L’entretien avec Jean-Pierre Raynaud paru dans La cause du désir n° 80, p. 118-130 (revue de l’ECF, nouvelle version) est une mine pour travailler cette question.
« C’est sur ce versant que j’attends les artistes, qu’ils prennent le risque d’aller jusqu’au bout, sans pour autant faire n’importe quoi, ni créer de confusion. L’art peut servir de détonateur et, du coup, la responsabilité de l’artiste est très importante. Il faut s’affranchir de la censure et prendre ses responsabilités, mais on ne peut pas, sous couvert d’art, faire n’importe quoi. Il faut à l’artiste une ligne claire, une intégrité, une éthique. (…). C’est là que se pose la question du but d’une œuvre d’art. On ne le sait pas très bien, on ne sait pas à quoi ça sert ni ce que c’est. La Maison a eu un statut artistique parce qu’on ne lui en a pas trouvé d’autre, et je l’ai assumé comme tel, sachant que ce n’était pas un objet d’art comme les autres. Du reste, je lui ai fait subir un autre destin que de terminer dans un musée comme les momies égyptiennes. » (p. 128-129).
On sait que, cette Maison, après avoir consacré vingt-cinq années de sa vie à la métamorphoser, Jean-Pierre Raynaud l’a détruite lui-même :
« A moi, la beauté ne fait pas peur. Je me dis au contraire que plus la chose sera belle, plus sa disparition sera intéressante, puisque c’est de la disparition de la beauté elle-même qu’il s’agit alors. Plus la chose est parfaite et plus j’ai de jouissance à sa disparition… » (p. 124).