lettre d’escapade

La Table Chaïm SOUTINE (1893 – 1943) vers 1919 huile sur toile
La Table
Chaïm SOUTINE (1893 – 1943)
vers 1919
huile sur toile

Beaucoup à dire en écho à votre lettre d’escapade, à quoi s’agirait-il d’échapper, la littérature est-elle escapade ou confrontation, rencontre avec ce qui ne pourrait se présenter qu’en écrit puisque pas spontanément « représentable », il faudrait donc présenter à nouveau et sans fin ce qui refuse d’être su, parce que pas visible et non transposable en images ?

L’inconscient comme réel, bien sûr dirais-je. Et du coup, renversement radical et redistribution des cartes.

Il s’avère – dans mon expérience littéraire – que la mise en évidence du réel, constatable en principe par tous, confronte à des résistances psychiques effroyables (serait-ce, en partie, parce que je suis femme ?).

De quoi « comprendre » que la plupart en tombent à Je-Nous – en prière (ce n’est pas mon cas, mais au point où j’en suis, cela peut s’entendre).

Mystère, tout de même, de cette articulation du singulier à l’universel, qui reste le propre de l’artiste.

Vous pouvez, si cela vous intéresse, consulter la liste de mes travaux publiés sur le site de la MEL. (Maison des écrivains et de la littérature)

Louise L. Lambrichs

 

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Chère Louise,

Je vous remercie beaucoup pour cet écho (si singulier). Je vais prendre le temps pour vous répondre et  d’ici là transmets votre message à l’ensemble du groupe Escapades Culturelles,

Bien cordialement,

 Véronique

 

Ce serait bien de parler, un jour.

Merci, chère Véronique, de cet écho.

Le mien, singulier, bien sûr – comme chacun, non ?
Disons, à partir de ce postulat (hérité de Freud et de l’expérience analytique), comment fait-on pour faire lien ?
Sur quelle base que nous accepterions de considérer comme “commune”, et est-ce possible.

Comique irrésistible du politique vaudevillesque actuel, non ?
Le Président “normal” qui soutient son ancienne compagne, la nouvelle qui soutient le candidat qui s’y oppose. Très normal, tout ça, en effet.
Ségolène proposant ensuite d’ “élever le débat”, ce qui serait le minimum.
Mais j’ai pu constater pour ma part que ce minimum était déjà une sorte de maximum…

Alors, où en est-on ?

Ce serait bien de parler, un jour.

Car il y a des questions fortes, aujourd’hui, qui sont occultées par ces jeux vaudevillesques. 
De ce point de vue, mon expérience pourrait être intéressante, peut-être, pour votre groupe. 
En tout cas, je serais contente d’en débattre et de vous la faire partager – pour autant qu’on puisse partager une expérience tout en considérant qu’en effet, chacun est singulier et entièrement responsable de ce qu’il fait (mais que signifie responsable, et devant qui répondre, sinon devant les hommes ?).

Bien à vous,
Louise