96.
Dans la chaîne métonymique, on a effacement, réduction de sens, mais pas pas-de-sens
référence marxiste : mettre en fonctions deux objets de besoin de façon telle que l’un devienne la mesure de l’autre efface de l’objet ce qui est précisément de l’ordre du besoin et l’introduit dans l’ordre de la valeur PEU-DE-SENS
Jeux de mots jouent sur la minceur des mots à soutenir un sens plein
Le message vient interroger l’Autre à propose du peu-de-sens, la dimension de l’Autre est ici essentielle
pas de trait d’esprit solitaire / trait d’esprit solidaire de l’Autre qui est chargé de l’authentifier
98.
Ce qui est communiqué à l’Autre joue sur le peu-de-sens – interroge la
valeur comme telle, en la sommant, si l’on peut dire, de réaliser sa
dimension de valeur, de dévoiler comme vraie valeur – or, plus elle se
dévoilera comme vraie valeur, plus elle se dévoilera comme étant
supporté par le peu-de-sens
ambiguà¯té de toute formulation du désir.
L’Autre répond à cela sur le circuit supérieur, qui va de l’Autre au message, en authentifiant.
Le pas-de-sens est ce qui est réalisé dans la métaphore.
au-delà de l’usage métonymique, au-delà de ce qui se trouve dans la
commune mesure, dans les valeurs reçues à satisfaire, introduit
justement dans la métaphore le pas-de-sens
99. le trait d’esprit reprend le pas, indique la dimension du pas à proprement parler, c’est le pas vidé de toute espèce de besoin. C’est ce qui manifeste ce qui est tout de même en moi latent de mon désir.
Ce n’est qu’au-delà de l’objet que se produit la nouveauté, en même
temps que le pas-de-sens, et en même temps pour les deux sujets.
Le fat-millionnaire
Aussi vrai que Dieu
doit me donner tout ce qu’il y a de bien, j’étais assis avec Salomon
Rothschild, et il m’a traité tout à fait comme un égal, tout à
fait famillionnairement
1.
28.
I. Hirsch Hyacinthe… invocation fait au Témoin universel et aux relations personnelles du sujet à ce Témoin, c’est-à -dire à Dieu. Aussi vrai que Dieu me doit tous les biens – incontestablement significatif par son sens, et ironique par ce que la réalité peut y montrer de défaillant
II. La suite – j’étais assis à côté de Salomon Rothschild, tout à fait comme un égal – fait surgir l’objet
ce tout à fait
porte en soi quelque chose qui est assez significatif : chaque
fois que nous invoquons la totalité, c’est que nous ne sommes pas tout
à fait sûrs que celle-ci soit véritablement formée.
III. Enfin, se produit le phénomène inattendu, le scandale de l’énonciation, à savoir ce message inédit dont nous ne savons pas même encore ce que c’est, que nous ne pouvons encore nommer – d’une façon tout à fait famillionnaire, tout à fait famillionnairementActe manqué ? Acte réussi ?
Dérapage ? Création artistique ?
Tout à la fois ?il
y a là fonction signifiant propre au trait d’esprit : en tant que
signifiant échappant au code, c’est-à -dire à tout ce qui a été
jusque-là accumulé de formations du signifiant dans ses fonctions de
création de signifié.
29.
I. Que se passe-t-il quand famillionnaire apparaît ? Nous sentons d’abord comme une visée vers le sens, un sens qui est ironique, voire satirique.
II. Moins apparent se développant dans les contrecoups du
phénomène, se propageant dans le monde à sa suite, il surgit aussi un objet, qui, lui, va plutôt vers le comique, l’absurde, le non-sens. C’est le personnage du famillionnaire, en tant qu’il est la dérision du millionnaire, et qu’il tend à prendre forme de figure.
Freud signale au passage que Henri Heine, redoublant son mot d’esprit, appellera le millionnaire le Millionnarr, ce qui en allemand veut dire quelque chose comme le fou-fou-millionnaire…. nous pourrions dire en français le fat-millionnaire, avec un trait d’union
2.
30. exemples donnés dans L’instance de la lettre,
de ce que j’appelle les fonctions essentielles du signifiant, en tant
que ce sont celles par où le soc du signifiant creuse dans le réel le
signifié, littéralement l’évoque, le fait surgir, le manie,
l’engendre : fonctions de la métaphore et de la métonymiefonctions créatrices du signifiant sur le signifié
Roman Jakobson – invention des fonctions métaphorique et métonymique du langage
les caractéristiques du signifiant sont celles de l’existence d’une
chaîne articulée, et tendant à former des groupements fermés,
c’est-à -dire formés d’une série d’anneaux se prenant les uns dans les
autres pour constituer des chaînes, lesquelles se prennent elles-mêmes
dans d’autres chaînes à la façon d’anneaux.31. l’existence de ces chaînes implique que les articulations ou liaisons du signifiant comportent deux dimensions, celle de la combinaison, continuité, concaténation de la chaîne et celle de la substitution, dont les possibilités sont toujours impliquées dans chaque élément de la chaîne
tout acte de langage implique aussi bien dimension diachronique que synchroniquefamili ère
mili onnaire
faMILIonnAIREque peut vouloir dire schéma de Freud de la formation du famillionnaire ?
idem Booz
nom propre1) qu’il y a quelque chose qui est tombé dans l’intervalle, qui est éludé dans l’articulation du sens
idem sa gerbe n’était pas… 2) en même temps, quelque chose s’est produit qui a comprimé, embouti l’un dans l’autre familière et millionnaire pour produire famillionnaire, qui, lui, est resté. Cas particulier de la fonction de substitution, cas particulier dont il reste des traces
la condensation
est une forme particulière de ce qui peut se passer au niveau de la
fonction de substitution (quelque chose est éludé dans le sens, mais
quelque chose se produit qui provoque l’emboutissement l’un dans
l’autre de deux signifiants, et ce quelque chose là reste)Sa gerbe n’était pas avare ni haineuse
1) sa gerbe remplace Booz : constitue la métaphore
2) grâce à métaphore surgit sens, sens de l’avènement de sa paternité ; avènement d’un nouveau sens autour du personnage de Booz qui en paraissait exclu, forclos
dans le rapport de substitution que gît le ressort créateur, la force d’engendrement de la métaphore
c’est par la possibilité de substitution que se conçoit l’engendrement du monde du sens32
évolution du sens où nous retrouvons toujours, plus ou moins, le mécanisme de la substitution
atterréatterré n’a pas originairement, et dans beaucoup de ses emplois le sens de frappé de terreur, mais celui de mis à terre (dans Bossuet, atterrer veut dire mettre à terre)
Il n’empêche que l’usage courant du mot implique l’arrière-plan de terreur
Si l’on substitue atterré à abattu, c’est une métaphore
33. atterré donne une nuance supplémentaire de terreur
l’intérêt de la chose est de remarquer que la terreur est introduite par le terre qui est dans atterré. Atterré apporte un sens nouveau parce qu’il contient un phonème qui se retrouve dans le mot terreur
A T T E R R E c’est parce qu’il y a TERRE qu’il y a TERREUR dans ATTERRE T E R R E U R Si le mot atterré apporte un sens nouveau, ce n’est pas en tant qu’il a une
signification, mais en tant que signifiant. C’est parce qu’il contient
un phonème qui se retrouve dans le mot terreur. C’est par la voie
signifiante, celle de l’équivoque, et de l’homonymie, c’est-à -dire par la voie de la chose la plus non-sens qui soit, que
le mot vient engendrer cette nuance de sens, cette nuance de terreur,
qu’il va introduire, injecter, dans le sens déjà métaphorique du mot
abattu.
En d’autres termes, c’est dans le rapport d’un signifiant à
un signifiant que va s’engendrer un certain rapport signifiant sur
signifié. La distinction des deux est essentielle.
S S terreur atterré — ![]()
— ——— ![]()
——– S’ s atterré terreur C’est à partir du rapport de signifiant à signifiant, de la
liaison du signifiant d’ici au signifiant qui est là , du rapport
purement signifiant, c’est-à -dire homonymique en entre atterré et terreur,
que va pouvoir s’exercer l’action qui est d’engendrement de
signification, à savoir le nuancement par la terreur de ce qui existait
déjà comme sens sur une base métaphorique.35. Terre – crochet signifiant
La nuance de signification qu’apporte atterré
implique une certaine domination, un certain apprivoisement de la
terreur. La terreur est non seulement nommée mais atténuée – ce
qui permet de maintenir l’ambiguà¯té du mot atterré. Après tout, atterré a bien rapport à la terre ; la terreur n’y est pas complète.
La terreur est là en demi ombre, aplatie. elle est prise par le biais intermédiaire de la dépression – le signifiant terre est refoulé à proprement parlé.
Autrement dit, dans toute la mesure où la nuance atterré s’est établie dans l’usage, où elle est devenue sens et usage de sens, le signifiant, lui, est disons le mot, refoulé à proprement parler. Dès lors que s’est établi dans sa nuance actuelle l’usage du mot atterré, le modèle, sauf recours au dictionnaire et au discours savant, n’est plus à votre disposition, mais, comme terre, terra, il est refoulé.
3.
35. famillionnaire pourrait tout aussi bien être un lapsus
lapsus d’un patient : maritablement
n’avait vécu jusqu’à son mariage que maritablement
maritablement marita lement miséra b lement MARITA B LEMENT Lacan était là pour l’entendre, a été l’Autre ; mis à sa
place, justement dans l’Autre, c’est un mot d’esprit particulièrement
sensationnel et brillant
36. rapprochement entre trait d’esprit et lapsus, Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne. c’est le contexte qui détermine si c’est lapsus ou mot d’esprit100. Nulle part n’est saisissable l’objet du trait d’esprit.
Même ce qu’il désigne au-delà de qu’il formule, même son caractère
d’allusion essentielle, d’allusion interne, ne fait ici allusion à
rien, si n’est à la nécessité du pas-de-sens. Et
pourtant dans cette absence totale d’objet, en fin de compte quelque
chose soutient le trait d’esprit, qui est le plus vécu du vécu, le plus
assumé de l’assumé, ce qui est en fait une chose si subjective