Eoik, Do, chères,
Admirable, ton texte Vero, je m’y retrouve un peu dans ce que dit Thierry de Duve « au nom de l’art ».
Je brûle d’envie de répondre de suite sur 2 ou 3 choses.
Devant le feu de cheminée, que je viens de réveiller, une fois de plus, c’est mon p’tit plaisir d’hiver, de taquiner la mort: vais-je pouvoir raviver le feu au petit matin à partir des cendres mourantes. Résultat, un nom possible de l’impossible pour moi : la mort ne meurt jamais. Tiens donc?
L’art, une pratique symbolique particulière du réel? En quoi? Et pourquoi pas singulière?
Je ne peux m’empêcher de faire entrer en résonance le « fais n’importe quoi » de l’artiste avec le « dis n’importe quoi » de l’association libre. Dis, fais n’importe quoi, et il n’en sortira pas n’importe quoi!
Donc, la différence n’est pas tant au niveau de la visée que du moyen: le « Bien-faire » pour l’artiste, le « Bien-dire » pour l’analysant. Peut-il y avoir rencontre entre les deux? Oui, comme entre un homme et une femme: ratée.
Je pose: l’art est une pratique du « Bien-faire ». Mais qu’est-ce que le faire? Là, je passe à une navigation à vue, sans GPS, hasardeuse. Je me risque: le faire est une pratique pulsionnelle malgré le fantasme, au-delà de lui! Que devient la pulsion au-delà du fantasme, se demandait Lacan? Provocateur, je réponds: une œuvre d’art!
Ça pourrait bien être une pratique de la pulsion, avec un objet particulier, mentionné une fois par Lacan, 2 ou 3 fois par Miller: la musculature, le mouvement corporel. ( je pense au « penser avec les pieds » de Lacan)
Autre point: pas d’art sans regard! Et
Pas d’œuvre d’art, si elle est « toute seule ». La réitération fait la série, ce qui fait sérieux et crée deux choses énigmatiques: ce qui ne se dit pas dans ce qui se trace; et la naissance du « traceur » dirais-je !
L’art, n’est-il pas une pratique du trait?
Il fait encore nuit, le jour se lève timidement , le feu est à point, et je vais laisser s’endormir mes pensées.
Bises
Alain