L’un-tout-seul, Éditions de La Martinière, avril 2018

En passant

Ce livre donne les clefs de ce qu’il est convenu d’appeler le dernier enseignement de Lacan, qui dérouta tellement ses contemporains. Jacques-Alain Miller montre combien ce Lacan là annonçait nos hypermodernes sociétés de plaisir. Si le Lacan classique (1950-1970) met en avant l’ordre symbolique, la sexualité, l’amour et le désir, le dernier Lacan plus pragmatique explore l’ordre du réel et souligne l’insistance de la jouissance. La grande différence est que dans le premier cas, on est toujours deux et, dans le second, toujours seul. En effet, la jouissance de chacun n’est complémentaire de celle de personne – elle se répète indéfiniment depuis qu’on l’a rencontrée une première fois d’une façon peu ou prou traumatique, et son modèle en est l’addiction. C’est une espèce de drogue, mais bien plus variée que nos produits chimiques de synthèse puisqu’elle varie selon chacun – tout le monde est ainsi addict à quelque chose résultant de son existence-même ! J.-A. Miller refonde la distinction des registres de l’être et de l’existence en donnant au signifiant une autre valeur – il n’apporte plus au vivant le sens ou l’être, mais provoque une jouissance, en partie ineffaçable, que le symptôme répercute. Aussi, la psychanalyse ne s’occupe pas seulement de ce dont on peut guérir, mais encore de ce qui ne nous quittera pas. A la question que l’incurable pose pour chacun, il n’y a de réponse que singulière. La trouver est ce que la psychanalyse permet à ceux qui s’y engagent. Elle n’est donc pas strictement traitement, mais aussi et surtout mode de vie !

Psychanalyste, fondateur de l’Association mondiale de Psychanalyse, Jacques-Alain Miller rédige le Séminaire de Lacan dont il fut l’un des plus proches, depuis leur rencontre à l’Ecole normale supérieure, en 1964, à la mort de Lacan en 1981. Il consacre son cours de l’université de Paris VIII intitulé « L’orientation lacanienne » à élucider et prolonger la pensée de Lacan. L’enseignant était aussi joyeux que sérieux, ce livre est à son diapason ! L’Un-tout-seul est le premier volume de dix inédits en France.

Christiane Alberti : psychanalyste à Toulouse, Vice-présidente de l’Ecole de la Cause freudienne (ECF) et de l’Association mondiale de Psychanalyse (AMP), elle dirige les 44es journées de l’ECF en novembre 2014 sur le thème « être mère » et l’ouvrage à paraître à cette occasion.

Philippe Hellebois : psychanalyste en Belgique, membre de l’ECF et de l’AMP, enseignant à la Section clinique de Bruxelles, il est aussi directeur thérapeutique au Courtil. Auteur de Lacan, lecteur de Gide (Ed. Michèle, 2011) et Histoires salées en psychanalyse (Navarin/Le Champ freudien, 2013).

https://www.payot.ch/Detail/lun_tout_seul-jacques_alain_miller-9782732467276 (épuisé à ce jour)

Sur la dénotation (de Bertrand Russell)

En passant

Bertrand Russell (1950)

Comme j’entame à la lecture du séminaire ...ou pire, j’y croise le terme de « dénotation » qu’il me semble que Miller a lui-même employé cette année.

Une recherche rapide sur le site me ramène au cours du 16 mars, où effectivement Miller commente le texte qui va suivre,  « On denoting », « Sur la dénotation », de Bertrand Russell :

« Y a quelqu’un qui a fait quelque chose qui est comme un mot d’esprit, qui n’en n’a pas moins inspiré des réflexions aux logiciens pendant tout le XXè siècle. Ça tient en quelques pages, c’est un article de quelqu’un dont Lacan a beaucoup  pratiqué l’œuvre, Bertrand Russell, c’est un article qui s’appelle « On denoting » (1905). « Sur la dénotation ». En termes fregiens, on dirait « Sur la référence », nous dirions « Sur l’existence ». Et dans cet article, il s’occupe à extraire, à faire saillir dans tout énoncé l’acte référentiel. »

La « dénotation » à laquelle Lacan fait référence dans …ou pire, du moins à l’endroit du texte où je suis arrivée (p. 55), est celle de Frege dans ses Principes mathématiques, celle-là même que critique Russell dans « On denoting ». Lacan dit se référer à la traduction de Claude Imbert qui traduit  Bedeutung  par « dénotation » – là où Miller traduirait plutôt par  « référence » :

« Alors. Le réel au sens de Lacan, pour en pénétrer les arcanes, il faut se familiariser avec l’usage du « il existe » en logique. Et pour ça,  le plus simple est de partir de la scission que Frege a opérée entre Sinn et Bedeutung.

Bedeutung ça peut se  traduire comme la signification, c’est en ce sens que Lacan dit « die Bedeutung des Phallus». Faut dire que Freud emploie fréquemment le mot, et dans ce sens-là. Et sans doute Lacan l’a-t-il employé parce qu’il y voyait aussi une façon de faire allusion à l’usage de Frege. Mais chez Frege, Bedeutung se traduit par « la référence ».  Ce qui dénote, ce qui pointe vers une existence. Sinn, c’est sens ou c’est signification. Si on veut Sinn, c’est ce qui dit l’essence, c’est ce qui décrit quelque chose, ce qui décerne des attributs, des propriétés à quelque chose. Si je voulais encore parodier la phrase de Sartre à la Frege, je dirais « La Bedeutung précède le Sinn ». Mais, ça n’est pas ce que dit Frege. Il ne dit pas que l’un précède l’autre, mais que existence et essence, ça fait deux. L’essence, la description, le nom peut bien être essence d’un être, mais n’assure d’aucune existence. « Cercle carré » ça fait sens, ne serait-ce que pour dire « un cercle carré y en pas ». Une licorne, ça se décrit, ça se représente, on en rêve, même si dans la nature ça ne se rencontre pas. Vous pouvez parfaitement admettre ça dans votre ontologie, si ça vous chante. »

Bon, il se trouve que dans l’extrait du séminaire auquel je me réfère ici, Lacan « explique » pourquoi il utilise et traduit Bedeutung par « signification » dans le titre de son exposé « La signification du phallus – Die Bedeutung des Phallus » :

J’ai pris soin de loger quelque part dans mes Écrits l’énonciation que j’avais faite en 1958, il y a une paye, sous le titre La Signification du phallus. J’ai écrit dessous Die Bedeutung des Phallus. Ce n’est pas pour le plaisir de vous faire croire que je sais l’allemand, encore que ce soit en allemand, puisque c’était à Munich, que j’ai cru devoir articuler ce dont j’ai donné là le texte retraduit. Il m’avait semblé opportun d’introduire sous le terme de Bedeutung ce qu’en français, vu le degré de culture où nous étions à l’époque parvenus, je ne pouvais décemment traduire que par signification.

Die Bedeutung des Phallus, les Allemands eux-mêmes, étant donné qu’ils étaient analystes – j’en marque la distance par une petite note au début du texte -, n’y ont entravé que pouic. […]

Die Bedeutung, pourtant, était bien reféré à l’usage que Frege fait de ce mot pour l’opposer au terme de Sinn, lequel répond très exactement à ce que j’ai cru devoir vous rappeler au niveau de mon énoncé d’aujourd’hui, à savoir le sens, le sens d’une proposition. On pourrait l’exprimer autrement – et ce n’est pas incompatible – ce qu’il en est de la nécessité qui conduit à cet art de la produire comme nécessité de discours. On pourrait l’exprimer en disant – que faut-il pour qu’une parole dénote quelque chose? C’est le sens que Frege donne à Bedeutung – faites attention, les menus échanges commencent -, la dénotation.

Si vous voulez bien ouvrir ce livre de Frege qui s’appelle Les Fondements de l’arithmétique – il est traduit, ce qui le fait entièrement accessible pour vous, à la portée de votre main, par une certaine Claude Imbert qui autrefois, si mon souvenir est bon, fréquenta mon Séminaire -, il vous apparaîtra clair que, pour qu’il y ait à coup sûr dénotation, il n’est pas mal de s’adresser d’abord, timidement, au champ de l’arithmétique, tel qu’il est défini par les nombres entiers.

[…]

Un effort logique peut au moins tenter de rendre compte des nombres entiers, et c’est pourquoi j’amène dans le champ de votre considération le travail de Frege.

Je donne donc ici le texte de Bertrant Russel, On Denoting, publié dans la revue Mind en 1905 (traduit de l’anglais par J-M Roy, in Écrits de Logique philosophique, Epiméthée, PUF, Paris, 1989). J’ai trouvé ce texte , on en trouve une très jolie copie là (pdf), et je compte le parsemer d’extraits traduits trouvés dans ce texte d’un certain Gilles Plante, « Questions de logique », très éclairant, trouvé ici, ainsi que d’extraits du cours du 16 mars de Jacques-Alain Miller pouvant l’illustrer.


 

On denoting

By Bertrand Russell

1905

By a « denoting phrase » I mean a phrase such as any one of the following: a man, some man, any man, every man, all men, the present King of England, the present King of France, the center of mass of the solar system at the first instant of the twentieth century, the revolution of the earth round the sun, the revolution of the sun round the earth. Thus a phrase is denoting solely in virtue of its form. We may distinguish three cases: (1) A phrase may be denoting, and yet not denote anything; e.g., « the present King of France« . (2) A phrase may denote one definite object; e.g., « the present King of England » denotes a certain man. (3) A phrase may denote ambiguously; e.g. « a man » denotes not many men, but an ambiguous man. The interpretation of such phrases is a matter of considerably difficulty; indeed, it is very hard to frame any theory not susceptible of formal refutation. All the difficulties with which I am acquainted are met, so far as I can discover, by the theory which I am about to explain.

Par  « locution dénotante »  (« denoting phrase »), je veux dire (mean) une locution telle que l’une des suivantes : a man, some man, any man, every man, all men, the present King of England, the present King of France, the center of mass of the solar system at the first instant of the twentieth century, the revolution of the earth round the sun, the revolution of the sun round the earth. Donc, la locution n’est dénotante qu’en vertu de sa forme. Nous pouvons distinguer trois cas: (1) une locution peut être dénotante, encore qu’elle ne dénote rien ; v.g., « l’actuel Roi de France ». (2) une locution peut dénoter un objet déterminé ; v.g., « l’actuel Roi d’Angleterre » dénote un certain homme [en 1905, Édouard VII]. (3) Une locution peut dénoter de manière indéterminée [ambiguously]; v.g. « un homme » ne dénote pas plusieurs hommes, mais un homme indéterminé. L’interprétation de telles locutions présente une difficulté considérable ; en effet, il est très difficile de construire [to frame] une théorie qui n’est pas susceptible d’une réfutation formelle. Toutes les difficultés que je connais par expérience vécue (All the difficulties with which I am acquainted), à ce point de mes découvertes (so far as I can discover), sont résolues par la théorie que je suis sur le point d’exposer (are met … by the theory which I am about to explain).

The subject of denoting is of very great importance, not only in logic and mathematics, but also in the theory of knowledge. For example, we know that the center of mass of the solar system at a definite instant is some definite point, and we can affirm a number of propositions about it; but we have no immediate acquaintance with this point, which is only known to us by description. The distinction between acquaintance and knowledge about is the distinction between the things we have presentations of, and the things we only reach by means of denoting phrases. It often happens that we know that a certain phrase denotes unambiguously, although we have no acquaintance with what it denotes; this occurs in the above case of the center of mass. In perception we have acquaintance with objects of perception, and in thought we have acquaintance with objects of a more abstract logical character; but we do not necessarily have acquaintance with the objects denoted by phrases composed of words with whose meanings we are acquainted. To take a very important instance: there seems no reason to believe that we are ever acquainted with other people’s minds, seeing that these are not directly perceived; hence what we know about them is obtained through denoting. All thinking has to start from acquaintance; but it succeeds in thinking about many things with which we have no acquaintance.

The course of my argument will be as follows. I shall begin by stating the theory I intend to advocate; I shall then discuss the theories of Frege and Meinong, showing why neither of them satisfies me; then I shall give the grounds in favor of my theory; and finally I shall briefly indicate the philosophical consequences of my theory.

Eh bien par rapport aux propriétés, la question sérieuse c’est la question du « il existe ». Le sens est au niveau de la description, et disons en termes logiques de la fonction, le réel est au niveau du « il existe ».

C’est là qu’on introduit le x, la variable.

Le Sinn, la description, se résume logiquement dans la lettre grand F de la fonction.  Et on décrit, et on ajoute des attributs, etc. Et on attribue tout ça  à « on ne sait quoi » dont on marque la place en écrivant x entre parenthèses : (x).  On dit que c’est une variable, pas pour dire que ça  varie, pour dire qu’on ne sait pas s’il y a quelque chose de réel qui peut venir à remplacer ce trou.

Et ce qui est la constante, c’est le quelque chose qui peut remplir ce trou et qui dans tous les cas ne sera que Un signifiant, ce ne sera qu’un exemplaire du signifiant Un.

Mais, je ne renie pas le terme de variable, simplement, au fond pour la constante j’utiliserais l’adjectif  que j’emprunte au logicien Kripke, dans sa théorie des noms propres, je dirais que c’est le rigide. A côté de la variable, il y a le rigide qui lui est l’index de l’existence. Et, dans tous les cas, quel que soit le nom dont on le décore, la nature de ce qui existe est d’une nature si je puis dire signifiante.

C’est dans ce contexte que s’inscrit le « Il n’y pas le rapport sexuel », crié par Lacan. Il n’y a pas le rapport sexuel au niveau du réel. Tout d’abord parce qu’au niveau du réel, c’est le Un qui règne, pas le deux. Le rapport sexuel ne fleurit qu’au niveau du sens et Dieu sait si ses significations sont équivoques et variables.

Le « il existe »  dans la psychanalyse, Freud l’a appelé la fixation. L’a repéré comme la fixation.

JAM, cours 7, « Aujourd’hui on va s’amuser »

My theory, briefly, is as follows. I take the notion of the variable as fundamental; I use « C(x) » to mean a proposition in which x is a constituent, where x, the variable, is essentially and wholly undetermined. Then we can consider the two notions « C(x) is always true » and « C(x) is sometimes true ». Then everything and nothing and something (which are the most primitive of denoting phrases) are to be interpreted as follows:

C(everything) means « C(x) is always true« ;
[C(x) est toujours vrai
ou  « C(x) est vrai » est toujours vrai
= pour tout x C(x)]

C(nothing) means  » ‘C(x) is false’ is always true« ;
[« C(x) est faux » est toujours vrai
= il n’existe pas de x tel que C(x)
]

C(something) means « It is false that ‘C(x) is false' » is always true. »
[Il est faux que la fonction « C(x) est fausse » soit toujours vraie]

Here the notion « C(x) is always true » is taken as ultimate and indefinable, and the others are defined by means of it. Everything, nothing, and something are not assumed to have any meaning in isolation, but a meaning is assigned to every proposition in which they occur. This is the principle of the theory of denoting I wish to advocate: that denoting phrases never have any meaning in themselves, but that every proposition in whose verbal expression they occur has a meaning. The difficulties concerning denoting are, I believe, all the result of a wrong analysis of propositions whose verbal expressions contain denoting phrases. The proper analysis, if I am not mistaken, may be further set forth as follows.

Suppose now we wish to interpret the proposition, « I met a man ». If this is true, I met some definite man; but that is not what I affirm. What I affirm is, according to the theory I advocate:

 » ‘I met x, and x is human’ is not always false« .

[voir plus haut:

C(something) means « It is false that ‘C(x) is false' » is always true. » =Il est faux que la fonction « C(x) est fausse » soit toujours vraie

–> a man = something –> sometimes (=not always)]

Generally, defining the class of men as the class of objects having the predicate human, we say that:

« C(a man) means  » ‘C(x) and x is human’ is not always false« .

La trouvaille de Russell, c’est de diviser le dit. D’un côté il y a la description, ce qu’il appelle la description définie à Sinn de Frege: « le roi de France est chauve ». Ça laisse ouvert la question de savoir s’il y a ou non un roi de France. Et ça dit que la question du « il y a » doit toujours être posée, quelque soit la splendeur de la description. La question du « il existe. » D’un côté, nous avons une liste de propriétés, et  il y a une dénivellation par rapport à la question qu’il faut faire surgir : est-il vrai qu’il existe quelque chose qui réponde à cette description ou non ? Puisqu’on parfaitement décrire quelque chose qui n’existe pas. Et donc on doit toujours faire surgir la question du  « il existe quelque chose ou quelqu’un qui a ces propriétés ».

This leaves « a man », by itself, wholly destitute of meaning, but gives a meaning to every proposition in whose verbal expression « a man » occurs.

Consider next the proposition « all men are mortal ». This proposition is really hypothetical and states that if anything is a man, it is mortal. That is, it states that if x is a man, x is mortal, whatever x may be. Hence, substituting `x is human’ for `x is a man’, we find:

« All men are mortal » means  » ‘If x is human, x is mortal’ is always true. »

This is what is expressed in symbolic logic by saying that ‘all men are mortal’ means ‘ ‘x is human’ implies ‘x is mortal’ for all values of x’. More generally, we say:

`C(all men)’ means ` « If x is human, then C(x) is true » is always true’.

Similarly

`C(no men)’ means ` « If x is human, then C(x) is false » is always true’.
`C(some men)’ will mean the same as `C(a man)’, and
`C(a man)’ means `It is false that « C(x) and x is human » is always false’.
`C(every man)’ will mean the same as `C(all men)’.

It remains to interpret phrases containing the. These are by far the most interesting and difficult of denoting phrases. Take as an instance « the father of Charles II was executed ». This asserts that there was an x who was the father of Charles II and was executed. Now the, when it is strictly used, involves uniqueness; we do, it is true, speak of « the son of So-and-so » even when So-and-so has several sons, but it would be more correct to say « a son of So-and-so ». Thus for our purposes we take the as involving uniqueness. Thus when we say « x was the father of Charles II » we not only assert that x had a certain relation to Charles II, but also that nothing else had this relation. The relation in question, without the assumption of uniqueness, and without any denoting phrases, is expressed by « x begat Charles II ». To get an equivalent of « x was the father of Charles II », we must add « If y is other than x, y did not beget Charles II », or, what is equivalent, « If y begat Charles II, y is identical with x« . Hence « x is the father of Charles II » becomes: « x begat Charles II; and ‘If y begat Charles II, y is identical with x‘ is always true of y« .

Thus « the father of Charles II was executed » becomes: « It is not always false of x that x begat Charles II and that x was executed and that ‘if y begat Charles II, y is identical with x’ is always true of y ».

This may seem a somewhat incredible interpretation; but I am not at present giving reasons, I am merely stating the theory.

To interpret « C(the father of Charles II) », where C stands for any statement about him, we have only to substitute C(x) for « x was executed » in the above. Observe that, according to the above interpretation, whatever statement C may be, « C(the father of Charles II) »implies:

`It is not always false of x that « if y begat Charles II, y is identical with x » is always true of y‘,

which is what is expressed in common language by « Charles II had one father and no more ». Consequently if this condition fails, every proposition of the form « C(the father of Charles II) » is false. Thus e.g. every proposition of the form « C(the present King of France) » is false. This is a great advantage to the present theory. I shall show later that it is not contrary to the law of contradiction, as might be at first supposed.

The above gives a reduction of all propositions in which denoting phrases occur to forms in which no such phrases occur. Why it is imperative to effect such a reduction, the subsequent discussion will endeavor to show.

The evidence for the above theory is derived from the difficulties which seem unavoidable if we regard denoting phrases as standing for genuine constituents of the propositions in whose verbal expressions they occur. Of the possible theories which admit such constituents the simplest is that of Meinong. This theory regards any grammatically correct denoting phrase as standing for an object. Thus « the present King of France », « the round square », etc., are supposed to be genuine objects. It is admitted that such objects do not subsist, but nevertheless they are supposed to be objects. This is in itself a difficult view; but the chief objection is that such objects, admittedly, are apt to infringe the law of contradiction. It is contended, for example, that the existent present King of France exists, and also does not exist; that the round square is round, and also not round, etc. But this is intolerable; and if any theory can be found to avoid this result, it is surely to be preferred.

The above breach of the law of contradiction is avoided by Frege’s theory. He distinguishes, in a denoting phrase, two elements, which we may call the meaning and the denotation. Thus « the center of mass of the solar system at the beginning of the twentieth century » is highly complex in meaning, but its denotation is a certain point, which is simple. The solar system, the twentieth century, etc., are constituents of the meaning; but the denotation has no constituents at all . One advantage of this distinction is that it shows why it is often worth while to assert identity. If we say « Scott is the author of Waverley, » we assert an identity of denotation with a difference of meaning. I shall, however, not repeat the grounds in favor of this theory, as I have urged its claims elsewhere (loc. cit.), and am now concerned to dispute those claims.One of the first difficulties that confront us, when we adopt the view that denoting phrases express a meaning and denote a denotation, concerns the cases in which the denotation appears to be absent. If we say « the King of England is bald », that is, it would seem, not a statement about the complex meaning « the King of England », but about the actual man denoted by the meaning. But now consider « the king of France is bald« . By parity of form, this also ought to be about the denotation of the phrase « the King of France ». But this phrase, though it has a meaning provided « the King of England » has a meaning, has certainly no denotation, at least in any obvious sense. Hence one would suppose that « the King of France is bald » ought to be nonsense; but it is not nonsense, since it is plainly false. Or again consider such a proposition as the following: « If u is a class which has only one member, then that one member is a member of u », or as we may state it, « If u is a unit class, the u is a u« . This proposition ought to be always true, since the conclusion is true whenever the hypothesis is true. But « the u » is a denoting phrase, and it is the denotation, not the meaning, that is said to be a u. Now is u is not a unit class, « the u » seems to denote nothing; hence our proposition would seem to become nonsense as soon as u is not a unit class.

Now it is plain that such propositions do not become nonsense merely because their hypotheses are false. The King in The Tempest might say, « If Ferdinand is not drowned, Ferdinand is my only son ». Now « my only son »‘ is a denoting phrase, which, on the face of it, has a denotation when, and only when, I have exactly one son. But the above statement would nevertheless have remained true if Ferdinand had been in fact drowned. Thus we must either provide a denotation in cases in which it is at first sight absent, or we must abandon the view that denotation is what is concerned in propositions which contain denoting phrases. The latter is the course that I advocate. The former course may be taken, as Meinong, by admitting objects which do not subsist, and denying that they obey the law of contradiction; this, however, is to be avoided if possible. Another way of taking the same course (so far as our present alternative is concerned) is adopted by Frege, who provides by definition some purely conventional denotation for the cases in which otherwise there would be none. Thus « the King of France », is to denote the null-class; « the only son of Mr. So-and-so » (who has a fine family of ten), is to denote the class of all his sons; and so on. But this procedure, though it may not lead to actual logical error, is plainly artificial, and does not give an exact analysis of the matter. Thus if we allow that denoting phrases, in general, have the two sides of meaning and denotation, the cases where there seems to be no denotation cause difficulties both on the assumption that there really is a denotation and on the assumption that there really is none.

A logical theory may be tested by its capacity for dealing with puzzles, and it is a wholesome plan, in thinking about logic, to stock the mind with as many puzzles as possible, since these serve much the same purpose as is served by experiments in physical science. I shall therefore state three puzzles which a theory as to denoting ought to be able to solve; and I shall show later that my theory solves them.

(1) If a is identical with b, whatever is true of the one is true of the other, and either may be substituted for the other in any proposition without altering the truth or falsehood of that proposition. Now George IV wished to know whether Scott was the author of Waverley; and in fact Scott was the author of Waverley. Hence we may substitute Scott for the author of `Waverley’, and thereby prove that George IV wished to know whether Scott was Scott. Yet an interest in the law of identity can hardly be attributed to the first gentleman of Europe.

(2) By the law of the excluded middle, either `A is B‘ or `A is not B‘ must be true. Hence either `the present King of France is bald’ or `the present King of France is not bald’ must be true. Yet if we enumerated the things that are bald, and then the things that are not bald, we should not find the present King of France in either list. Hegelians, who love a synthesis, will probably conclude that he wears a wig.

(3) Consider the proposition `A differs from B‘. If this is true, there is a difference between A and B, which fact may be expressed in the form `the difference between A and B subsists’. But if it is false that A differs from B, then there is no difference between A and B, which fact may be expressed in the form `the difference between A and B does not subsist’. But how can a non-entity be the subject of a proposition? `I think, therefore I am’ is no more evident than `I am the subject of a proposition, therefore I am’; provided `I am’ is taken to assert subsistence or being, not existence. Hence, it would appear, it must always be self-contradictory to deny the being of anything; but we have seen, in connexion with Meinong, that to admit being also sometimes leads to contradictions. Thus if A and B do not differ, to suppose either that there is, or that there is not, such an object as `the difference between A and B‘ seems equally impossible.

The relation of the meaning to the denotation involves certain rather curious difficulties, which seem in themselves sufficient to prove that the theory which leads to such difficulties must be wrong.

When we wish to speak about the meaning of a denoting phrase, as opposed to its denotation, the natural mode of doing so is by inverted commas. Thus we say:

The center of mass of the solar system is a point, not a denoting complex;
`The center of mass of the solar system’ is a denoting complex, not a point.

Or again,

The first line of Gray’s Elegy states a proposition.
`The first line of Gray’s Elegy’ does not state a proposition.

Thus taking any denoting phrase, say C, we wish to consider the relation between C and `C‘, where the difference of the two is of the kind exemplified in the above two instances.

We say, to begin with, that when C occurs it is the denotation that we are speaking about; but when `C‘ occurs, it is the meaning. Now the relation of meaning and denotation is not merely linguistic through the phrase: there must be a logical relation involved, which we express by saying that the meaning denotes the denotation. But the difficulty which confronts us is that we cannot succeed in both preserving the connexion of meaning and denotation and preventing them from being one and the same; also that the meaning cannot be got at except by means of denoting phrases. This happens as follows.

The one phrase C was to have both meaning and denotation. But if we speak of `the meaning of C‘, that gives us the meaning (if any) of the denotation. `The meaning of the first line of Gray’s Elegy’ is the same as `The meaning of « The curfew tolls the knell of parting day »,’ and is not the same as `The meaning of « the first line of Gray’s Elegy ».’ Thus in order to get the meaning we want, we must speak not of `the meaning of C‘, but `the meaning of « C« ,’ which is the same as `C‘ by itself. Similarly `the denotation of C‘ does not mean the denotation we want, but means something which, if it denotes at all, denotes what is denoted by the denotation we want. For example, let `C‘ be `the denoting complex occurring in the second of the above instances’. Then

C = `the first line of Gray’s Elegy’, and

the denotation of C = The curfew tolls the knell of parting day. But what we meant to have as the denotation was `the first line of Gray’s Elegy’. Thus we have failed to get what we wanted.

The difficulty in speaking of the meaning of a denoting complex may be stated thus: The moment we put the complex in a proposition, the proposition is about the denotation; and if we make a proposition in which the subject is `the meaning of C‘, then the subject is the meaning (if any) of the denotation, which was not intended. This leads us to say that, when we distinguish meaning and denotation, we must be dealing with the meaning: the meaning has denotation and is a complex, and there is not something other than the meaning, which can be called the complex, and be said to have both meaning and denotation. The right phrase, on the view in question, is that some meanings have denotations.

But this only makes our difficulty in speaking of meanings more evident. For suppose that C is our complex; then we are to say that C is the meaning of the complex. Nevertheless, whenever C occurs without inverted commas, what is said is not true of the meaning, but only of the denotation, as when we say: The center of mass of the solar system is a point. Thus to speak of C itself, i.e. to make a proposition about the meaning, our subject must not be C, but something which denotes C. Thus `C‘, which is what we use when we want to speak of the meaning, must not be the meaning, but must be something which denotes the meaning. And C must not be a constituent of this complex (as it is of `the meaning of C‘); for if C occurs in the complex, it will be its denotation, not its meaning, that will occur, and there is no backward road from denotations to meaning, because every object can be denoted by an infinite number of different denoting phrases.

Thus it would seem that `C‘ and C are different entities, such that `C‘ denotes C; but this cannot be an explanation, because the relation of `C‘ toC remains wholly mysterious; and where are we to find the denoting complex `C‘ which is to denote C? Moreover, when C occurs in a proposition, it is not only the denotation that occurs (as we shall see in the next paragraph); yet, on the view in question, C is only the denotation, the meaning being wholly relegated to `C‘. This is an inextricable tangle, and seems to prove that the whole distinction between meaning and denotation has been wrongly conceived.

That the meaning is relevant when a denoting phrase occurs in a proposition is formally proved by the puzzle about the author of Waverley. The proposition `Scott was the author of Waverley‘ has a property not possessed by `Scott was Scott’, namely the property that George Iv wished to know whether it was true. Thus the two are not identical propositions; hence the meaning of `the author of Waverley‘ must be relevant as well as the denotation, if we adhere to the point of view to which this distinction belongs. Yet, as we have just seen, so long as we adhere to this point of view, we are compelled to hold that only the denotation is relevant. Thus the point of view in question must be abandoned.

It remains to show how all the puzzles we have been considering are solved by the theory explained at the beginning of this article.

According to the view which I advocate, a denoting phrase is essentially part of a sentence, and does not, like most single words, have any significance on its own account. If I say « Scott was a man », that is a statement of the form « x was a man », and it has « Scott » for its subject. But if I say « the author of Waverley was a man », that is not a statement of the form « x was a man », and does not have « the author of Waverley » for its subject. Abbreviating the statement made at the beginning of this article, we may put, in place of « the author of Waverley was a man », the following: « One and only one entity wrote Waverley, and that one was a man« . (this is not so strictly what is meant as what was said earlier; but it is easier to follow.) And speaking generally, suppose we wish to say that the author of Waverley had property phi, what we wish to say is equivalent to `One and only one entity wrote Waverley, and that one had the property phi‘.

The explanation of denotation is now as follows. Every proposition in which `the author of Waverley‘ occurs being explained as above, the proposition `Scott was the author of Waverley‘ (i.e. `Scott was identical with the author of Waverley‘) becomes `One and only one entity wrote Waverley, and Scott was identical with that one’; or, reverting to the wholly explicit form: `It is not always false of x that x wrote Waverley, that it is always true of y that if y wrote Waverley y is identical with x, and that Scott is identical with x.’ Thus if `C‘ is a denoting phrase, it may happen that there is one entity x (there cannot be more than one) for which the proposition `x is identical with C‘ is true, this proposition being interpreted as above. We may then say that the entity x is the denotation of the phrase `C‘. Thus Scott is the denotation of `the author of Waverley‘. The `C‘ in inverted commas will be merely the phrase, not anything that can be called the meaning. The phrase per se has no meaning, because in any proposition in which it occurs the proposition, fully expressed, does not contain the phrase, which has been broken up.

The puzzle about George IV’s curiosity is now seen to have a very simple solution. The proposition « Scott was the author of Waverley », which was written out in its unabbreviated form in the preceding paragraph, does not contain any constituent « the author of Waverley » for which we could substitute « Scott ». This does not interfere with the truth of inferences resulting from making what is verbally the substitution of « Scott » for « the author of Waverley », so long as ` »he author of Waverley » has what I call a primary occurrence in the proposition considered. The difference of primary and secondary occurrences of denoting phrases is as follows:

When we say: `George IV wished to know whether so-and-so’, or when we say `So-and-so is surprising’ or `So-and-so is true’, etc., the `so-and-so’ must be a proposition. Suppose now that `so-and-so’ contains a denoting phrase. We may either eliminate this denoting phrase from the subordinate proposition `so-and-so’, or from the whole proposition in which `so-and-so’ is a mere constituent. Different propositions result according to which we do. I have heard of a touchy owner of a yacht to whom a guest, on first seeing it, remarked, `I thought your yacht was larger than it is’; and the owner replied, `No, my yacht is not larger than it is’. What the guest meant was, `The size that I thought your yacht was is greater than the size your yacht is’; the meaning attributed to him is, `I thought the size of your yacht was greater than the size of your yacht’. To return to George IV and Waverley, when we say `George IV wished to know whether Scott was the author of Waverley‘ we normally mean `George IV wished to know whether one and only one man wrote Waverley and Scott was that man’; but we may also mean: `One and only one man wrote Waverley, and George IV wished to know whether Scott was that man’. In the latter, `the author of Waverley‘ has a primary occurrence; in the former, a secondary. The latter might be expressed by `George IV wished to know, concerning the man who in fact wrote Waverley, whether he was Scott’. This would be true,. for example, if George IV had seen Scott at a distance, and had asked `Is that Scott?’. A secondary occurrence of a denoting phrase may be defined as one in which the phrase occurs in a proposition p which is a mere constituent of the proposition we are considering, and the substitution for the denoting phrase is to be effected in p, and not in the whole proposition concerned. The ambiguity as between primary and secondary occurrences is hard to avoid in language; but it does no harm if we are on our guard against it. In symbolic logic it is of course easily avoided.

The distinction of primary and secondary occurrences also enables us to deal with the question whether the present King of France is bald or not bald, and general with the logical status of denoting phrases that denote nothing. If `C‘ is a denoting phrase, say `the term having the property F‘, then

`C has property phi‘ means `one and only one term has the property F, and that one has the property phi‘.

If now the property F belongs to no terms, or to several, it follows that `C has property phi‘ is false for all values of phi.Thus `the present King of France is not bald’ is false if it means

`There is an entity which is now King of France and is not bald’,

but is true if it means

`It is false that there is an entity which is now King of France and is bald’.

That is, `the King of France is not bald’ is false if the occurrence of `the King of France’ is primary, and true if it is secondary.Thus all propositions in which `the King of France’ has a primary occurrence are false: the denials of such propositions are true, but in them `the King of France’ has a secondary occurrence. Thus we escape the conclusion that the King of France has a wig.

We can now see also how to deny that there is such an object as the difference between A and B in the case when A and B do not differ. If A and B do differ, there is only and only one entity x such that `x is the difference between A and B‘ is a true proposition; if A and B do not differ, there is no such entity x. Thus according to the meaning of denotation lately explained, `the difference between A and B‘ has a denotation when A and B differ, but not otherwise. This difference applies to true and false propositions generally. If `a R b‘ stands for `a has the relation R to b‘, then when a R b is true, there is such an entity as the relation R between a and b; when a R b is false, there is no such entity. Thus out of any proposition we can make a denoting phrase, which denotes an entity if the proposition is true, but does not denote an entity if the proposition is false. E.g., it is true (at least we will suppose so) that the earth revolves round the sun, and false that the sun revolves round the earth; hence `the revolution of the earth round the sun’ denotes an entity, while `the revolution of the sun round the earth’ does not denote an entity.

The whole realm of non-entities, such as « the round square », « the even prime other than 2 », « Apollo », « Hamlet », etc., can now be satisfactorily dealt with. All these are denoting phrases which do not denote anything. A proposition about Apollo means what we get by substituting what the classical dictionary tells us is meant by Apollo, say « the sun-god ». All propositions in which Apollo occurs are to be interpreted by the above rules for denoting phrases. If « Apollo » has a primary occurrence, the proposition containing the occurrence is false; if the occurrence is secondary, the proposition may be true. So again « the round square is round » means « there is one and only one entity x which is round and square, and that entity is round », which is a false proposition, not, as Meinong maintains, a true one. « The most perfect Being has all perfections; existence is a perfection; therefore the most perfect Being exists » becomes:

« There is one and only one entity x which is most perfect; that one has all perfections; existence is a perfection; therefore that one exists. »

As a proof, this fails for want of a proof of the premiss « there is one and only one entity x which is most perfect ».

Mr. MacColl (Mind, N.S., No. 54, and again No. 55, page 401) regards individuals as of two sorts, real and unreal; hence he defines the null-class as the class consisting of all unreal individuals. This assumes that such phrases as « the present King of France« , which do not denote a real individual, do, nevertheless, denote an individual, but an unreal one. This is essentially Meinong’s theory, which we have seen reason to reject because it conflicts with the law of contradiction. With our theory of denoting, we are able to hold that there are no unreal individuals; so that the null-class is the class containing no members, not the class containing as members all unreal individuals.

It is important to observe the effect of our theory on the interpretation of definitions which proceed by means of denoting phrases. Most mathematical definitions are of this sort; for example `m-n means the number which, added to n, gives m‘. Thus m-n is defined as meaning the same as a certain denoting phrase; but we agreed that denoting phrases have no meaning in isolation. Thus what the definition really ought to be is: `Any proposition containing m-n is to mean the proposition which results from substituting for « m-n » « the number which, added to n, gives m« .’ The resulting proposition is interpreted according to the rules already given for interpreting propositions whose verbal expression contains a denoting phrase. In the case where m and n are such that there is one and only one number x which, added to n, gives m, there is a number x which can be substituted for m-n in any proposition contain m-n without altering the truth or falsehood of the proposition. But in other cases, all propositions in which `m-n‘ has a primary occurrence are false.

The usefulness of identity is explained by the above theory. No one outside of a logic-book ever wishes to say `x is x‘, and yet assertions of identity are often made in such forms as `Scott was the author of Waverley‘ or `thou are the man’. The meaning of such propositions cannot be stated without the notion of identity, although they are not simply statements that Scott is identical with another term, the author of Waverley, or that thou are identical with another term, the man. The shortest statement of `Scott is the author of Waverley‘ seems to be `Scott wrote Waverley; and it is always true of y that if y wrote Waverley, y is identical with Scott’. It is in this way that identity enters into `Scott is the author of Waverley‘; and it is owing to such uses that identity is worth affirming.

One interesting result of the above theory of denoting is this: when there is an anything with which we do not have immediate acquaintance, but only definition by denoting phrases, then the propositions in which this thing is introduced by means of a denoting phrase do not really contain this thing as a constituent, but contain instead the constituents expressed by the several words of the denoting phrase. Thus in every proposition that we can apprehend (i.e. not only in those whose truth or falsehood we can judge of, but in all that we can think about), all the constituents are really entities with which we have immediate acquaintance. Now such things as matter (in the sense in which matter occurs in physics) and the minds of other people are known to us only by denoting phrases, i.e. we are not acquainted with them, but we know them as what has such and such properties. Hence, although we can form propositional functions C(x) which must hold of such and such a material particle, or of So-and-so’s mind, yet we are not acquainted with the propositions which affirm these things that we know must be true, because we cannot apprehend the actual entities concerned. What we know is `So-and-so has a mind which has such and such properties’ but we do not know `A has such and such properties’, where A is the mind in question. In such a case, we know the properties of a thing without having acquaintance with the thing itself, and without, consequently, knowing any single proposition of which the thing itself is a constituent.

Of the many other consequences of the view I have been advocating, I will say nothing. I will only beg the reader not to make up his mind against the view — as he might be tempted to do, on account of its apparently excessive complication — until he has attempted to construct a theory of his own on the subject of denotation. This attempt, I believe, will convince him that, whatever the true theory may be, it cannot have such a simplicity as one might have expected beforehand.


Mind, new series, 14 (1905): 479–493; text from Logic and Knowledge, ed. Robert Marsh, 1956.

Les prophéties de Lacan, par Jacques-Alain Miller

En passant

Article paru dans Le Point du 18 août 2011.

Propos recueillis par Christophe Labbé et Olivia Recasens

Éclairant. Ce que Lacan aurait dit sur notre époque, par son gendre et légataire intellectuel, le psychanalyste Jacques-Alain Miller.

Le Point : Jacques Lacan nous éclaire sur l’un des travers de notre société démocratique : l’individualisme roi. Peut-on parler d’une tyrannie du « Un » ?

Jacques-Alain Miller : L’époque est marquée par l’emprise croissante du chiffre, du comptage : on veut tout quantifier. Or le principe du tout-chiffrage, c’est le « Un ». Sans le « Un », nos calculs n’existeraient pas et, désormais, ils sont partout : dans la vie quotidienne, en politique – du moins, là où on vote -, dans la science, la médecine, l’économie, la librairie, le spectacle, tous les champs de l’activité humaine. L’islam est la religion qui met le plus l’accent sur le « Un » unique. Or, dans la sexualité, traditionnellement, c’est la dualité qui dominait. Tout était fondé sur la complémentarité des deux sexes. Freud concevait encore le rapport sexuel sur le modèle platonicien et évangélique : l’homme et la femme, et puis ils ne font qu’une seule chair.

Continuer la lecture

Lire un symptôme

Citation

 » Je suis en train, ces jours-ci, d’articuler l’opposition conceptuelle entre l’être et l’existence. Et c’est une étape sur le chemin où j’entends distinguer et opposer l’être et le réel, being and the real.

Il s’agit pour moi de mettre en valeur les limites de l’ontologie, de la doctrine de l’être. Ce sont les Grecs qui ont inventé l’ontologie. Mais eux-mêmes en ont senti les limites puisque certains ont développé un discours portant explicitement sur un au-delà de l’être, beyond being Dans cet au-delà de l’être, dont il faut croire qu’ils ont senti la nécessité, ils ont placé le Un, the one. En particulier celui qui a développé le culte du Un, comme au-delà de l’être, c’est le nommé Plotin. Et il l’a tiré des siècles plus tard d’une lecture de Platon, précisément du Parménide de Platon. Donc il l’a tiré d’un certain savoir lire Platon. Et en deçà de Platon il y a Pythagore, mathématicien mais mystique-mathématicien. C’est Pythagore qui divinisait le nombre et spécialement le Un et qui ne faisait pas, lui, une ontologie mais ce qui s’appelle en termes techniques à partir du grec une hénologie, c’est-à-dire une doctrine du Un. Ma thèse, c’est que le niveau de l’être appelle, nécessite un au-delà de l’être. » → lire l’entièreté de l’intervention de jacques-alain miller au congrès de la NLS en avril 2011 sur le site de l’AMP

XV. post-scriptum / les usages lacaniens de l’ontologie – 15 juin 2011

Comme je vous l’ai indiqué la dernière fois, le cours que je vous ai dispensé cette année est en fait bouclé. Il a trouvé son point de capiton, non pas ici mais à Montpellier, lors d’une journée d’étude qui était consacrée au Livre 23 du Séminaire Le Sinthome.

Vous aurez l’occasion de lire le compte rendu de cette journée qui sera publié sous la forme d’un livre.[i] La réunion d’aujourd’hui, qui sera la dernière de l’année, est donc un post-scriptum à ce cours.

Clotilde Leguil - Photo Nathalie Tufenkjian

Ce cours dont le titre m’apparaît, au terme, ne pas pouvoir être autre que « L’Être et l’Un ».

Le mot de post-scriptum que j’ai employé est d’autant plus approprié que c’est en effet un texte rédigé à la suite de ce cours que nous apporte la personne qui est assise à mes côtés et qui a été cette année avec vous dans mon assistance. Seulement elle, elle s’est inspirée de ce cours pour un travail qui porte sur la première moitié de ce titre, sur ce qu’est l’être dans l’enseignement de Lacan. Elle s’est donc intéressée à l’ontologie et à ce qu’elle appelle ses usages lacaniens.

Clotide Leguil, c’est son nom  — je m’excuse de ne pas avoir annoncé sa présence ; c’est dû aux incidents qui m’ont obligé à annuler la réunion prévue il y a quinze jours et la semaine dernière —, Clotide Leguil est d’autant plus qualifiée pour nous parler des usages lacaniens de l’ontologie qu’elle est l’auteur d’une thèse, qui deviendra un livre,  portant sur l’articulation entre l’enseignement de Lacan et la philosophie de Jean-Paul Sartre. Elle y montre ce que Lacan doit à Sartre, mais surtout ce par quoi Lacan est allé au-delà de Sartre, en particulier concernant la description de l’analyse de l’angoisse, et au-delà de ce que Sartre appelait son ontologie, son ontologie phénoménologique.

Continuer la lecture

James Joyce lit Anna Livia Plurabelle (Finnegans Wake)

Lien

Anna Livia Plurabelle
James Joyce reads from Ulysses (1929)

by Sylvia Beach

In 1924, 1 went to the office of His Master’s Voice in Paris to ask them if they would record a reading by James Joyce from Ulysses. I was sent to Piero Coppola, who was in charge of musical records, but His Master’s Voice would agree to record the Joyce reading only if it were done at my expense. The record would not have their label on it, nor would it be listed in their catalogue.

James Joyce avec Sylvia Beach et Adrienne Monnier au Shakespeare & Co Paris 1920

Some recordings of writers had been done in England and in France as far back as 1913. Guillaume Apollinaire had made some recordings which are preserved in the archives of the Musée de la Parole. But in 1924, as Coppola said, there was no demand for anything but music. I accepted the terms of His Master’s Voice: thirty copies of the recording to be paid for on delivery. And that was the long and the, short of it.

Joyce himself was anxious to have this record made, but the day I took him in a taxi to the factory in Billancourt, quite a distance from town, he was suffering with his eyes and very nervous. Luckily, he and Coppola were soon quite at home with each other, bursting into Italian to discuss music. But the recording was an ordeal for Joyce, and the first attempt was a failure. We went back and began again, and I think the Ulysses record is a wonderful performance. I never hear it without being deeply moved.

Continuer la lecture

XIV. le point de capiton de Montpellier / tripartition de consistances cliniques – 25 mai

Ce n’était pas ici que mon cours de cette année a atteint, je crois son but, (« On n’entend pas, on n’entend pas, on n’entend rien ») sa cible, son sommet ( – voilà, je vous donne 3 mots comme ça si vous en perdez un, ce n’est pas trop grave). Ce n’était pas ici, mais lors d’une journée d’étude – à laquelle vous n’avez pas été conviés, je m’en excuse – qui réunissait comme chaque année ceux qui ont une charge d’enseignement dans les sections cliniques – celles de France auxquelles s’ajoute la section de Bruxelles. Cette journée regroupe donc un aréopage de quelque 200 enseignants et un petit nombre d’étudiants qui sont aussi conviés [i].

Ce weekend, cela se passait à Montpellier et je ne peux pas le passer sous silence, non pas pour vous désespérer, mais parce que non seulement cette journées, ces 2 demi-journées, ont été l’occasion pour moi de vérifier que j’étais entendu, par beaucoup de monde qui n’est pas ici, que j’étais compris, et que mon cours de cette année avait, si je puis dire, résonné pour les collègues, praticiens en même temps qu’enseignants, qui se dévouent à animer ce qui doit bien faire 25 ou 26 établissements à travers le pays.

Mais aussi, ce fut le moment où pour moi s’est noué le point de capiton de ce cours.

Je dois dire que dans ces journées je ne suis pas du tout le seul à travailler, puisque ces journées se sont déroulées à partir d’un écrit de 15 contributions brèves, 2, maximum 3 pages, de 15 psychanalystes auxquels j’avais proposé à chacun une proposition, une phrase extraite du séminaire XIII de Lacan, Le sinthome, et je m’étais efforcé d’assigner à chacun le travail qu’il me semblait, les connaissant, le plus apte à les stimuler et le résultat est là (désigne sur la table, une grosse quantité de feuilles), et la lecture des textes se fait à l’avance. Il est aujourd’hui aisé d’envoyer cette quantité de signifiants par un message électronique, ce qui fait que sur place on converse. Et on a conversé autour de 3 tables rondes, plus une laissée à l’improvisation. Donc loin d’être tout seul, solitaire à cette tribune comme je suis ici, et comme on même dit austère, eh bien dans ce cadre-là, je m’en donne à corps joie. Faut dire que pour ma part je ne me suis exprimé que dans un style de rigolade qui a été communicatif, ce qui fait que on s’est bien amusés ça m’a fait d’ailleurs regretter le format d’expression auquel je suis ici condamné, c’est le mot qui me vient, et j’aimerais bien que ça change, j’aimerais peut-être même bien que ça change avant la fin de l’année. Il y a dans l’échange dans la conversation pour moi une stimulation, de l’invention ex-tempore, qui évidemment ici me fait défaut, et c’est là que le signifiant et le signifié se sont rejoints dans ce qui m’a paru être le point de capiton de ce cours.

Continuer la lecture

DSK, entre Eros et Thanatos

En passant

DSK, entre Eros et Thanatos

par  Jacques-Alain Miller, psychanalyste et écrivain

Le Point n°2018, 19 mai 2011, p. 48

« Que vous inspire l’affaire DSK ?» me demande Le Point.

L’envie de parfaire l’éducation freudienne du peuple français. Aujourd’hui, en France, l’inconscient est en effet une notion populaire, qui s’est déjà acquis une crédibilité de masse. L’inconscient, on y croit très largement. Mais l’événement oblige à en étendre la notion et à la compléter.

Si l’inconscient est entré de plein droit dans le discours commun, il n’a été adopté que sous une forme précise, celle du lapsus. L’opinion en est à exiger des médias que les lapsus des personnalités publiques, comme leurs gaffes, soient traqués, recueillis et répercutés. Ces trébuchements, on ne les traite pas comme des erreurs, on leur reconnaît du sens, et même une valeur de vérité très supérieure à celles des « petites phrases» ciselées à l’avance.

Quelle vérité ? Elle reste indéterminée, mais le phénomène n’en est pas moins assimilé à une révélation. On tient le lapsus pour l’émergence inopinée, incongrue et involontaire de certaines pensées secrètes agitant un sujet dans son for intérieur. On admet que le sujet n’est pas maitre du langage dont il use et qu’il s’exprime toujours à ses risques et périls.

Quel risque? Celui de se trahir lui-même. Le sujet se sabote. Il ne veut pas son propre bien. On est bien forcé de s’apercevoir qu’il est divisé: il dissertait sur la crise financière, et voilà que son message sur l’inflation se trouve parasité par un autre discours qui se glisse dans les interstices du premier et lui fait prononcer à la place le mot « fellation».

Un lapsus, ça fait rire, ce n’est pas grave… l’effet de vérité est fugitif : il désarçonne le sujet, le destitue un instant de son image publique, le ridiculise, mais il s’évapore aussitôt. Maintenant, imaginez que ce mot de «fellation », qui appartient à un discours second, ne s’exprime pas dans le registre de la parole sous la forme de lapsus; supposez qu’il soit doté d’une force injonctive et qui il embraie directement sur le corps. Le sujet se trouve alors dans la nécessité d’obéir à un commandement aussi muet qu’irrécusable, à une exigence absolue de satisfaction immédiate. Un impératif de jouissance impose sa loi, qui n’admet aucune délibération: le passage à l’acte se déclenche. Là, le rire se fige.

Continuer la lecture

René Descartes, Recherche de la vérité par les lumières naturelles

En passant

[ Ceci vient en référence à la première partie du 13ème cours de Miller.]

RECHERCHE DE LA VÉRITÉ PAR LES LUMIÈRES NATURELLES
QUI, A ELLES SEULES, ET SANS LE SECOURS DE LA RELIGION ET DE LA PHILOSOPHIE,
DÉTERMINENT LES OPINIONS QUE DOIT AVOIR UN HONNÊTE HOMME
SUR TOUTES LES CHOSES
QUI DOIVENT FAIRE L’OBJET DE SES PENSÉES,
ET QUI PÉNÉTRENT DANS LES SECRETS DES SCIENCES
LES PLUS ABSTRAITES.
Texte de l’édition V. Cousin

PRÉAMBULE

L’honnête homme n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres, ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles. Il y a plus, son éducation seroit mauvaise s’il avoit consacré trop de temps aux lettres. Il y a beaucoup d’autres choses à faire dans la vie, et il doit la diriger de manière que la plus grande partie lui en reste pour faire de belles actions, que sa propre raison devroit lui apprendre, s’il ne recevoit de leçons que d’elle seule. Mais il vient ignorant dans le monde, et comme les connoissances de ses premières années ne reposent que sur la foiblesse des sens ou l’autorité des maîtres, il peut à peine se faire que son imagination ne soit remplie d’un nombre infini d’idées fausses, avant que sa raison ait pu prendre l’empire sur elle ; en sorte que par la suite il a besoin d’un bon naturel ou des leçons fréquentes d’un homme sage, tant pour secouer les fausses doctrines dont son esprit est prévenu, que pour jeter les premiers fondements d’une science solide, et découvrir tous les moyens par lesquels il peut porter ses connoissances au plus haut point qu’elles puissent atteindre.

Continuer la lecture

XIII. tripartition de la cause lacanienne – 18 mai

lumière naturelle

J’ai fait résonner à la fin de ma dernière causerie le mot de « cause »,  en faisant référence, référence allusive, à Descartes. C’est en effet dans la troisième Méditation que l’on  trouve formulé le principe de causalité suivant, attribué par Descartes à ce qu’il appelle la lumière naturelle.

Cette expression a été interrogée, il l’utilise plus qu’il ne la thématise, qu’il ne la définit. La « lumière naturelle » implique une évidence, c’est-à-dire, un énoncé, une proposition, une phrase qui n’est pas résultat, qui n’est pas le résultat d’une déduction, mais qui précède et conditionne tout raisonnement. Cette évidence est de l’ordre de l’axiome, si l’on entend par là que cette proposition n’est pas arbitraire, n’est pas choisie, qu’elle est primordialement nécessaire, nécessaire à ce qu’on puisse discourir – exactement penser. C’est en quelque sorte la condition pour pouvoir penser. Une condition absolue. L’absolu a toujours affaire avec l’impossible, en l’occurrence faute de cet axiome, il serait impossible de penser, et donc même de méditer, au sens où Descartes emploie ce terme. Cet axiome, prétendument naturel, c’est qu’il doit y avoir pour le moins autant de réalité dans la cause efficiente, et Descartes ajoute « et totale« , que dans son effet.

C’est un axiome quantitatif, qui concerne  et ordonne la quantité de réalité. Mais en deçà, il repose sur ce qui serait l’évidence de la scission de deux entités, la cause et l’effet. Et donc, en deçà de cet axiome il y a la position d’une discontinuité. Mais, c’est ce que Lacan souligne quand il utilise ce terme de cause auquel il reste fidèle tout au long de son enseignement, ce trait de discontinuité et il lui sert à opposer la cause et la loi. Parce que la loi prescrit sans scission. Chez Descartes, cette scission s’inscrit dans la prévalence de la cause dite efficiente, la cause considérée par rapport à son effet – ça n’est que l’une des causes distinguées par Aristote. Aristote, lui, ordonnait 4 causes, 4 types de cause, et, c’est le pas de Descartes que d’avoir isolé la cause efficiente en effaçant les autres, en les résorbant, les autres qui sont  la cause finale, la cause matérielle et la cause formelle.  Lacan, éminemment causaliste, et qui a rénové le sens de la cause, si je puis dire au XXème siècle, en un temps où la référence en était devenue désuète, Lacan n’a pas méconnu du tout les causes aristotéliciennes. Et il s’y est référé à plusieurs reprises.

Continuer la lecture

LOM, LOM de base, LOM cahun corps et nan-na Kun. Faut le dire comme ça : il ahun… et non : il estun…

En passant

Je donne ici une référence du 12ème cours de Jacques-Alain Miller, le cours du 11 mai.

« LOM, LOM de base, LOM cahun corps et nan-na Kun. Faut le dire comme ça : il ahun… et non : il estun… (cor/niché). C’est l’avoir et pas l’être qui le caractérise. Il y a de l’avoiement dans le qu’as-tu ? dont il s’interroge fictivement d’avoir la réponse toujours. J’ai ça, c’est son seul être. Ce que fait le f…toir dit épistémique quand il se met à bousculer le monde, c’est de faire passer l’être avant l’avoir, alors que le vrai, c’est que LOM a, au principe. Pourquoi ? ça se sent, et une fois senti, ça se démontre.

Il a (même son corps) du fait qu’il appartient en même temps à trois… appelons ça, ordres. En témoignant le fait qu’il jaspine pour s’affairer de la sphère dont se faire un escabeau.

Je dis ça pour m’en faire un, et justement d’y faire déchoir la sphère, jusqu’ici indétronable dans son suprême d’escabeau. Ce pourquoi je démontre que l’S.K.beau est premier parce qu’il préside à la production de sphère.

L’S.K.beau c’est ce que conditionne chez l’homme le fait qu’il vit de l’être (= qu’il vide l’être) autant qu’il a – son corps : il ne l’a d’ailleurs qu’à partir de là. D’où mon expression de parlêtre qui se substituera à l’ICS de Freud (inconscient, qu’on lit ça) : pousse-toi de là que je m’y mette, donc. Pour dire que l’inconscient dans Freud quand il le découvre (ce qui se découvre c’est d’un seul coup, encore faut-il après l’invention en faire l’inventaire), l’inconscient c’est un savoir en tant que parlé comme constituant de LOM. La parole bien entendu se définissant d’être le seul lieu, où l’être ait un sens. Le sens de l’être étant de présider à l’avoir, ce qui excuse le bafouillage épistémique.

L’important, de quel point – il est dit « de vue », c’est à discuter ? Ce qui importe donc sans préciser d’où, c’est de se rendre compte que de LOM a un corps – et que l’expression reste correcte, – bien que de là LOM ait déduit qu’il était une âme – ce que, bien entendu, « vu » sa biglerie, il a traduit de ce que cette âme, elle aussi, il l’avait.

Avoir, c’est pouvoir faire quelque chose avec. Entre autres, entre autres avisions dites possibles de « pouvoir » toujours être suspendues. La seule définition du possible étant qu’il puisse ne pas « avoir lieu » : ce qu’on prend par le bout contraire, vu l’inversion générale de ce qu’on appelle la pensée.

Aristote, Pacon contrairement au B de même rime, écrit que l’homme pense avec son âme. En quoi se trouverait que LOM l’a, elle aussi, ce qu’Aristote traduit du []. Je me contente moi de dire : nœud, moins de barouf. Nœud de quoi à quoi, je ne le dis pas, faute de le savoir, mais j’exploite que trinité, LOM ne peut cesser de l’écrire depuis qu’il s’immonde. »

Jacques Lacan, Autres Écrits, » Joyce le Symptôme », p. 565-566.

« l’existence, soit ce dont seul le dire est témoin »

En passant

Ceci, en complément cours du 11 mai (un regard en arrière)

« Lacan est même allé jusqu’à suggérer que c’était la religion qui projetait sur la jouissance un interdit que Freud avait entériné. Il allait aussi jusqu’à penser que la philosophie avait paniqué devant cette jouissance, et que paniquant devant cette jouissance, elle l’avait enseveli sous une masse de substances – faute de penser la substance jouissante, sa permanence, son existence, rebelle à la dialectique qu’introduit le signifiant quand il est pris avec ses effets de signifié, et que c’était à la psychanalyse de cerner cette jouissance. Lacan a pu écrire cette phrase que je ne m’explique que maintenant dans ce retour en arrière, Autres Écrits, p. 507, « la jouissance vient à causer ce qui se lit comme le monde ».Ça veut dire que la jouissance, au fond, c’est le secret de l’ontologie. C’est la cause dernière de ce qui se présente comme l’ordre symbolique dont la philosophie a fait le monde. »
JAM, 11 mai 2011

« Rappelons pour nous qui nous écroyons moins qu’au Japon, ce qui s’impose du texte de la Genèse, c’est que d’ex nihilo rien ne s’y crée que du signifiant. Ce qui va de soi puisqu’en effet ça ne vaut pas plus. L’inconvénient est qu’en dépende l’existence, soit ce dont seul le dire est témoin.

Que Dieu s’en prouve eût dû depuis longtemps le remettre à sa place. Soit celle dont la Bible pose que ce n’est pas mythe, mais bien histoire, on l’a marqué, et c’est en quoi l’évangile selon Marx ne se distingue pas de nos autres.

L’affreux est que le rapport dont se fomente toute la chose, ne concerne rien que la jouissance et que l’interdit qu’y projette la religion faisant partage avec la panique dont procède à cet endroit la philosophie, une foule de substances en surgissent comme substituts à la seule propre, celle de l’impossible à ce qu’on en parle, d’être le réel.

Cette « stance-par-en-dessous » ne se pourrait-il qu’elle se livrât plus accessible de cette forme pour où l’écrit déjà du poème fait le dire le moins bête ?

Ceci ne vaut-il pas la peine d’être construit, si c’est bien ce que je présume de terre promise à ce discours nouveau qu’est l’analyse ?

Non pas que puisse s’en attendre jamais ce rapport dont je dis que c’est l’absence qui fait l’accès du parlant au réel.

Mais l’artifice des canaux par où la jouissance vient à causer ce qui se lit comme le monde, voilà, l’on conviendra, ce qui vaut que ce qui s’en lit, évite l’onto-, Toto prend note, l’onto-, voire l’ontotautologie.

Pas moins qu’ici.

Le 1er janvier 1973″

Jacques Lacan, Autres Écrits, « Postface au séminaire XI », Paris, Seuil 2001, p. 506 & 507.

XII. un regard en arrière – 11 mai

Je ne veux pas aujourd’hui faire un pas en avant, mais plutôt regarder en arrière pour situer le point où j’en suis.

Le point où j’en suis dans ce que je pense, sans doute.

Ce que je pense aujourd’hui, au fond c’est ceci : que j’ai été formé par l’enseignement de Lacan à concevoir le sujet comme un manque-à-être, c’est-à-dire non-substantiel. Et, cette pensée, cette conception a des incidences radicales dans  la pratique de la psychanalyse. Et, ce que je pense, c’est que dans le dernier enseignement de Lacan, c’est-à-dire dans ses indications qui deviennent au cours du temps de plus  en plus parcellaires et énigmatiques, qui demandent à y mettre beaucoup du sien, le manque-à-être, la visée du sujet comme manque-à-être, s’évanouit, disparaît.

Et, à la place de cette catégorie ontologique à proprement parler – il y est question d’être -, vient celle du trou.

Qui n’est pas sans rapport avec le manque-à-être et qui pourtant est d’un autre registre que l’ontologie. Et donc, c’est comme ça que je me retrouve obligé à penser le rapport, la filiation et pourtant  la différence entre le manque-à-être et le trou – par quoi Lacan voulait dans son dernier enseignement définir le symbolique lui-même, le définir comme trou.

Et, le fait qu’il ait eu recours au nœud pour représenter ce que j’appellerais (pour m’amuser?) l’état de sa pensée n’a fait que rendre d’autant plus insistant cette catégorie du trou, puisque chacun des ronds de ficelle dont il s’emparait peut être dit, être filé autour d’un trou.

Voilà ce que j’entrevois, au point où j’en suis.

Le renoncement à l’ontologie l’a conduit du manque-à-être au trou.

Et que cela reste à penser.

Et, le point où j’en suis, c’est aussi le point où j’en suis dans ce que je pratique, dans mon exercice de la psychanalyse.

Et là, je vois bien que j’y ai évolué.

Continuer la lecture

XI . l’outrepasse – 3 mai

L’être et l’existence, cela fait deux.Voilà ce que j’enseigne cette année à partir du dernier enseignement de Lacan.

outre-passe

Cette bipartition, cette dénivellation, est nécessaire à penser ce qui s’impose de notre pratique et qui est l’espace d’un au-delà de la passe, l’outre-passe, dont nous sommes comme analystes appelés à répondre aujourd’hui. Nous y sommes appelés à répondre parce que nombreux sont ceux qui, au-delà de l’épreuve de la passe, réussie ou non, poursuivent l’analyse.

Il y a, c’est une constatation, l’outre-passe. Et de ce fait, elle conditionne l’expérience analytique dès le moment où celle-ci s’instaure.

vérité

En effet, l’expérience analytique s’inaugure comme une recherche de la vérité. Cette recherche prend la forme d’une demande, d’une demande  de l’analyste : « Dis-moi la vérité ». Cette demande, qu’elle soit explicitée ou non, déclenche, favorise, se nourrit de ce que le patient livre ce qui lui vient à l’esprit. Et donc la demande de vérité s’énonce, implicitement ou non, comme un « Dis-moi sans fioritures ce que tu penses, sans ménagement, de façon brute, en quelque sorte sauvage. Et ce que tu me diras ainsi, sera ta vérité. »  C’est une vérité du moment, de l’instant. L’analyste sait par avance qu’elle n’est pas définitive, qu’elle est éminemment variable, sait « que tu diras autre chose plus tard, qui ne sera pas le même ». Et donc, il y a du côté de l’analyste ce savoir « qu’en disant la vérité, tu mens, et même que tu ne peux que mentir. C’est ce qu’on appelle le réel ».

On appelle réel ce dont on ne peut dire la vérité qu’en mentant. Le réel, c’est la raison de la vérité menteuse, ne serait-ce que parce que variable. Qu’est-ce qu’on appelle le réel ? C’est ce qu’on ne peut dire qu’en mentant, ce qui est rétif au vrai, au dire que c’est vrai.

présentation de malades

J’enseigne ici, mais je n’enseigne pas qu’ici.  Je fais aussi une présentation de malades, comme on dit. C’est une pratique qui s’inscrit dans la suite de Lacan, qui lui-même prenait le relais d’une pratique qui était traditionnelle parmi les psychiatres de son temps. Ça consiste à interroger devant un public des patients qui sont hospitalisés et dont on est supposé démontrer la structure au cours d’un entretien, pour le bénéfice d’apprentis. C’est une pratique qui a été critiquée, en effet, elle s’inscrit dans le discours psychiatrique.  Lacan a récusé les objections qu’on avait formulées au titre d’une certaine rébellion contre les institutions, et dans le Champ freudien, après lui, cette pratique a été maintenue.

Continuer la lecture