Comment se repère l’Acte dans le livre de BHL

CONVERSATION AVEC BERNARD-HENRI LEVY, « DES GUERRES DU XXIe SIÈCLE », le 23 novembre 2011, à l’occasion de la sortie de son livre La guerre sans l’aimer

A la demande de Géraldine, je partage avec vous quelques notes prises lors de cette soirée. Au risque d’inexactitudes, car il s’agit de notes très lacunaires. Les interventions seront certainement publiées bientôt.

Dans son intervention, Anaëlle Lebovits repère un acte au sens psychanalytique dans le récit que fait BHL de la part qu’il a prise aux événements de Libye.

Anaëlle Lebovits montre en cinq points qu’il s’agit bien d’un acte :

  1. L’acte n’a de sens que quand manque la certitude. Ce qui est le cas ici. BHL fait part de ses nombreux doutes.
  2. Le choix est dicté par un impossible à supporter : devant l’impossibilité pour lui de laisser « l’ordre ancien » se maintenir, il prend le risque de la mort.
  3. L’opposition optimisme / pessimisme [qui partage l’opinion] a pour fonction d’inhiber l’acte. Il s’agissait d’opérer un dépassement dialectique, en prenant la juste position dans l’infime espace temporel qu’il avait pour le faire en emportant l’aval du Conseil de sécurité, ce qui était essentiel [avant que la Russie et la Chine ne mettent leur veto].
  4. Qui dit acte dit engager une livre de chair, ce qu’il appelle « l’emportement corps et âme » [p. 10]. Cela suppose d’engager ce qu’on n’a pas. Au-delà de ses biens (qu’il a engagés aussi), au-delà du risque encouru par le corps : en Libye, sa tête est mise à prix, en France, il suscite haine et méfiance, et le retour d’un « antisémitisme d’un autre âge ». Il reçoit des menaces de mort. Il lui faut se battre, ruser et gagner, pour rester en vie.
  5. Pour poser un acte, il faut s’en savoir responsable, soit s’en faire responsable. Il faut avoir cerné le mal en soi, ce qui évite de chercher un responsable en dehors de soi et d’éprouver de la haine.
    La solitude est la condition de possibilité de l’acte. Que BHL ait été accompagné de quelques « camarades » n’y change rien.

Réponse de BHL à Anaëlle Lebovits :

Cela va encore plus loin que l’opposition optimisme / pessimisme que vous relevez. Tout est fait pour inhiber l’acte, que ce soit par les administrations, par l’opinion… Comment déjouer cet empêchement acharné de faire, de décider et de dire ?

« L’engagement » des intellectuels est très galvaudé. Qu’est-ce qu’on met en gage ? Dans cette affaire, j’ai mis au clou des choses plus précieuses que ma vie : mon nom, ce que mon nom dit. Mes valeurs aussi, bien sûr. C’est un calcul + un pari.

Qu’est-ce qu’on met en gage, c’est la question qu’il faudrait se poser à propos de tous les intellectuels « engagés ». Cf. la préface de Sartre au Portrait de l’aventurier de Roger Stéphane. Sartre y oscille tout au long, il cherche le point de l’esprit où les deux positions peuvent se conjoindre. Il cherche la « révolte logique » [terme emprunté à ???]. C’est peut-être ce après quoi nous courons tous, nous qui sommes ici.

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MISE à JOUR du 30 nov. 2011 : le texte d’annaëlle lebovits-quenehen est publié sur le site de la règle du jeu : http://laregledujeu.org/2011/11/26/7950/lacte-dun-ecrivain/

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