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Varia sur la Passe #74

SOUVENIR SOUVENIR


par Nathalie Georges

 

La passe à l’entrée de la « Question de Madrid » fut une surprise, un appel d’air qui littéralement me sauva de ce qui dans le discours courant s’appelle une mauvaise passe. Tels furent alors les mots qui « naturellement » me vinrent pour dire ce que Valentine Dechambre repérait hier dans le JJ comme la vitalité à l’œuvre dans cette invention alors.

Il y a aujourd’hui… dix-huit ans de cela. C’était hier : dix-huit ans pour comprendre que le temps ne fait rien à l’affaire. Sicut palea. Pour comprendre ce que comporte de conséquences véritables un véritable « ne pas comprendre ». Ne pas comprendre et pourtant conclure. Là, l’atmosphère se raréfie à nouveau, et pourtant le sommet est au ras des pâquerettes. Mais je suis en train de saisir un point crucial pour moi :

Là où était le Witz, la bonne humeur doit advenir.

Jam parlait il y a quelques jours dans le JJ de « notre bonne humeur », contrastant avec la fibre mélancolique des signataires de l’Appel des appels (dont je fus, ainsi que l’association des Psychologues freudiens, par souci d’apprentissage (âpre en tissage) politique). Contraste de contraste (c’est souvent ainsi que « ça pense »), cela m’évoqua Freud et sa mauvaise humeur, Freud qui, rencontrant le reflet de son visage de barbon dans un sombre miroir de chemin de fer et tardant à se reconnaître, ne s’attarda pas pourtant au-delà de cet instant sur le chemin d’un plus de savoir. Le nom, index d’une désidentification radicale, voilà qui passe l’imagination.

En même temps mais est-ce le même ? une phrase tombée de la bouche de mon analyste poursuit son long feu aride : « je ne vous ai pas nommée passeur, non pas que…. mais…. ». Autrement dit : « mange ton Dasein, encore ». Or, on ne parle pas la bouche pleine, et il s’agit de passer de taceo à silet.

La passe est donc passée. Je l’ai passée, le n°27 de La Cause freudienne en rend compte dans une langue que j’ai aujourd’hui cessé de parler. Je n’ai pas été nommée AE et mon Dieu, rrrheusement.

Aujourd’hui elle est derrière moi, je ne cesse plus de m’en séparer. Passtration ? ce qui me pousse à me hâter lentement vers une bonne humeur de bon aloi ?

Et je dis cela, sachant que je n’en sais rien, mais je le dis, sans me forcer, pressée seulement ce soir, par le désir d’accrocher le wagon de ma solitude neuve au train de l’école qui renaît.

Or, l’école n’est pas un train. Elle est un crible : lieu où passer et repasser, entre horreur et erreur, à l’heur qui n’est pas de tous. — le 10 décembre 2009