James Joyce lit Anna Livia Plurabelle (Finnegans Wake)

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Anna Livia Plurabelle
James Joyce reads from Ulysses (1929)

by Sylvia Beach

In 1924, 1 went to the office of His Master’s Voice in Paris to ask them if they would record a reading by James Joyce from Ulysses. I was sent to Piero Coppola, who was in charge of musical records, but His Master’s Voice would agree to record the Joyce reading only if it were done at my expense. The record would not have their label on it, nor would it be listed in their catalogue.

James Joyce avec Sylvia Beach et Adrienne Monnier au Shakespeare & Co Paris 1920

Some recordings of writers had been done in England and in France as far back as 1913. Guillaume Apollinaire had made some recordings which are preserved in the archives of the Musée de la Parole. But in 1924, as Coppola said, there was no demand for anything but music. I accepted the terms of His Master’s Voice: thirty copies of the recording to be paid for on delivery. And that was the long and the, short of it.

Joyce himself was anxious to have this record made, but the day I took him in a taxi to the factory in Billancourt, quite a distance from town, he was suffering with his eyes and very nervous. Luckily, he and Coppola were soon quite at home with each other, bursting into Italian to discuss music. But the recording was an ordeal for Joyce, and the first attempt was a failure. We went back and began again, and I think the Ulysses record is a wonderful performance. I never hear it without being deeply moved.

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XIV. le point de capiton de Montpellier / tripartition de consistances cliniques – 25 mai

Ce n’était pas ici que mon cours de cette année a atteint, je crois son but, (« On n’entend pas, on n’entend pas, on n’entend rien ») sa cible, son sommet ( – voilà, je vous donne 3 mots comme ça si vous en perdez un, ce n’est pas trop grave). Ce n’était pas ici, mais lors d’une journée d’étude – à laquelle vous n’avez pas été conviés, je m’en excuse – qui réunissait comme chaque année ceux qui ont une charge d’enseignement dans les sections cliniques – celles de France auxquelles s’ajoute la section de Bruxelles. Cette journée regroupe donc un aréopage de quelque 200 enseignants et un petit nombre d’étudiants qui sont aussi conviés [i].

Ce weekend, cela se passait à Montpellier et je ne peux pas le passer sous silence, non pas pour vous désespérer, mais parce que non seulement cette journées, ces 2 demi-journées, ont été l’occasion pour moi de vérifier que j’étais entendu, par beaucoup de monde qui n’est pas ici, que j’étais compris, et que mon cours de cette année avait, si je puis dire, résonné pour les collègues, praticiens en même temps qu’enseignants, qui se dévouent à animer ce qui doit bien faire 25 ou 26 établissements à travers le pays.

Mais aussi, ce fut le moment où pour moi s’est noué le point de capiton de ce cours.

Je dois dire que dans ces journées je ne suis pas du tout le seul à travailler, puisque ces journées se sont déroulées à partir d’un écrit de 15 contributions brèves, 2, maximum 3 pages, de 15 psychanalystes auxquels j’avais proposé à chacun une proposition, une phrase extraite du séminaire XIII de Lacan, Le sinthome, et je m’étais efforcé d’assigner à chacun le travail qu’il me semblait, les connaissant, le plus apte à les stimuler et le résultat est là (désigne sur la table, une grosse quantité de feuilles), et la lecture des textes se fait à l’avance. Il est aujourd’hui aisé d’envoyer cette quantité de signifiants par un message électronique, ce qui fait que sur place on converse. Et on a conversé autour de 3 tables rondes, plus une laissée à l’improvisation. Donc loin d’être tout seul, solitaire à cette tribune comme je suis ici, et comme on même dit austère, eh bien dans ce cadre-là, je m’en donne à corps joie. Faut dire que pour ma part je ne me suis exprimé que dans un style de rigolade qui a été communicatif, ce qui fait que on s’est bien amusés ça m’a fait d’ailleurs regretter le format d’expression auquel je suis ici condamné, c’est le mot qui me vient, et j’aimerais bien que ça change, j’aimerais peut-être même bien que ça change avant la fin de l’année. Il y a dans l’échange dans la conversation pour moi une stimulation, de l’invention ex-tempore, qui évidemment ici me fait défaut, et c’est là que le signifiant et le signifié se sont rejoints dans ce qui m’a paru être le point de capiton de ce cours.

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DSK, entre Eros et Thanatos

En passant

DSK, entre Eros et Thanatos

par  Jacques-Alain Miller, psychanalyste et écrivain

Le Point n°2018, 19 mai 2011, p. 48

« Que vous inspire l’affaire DSK ?» me demande Le Point.

L’envie de parfaire l’éducation freudienne du peuple français. Aujourd’hui, en France, l’inconscient est en effet une notion populaire, qui s’est déjà acquis une crédibilité de masse. L’inconscient, on y croit très largement. Mais l’événement oblige à en étendre la notion et à la compléter.

Si l’inconscient est entré de plein droit dans le discours commun, il n’a été adopté que sous une forme précise, celle du lapsus. L’opinion en est à exiger des médias que les lapsus des personnalités publiques, comme leurs gaffes, soient traqués, recueillis et répercutés. Ces trébuchements, on ne les traite pas comme des erreurs, on leur reconnaît du sens, et même une valeur de vérité très supérieure à celles des « petites phrases» ciselées à l’avance.

Quelle vérité ? Elle reste indéterminée, mais le phénomène n’en est pas moins assimilé à une révélation. On tient le lapsus pour l’émergence inopinée, incongrue et involontaire de certaines pensées secrètes agitant un sujet dans son for intérieur. On admet que le sujet n’est pas maitre du langage dont il use et qu’il s’exprime toujours à ses risques et périls.

Quel risque? Celui de se trahir lui-même. Le sujet se sabote. Il ne veut pas son propre bien. On est bien forcé de s’apercevoir qu’il est divisé: il dissertait sur la crise financière, et voilà que son message sur l’inflation se trouve parasité par un autre discours qui se glisse dans les interstices du premier et lui fait prononcer à la place le mot « fellation».

Un lapsus, ça fait rire, ce n’est pas grave… l’effet de vérité est fugitif : il désarçonne le sujet, le destitue un instant de son image publique, le ridiculise, mais il s’évapore aussitôt. Maintenant, imaginez que ce mot de «fellation », qui appartient à un discours second, ne s’exprime pas dans le registre de la parole sous la forme de lapsus; supposez qu’il soit doté d’une force injonctive et qui il embraie directement sur le corps. Le sujet se trouve alors dans la nécessité d’obéir à un commandement aussi muet qu’irrécusable, à une exigence absolue de satisfaction immédiate. Un impératif de jouissance impose sa loi, qui n’admet aucune délibération: le passage à l’acte se déclenche. Là, le rire se fige.

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René Descartes, Recherche de la vérité par les lumières naturelles

En passant

[ Ceci vient en référence à la première partie du 13ème cours de Miller.]

RECHERCHE DE LA VÉRITÉ PAR LES LUMIÈRES NATURELLES
QUI, A ELLES SEULES, ET SANS LE SECOURS DE LA RELIGION ET DE LA PHILOSOPHIE,
DÉTERMINENT LES OPINIONS QUE DOIT AVOIR UN HONNÊTE HOMME
SUR TOUTES LES CHOSES
QUI DOIVENT FAIRE L’OBJET DE SES PENSÉES,
ET QUI PÉNÉTRENT DANS LES SECRETS DES SCIENCES
LES PLUS ABSTRAITES.
Texte de l’édition V. Cousin

PRÉAMBULE

L’honnête homme n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres, ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles. Il y a plus, son éducation seroit mauvaise s’il avoit consacré trop de temps aux lettres. Il y a beaucoup d’autres choses à faire dans la vie, et il doit la diriger de manière que la plus grande partie lui en reste pour faire de belles actions, que sa propre raison devroit lui apprendre, s’il ne recevoit de leçons que d’elle seule. Mais il vient ignorant dans le monde, et comme les connoissances de ses premières années ne reposent que sur la foiblesse des sens ou l’autorité des maîtres, il peut à peine se faire que son imagination ne soit remplie d’un nombre infini d’idées fausses, avant que sa raison ait pu prendre l’empire sur elle ; en sorte que par la suite il a besoin d’un bon naturel ou des leçons fréquentes d’un homme sage, tant pour secouer les fausses doctrines dont son esprit est prévenu, que pour jeter les premiers fondements d’une science solide, et découvrir tous les moyens par lesquels il peut porter ses connoissances au plus haut point qu’elles puissent atteindre.

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XIII. tripartition de la cause lacanienne – 18 mai

lumière naturelle

J’ai fait résonner à la fin de ma dernière causerie le mot de « cause »,  en faisant référence, référence allusive, à Descartes. C’est en effet dans la troisième Méditation que l’on  trouve formulé le principe de causalité suivant, attribué par Descartes à ce qu’il appelle la lumière naturelle.

Cette expression a été interrogée, il l’utilise plus qu’il ne la thématise, qu’il ne la définit. La « lumière naturelle » implique une évidence, c’est-à-dire, un énoncé, une proposition, une phrase qui n’est pas résultat, qui n’est pas le résultat d’une déduction, mais qui précède et conditionne tout raisonnement. Cette évidence est de l’ordre de l’axiome, si l’on entend par là que cette proposition n’est pas arbitraire, n’est pas choisie, qu’elle est primordialement nécessaire, nécessaire à ce qu’on puisse discourir – exactement penser. C’est en quelque sorte la condition pour pouvoir penser. Une condition absolue. L’absolu a toujours affaire avec l’impossible, en l’occurrence faute de cet axiome, il serait impossible de penser, et donc même de méditer, au sens où Descartes emploie ce terme. Cet axiome, prétendument naturel, c’est qu’il doit y avoir pour le moins autant de réalité dans la cause efficiente, et Descartes ajoute « et totale« , que dans son effet.

C’est un axiome quantitatif, qui concerne  et ordonne la quantité de réalité. Mais en deçà, il repose sur ce qui serait l’évidence de la scission de deux entités, la cause et l’effet. Et donc, en deçà de cet axiome il y a la position d’une discontinuité. Mais, c’est ce que Lacan souligne quand il utilise ce terme de cause auquel il reste fidèle tout au long de son enseignement, ce trait de discontinuité et il lui sert à opposer la cause et la loi. Parce que la loi prescrit sans scission. Chez Descartes, cette scission s’inscrit dans la prévalence de la cause dite efficiente, la cause considérée par rapport à son effet – ça n’est que l’une des causes distinguées par Aristote. Aristote, lui, ordonnait 4 causes, 4 types de cause, et, c’est le pas de Descartes que d’avoir isolé la cause efficiente en effaçant les autres, en les résorbant, les autres qui sont  la cause finale, la cause matérielle et la cause formelle.  Lacan, éminemment causaliste, et qui a rénové le sens de la cause, si je puis dire au XXème siècle, en un temps où la référence en était devenue désuète, Lacan n’a pas méconnu du tout les causes aristotéliciennes. Et il s’y est référé à plusieurs reprises.

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LOM, LOM de base, LOM cahun corps et nan-na Kun. Faut le dire comme ça : il ahun… et non : il estun…

En passant

Je donne ici une référence du 12ème cours de Jacques-Alain Miller, le cours du 11 mai.

« LOM, LOM de base, LOM cahun corps et nan-na Kun. Faut le dire comme ça : il ahun… et non : il estun… (cor/niché). C’est l’avoir et pas l’être qui le caractérise. Il y a de l’avoiement dans le qu’as-tu ? dont il s’interroge fictivement d’avoir la réponse toujours. J’ai ça, c’est son seul être. Ce que fait le f…toir dit épistémique quand il se met à bousculer le monde, c’est de faire passer l’être avant l’avoir, alors que le vrai, c’est que LOM a, au principe. Pourquoi ? ça se sent, et une fois senti, ça se démontre.

Il a (même son corps) du fait qu’il appartient en même temps à trois… appelons ça, ordres. En témoignant le fait qu’il jaspine pour s’affairer de la sphère dont se faire un escabeau.

Je dis ça pour m’en faire un, et justement d’y faire déchoir la sphère, jusqu’ici indétronable dans son suprême d’escabeau. Ce pourquoi je démontre que l’S.K.beau est premier parce qu’il préside à la production de sphère.

L’S.K.beau c’est ce que conditionne chez l’homme le fait qu’il vit de l’être (= qu’il vide l’être) autant qu’il a – son corps : il ne l’a d’ailleurs qu’à partir de là. D’où mon expression de parlêtre qui se substituera à l’ICS de Freud (inconscient, qu’on lit ça) : pousse-toi de là que je m’y mette, donc. Pour dire que l’inconscient dans Freud quand il le découvre (ce qui se découvre c’est d’un seul coup, encore faut-il après l’invention en faire l’inventaire), l’inconscient c’est un savoir en tant que parlé comme constituant de LOM. La parole bien entendu se définissant d’être le seul lieu, où l’être ait un sens. Le sens de l’être étant de présider à l’avoir, ce qui excuse le bafouillage épistémique.

L’important, de quel point – il est dit « de vue », c’est à discuter ? Ce qui importe donc sans préciser d’où, c’est de se rendre compte que de LOM a un corps – et que l’expression reste correcte, – bien que de là LOM ait déduit qu’il était une âme – ce que, bien entendu, « vu » sa biglerie, il a traduit de ce que cette âme, elle aussi, il l’avait.

Avoir, c’est pouvoir faire quelque chose avec. Entre autres, entre autres avisions dites possibles de « pouvoir » toujours être suspendues. La seule définition du possible étant qu’il puisse ne pas « avoir lieu » : ce qu’on prend par le bout contraire, vu l’inversion générale de ce qu’on appelle la pensée.

Aristote, Pacon contrairement au B de même rime, écrit que l’homme pense avec son âme. En quoi se trouverait que LOM l’a, elle aussi, ce qu’Aristote traduit du []. Je me contente moi de dire : nœud, moins de barouf. Nœud de quoi à quoi, je ne le dis pas, faute de le savoir, mais j’exploite que trinité, LOM ne peut cesser de l’écrire depuis qu’il s’immonde. »

Jacques Lacan, Autres Écrits, » Joyce le Symptôme », p. 565-566.

« l’existence, soit ce dont seul le dire est témoin »

En passant

Ceci, en complément cours du 11 mai (un regard en arrière)

« Lacan est même allé jusqu’à suggérer que c’était la religion qui projetait sur la jouissance un interdit que Freud avait entériné. Il allait aussi jusqu’à penser que la philosophie avait paniqué devant cette jouissance, et que paniquant devant cette jouissance, elle l’avait enseveli sous une masse de substances – faute de penser la substance jouissante, sa permanence, son existence, rebelle à la dialectique qu’introduit le signifiant quand il est pris avec ses effets de signifié, et que c’était à la psychanalyse de cerner cette jouissance. Lacan a pu écrire cette phrase que je ne m’explique que maintenant dans ce retour en arrière, Autres Écrits, p. 507, « la jouissance vient à causer ce qui se lit comme le monde ».Ça veut dire que la jouissance, au fond, c’est le secret de l’ontologie. C’est la cause dernière de ce qui se présente comme l’ordre symbolique dont la philosophie a fait le monde. »
JAM, 11 mai 2011

« Rappelons pour nous qui nous écroyons moins qu’au Japon, ce qui s’impose du texte de la Genèse, c’est que d’ex nihilo rien ne s’y crée que du signifiant. Ce qui va de soi puisqu’en effet ça ne vaut pas plus. L’inconvénient est qu’en dépende l’existence, soit ce dont seul le dire est témoin.

Que Dieu s’en prouve eût dû depuis longtemps le remettre à sa place. Soit celle dont la Bible pose que ce n’est pas mythe, mais bien histoire, on l’a marqué, et c’est en quoi l’évangile selon Marx ne se distingue pas de nos autres.

L’affreux est que le rapport dont se fomente toute la chose, ne concerne rien que la jouissance et que l’interdit qu’y projette la religion faisant partage avec la panique dont procède à cet endroit la philosophie, une foule de substances en surgissent comme substituts à la seule propre, celle de l’impossible à ce qu’on en parle, d’être le réel.

Cette « stance-par-en-dessous » ne se pourrait-il qu’elle se livrât plus accessible de cette forme pour où l’écrit déjà du poème fait le dire le moins bête ?

Ceci ne vaut-il pas la peine d’être construit, si c’est bien ce que je présume de terre promise à ce discours nouveau qu’est l’analyse ?

Non pas que puisse s’en attendre jamais ce rapport dont je dis que c’est l’absence qui fait l’accès du parlant au réel.

Mais l’artifice des canaux par où la jouissance vient à causer ce qui se lit comme le monde, voilà, l’on conviendra, ce qui vaut que ce qui s’en lit, évite l’onto-, Toto prend note, l’onto-, voire l’ontotautologie.

Pas moins qu’ici.

Le 1er janvier 1973″

Jacques Lacan, Autres Écrits, « Postface au séminaire XI », Paris, Seuil 2001, p. 506 & 507.

XII. un regard en arrière – 11 mai

Je ne veux pas aujourd’hui faire un pas en avant, mais plutôt regarder en arrière pour situer le point où j’en suis.

Le point où j’en suis dans ce que je pense, sans doute.

Ce que je pense aujourd’hui, au fond c’est ceci : que j’ai été formé par l’enseignement de Lacan à concevoir le sujet comme un manque-à-être, c’est-à-dire non-substantiel. Et, cette pensée, cette conception a des incidences radicales dans  la pratique de la psychanalyse. Et, ce que je pense, c’est que dans le dernier enseignement de Lacan, c’est-à-dire dans ses indications qui deviennent au cours du temps de plus  en plus parcellaires et énigmatiques, qui demandent à y mettre beaucoup du sien, le manque-à-être, la visée du sujet comme manque-à-être, s’évanouit, disparaît.

Et, à la place de cette catégorie ontologique à proprement parler – il y est question d’être -, vient celle du trou.

Qui n’est pas sans rapport avec le manque-à-être et qui pourtant est d’un autre registre que l’ontologie. Et donc, c’est comme ça que je me retrouve obligé à penser le rapport, la filiation et pourtant  la différence entre le manque-à-être et le trou – par quoi Lacan voulait dans son dernier enseignement définir le symbolique lui-même, le définir comme trou.

Et, le fait qu’il ait eu recours au nœud pour représenter ce que j’appellerais (pour m’amuser?) l’état de sa pensée n’a fait que rendre d’autant plus insistant cette catégorie du trou, puisque chacun des ronds de ficelle dont il s’emparait peut être dit, être filé autour d’un trou.

Voilà ce que j’entrevois, au point où j’en suis.

Le renoncement à l’ontologie l’a conduit du manque-à-être au trou.

Et que cela reste à penser.

Et, le point où j’en suis, c’est aussi le point où j’en suis dans ce que je pratique, dans mon exercice de la psychanalyse.

Et là, je vois bien que j’y ai évolué.

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XI . l’outrepasse – 3 mai

L’être et l’existence, cela fait deux.Voilà ce que j’enseigne cette année à partir du dernier enseignement de Lacan.

outre-passe

Cette bipartition, cette dénivellation, est nécessaire à penser ce qui s’impose de notre pratique et qui est l’espace d’un au-delà de la passe, l’outre-passe, dont nous sommes comme analystes appelés à répondre aujourd’hui. Nous y sommes appelés à répondre parce que nombreux sont ceux qui, au-delà de l’épreuve de la passe, réussie ou non, poursuivent l’analyse.

Il y a, c’est une constatation, l’outre-passe. Et de ce fait, elle conditionne l’expérience analytique dès le moment où celle-ci s’instaure.

vérité

En effet, l’expérience analytique s’inaugure comme une recherche de la vérité. Cette recherche prend la forme d’une demande, d’une demande  de l’analyste : « Dis-moi la vérité ». Cette demande, qu’elle soit explicitée ou non, déclenche, favorise, se nourrit de ce que le patient livre ce qui lui vient à l’esprit. Et donc la demande de vérité s’énonce, implicitement ou non, comme un « Dis-moi sans fioritures ce que tu penses, sans ménagement, de façon brute, en quelque sorte sauvage. Et ce que tu me diras ainsi, sera ta vérité. »  C’est une vérité du moment, de l’instant. L’analyste sait par avance qu’elle n’est pas définitive, qu’elle est éminemment variable, sait « que tu diras autre chose plus tard, qui ne sera pas le même ». Et donc, il y a du côté de l’analyste ce savoir « qu’en disant la vérité, tu mens, et même que tu ne peux que mentir. C’est ce qu’on appelle le réel ».

On appelle réel ce dont on ne peut dire la vérité qu’en mentant. Le réel, c’est la raison de la vérité menteuse, ne serait-ce que parce que variable. Qu’est-ce qu’on appelle le réel ? C’est ce qu’on ne peut dire qu’en mentant, ce qui est rétif au vrai, au dire que c’est vrai.

présentation de malades

J’enseigne ici, mais je n’enseigne pas qu’ici.  Je fais aussi une présentation de malades, comme on dit. C’est une pratique qui s’inscrit dans la suite de Lacan, qui lui-même prenait le relais d’une pratique qui était traditionnelle parmi les psychiatres de son temps. Ça consiste à interroger devant un public des patients qui sont hospitalisés et dont on est supposé démontrer la structure au cours d’un entretien, pour le bénéfice d’apprentis. C’est une pratique qui a été critiquée, en effet, elle s’inscrit dans le discours psychiatrique.  Lacan a récusé les objections qu’on avait formulées au titre d’une certaine rébellion contre les institutions, et dans le Champ freudien, après lui, cette pratique a été maintenue.

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