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Lettres & messages #81

Blanca Perez Flament, Ni jeune, ni psychologue, ni psychiatre

« Après des années d’enseignement de Lacan, avec ce qu’il nous dit du discours du maître, nous voilà à tu et à toi avec les municipalités, les conseils régionaux, les ministres, et nous disons tout le temps :  » merci « . Devoir nous défendre, c’est une chose, mais maintenant, entre nous, installer le discours du maître, après tant d’années… C’est quelque chose que je ne comprends pas – et que vous allez m’aider à comprendre. »

Vous reconnaissez ? Entretien d’actualité 33 du 16 décembre 2008.

C’est avec un certain soulagement que je lis dans le JJ les interventions d’Yves Depelsenaire et de Philippe Hellebois Je me sens allégée. Allégée du poids de ce que, de ma place d’analysante, ni, ni, ni, ni jeune, ni psychologue, ni psychiatre (çà, çà reste un regret), je ne pouvais guère m’autoriser à dire.

Ni jeune : parce que j’ai différé de circonvolution en circumnavigation, une démarche analytique. Ni psychologue : parce que lectrice de Freud et des anti-psychiatre à l’adolescence, naïve mais radicale, je ne voyais chez les psychologues et la psychologie qu’une réduction primaire du sujet à des schémas pré-établis. Ni psychiatre, parce que mon histoire personnelle, subjective, mon symptôme, (la liberté ou la mort), voulait que je préfère la fugue à tout engagement.

Dix années d’analyse, avec une analyste inscrite sur l’annuaire de l’école, donc pas n’importe quelle analyste, m’ont amenées après d’autres détours, circonvolutions, circumnavigations, à me dire qu’après tout, j’avais peut être envie d’y entrer. Trop tard, lui disais-je, trop vieille. Pas légitime (ni, ni). De forcing en bousculade, cette analyste, de la jeune génération, m’a incitée à prendre la mesure du mon désir et la dimension de renoncement associée à chaque pas en arrière que je faisais (la liberté ou la mort).