« C’est bien sûr là la cause du suicide de Primo Lévi. L’écart irréductible des mots et des choses, des semblants avec le réel lui apparaît en définitive insoutenable, au point qu’il réalise le destin de cadavre auquel la passion de témoigner lui avait permis d’échapper. Il avait survécu pour dire, et l’impossibilité de dire le réduit au néant. Il tombe, rattrapé par cette honte irrémissible, qui n’est pas culpabilité sans faute, mais ‘suprême intimité de la victime avec son bourreau’, impossibilité de se fuir. ‘Dans la honte, le sujet a pour seul contenu sa propre désubjectivation : témoin de sa propre débâcle, de sa propre perte comme sujet.’ *»
*Agamben G., Ce qui reste d’Auschwitz, Editions Payot et Rivages, 1999, p. 137.
In Philippe De Georges, Ethique et Pulsion, Editions Payot Lausanne, p. 45.