Catégories
#83

Caroline Pauthe-Leduc, Contrat et politique de mort

Qu’est-il attendu des demandeurs du RSA ? Il s’agit d’être assuré que le travail paie et que l’inactivité coûte. « Sans renoncer au devoir ordinaire d’assistance », est-il exposé sans rire, « la collectivité se propose d’aider les plus pauvres à s’aider eux-mêmes par le travail, le changement d’attitude supposant de leur part un arbitrage réfléchi ». « Pour les personnes qui ne travaillent pas, l’accompagnement repose sur une logique de droits et de devoirs. » Nous y voilà. Le contrat « librement débattu » entre le bénéficiaire et le représentant du département atteste « leurs engagements réciproques en matière d’insertion professionnelle ». Librement ? Quelle liberté a-t-on quand l’enjeu de la négociation porte sur les subsides nécessaires à la vie même ? Le demandeur est ainsi tenu de donner non seulement les preuves de sa soumission, mais encore le signe de son consentement à ce qu’on lui inflige. Preuves de recherche d’emploi, de création de sa propre activité, ou de suivi des actions d’insertion qu’on lui « prescrit ». En cas de manquement « sans motif légitime » à n’importe quel terme du contrat, ou s’il refuse deux offres « raisonnables » d’emploi, le versement du RSA sera suspendu.

Celui pour qui travailler est impossible, pour des raisons diverses, est perçu comme une anomalie à supprimer. Avec le RSA, l’effet de ségrégation va encore se radicaliser. À bon entendeur ! Ne manque plus à présent que l’effort renouvelé des urbanistes pour empêcher les clochards de s’asseoir.