par Philippe La Sagna
En lisant le JJ, me venait, face aux remarques, critiques, rectifications, réponses, justifications des uns et des autres, aux précisions aussi, que, certes, tout n’était sans doute pas toujours exact, en effet, mais très souvent vrai, quand cela vient de la bouche des passants !
Lors du Collège de la passe, ma contribution, à la fin, était de demander pourquoi se fixer sur le passeur – je pensais : parlons de l’AE. De là à proposer une réformette, mettre plus de passeurs, il n’y avait qu’un pas, vite franchi, par ma hâte ! Le remède est insuffisant !
Ce qui est vrai, c’est qu’il n’y a plus de Collège. Il était mort et ne le savait pas. Épargnons-lui le réveil dimanche prochain, troisième réunion annoncée, et pensons donc, l’esprit neuf, aux deux journées du 16 et 17 janvier.
Il y a quelque chose dans la procédure d’une forme qui surgit en 1967 à la suite de l’événement École de Lacan. En 1982, il y a l’événement ECF, et la création de la forme de la passe 2 que nous connaissons – mais aussi, surtout, la distinction de la passe 1,2,3 par Jacques-Alain Miller.
L’accent en 1967 est sur la passe 1, soit la passe dans la cure. Ensuite, sans doute par un malentendu, on se passionne avec la passe 2, la procédure, la forme les finesses, les passeurs pour masquer l’AE. On en sort par la mise en avant de la passe 3 : les AE parlent en analysants ; à Strasbourg d’abord, ailleurs ensuite. On saisit que ce moment est crucial, et qu’il interroge la passe 1, « la forme canonique de la traversée du fantasme ». On voit que s’inaugurent là dix années d’embellie, visibles sur le tableau de Yasmine.
Depuis 2007, on devine qu’il y a quelque chose dans la forme de la passe qui ne colle plus à l’événement, et donc l’arrête. C’est visible aussi sur le tableau. On devine que la passe 3 demande sans doute quelque chose du plusieurs. Et qu’il faut non pas limiter cette étape, mais la booster.
Aujourd’hui, l’événement Journées fournit la réponse, et détermine des formes à définir en janvier dans l’institution. Si une forme n’a pas surgi avant, c’est à cause de ratages divers des uns et des autres, de la timidité de nos initiatives. Le temps est venu d’une autre passe qui colle à l’événement que constituent ces Journées – Journées qui sont à lier à l’événement des Forums, mais aussi à l’événement du tout dernier enseignement de Lacan… Et du paysage au delà, qu’on ne voit pas, mais dont on sent maintenant qu’il existe. Lacan en 1967 voyait dans le psychanalyste quelqu’un susceptible de répondre aux questions que pose le siècle : l’être, la consommation, la science, les camps, l’imitation sociale des groupes.
L’analysant dans la passe est l’agalma. L’École doit créer la forme institutionnelle, précaire et vive, qui lui permette de devenir cet AE qui s’inscrit comme le signe que l’Autre n’existe pas. Il ne suffit pas peut-être ici de l’agalma pour cette passe qui fait de l’AE une certitude. Cela nécessite aussi que, avec les Forums, nous prenions en compte les problèmes du siècle.