Tout art est défectueux, nous dit Lacan le 13 novembre 1968, à son séminaire qu’il nommera D’un Autre à l’autre. On sortait de mai 68, je rentrais en seconde à l’école normale de Lescar, et j’ignorais de fond en comble la psychanalyse, bien qu’ayant déjà essuyé une dépression, avec son front chaud – peur de mourir – et son front froid – l’ennui. De cette passe à vide, je ne retiens que le triomphe de sa sortie: je guéris dès que j’entendis le docteur dire à ma mère inquiète » Il n’a rien… C’est juste une dépression nerveuse, comme vous.«
Ainsi fus-je encombré d’une parole non défectueuse, qui fit mouche et m’hypnotisa longtemps rendant caduque toute interrogation sur son idiote existence.
C’est de tomber, à nouveau mais bien plus tard, sur une défectuosité, celle-ci d’amour, d’a-mur plutôt, que l’inconscient s’imposa à moi comme un compagnon fréquentable.
Je lis cette provocation de Lacan, la page 14 où elle s’inscrit, avec la boussole qui l’oriente: il y construit a comme la référence du sujet, au-delà de l’Autre. Ce n’est pas sans rapport avec le pot de moutarde de la page suivante, et de ce qu’il dit de son acte, à la page précédente: » Dans mon acte, je ne vise pas à l’exprimer (ma pensée), mais à la causer. »
L’acte cause? L’acte comme cause du sujet, du « hors-de-sens des propos »? N’est-ce pas d’être vide, défectueux, qu’un mot prend sa valeur de mot, pour représenter cette fois-ci un manque ( soit un sujet) pour un autre mot?
Je ne saurais trop vous recommander cette leçon introductive, qui recèle d’autres perles, par exemple celle-ci: « l’essence de la théorie analytique est un discours sans parole! «
Son nom est alléchant: de la plus-value au plus-de-jouir.
Bonsoir,
Alain