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Varia sur la Passe #72

SUR UN « ABUS DE POUVOIR »

Lettre à Jacques-Alain Miller

par Lilia Mahjoub

 

Votre expression qualifiant les modifications du règlement interne de la passe d’« abus de pouvoir » m’a fait éprouver un grand sentiment d’injustice.

Ces modifications, je vous en avais parlé, et je vous les avais envoyées, car celles-ci ne pouvaient se faire sans votre accord, étant donné que c’est vous qui aviez écrit, en effet, ce règlement en 1982.

Pourquoi ces modifications ont-elles été faites ? Il y avait plusieurs raisons à cela.

Il y avait depuis quelques années une désaffection de la passe. Les Cartels étaient silencieux. Ce que le Collège avait produit avait été méconnu et inexploité. Les débats de ce qui s’est appelé le mini-Collège étaient restés dans le tiroir. Les AE se plaignaient : du peu de fréquentation de leur Soirée ; de la façon dont le Collège s’était tenu et de l’esprit qui y régnait ; du Secrétaire de la passe qui les déprimait en annonçant la mort de la passe.

Sur tout cela, le Conseil, puis, à partir de 2005, le Bureau et le Conseil, se trouvaient réduits à l’impuissance. Nous assistions à un empoisonnement lent mais sûr de la passe. Après vous avoir consulté plusieurs fois à ce sujet, et donc sur vos conseils et avec votre accord, nous avons pris les mesures suivantes :

1) novembre 2006 : suspension du traitement des demandes d’entrée dans le dispositif de la passe, et annonce d’un temps de réflexion ;

2) 21 janvier 2007 : tenue du Séminaire de réflexion sur la passe, auquel vous avez participé, et qui a été publié en brochure pour les membres.

3) 4 avril 2007 : le règlement intérieur stipulait que « la composition et le fonctionnement de la Commission de la passe seront définis à l’issue d’une réflexion devant intervenir en 2007 » : c’est ici qu’il fallait que le Bureau décide.

Qu’avons-nous décidé ?

a) nous avons retiré des mains du Secrétariat le pouvoir qu’il avait sur la procédure pour le donner au Bureau lui-même, afin que celui-ci puisse veiller à ce que certaines choses se fassent : la tenue du Collège, les enseignements des Cartels, tout ce qui s’était arrêté petit à petit, au fil des années ;

b) jusqu’alors, le Secrétariat de la passe était confié à des sortants des Cartels de la passe ; nous avons modifié le règlement afin que ce soit le Bureau qui propose la liste des membres du Secrétariat à l’approbation du Conseil ;

c) c’est ainsi que le Secrétariat alors en fonction, et composé de quatre membres – Fr. Leguil comme Délégué du Conseil pendant quatre ans, A. Merlet, P. Monribot, et M.-H. Roch – a été remplacé par un Secrétariat de trois membres nommés pour deux ans – Francesca Biagi, Philippe La Sagna, Yasmine Grasser –, libres alors de toute autre fonction.

Voilà le contexte exact dans lequel s’inscrivaient les modifications du règlement de 1982. Je souligne que je vous ai toujours tenu informé de toutes nos démarches.

La question des enseignements

Lorsque nous étions ensemble dans un Cartel de la passe en 1990-1992, avec Éric Laurent, Alain Merlet, et Geneviève Morel, nous tenions des « Après-midi de la passe ». Nous étions alors membres du Conseil tous les deux, et j’étais Directrice adjointe, ce qui m’a permis de veiller à l’organisation de cet enseignement. Je pourrais voir quand et comment les enseignements des Cartels se sont arrêtés.

Lorsque je suis entrée dans ce Cartel 2008-2009 qui va bientôt prendre fin, j’ai provoqué une réunion pour que nous fassions un enseignement, sous la forme de « Matinées de la passe ». Deux ont pu se tenir, et ont donné lieu à des publications. Après, il y a eu l’affaire du CPCT. En juillet à Barcelone, je me suis à nouveau démenée pour que nous organisions une troisième « Matinée de la passe ». On devait la faire à cette rentrée, en octobre, mais cela n’a pas paru possible. Je pourrais développer.

 

[Chère Lilia, je vous donne acte, bien volontiers, de cet « exposé des motifs » de la décision du Conseil. Je ne mets pas en doute vos intentions, et je me souviens en effet de plusieurs coups de téléphone où vous m’avez à la fois informé et interrogé. Je me souviens aussi vous avoir témoigné de mon malaise devant la procédure choisie (modification par le Conseil, non par l’Assemblée), si bien que j’ai eu le sentiment – des sentiments, j’en ai, moi aussi – d’avaliser un abus de pouvoir. Mais il y avait urgence, et une relance de la passe me paraissait en effet indispensable. Puisque le Bureau se proposait de l’accomplir, je n’allais pas me mettre en travers. Cette relance a-t-elle eu lieu ? Si c’était le cas, nous n’en serions pas là. — JAM]