Je viens de voir que Faust sort aujourd’hui enfin en France.
S’il n’y a qu’un film à voir en 2012, c’est bien celui-là! Revenir enfin aux fondamentaux de l’art cinématographique et démystifier le tropisme nord-américain culturel sur le contrôle et le pouvoir.
Si vous n’avez pas vu les trois films de la trilogie déclinant ce thème à travers Hitler (Moloch), Lénine (Taurus), Hiro Hito (Soleil) et conclue par ce Faust, je vous conseille particulièrement Soleil, l’esthétique qu’impose l’impérialité japonaise est éblouissante.
Bon, puisque vous aimez particulièrement jouer avec les mots, et même si dans le film très peu du texte original de Goethe est audible et/ou reconnaissable, ce célèbre passage où Faust va signer le pacte avec le diable s’entend, et comme il s’attache à la « faute » d’orthographe dans son âme, je vous souhaite une bonne séance (de cinéma) avec Goethe revisité par Sokurov à mettre aux côtés de Béla Tarr sur la pagode des maîtres :
« Da sind ja lauter Fehler. »
« Tje. Ach wirklich? »
« Meine Se… Seele mit zwei E. »
« Mit zwei E. Sehr schön. »
« Nach der natürlichen Trennung von meinem Leibe. Ja. So ist es richtig.
Ich habe keine Tinte mehr. »
« Ohh, was für ein Jammer. Wie wäre es mit Blut? Sie waren doch bereit, mit Blut zu schreiben. »
La traduction n’est jamais aisée mais là encore moins.
Quand on apporte à Faust le contrat à signer, il constate une faute dans le mot « âme » : « Seele » qui s’écrit avec deux e est visiblement écrit avec un seul e. Donc, en gros, traduction à la malik en gardant l’esprit plutôt que la lettre :
« Il y a là de grandes fautes. »
« Ah bon, vraiment? »
« Mon a… âme avec un accent circonflexe. »
« Avec un accent circonflexe. Très bien. »
« …après la séparation naturelle d’avec mon corps. Oui. C’est juste ainsi.
Je n’ai plus d’encre. »
« Oh, c’est ballot. Et avec du sang? Vous étiez bien prêt à écrire avec du sang. »
Malik