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Varia sur la Passe #74

PRECISION

 

par François Leguil

 

Cher Monsieur,

Je m’étonne que Lilia Mahjoub me prête un propos en le transformant. Elle évoque le « Secrétaire de la Passe » qui « déprimait les AE » en parlant de « la mort de la passe ». C’était l’année où j’avais la charge d’organiser une Journée des A.E. qui, avec l’aide du Directoire d’alors animé par Jean-Daniel Matet, a rassemblé un peu plus de quatre cent cinquante d’entre nous.

J’ai dit et répété plusieurs fois – jusqu’à la tribune de l’AMP, à Rome, en juillet 2006 – ceci, rien de plus ni rien de moins : « la passe est morte, comme le chat d’une légende andine : elle a neuf vies, il lui faut renaître d’une nouvelle ».

Quiconque prend le risque de se présenter à la procédure, d’y être nommé ou de n’y pas être retenu, quiconque accepte de se mettre à son service en s’y acquittant des devoirs délicats du passeur, est ensuite habité par l’invincible conviction de sa vibrante nécessité. Voilà un fait que ceux qui l’ont connu peuvent décrire d’une façon quasi viscérale. Ce n’est pas trop demander aux autres d’y croire.

Je me souviens qu’au milieu des années quatre-vingt, vous rappeliez que Jacques Lacan avouait avoir besoin pour sa Passe de « bons camarades ». N’était-ce pas dire que la procédure ne supprimait ni les valeurs de solidarité ni celle de modestie ? Un des puissants mérites de la passion que vous avez su rallumer avec la réussite singulière des Journées de novembre est qu’elle réclame un élan collectif qui exclue que l’on cède à la tentation des arguments ad hominem, mauvais inspirateurs dont on ne voit pas les bénéfices qu’ils pourraient procurer à notre communauté de travail.

Vous savez que je me sais être vôtre, dévoué : Fr. L.

[ Cher Leguil, j’ai communiqué votre lettre à Lilia Mahjoub. Celle-ci m’a précisé à son tour qu’elle n’avait pas du tout voulu citer vos propos, mais ceux des AE de l’époque : “On venait me dire ça, je ne suis pas sourde”. Il s’agissait donc de l’interprétation par ces AE du dit « la passe est morte », non de ce dit lui-même considéré dans le contexte que vous avez rappelé, et dont je vous donne acte. Maintenant, si les AE concernés désirent apporter à leur tour des précisions sur cet épisode, qu’à cela ne tienne : je publierai volontiers, car cet épisode – aussi bien le diagnostic que portait sur la passe le Secrétariat chargé d’en réguler le fonctionnement que la façon dont il a pu être entendu – intéresse indiscutablement l’histoire de la passe de ces dernières années. — JAM]