Chère Géraldine,
Je viens de publier ton texte, « Saya Zamurai, le roi est nu », qui éclaire pour moi encore différemment l’objet de nos discussions actuellement. Tu rattaches le sabre, l’épée, au phallus, et tu lui restitues plus clairement que nous n’avions pu le faire Dominique et moi, sa fonction d’instrument du désir. C’est bien au désir qu’une place est restituée dans ce film, cela je ne l’avais pas aussi bien aperçu, ni articulé ( phallus, signifiant du désir, et du mystère des générations, du sexe, de l’amour et de la mort)
Quant à moi, je m’étais plutôt attachée au fourreau (Saya Zamouraï signifierait : « Le Samouraï au fourreau »). J’ai vu dans ce fourreau la « bonne image » du phallus, un phallus évidé, vidé de jouissance, auquel le porteur n’a plus à s’identifier, mais dont il a la charge, qui lui donne une place comme simple sujet du désir, qui peut faire de lui un père (nous ne sommes pas les mots que nous disons, nous ne devons pas nous y identifier, mais nous ne pouvons pas non plus ne pas les dire, le plus exactement possible…. blabla (d’ailleurs Nomi ne parle pratiquement pas, sinon dans la lettre qu’il laisse à sa fille, dont vous trouverez le texte, en anglais, ci-dessous.))
Je relirai également ton texte pour ce que tu en dis de la « fonction » du suicide de Nomi. Je m’étais dit que nous ne pouvions pas le comprendre, que cela était décidément trop loin de nous, le seppuku, le Japon. Mais je pourrais pressentir qu’il faudrait restituer à ce suicide
Tout ceci un peu rapidement,
Je t’embrasse et vous souhaite à tous un excellent week-end !
Véronique
Nota bene : Je retiens également ce que tu formules de « l’acte » de Nomi, qui me ramène à ce qu’avait si bien résumé Dominique pour nous de l’intervention de A. Lebovits à propos du livre de BHL. C’est paradoxal, puisque je n’ai toujours que je n’aime pas beaucoup cet homme (chut !) et ça me repose la question de ce que l’on peut faire dire aux mots, de la façon dont les mots peuvent fonctionner en dehors de toute réalité, mais ces mots-ci m’ont marquée :
1. L’acte n’a de sens que quand manque la certitude. […]
2. Le choix est dicté par un impossible à supporter : […]
3. L’opposition optimisme / pessimisme [qui partage l’opinion] a pour fonction d’inhiber l’acte. Il s’agissait d’opérer un dépassement dialectique, en prenant la juste position dans l’infime espace temporel […]
4. Qui dit acte dit engager une livre de chair, ce qu’il appelle « l’emportement corps et âme ». […]
5. Pour poser un acte, il faut s’en savoir responsable, soit s’en faire responsable. […]
La solitude est la condition de possibilité de l’acte. […]
https://disparates.org/escapades/comment-se-repere-lacte-dans-le-livre-de-bhl/
Enfin, au moins puis-je dire qu’avec ce supposé-acte de BHL, je n’étais pas du tout d’accord, et encore moins d’accord après les révélations de Mediapart sur ce qui s’est passé en Syrie et les enjeux que représentaient pour Sarkozy la mort du Kadhafi. 😉
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La lettre d’adieu de Nomi :
Was it ugly?
Did my head fall and roll?
Was I facing up?
Was I facing down?
While I was acting as if
I had given up, a little by little
I drifted to my end.You tried hard to encourage me.
You encouraged me to try again and again.
You tried hard to encourage me to be better.
Was I a samurai?
Are you proud of me?
Are you embarrassed?
Do you hold a grudge?
Was your father a samurai?
Your father is dead.
But please don’t worry.
Your father is now with your mother.
To you, I don’t know if it’s happiness or sadness but our parental bond will last forever.
Maybe, now for the first time our parental bond as a family, is forever.
If you feel like you miss me,
be with your loved ones
and please love your loved ones.Experience.
Experience.
Experience life as much as you can.
Like as you were born as my daughter.
Experience.
Experience.
Experience life as much as you can.
And one day, I will be born as your son.
Experience.
Experience.
Experience life as much as you can.
It’s just that, but…
that’s all it is.
Experience.
Experience.
Experience life as much as you can.
It’s just that, but…
that’s all that it is.
…
I’m back!