Chers,
Jules (qui trouve qu’il faudrait une Escapade tous les mercredis) lors de notre escapade à l’exposition Munch a voulu chercher ses « i » .
A trouvé (et photographié) celui-ci, que nous connaissions,
Et plus tard décrété que le i, le point du i, jaune, c’était ça:
(tiens, de quelle peinture il les a extraits, ces troncs?)
Puis, j’ai voulu revoir les i que j’avais publiés sur le blog, et je suis tombée sur celui-ci
avec ce texte de Munch :
The Tree Stump
The stones protruded from the shallow water far far out, they looked like a whole family of sea people, large and small, who moved and stretched and made faces, but silently. You could see a little of the moon, large and yellow.
Stubben
Stenerne raget opad det grunde vand langt langt ud, de så som en hel familie af havmennesker store og små som bevægede sig og stragte sig og skar ansigter, men stille. Der så man lidt af månen gul og stor
Marrant non…
à plus plus !
!eoik
voir, lire : Le point du I. Précis d’érudition pointilleuse : http://www.franceculture.fr/emission-l-essai-et-la-revue-du-jour-le-point-du-i-la-revue-des-revues-2013-10-25
je cite :
« Un objet minuscule, mais qui ouvre de grandes perspectives au carrefour de l’histoire, de la langue et de l’écriture : le point du i, saviez-vous par exemple que la différence entre infime et infinie tient à ce pointage sur un jambage, comme disent les typographes ?
Le point du i qu’on appelait en vieux français le clinchete a tardé à s’imposer, tout comme la ponctuation, d’ailleurs. Longtemps la lettre i fut dépourvue de son point, ce qui entraînait régulièrement des erreurs des copistes, surtout à l’époque de l’écriture gothique avec l’importance visuelle des jambages, faisant du trait du i l’unité calligraphique de base. Les confusions étaient fréquentes, comme entre unum et vivum, composé de dix traits de plume qui pouvaient tous passer pour des i. D’après le grand imprimeur Firmin Didot, c’est pour remédier à cet inconvénient que les humanistes de la Renaissance avaient fait « tomber une pluie d’y sur l’orthographe française » au grand dam des puristes et des amateurs du bel upsilon. Et même au XIXème siècle, ce que Pierre-Michel Bertrand appelle joliment cet « atome d’encrier » n’était toujours pas de rigueur dans l’écriture courante. Pourtant, le point du i fait partie intégrante de l’image sémantique d’un mot. Il suffit de se représenter par exemple le mot minimum sans ses points pour le comprendre. Et comme l’écrit l’archiviste et historien Elie Brun-Lavainne, cité par l’auteur, « privé de son point, l’i n’est plus qu’un corps sans âme ».
C’est si vrai que cette lettre qui évoque tant la silhouette humaine à cause de sa verticalité est à l’origine de la graphologie. Son fondateur, Jean-Hippolyte Michon, considérait même le point du i comme la « particule originelle » à partir de laquelle fut inventé « l’art de connaître les hommes d’après leur écriture ». La manière dont on met les points sur les i serait révélatrice du caractère. Chétif, il dénoterait un manque de conviction, vigoureux, une nature sensuelle, pâteux, des instincts vulgaires, en forme d’accent, comme chez Dumas, « l’ardeur, l’entrain, les penchants impétueux ». Attention au point en forme de rond, qui peut donner un air de fête sur un logo de graphiste, mais dans une copie d’élève, il trahirait selon la graphologue Monique Minet – je cite « une véritable stase de la libido, indiquant que la problématique œdipienne n’a pas été résolue ». Placé haut, le point révèlerait « la vivacité, l’imagination, l’irréflexion » et porté en avant du i, le caractère du « sanguin dynamique et du nerveux intelligent ».
« Mettre les points sur les i » est de fait plus impérieux et tranchant que « mettre les pendules à l’heure », qui suppose un accord entre les parties. « Explique-toi clairement, cela ne coûte pas cher, les points sur les i » fait dire à La femme française Aragon dans Le Libertinage, en écho sans doute à un proverbe qui veut qu’en affaires il faut savoir mettre les points sur les i, la dépense d’encre n’en étant augmentée que de peu. La publicité a fait grand usage de l’expression, comme cette marque de stylos destinés à « ceux qui aiment mettre les points sur les i. ». Les poètes s’y sont risqués aussi. L’auteur cite le Cyrano d’Edmond Rostand, « un baiser… Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer », mais surtout il rappelle la véritable bataille d’Hernani déclenchée avant la lettre par un jeune poète romantique d’à peine dix-neuf ans pour ces vers : « C’était dans la nuit brune / Sur le clocher jauni / La lune / comme un point sur un i. ». Le poème, paru dans le recueil intitulé Contes d’Espagne et d’Italie, était caractéristique de la fantaisie et de la désinvolture de la première génération romantique et il souleva une tempête de protestations et de critiques de la part des gardiens du temple de Racine, certains allant même jusqu’à réclamer – je cite « que la police se mêle de pareilles publications, qui sont attentatoires au repos des citoyens et à leur santé ». L’un d’entre eux, plus avisé, entreprit de se placer au niveau de la frasque espiègle de la métaphore lunaire, en faisant répondre par la lune à Alfred de Musset : « Quelle heureuse rencontre ! / Mon poète joufflu / Se montre / comme un O sur un Q ».
Jacques Munier »