le spectacle ; la destruction extrême du langage et la congélation de l’ancienne culture

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cher guy,
 
 à propos du texte que tu nous as envoyé, questions :
sais-tu à quoi Debord pense (comment il explique) quand il parle
  .  de « destruction extrême du langage » et
  . de cette fonction du spectacle qui consisterait à « faire oublier l’histoire dans la culture » (de congélation de l’ancienne culture )?

 ça m’intéresserait,

 merci,

 ta,

  v
 
  nb : comme tu sais, comme vous savez, je m’intéresse à « l’oubli de   l’histoire » et j’ai le sentiment d’avoir le langage extrêmement détruit.

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 Cher Guy,

A ce propos, tiens, de la « destruction extrême du langage », je tombe sur ces images (de Blutch dans Mish Mash, Éditions Cornelius). les scans sont un peu flou, mais.. l’esprit demeure, je crois…

Véronique

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bonjour

bien sûr que je sais
mais je regardais un épisode de x-files, je dormais puis me réveillais,
prenais un café et finalement maintenant que je suis au travail je peux ne
pas m’y livrer
http://i-situationniste.blogspot.com/2007/04/all-kings-men.html
là c’est un peu romantique mais
ça se lit
voilà pour le langage

ah oui l’histoire

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L’histoire qui est présente dans toute la profondeur de la société tend à se perdre à la surface. Le triomphe du temps irréversible est aussi sa métamorphose en temps des choses, parce que l’arme de sa victoire a été précisément la production en série des objets, selon les lois de la marchandise. Le principal produit que le développement économique a fait passer de la rareté luxueuse à la consommation courante est donc l’histoire, mais seulement en tant qu’histoire du mouvement abstrait des choses qui domine tout usage qualitatif de la vie. Alors que le temps cyclique antérieur avait supporté une part croissante de temps historique vécu par des individus et des groupes, la domination du temps irréversible de la production va tendre à éliminer socialement ce temps vécu.

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Ainsi la bourgeoisie a fait connaître et a imposé à la société un temps historique irréversible, mais lui en refuse l’usage. « Il y a eu de l’histoire, mais il n’y en a plus », parce que la classe des possesseurs de l’économie, qui ne peut pas rompre avec l’histoire économique, doit aussi
refouler comme une menace immédiate tout autre emploi irréversible du temps. La classe dominante, faite de spécialistes de la possession des choses qui sont eux-mêmes, par là, une possession des choses, doit lier son sort au maintien de cette histoire réifiée, à la permanence d’une nouvelle immobilité dans l’histoire. Pour la première fois le travailleur, à la base de la société, n’est pas matériellement étranger à l’histoire, car c’est maintenant par sa base que la société se meut irréversiblement. Dans la revendication de vivre le temps historique qu’il fait, le prolétariat
trouve le simple centre inoubliable de son projet révolutionnaire ; et chacune des tentatives jusqu’ici brisées d’exécution de ce projet marque un point de départ possible de la vie nouvelle historique.

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Le temps irréversible de la bourgeoisie maîtresse du pouvoir s’est d’abord présenté sous son propre nom, comme une origine absolue, l’an I de la République. Mais l’idéologie révolutionnaire de la liberté générale qui avait abattu les derniers restes d’organisation mythique des valeurs, et
toute réglementation traditionnelle de la société, laissait déjà voir la volonté réelle qu’elle avait habillée à la romaine : la liberté du commerce généralisée. La société de la marchandise, découvrant alors qu’elle devait reconstruire la passivité qu’il lui avait fallu ébranler fondamentalement pour établir son propre règne pur, « trouve dans le christianisme avec son
culte de l’homme abstrait… le complément religieux le plus convenable » (Le Capital). La bourgeoisie a conclu alors avec cette religion un compromis qui s’exprime aussi dans la présentation du temps : son propre calendrier abandonné, son temps irréversible est revenu se mouler dans l’ère chrétienne dont il continue la succession.

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Avec le développement du capitalisme, le temps irréversible est unifié mondialement. L’histoire universelle devient une réalité, car le monde entier est rassemblé sous le développement de ce temps. Mais cette histoire qui partout à la fois est la même, n’est encore que le refus intra-historique de l’histoire. C’est le temps de la production économique, découpé en fragments abstraits égaux, qui se manifeste sur toute la planète comme le même jour. Le temps irréversible unifié est celui du marché mondial, et corollairement du spectacle mondial.
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mais je crois qu’il faut tout lire, ce chapitre IV « Temps et Histoire »
etc.

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si donc, je traduis dans ma langue cette langue un peu lointaine, ça donne :

le temps est passé du temps des hommes au temps des choses

ce temps des choses n’est pas cyclique mais irréversible (sans retour)

autrefois rare, l’histoire est devenue produit de consommation courante mais uniquement en tant qu’elle est « histoire des choses » ( mode)

ce que l’on consomme couramment c’est du temps

la bourgeoisie a imposé un temps irréversible à la société mais dont elle « lui interdit l’usage » – c’est celui des choses, qu’elle ne peut que consommer, et pour le consommer il lui faut le produire, et pour le produire il lui faut vendre son temps

le temps n’a plus d’histoire, ne peut plus avoir d’histoire parce qu’il doit rester lié au temps économique qui lui, je suppose, ne peut être que le temps du mouvement en avant, une chose devant aussi vite que possible être remplacée par une autre ( ?)

temps réifié, puisqu’il s’agit du temps des choses, temps immobile, parce qu’il doit être dans le temps de la chose : l’instant, ce qu’elle comporte de promesse de jouissance (laquelle est hors-temps, dans ma langue)

le temps irréversible de la bourgeoisie a trouvé son départ dans l’an I de la république. la liberté que prônait l’idéologie révolutionnaire s’est vite vue réduite à la liberté économique. et très vite la société de la marchandise s’est aperçue qu’elle devait ramener les hommes à la passivité, et a récupéré le « le christianisme avec son culte de l’homme abstrait » et son calendrier.

le temps est devenu universel, le même pour tous, c’est le temps « irréversible unifié » « du marché mondial, et corollairement du spectacle mondial »

est-ce que cette traduction (premier jet) traduit ou trop trahit ?

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