« Disons pourtant la fin de l’analyse du tore névrotique.
[…]
De tout cela il (l’analysant) saura se faire une conduite. Il y en a plus d’une, même des tas, à convenir aux trois dit-mensions de l’impossible : telles qu’elles se déploient dans le sexe, dans le sens, et dans la signification.
S’il est sensible au beau, à quoi rien ne l’oblige, il le situera de l’entre-deux-morts, et si quelqu’une de ces vérités lui parest bonne à faire entendre, ce n’est qu’au mi-dire du tour simple qu’il se fiera. » (« L’étourdit », Autres écrits, p. 487-488.)
C’est tout de même curieux cette idée de Lacan sur la fin de l’analyse, la sensibilité au beau et l’entre-deux-morts… Je n’y comprends pas grand-chose. Est-ce du beau qu’il dit que l’analysant le « situera de l’entre-deux-morts » ? Ah, il faut que je relise ce texte de l’Etourdit, de même que ce que Lacan peut dire ailleurs de l’entre-deux-morts.
Si je te comprends bien, le rapport que tu fais à JP Raynaud se situe là : « Un autre raccourci, contrasté, est celui de la vie : naître pour mourir. Il n’y a que le début et la fin qui peuvent être intéressants » ?
Mais, s’agit-il d’une position de fin d’analyse ? (est-ce que ça ne ferait pas plutôt un bon (mais dur) début… 😉 ) Je trouve tellement tristes ces propos de Raynaud. Détruire pour ne pas connaître « la décrépitude » ! L’art certainement le sauve, ainsi qu’il le dit, de même que son idée de la beauté ; cependant ne serait-ce pas par trop restrictif que de situer le beau comme ce qui échappe à la décrépitude ? Et l’entre-deux-morts lacanien se situe-t-il de l’entre « naissance et mort » (faisant équivaloir la naissance à la mort), dans ce « naître pour mourir » qu’il dit ?
Nous serions une fois de plus ramenés à la lecture d’Antigone !. Ainsi qu’à une lecture de la beauté renvoyée aux classiques ! Quand je m’étonne de trouver ce terme de beau dans les propos de cet artiste, alors que la beauté dans l’art s’est tellement vue remise en cause, et par lui aussi me semblait-il, au moins pour le (trop) peu que je connaisse de son œuvre : son gigantesque pot doré dans la cour de Beaubourg, que jamais il ne me serait venu à l’esprit de qualifier de beau. Probablement n’y ai-je jamais vu que la critique par un artiste de l’institution muséale, à laquelle il appartient par ailleurs.
Dans la hâte de te voir et discuter bientôt avec toi « in real life », je t’embrasse,
Véronique
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Chères Véronique, Dominique et catherine,
1-Je crois que la beauté est de l’ordre de l’hypnose, une sorte de masque de l’objet, de l’abject, c’est-à-dire le moment où I et a sont confondus, c’est le moment amoureux aussi bien. Ce n’est pas pour rien que Lacan indique dans la note sur l’enfant de se maintenir suffisamment éloigné de I et de a.
2- Dans un article intitulé “ désirer s’insérer” paru dans un Feuillet du courtil ( à vérifier ), JAM présente la naissance du sujet comme équivalente à sa mort, soit sa mortification sous un signifiant ( S fixé à S1). Sa renaissance n’est possible qu’à ce qu’il décolle de S1, par l’articulation de ce dernier à un S2: Ouf, sauvé! En devenant un manque, que vient représenter un signifiant pour un autre. L’effacement de l’un apparaît comme origine, et vogue la délicieuse galère entre les deux morts ( la première qui donne naissance au S barré, et la seconde, réelle.)
3- la beauté, par exemple de l’acte, n’est que le masque de son horreur, son refus?
Voilà ce qui me vient à l’esprit, à vous lire sous le crépitement du feu de cheminée.
Bonne soirée, mesdames, et samedi!
Alain
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ah bien merci alain
pour ces réflexions du coin du feu
ping pong :
en 1- tu ou vous, je m’en rends compte, n’avez crainte de mettre des mots où je refuse, encore. par ailleurs, je crois qu’il est vrai que la beauté a cessé, au moins en certains endroits de l’art, contemporain s’entend, d’être ce qui compte (levée des voiles, du masque justement) (du fait de la chute ( ?est-ce le mot) de I, l’idéal
en 2 – je trouve ça très intéressant ce que tu dis. ça n’enlève rien cependant à la tristesse des propos de raynaud? ou non ? ou la délicieuse galère « La création, pour moi, c’est une ivresse. » a-t-il trouvé à la vivre (la métaphoriser ?) dans son art ?
3 – décidément, à l’acte, de l’acte, je ne connais rien
bonsoir alain, bonsoir à vous tous,
véronique
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Eh oui, Véronique, la tristesse reste, parce qu’est refusé le comique phallique: il ne veut pas voir faner une fleur, il veut la montée en puissance mais pas la descente ! Plutôt détruire que voir vieillir!
L’acte est du domaine du réel, normal qu’on y comprenne pas grand chose. Par exemple, est-ce un acte de n’être?
Bonne nuit Véronique, bonne nuit aux lecteurs.
Alain