L’étude des structures de notre sensibilité permet à Kant de donner un fondement à la géométrie et à l’arithmétique. L’étude des stuctures de l’entendement coopérant avec la sensibilité lui permet de donner un fondement à la physique.

En passant

[ Complément de lecture du  cours de jacques-alain miller du 2 février 2011]

Comme j’éprouvais quelque difficulté avec cette phrase issue d’une transcription trouvée sur le net du Séminaire VII de Lacan : « C’est en cela que cette intuition qui s’ordonne en catégories de l’espace et du temps, se trouve désignée par Kant comme [exclue??]  de ce qu’on peut appeler l’originalité de l’expérience sensible, de la Sinnlichkeit (sensorialité) , d’où seulement peut sortir, peut surgir quelque affirmation que ce soit de réalité palpable, ces affirmations de réalité n’en restant pas moins dans leur articulation soumises aux catégories de la dite Raison Pure, sans lesquelles elles ne sauraient, non pas seulement être énoncées, mais même pas être aperçues.« , j’ai fait, sur le net encore, des recherches sur les termes « kant sinnlichkeit sensorialité intuition pure » et suis tombée sur cette publication,  Métamorphoses de la philosophie: Platon, Descartes, Kant, Nietzsche par Pierre Fougeyrollas, dont je donne ici quelques extraits, qui m’a paru éclairer de façon intéressante les propos de Lacan, ainsi qu’il donne quelques indices possible  sur ce que Lacan dénonce du rapport de Kant au corps :

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Lacan, Séminaire IX, 28 février 1962, extrait 2 – le point d’étranglement

En passant

[ Complément de lecture du  cours de jacques-alain miller du 2 février 2011]

Aussi bien, même avec cette affirmation que rien n’est fécond sinon le jugement synthétique, peut-il encore après tout l’effort de logicisation de la mathématique, être considéré comme sujet à raison. La prétendue infécondité du jugement analytique a priori, à savoir de ce que nous appellerons tout simplement l’usage purement combinatoire d’éléments extraits de la position première d’un certain nombre de définitions, que cet usage combinatoire ait en soi une fécondité propre, c’est ce que la critique la plus récente, la plus poussée, des fondements de l’arithmétique, par exemple, peut assurément démontrer. Qu’il y ait au dernier terme, dans le champ de la création mathématique, un résidu obligatoirement indémontrable, c’est ce à quoi sans doute la même exploration logicisante semble nous avoir conduits (le théorème de Gödel) avec une rigueur jusqu’ici irréfutée, mais il n’en reste pas moins que c’est par la voie de la démonstration formelle que cette certitude peut être acquise et, quand je dis formelle, j’entends par les procédés les plus expressément formalistes de la combinatoire logicisante.

Qu’est-ce à dire ? Est-ce pour autant que cette intuition pure, telle que pour Kant aux termes d’un progrès critique concernant les formes exigibles de la science, que cette intuition pure ne nous enseigne rien ? Elle nous enseigne assurément de discerner sa cohérence et aussi sa disjonction possible de l’exercice justement synthétique de la fonction unifiante du terme de l’unité en tant que constituante dans toute formation catégorielle et, les ambiguïtés étant une fois montrées de cette fonction de l’unité, de nous montrer à quel choix, à quel renversement nous sommes conduits sous la sollicitation de diverses expériences.

La nôtre ici évidemment seule nous importe. Mais n’est-il pas plus significatif que d’anecdotes, d’accidents, voire exploits, au point précis où on peut faire remarquer la minceur du point de conjonction entre le fonctionnement catégoriel et l’expérience sensible dans Kant, le point d’étranglement, si je puis dire, où peut être soulevée la question si l’existence d’un corps, bien sûr tout à fait exigible, en fait ne pourrait pas être mise en cause dans la perspective kantienne. Qu’en fait qu’elle soit exigée en droit, est-ce que quelque chose n’est point fait ?