À la recherche des liens de la voix et du surmoi
c’est quelque chose que l’on vit de très près, avec un tout petit enfant. que l’on apaise quand il pleure, que l’on cherche à apaiser, avec des mots. cet apaisement qui opère. et l’on croit, on suppose alors – parce qu’on a lu des choses -, que ce qui opère, c’est ça, que des mots soient venus se mettre sur qui s’est exprimé comme de l’angoisse. et on même temps, on sait que ce qu’on dit – parce qu’on a lu des choses -, ces mots qu’on emploie, sont à l’origine même de la perte, de l’angoisse et qu’ils ne viennent que possiblement recouvrir l’angoisse, qu’il la rate pour partie, tandis qu’ils installent un rapport, l’enfant dans un rapport, où il n’est plus tout seul, où vient du deux. du deux où pour "sauver" l’enfant on lui dit "jules", "jules", "tu es jules", pour ne pas le laisser seul dans une certaine immensité, un aller où on le voit partir où le voit parti, "jules", on essaie de le ramener par là, on fait sa voix douce, on fait sa voix chaude, on fait sa voix chair, qu’elle lui ressemble. et l’on sent bien que ce baptême qui l’introduit à la communauté humaine est aussi cela qui l’aliène. et que pourtant cela est bien. cela vaut mieux.
cependant que l’on entend également, dans ce qu’on lui dit, à l’enfant, tout ce que l’on ne lui dit pas. dans les mots qu’on emploie, tout ce qui ne rentre pas. l’univers de sentiments où vous a introduit son arrivée. tout ce par où il est venu, d’abord, dans le corps, là on parle en mère, celle du surmoi maternel, éventuellement plus terrible que le paternel, les choses qu’il vous aura déjà faites au corps. et la stupeur, le mot n’est pas le bon, l’interlocation, interloquée, l’étonnement, qui ne cessera de se renouveler, le sentiment de vivre revivre du monde de la vie la genèse, de rejoindre le mythe, de rentrer dans des temps qui deviennent bibliques, quand l’enfant naît. on le sait ça, que c’est là, dans la voix, dans sa voix, quand on lui parle. on s’entend aussi, lui dire on, plutôt que tu, ce on dont on se dit du coup qu’il est probablement pire que le tu (là, je ne me souviens plus quelle est la référence, dans lacan, mais il ya qq part, je l’ai lu récemment, une note, autour du on au moins aussi commandant que le tu, le tu du tu es dont il est question ici. ce on, quand je l’emploie, parlant à jules, j’entends bien que je ne m’y sépare pas de lui, comment c’est difficile, ça, la séparation, déjà. et comment ça peut se faire pourrait se faire se faire déjà surmoïque : continue de jouir de avec moi. bon, je le sais, donc, je ne m’inquiète pas de trop. (la mère commanderait interdirait plus facilement, efficacement même, que le père dans la mesure où elle tendra plus à faire de l’enfant sa chose (oh, horreur, et comment moi je peux écrire ça. mais mieux vaut l’écrire , conjurer le sort)).
« N’y a-t-il pas dans la névrose,
derrière le surmoi paternel, un surmoi maternel encore plus exigeant,
plus opprimant, plus ravageant, plus insistant ? »
L’AGENT | LE MANQUE | L’OBJET | |
---|---|---|---|
Surmoi |
Père réel |
Castration symbolique |
Objet imaginaire |
Réalité |
Père symbolique |
Frustration imaginaire |
Objet réel (la mère) |
Idéal du moi |
Père imaginaire |
Privation réelle |
Objet symbolique |
Jacques Lacan, Le séminaire, livre V, Les formations de l’inconscient (1956-1957), p. 162