Platonov mais… à la Cartoucherie

Chers amis escapadeurs,

Voici quelques nouvelles de la dernière représentation de « Platonov mais…», et de nos échanges après, ce dimanche à la Cartoucherie. J’ai trouvé cette pièce époustouflante, avec des moments très stylés de comédie musicale, et des acteurs très énergiques portant à rire, grincer, pleurer … vivre!

Le personnage principal, Platonov, est aux prises avec une sorte d’errance de l’été dans un Domaine où se retrouvent plusieurs couples amis, plus ou moins oisifs et où règne l’ennui. « Welcome summer, bye bye winter» scande l’entrée de chaque personnage et leur attente.

Il n’y a plus que l’amour et ses intrigues pour espérer se réveiller et sortir de cette torpeur, mais finalement sans succès.

Platonov séduit et se fait séduire par 4 types de femmes différentes:

(Une des 3 actrices joue deux rôles, présentés donc comme l’endroit et l’envers.)

-1 Sa femme, marionnette-poupée, mère de leur enfant, -1 bis, la même actrice, une femme qu’il rejette cyniquement après lui avoir fait avouer qu’elle l’aime.

            « plus on les maltraite, plus elles vous aiment » .

-2 Son ex-amante, étudiante, à nouveau troublée par lui.

-3 La maîtresse du Domaine, surtout maîtresse d’elle-même, « maîtresse-femme », phallique en diable, qui a jeté son dévolu sur lui. Elle finira par l’avoir malgré lui, en l’attrapant par les penchants du corps, démontrant, si c’était nécessaire que « l’homme est le sexe faible » (ceci est une citation de Lacan).

 Pourtant, de celle-ci (3), il ne souhaitait que l’estime

Car c’est la seconde (2), l’ex-étudiante qu’il désire à nouveau, surtout depuis qu’il apprend qu’elle a épousé son meilleur ami…et il parviendra à ses fins, ne sachant plus qu’en faire après.

Enfin, des deux premières (1 et 1 bis), il attendait l’amour, d’être aimé seulement.

 Il est régulièrement « un extra-ordinaire sale-type », et ne sera pas sauvé par l’amour.

Dans cette pièce, on a le sentiment d’un objet rebut, qui plane dès le début et se refile comme une patate chaude d’un partenaire à l’autre :

Déjà ce Domaine, où il n’y a plus assez d’argent pour qu’il soit entretenu correctement ou inviter sans traiter les invités de « pique-assiete ». Cela représente la déchéance d’une partie de la société russe à un moment.

Platonov lui-même se situe comme le rebut d’un bel avenir que ses études auraient pu lui donner, mais qu’il a abandonnées, après la mort de son père, un père mort désabusé. C’est au cours de ces études qu’il avait rencontré la belle étudiante et l’avait convaincue une première fois.

Mais il est le rebut de toute chose, de toute cause, et , in fine, de tout amour, après l’avoir tenté auprès de ces trois figures de femmes.

Un peu comme Don Juan dont est dit ( toujours par Lacan) que « les désirant toutes, il n’en désire aucune», il me semble plutôt ici qu’il n’en aime aucune ! et surtout ne s’aime plus lui-même.

Cet objet rebut, suite logique du narcissisme mis à mal par l’abandon d’amour ne sera pas, pour chacun et chacune, traité par l’amour.

Cela ne lui sera pas pardonné!

Il sera tué.

Mais devinez par laquelle??

Bien à tous,

Catherine Decaudin

{ lun. 16/04/2012 23:05 }