J’aurai dans quelques années le double de l’âge de Jean-Claude Trodaec (JJ N°80), je ne fais donc pas partie de la nouvelle génération, celles des forums. Je ferais plutôt partie de cette génération d’analysants aspirant analystes qui la précède. Si je vous écris, c’est qu’il ne me semble pas avoir lu de témoignage de cette génération.
J’ai bourlingué, d’abord proche de l’ECF, du fait de l’appartenance de mon premier analyste à cette école. Mais j’étais jeune et bien que mon désir de devenir analyste ait pu se dire lors de cette première cure, ce n’est pas là qu’il a mûri, qu’il s’est affirmé. Première cure donc et un acting out qui me jette loin de ce premier divan, heureusement pour m’allonger sur un autre, car mon transfert à Freud et à la psychanalyse n’avait pas été entamé.
Mon second analyste était aussi lacanien, sans doute parce que j’étais lacanienne avant même d’avoir lu Lacan et que tout ce que je découvrais en le lisant me parlait, même si je ne comprenais pas tout, loin s’en faut ! Mais le seul fait que Lacan nous mette en garde contre « la comprenure » m’allait vraiment bien. Je le suivais, Lacan, aveuglément, manquant sans doute de cette critique que pourtant il appelle chez ses lecteurs et qu’il disait apprécier de ses détracteurs qui seuls savaient le lire.
Mon analyste n’était pas de l’ECF, j’appris qu’il avait été membre du 4ème groupe et quand j’ai commencé à m’intéresser à son école, il a rectifié : « feu La Convention… »
Cette deuxième cure, accompagna la fréquentation de lacaniens qui se tenaient loin de l’ECF avec plus ou moins d’acrimonie. Pourtant mon analyste, qui faisait son boulot, ne fit pas obstacle à mon choix de me rapprocher de l’ECF, même si il ne m’y encouragea pas. Il y eu les journées d’Automnes que je me mis à fréquenter régulièrement, admirative du travail qui s’y témoignait. Mais c’est à mes difficultés dans la clinique avec les toxicomanes que je dois mon « retour » vers l’ECF. La lecture d’un article me conduisit en contrôle chez son auteur et le transfert qui s’instaura me ramena « naturellement » vers l’ECF. Puis il y eu la section clinique et enfin ma demande d’entrée à l’ACF de ma région pour y inscrire mon travail et apporter ma contribution à ce qui s’y organisait.
Troisième temps : ce mouvement vers l’ECF s’accompagna du choix d’un nouvel analyste membre de l’ECF cette fois. La boucle était bouclée. Quel parcours en chicane ! Plus près de toi mon désir impossible ! Sans doute. Ma structure m’avait aidée à remettre à plus tard, tant et si bien que j’avais fait mon deuil d’une entrée dans une école de psychanalyse, rejoignant le cortège des lacaniens « atomisés » se tenant loin des écoles… qui se tenaient loin d’eux. L’ECF agalmatique, puissante, n’y faisait pas exception.
Aujourd’hui, moi qui suis encore pour partie, belle au bois dormant ou demi-morte, selon la formule qui dit le verre à moitié plein ou à moitié vide, je me réveille avec cette école, l’ECF, qui se secoue d’un long sommeil… Puisse le réveil continuer sa métamorphose et vous, cher Jacques-Alain Miller piquer encore de votre aiguillon ! – Le 11/01/10