seuil de la deadline, pour oser dire quelque chose sur ma passe, ce que je n’ai pas intégré dans mon témoignage des Journées. Ce n’était pas nécessaire. J’ai fait la passe dans l’enthousiasme (eh oui, j’ai l’enthousiasme chevillé au corps !) d’un moment qui, huit ans après la fin de mon analyse, fut l’occasion d’extraire, de mettre à jour et de reconfigurer un mode de jouir permettant de repérer dans l’après-coup ce qui avait été absent de ma première fin d’analyse. En un tempo fulgurant, huit années plus tard, s’est conclu un parcours analytique éclairant de ce que pouvait être une fin d’analyse orientée par le réel et débouchant sur une identification au sinthome qui ne soit pas un vain mot. À cette fin, s’est nouée la nécessité de transmettre cette modalité d’effectuation qui me semblait peu commune et m’avait prise par surprise.
Ce fut un flop total. Le cartel a très vite conclu et sans hésitation semble-t-il. Ma tendance naturelle à la soumission ne m’empêcha pas de souhaiter rencontrer les membres du cartel. Le plus-un accepta mais ne fut que silence. D’autres membres ne souhaitèrent pas s’exprimer. J’eus le sentiment de mettre en défaut le travail du cartel par une curiosité malvenue à vouloir comprendre. Je m’entendis dire au téléphone « mais ce n’est pas ça une analyse ! »
J’en restais un peu estomaquée, mais ceci ne dura pas. Réflexion faite, se confirma l’intime conviction que pour moi, c’était bien ça et j’osai, en mon fort intérieur, dire non à ce jugement étonnant.
Je continue pour autant à respecter le travail de ces collègues que j’estime, des cartels de la passe et des passeurs, ayant touché du doigt le malentendu et le réel auxquels ils ont à faire et auxquels j’ai eu à faire avec eux.
Si jusqu’ici, dans le débat sur la passe, je me suis tue, je l’ai suivi cependant avec une grande attention et me réjouis de cette refondation annoncée.