naissance de la lamelle
Pour la sexualité où l’on nous rappellerait qu’est la force à quoi nous avons affaire et qu’elle est biologique, nous pouvons trouver que l’analyse n’a peut-être pas tellement contribué qu’on a pu l’espérer un temps, à l’éclaircissement de ses ressorts, sinon à en prôner le naturel en des thèmes de ritournelles jusqu’au roucoulement. Nous allons essayer d’y apporter quelque chose de plus nouveau, à recourir à une forme que Freud lui-même là-dessus n’a jamais prétendu dépasser : celle du mythe.
Et pour aller sur les brisées de l’Aristophane du Banquet plus haut évoqué, rappelons sa bête à deux dos primitive où se soudent des moitiés aussi fermes à s’unir que celles d’une sphère de Magdebourg, lesquelles séparées en un second temps par une intervention chirurgienne de la jalousie de Zeus, représentent les êtres affamés d’un introuvable complément que nous sommes devenus dans l’amour.
À considérer cette sphéricité de l’Homme primordial autant que sa division, c’est l’œuf qui s’évoque et qui peut-être s’indique comme refoulé à la suite de Platon dans la prééminence accordée pendant des siècles à la sphère dans une hiérarchie des formes sanctionnée par les sciences de la nature.
Considérons cet œuf dans le ventre vivipare où il n’a pas besoin de coquille, et rappelons que chaque fois que s’en rompent les membranes, c’est une partie de l’œuf qui est blessée, car les membranes sont, de l’œuf fécondé, filles au même titre que le vivant qui vient au jour par leur perforation. D’où il résulte qu’à la section du cordon, ce que perd le nouveau-né, ce n’est pas, comme le pensent les analystes, sa mère, mais son complément anatomique.
Et bien ! imaginons qu’à chaque fois que se rompent les membranes, par la même issue un fantôme s’envole, celui d’une forme infiniment plus primaire de la vie, et qui n’est guère prête à redoubler le monde en microcosme.
À casser l’œuf se fait l’Homme, mais aussi l’Hommelette.
Supposons-la, large crêpe à se déplacer comme l’amibe, ultraplate à passer sous les portes, omnisciente d’être menée par le pur instinct de la vie, immortelle d’être scissipare. Voilà quelque chose qu’il ne serait pas bon de sentir se couler sur votre visage, sans bruit pendant votre sommeil, pour le cacheter.
À bien vouloir qu’en ce point le processus de digestion commence, on saisit que l’Hommelette aurait longtemps de quoi se sustenter (rappelons qu’il est des organismes, et déjà fort différenciés, qui n’ont pas d’appareil digestif).
Inutile d’ajouter que la lutte serait vite engagée contre un être aussi redoutable, mais qu’elle serait difficile. Car on peut supposer que l’absence d’appareil sensoriel chez l’Hommelette ne lui laissant pour se guider que le pur réel, elle en aurait avantage sur nous, Hommes, qui devons toujours nous fournir d’un homuncule dans notre tête, pour faire du même réel une réalité.
Il ne serait pas facile en effet d’obvier aux chemins de ses attaques, au reste impossibles à prévoir, puisque aussi bien elle n’y connaîtrait pas d’obstacles. Impossible de l’éduquer, de la piéger pas plus.
Pour ce qui est de détruire l’Hommelette, on ferait bien de se garder qu’il n’en arrive qu’elle pullule, puisque y faire une entaille serait prêter à sa reproduction, et que la moindre de ses boutures à survivre, fût-ce d’une mise à feu, conserverait tous ses pouvoirs de nuire. Hors des effets d’un rayon mortel qu’encore faudrait-il éprouver, la seule issue serait de l’enfermer, à la prendre dans les mâchoires d’une sphère de Magdebourg par exemple, qui revient là, seul instrument comme par hasard à se proposer.
Mais il faudrait qu’elle y vienne toute et toute seule. Car à y mettre les doigts de la pousser pour un rien qui déborde, le plus brave serait fondé à y regarder à deux fois, crainte qu’entre ses doigts elle ne lui glisse, et pour aller où ? se loger.
À son nom près que nous allons changer pour celui plus décent de lamelle (dont le mot omelette au reste n’est qu’une métastase[1]), cette image et ce mythe nous paraissent assez propres à figurer autant qu’à mettre en place, ce que nous appelons la libido.
L’image nous donne la libido pour ce qu’elle est, soit un organe, à quoi ses mœurs l’apparentent bien plus qu’à un champ de forces. Disons que c’est comme surface qu’elle ordonne ce champ de forces. Cette conception se met à l’épreuve, à reconnaître la structure de montage que Freud a conféré à la pulsion et à l’y articuler.
La référence à la théorie électro-magnétique et nommément à un théorème dit de Stokes, nous permettrait de situer dans la condition que cette surface s’appuie sur un bord fermé, qui est la zone érogène, – la raison de la constance de la poussée de la pulsion sur laquelle Freud insiste tant[2].
On voit aussi que ce que Freud appelle le Schub ou la coulée de la pulsion, n’est pas sa décharge, mais est à décrire plutôt comme l’évagination aller et retour d’un organe dont la fonction est à situer dans les coordonnées subjectives précédentes.
Cet organe doit être dit irréel, au sens où l’irréel n’est pas l’imaginaire et précède le subjectif qu’il conditionne, d’être en prise directe avec le réel.
C’est ce à quoi notre mythe, comme tout autre mythe, s’efforce à donner une articulation symbolique que son image masque plutôt.
Notre lamelle représente ici cette part du vivant qui se perd à ce qu’il se produise par les voies du sexe.
Cette part n’est pas certes sans s’indiquer en des supports que l’anatomie microscopique matérialise dans les globules expulsés aux deux étapes des phénomènes qui s’ordonnent autour de la réduction chromosomique, dans la maturation d’une gonade sexuée.
À être représentée ici par un être mortifère, elle marque la relation à laquelle le sujet prend sa part, de la sexualité, spécifiée dans l’individu, à sa mort.
De ce qui s’en représente dans le sujet, ce qui frappe, c’est la forme de coupure anatomique (ranimant le sens étymologique du mot : anatomie) où se décide la fonction de certains objets dont il faut dire non pas qu’ils sont partiels, mais qu’ils ont une situation bien à part.
Le sein, pour y prendre l’exemple des problèmes que suscitent ces objets, n’est pas seulement la source d’une nostalgie « régressive » pour avoir été celle d’une nourriture estimée. Il est lié au corps maternel, nous dit-on, à sa chaleur, voire aux soins de l’amour. Ce n’est pas donner là une raison suffisante de sa valeur érotique, dont un tableau (à Berlin) de Tiepolo dans son horreur exaltée à figurer sainte Agathe après son supplice, nous paraît plus proche dans l’idée.
En fait il ne s’agit pas du sein, au sens de la matrice, quoiqu’on mêle à plaisir ces résonances où le signifiant joue à plein de la métaphore. Il s’agit du sein spécifié dans la fonction du sevrage qui préfigure la castration.
Or le sevrage est trop lié dans l’expérience aux fantasmes du morcellement de la mère pour que nous ne soupçonnions pas qu’il faille en placer le plan de partage entre le sein et la mère, que le sevrage, c’est le sein perdu comme cause dans le désir.
Et il nous faut, nous souvenant de la relation de parasitisme où l’organisation mammifère met le petit, de l’embryon au nouveau-né, par rapport au corps de la mère, concevoir le sein comme relevant autant du domaine de l’organisme en formation, que l’est le placenta.
La libido, c’est cette lamelle que glisse l’être en son point de disjonction. Fonction de l’animal en sa racine, et que matérialise chez tel d’entre eux la chute subite de son pouvoir d’intimidation à la limite de son « territoire ».
Cette lamelle est organe, d’être instrument de l’organisme. Elle est parfois comme sensible, quand l’hystérique joue à en éprouver, à l’extrême, l’élasticité.
Le sujet humain a ce privilège de symboliser le sens mortifère de cet organe, qui tient à l’effet réel de la sexualité, parce que le signifiant comme tel, a, en le pétrifiant par première intention, fait entrer en lui le sens de la mort. (La lettre tue, mais nous l’apprenons de la lettre elle-même). C’est ce par quoi toute pulsion est virtuellement pulsion de mort.
L’important est de saisir où se fait l’enracinement de l’organisme dans la dialectique du sujet. Cet organe de l’irréel dans l’être vivant, c’est lui que le sujet à un moment vient placer au temps où s’opère sa séparation. C’est de sa mort que réellement, il fait l’objet du désir de l’Autre.
Tous les objets autres qui vont venir à cette place, en seront des substituts empruntés à ce qu’il perd, l’excrément, ou à ce qu’il trouve dans l’Autre qui soit support de son désir : son regard, sa voix.
C’est à les tourner pour en eux reprendre, en lui restaurer sa perte originelle que s’emploie cette activité qu’en lui nous dénommons pulsion (Trieb).
Il n’est pas d’autre voie par où se manifeste dans le sujet l’incidence de la sexualité. La pulsion en tant qu’elle représente la sexualité dans l’inconscient n’est jamais que pulsion partielle. C’est là la carence essentielle, à savoir celle de ce qui pourrait représenter dans le sujet, le mode en son être de ce qui y est mâle ou femelle.
Ce que notre expérience démontre de vacillation dans le sujet concernant son être de masculin ou de féminin, n’est pas tellement à rapporter à sa bisexualité biologique, qu’à ce qu’il n’y a rien dans sa dialectique qui représente la bipolarité du sexe, si ce n’est l’activité ou la passivité, c’est-à-dire une polarité pulsion-action de l’extérieur, qui est tout à fait impropre à la représenter dans son fonds.
C’est là où nous voulons en venir en ce discours, que la sexualité se répartit d’un côté à l’autre de notre bord en tant que seuil de l’inconscient, comme suit :
Du côté du vivant en tant qu’être à être pris dans la parole, en tant qu’il ne peut jamais enfin y tout entier advenir, dans cet en-deçà du seuil qui n’est pourtant ni dedans ni dehors, il n’y a d’accès à l’Autre du sexe opposé que par la voie des pulsions dites partielles où le sujet cherche un objet qui lui remplace cette perte de vie qui est la sienne d’être sexué.
Du côté de l’Autre, du lieu où la parole se vérifie de rencontrer l’échange des signifiants, les idéaux qu’ils supportent, les structures élémentaires de la parenté, la métaphore du père comme principe de la séparation, la division toujours rouverte dans le sujet dans son aliénation première, de ce côté seulement et par ces voies que nous venons de dire, l’ordre et la norme doivent s’instaurer qui disent au sujet ce qu’il faut faire comme homme ou femme.
Il n’est pas vrai que Dieu les fit mâle et femelle, si c’est le dire du couple d’Adam et Ève, comme aussi bien le contredit expressément le mythe ultra-condensé que l’on trouve dans le même texte sur la création de la compagne.
Sans doute y avait-il auparavant Lilith, mais elle n’arrange rien.
[1] Il nous revient qu’à l’enseigne du bon lait, on se gausse de nos références à… la métastase et la métonymie (sic). Donnons là l’occasion à la bouse de vache de sourire.
[2] On sait que ce théorème démontre que le flux de rotationnel provenant de la surface s’égale à la circulation de rotationnel sur le bord fermé où elle s’appuie, laquelle est constante. Ce rotationnel est obtenu comme dérivé des variations d’un vecteur lesquels sont définies pour chaque point de bord et de surface, en fonction de son voisinage.
Jacques Lacan, Ecrits, "Position de l’inconscient au congrès de Bonneval – reprise de 1960 en 1964", Seuil, Paris, 1966.
Position de l’inconscient (texte complet)
ce qui ne cesse (pas de s’écrire) et cyberculture
j’ai un peu honte, d’avoir écrit ça:
et ça s’est passé là : Mots-clés: la honte, lacan, duras, le nom propre, le symptôme; l’universel, la contingence, la nécessité. |
hors-la-loi, l’amour et … cyberculture
enfin, vu qu’on a eu la bonté de me répondre, malgré la honte donc, j’ai continué :
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À propos de la honte (1)
On pourrait aussi essayer ceci que la culpabilité est un rapport au désir tandis que la honte est un rapport à la jouissance qui touche à ce que Lacan appelle, dans son « Kant avec Sade», «le plus intime du sujet». Il l’énonce à propos de la jouissance sadienne en tant qu’elle traverserait la volonté du sujet pour s’installer en son plus intime, ce qui lui est plus intime que sa volonté, pour le provoquer au-delà de sa volonté et au-delà du bien et du mal, en atteignant sa pudeur – terme qui est l’antonyme de la honte.
on trouvera l’entièreté du texte là : Note sur la honte
glocalisation, je répète, glocalisation
localisation, délocalisation, en 2002, j’en avais avec la GLOCA-lisation…
d’hier
– la fiction, j’en rêve…
– vous en REVEZ?
– ben oui, pour me débarrasser de la psychanalyse. me débarrasser de moi.
au sortir: je n’ai pas du tout envie qu’on pense que je veux voudrais devrais pourrais écrire de la fiction. qu’on pense que mon désir soit là . et qu’à nouveau on veuille m’en embarrasser.
le jour après: mais souligner que je « rêve » de la fiction, n’implique pas nécessairement qu’on pense que mon désir soit là .
je veux me débarrasser de l’écriture. je veux me débarrasser de mon lien malade à l’écriture. je veux justement cesser de « rêver » d’écrire. ça en passe par écrire. ça en passe par écrire, ça en passe par le faire. ce blog pourrait me le permettre.
je ne pense pas que je puisse retourner à la fiction. et il est vrai que la psychanalyse, la pratique de la psychanalyse, a entraîné que je me suis passionnée pour la fiction que j’y découvrais, que j’y construisais, de ma vie.
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histoire de temps (I)
combien de temps,
je m’accorde
pour écrire ici?
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(puisque je n’ai pas-tout mon temps)
to do list :: ce blog (I)
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se faire honte
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la
note de miller sur la honte
(je ne dis pas que ce n’est pas pénible d’écrire tout ça, ça l’est)
à l’analyste mardi je dis :
« le problème, ça a toujours été de signer. comme si…»
là, j’hésite presque longuement.
je crois que je lui ai dit « …comme si rien n’était à la hauteur, ne pourrait être à la hauteur de ce nom».
surprise, pas convaincue, j’ajoute que non, ce n’est pas ça.
je parle de la note de miller, sur la honte. je n’en dis pas vraiment grand chose. mais ça me mène tout de même à dire que je crois que maintenant je pourrais signer de mon nom.
il se lève, se dirige vers la porte, me demande comment va mon fils. je lui dis qu’il dit « maman. mam… maman».
c’est comme ça.
souvenir de la note de miller
un jour lacan dit: « je veux vous faire honte» (certains s’en seraient scandalisés).
lisant, je me dis, est-ce que c’est ça que je me fais, quand j’écris, quand je me fais lire :
est-ce que je me fais honte ? est-ce que c’est ça ? et pourquoi ça serait bien, ça serait mieux, vaudrait mieux ? se faire honte, plutôt que pas.
lacan dit (moi, je dis toujours ce que dit lacan), ça ne sont pas ses mots, exacts, il dit
« … ça n’est pas si courant que ça mourir de honte ».
il lacan dit, « ça s’est perdu, la honte». est-ce qu’il dit que ça s’est perdu avec le capitalisme, je ne sais plus – pour le coup j’ai peur d’avoir mal retenu : passons.
la honte, l’honneur – ça s’est perdu.
tout cela qui vous vient de ce que vous êtes liés à un S1, explique miller. je lis un « S1 », je pense « nom du père ». je pense « nom de mon père ». je pense « mon nom».
le S1, le nom propre. c’est une lecture, il y en a d’autres. (un S1, pas un autre, d’aucun autre.)
s’est perdu. la honte, l’honneur. ce qui fait qu’il y a quelque chose dans le nom, votre nom, le nom propre, qui serait au-delà de vous. dont il faille se montrer digne. pour quoi, à l’occasion, on doive mourir. miller dit, dans le S1, c’est l’être-pour-la-mort.
pour tout vous dire, jusqu’à là, jusqu’à cette lecture, je pensais que le S1, il fallait le laisser tomber. que du S1 identificatoire, s’agissait de se désidentifier.
je crois que ce à quoi j’ai pensé, en séance, et que je n’ai pas dit, c’est « le nom, mon nom, ça n’existe pas. »
« ça n’existe pas », ça n’ex-siste pas, ça indique bien, jusqu’à quel point j’ai maintenu ça comme un réel : ça n’ex-siste pas au symbolique. c’est un nom, c’est un signifiant, mais mon « ça n’existe pas » indique bien qu’il n’est pas pour moi un signifiant comme les autres. il ne rentre pas dans la danse, le commerce, je l’ai installé en position d’exception, dont aucune signification n’est digne – ce qui pourrait même valoir comme définition du phallus. « je le suis », ou plutôt « il m’est ». il me « m’êtrise ». et se faire « m’êtriser » par « l’être-pour-la-mort », ça explique peut-être certaines de mes tendances. la honte, encore, dit lacan quelque part, c’est affaire d’« hontologie ».
le nom, il ne s’agit pas de l’être. et pourtant de le porter.
ça me rappelle un texte de cet allemand, écrivain allemand, dont j’oublie le nom (toujours j’oublie les noms propres, les nom d’auteurs) qui disait « faites gaffe à porter la croix si vous ne voulez finir porté par elle ». je crois, en ce moment, que c’est de ça dont il s’agit, le nom, aussi pénible que ça soit, il faut le porter, tout en faisant gaffe à ne pas finir mourir en croix sur lui.
il n’est pas allemand, l’écrivain, c’est tournier, michel, et le bouquin c’est « le roi des aulnes ». (toute une histoire d’ailleurs où il n’est question que de porter. de la passion du portage.)
il faut le porter et il faut s’en montrer digne. mon nom, ça a toujours été le nom de mon père. je n’ai jamais pu le faire mien.
l’« hontologie », comme toute affaire d’être, c’est affaire de jouissance. donc miller dit, le S1, il faut s’en séparer bien sûr, le « désêtre », mais il ne faut pas ignorer qu’il est là, faire comme s’il n’y était pas. le S1, c’est le signifiant de ce qui vous est le plus intime, de la jouissance la plus inconnue.
et puis, pour les autres, pris parmi les autres, il redevient un signifiant quelconque (même si, à coup de savoir-faire, il leur imprime sa signature). donc, si je signe… un texte, il parlera de ce que je suis, de mes limites, erreurs, errements, etcetera. à mes yeux, il tombe de son piédestal, la statue bascule. ce que je n’ai pas dit non plus, en séance, je ne sais pas pourquoi ce n’est pas sorti, mais c’était l’idée que si je signais, on saurait, on allait savoir qq chose de mon désir. comme si le désir, à tout prix, devait rester le plus secret. et moi aussi.
j’ai fait ces recherches sur la honte, à cause de celle qui m’envahit quand j’écris. plus précisément, quand je signe. quand j’écris mon nom. quand j’assume la paternité d’un texte.
[ le surmoi
(le surmoi, la parole même)
[ comme si ]
au rythme de la parole, une parole qui n’aurait de cesse,
la voix en moins
)
pour tout vous dire
j’en ai assez je veux d’ire dire d’ici
ce lieu cet endroit
dont l’habillage ne me convient pas
avec l’habillage duquel je n’arrive pas à me mettre d’accord
pour tout ça a toujours été comme ça
pour tout dire – toujours
c’est comme de passerdesheuresdevant son miroir
à essayer mille vêtements parures avec ou sans maquillage et puis les cheveux est-ce que ça ne serait pas mieux
et comme ça n’est jamais ça ça n’est jamais la bonne image
se retrouver après minuit cendrillon jamais partie au bal
nue nue nue sur le lit et dégoûtée
(machines célibataires)
(résister à ça : à se/ce voir image impossible, comment? ici, je parle pour moi veronic, image vraie:impossible: réelle. c’est l’habit ô gaby qui fait semblant d’être (auquel il faut que je me plie). comment?
résister à ça : ici, je parle pour moi. l’ordinateur, le réseau, comme la fabrique d’un nouveau corps (où ça ne cesse pas de s’écrire mais je l’ai déjà dit mais je l’ai déjà dit.) (à la limite, je te dirais, c’est une chance, que même là, je ne sache pas comment m’habiller. à la limite.))
regarder ailleurs.
pour . encore
les yeux éblouis
|
(la douleur, presque.)
re ce voir (douleur DOUJE viens) |
ensuite aller
|
dimanche après-midi
histoire de temps (II) (d’intention dé claration)
bonjour,
bien le bonjour,
en ce qui me concerne je m’arrange pour ne plus_passer_tout_mon_temps,_ici. ( facilement, je pourrais,
je me suis, laissé
prendre
–
toute.
)
(or c’est mauvais, pour moi, "toujours trop une à une seule chose". ( " un clou chasse l’autre ?") .
ne plus
me fondre
dans cet écran) .
( j’opte pour l’inconstante présence,
les absences discontinues
la dé mult-ti pli ca tion
( et donc, je cherche/trouve du boulot. un truc qui combine mon amour du rien ma décision de n’y pas complètement céder – mon amour de la
psycha-nalyse . je dé-cède à la seule cause perdue (ô mère) je prends ma part de la charge de nos (ô combien modestes) besoins (gros mot). ("car enfin, nous ne sommes pas purs esprits") . je pose des bornes .
( À faire ) du jour
appeler toubib(son écharde, sous l’ongle,
au tout petit)la banque, ma carte- commencer note surmoi
- terminer note lamelle
de la semaine
bilan de la semaine du point de vue de ce que j’ai publié ici, je n’ai rien fait que de m’y plaindre, du temps, ce temps en trop qu’il se trouve que ça me prend . j’ai trouvé du travail . j’ai négligé d’emmener j. chez le pédiatre . j’a i rajouté qq vieux textes (juste vieux du mois de juin de cette année + 1 extrait d’1 texte datant de 2002, avant que je n’arrive à paris, le rêve du portable qui devient aussi lisse, fermé sur lui-même qu’une pierre) . de substantiel : rien. hier soir je me relis, à propos de ce qui ne cesse pas de s’écrire – la chose s’est déplacée : j’écris, je prends du temps pour écrire , du code. j’adore avoir les mains dans le cambouis, le ventre codu codifié d’ici . je chipote. et au bout du compte, ça ne se voit pas tant que ça . ce dont je suis sûre, c’est que déjà des conclusions pourraient être tirées à propos de ce qui se passe ici . ce dont je me garde . un commentaire m’a emmenée sur 1 page où j’ai retrouvé chacune de mes inquiétudes préoccupations . les blo g s sont g o u r m a n d s. par ailleurs, j’en vie tous ceux qui peuvent écrire sans se soucier le moins du monde de mise en page : quant à moi je suis à chaque fois rat trapée par 1 désir d’image , qui prend le pas sur le reste . conclusion à tirer à ce stade- ci de l’enqu ête – je rêverais de faire de l’image codée . ça , ça prend le pas sur tout ce que j’aimerais produire de sens , de sensé . et quand je jette un texte, comme je vais jeter celui-ci, un texte tout nu : je me sens mal gênée , honteuse de n’avoir pas fait l’effort d’un petit plus . or, ce petit plus m’est impossible (l’image : c’est jamais ça). conclusion tirable de ce stade de la conclusion : je resterai insatisfaite . (ou, je me mettrai, pour de vrai, à l’image…)
autre conclusion tirable à ce stade : quoi que je fasse ici : comptent le plus pour moi c e u x avec qui je v i s . [ la parole ( avec la voix ) . assez, je foire ] . le quo tidien des difficultés que je nous rencontrons . ( le vivre ensemble auquel je ne veux pas me dérober : de là vient le neuf. ) j’ai d’abord voulu écrire ici pour ç a. rendre ç a possible.