V. Qu’est-ce que le réel? – 2 mars 2011

1/ Périodiquement, je pose dans ce cours la question du réel

Périodiquement, je pose dans ce cours la question du réel.

Je l’ai fait une première fois sous le titre des « Réponses du réel« .

De quoi s’agissait-il? De la question que la pratique de la psychanalyse pose au réel de l’homme au sens générique, de l’homme et de la femme, de ce qu’on appelle l’individu, lorsqu’il se prête à l’expérience que nous lui proposons, expérience à laquelle il aspire, qu’il demande, et à laquelle nous acceptons de l’introduire – à vrai dire avec beaucoup de libéralité aujourd’hui.

Jadis, on s’interrogeait sur les indications et contre-indications, on se demandait si vraiment l’analyse convenait à l’un ou l’autre, étant donné ses capacités ou sa structure. Cette question a perdu de son urgence. L’analyse, c’est aujourd’hui un droit de l’homme. Jusqu’au point que refuser une analyse à quelqu’un ce serait vraiment le déprécier. On préfère adapter l’instrument, doser les capacités de chacun, quitte à être infidèle aux [préceptes ] de l’expérience. Il serait injuste de ne pas tenir compte de l’évolution des choses. Être entendu, comme tel, chacun s’y sent le droit – puisque le discours juridique a pris dans le malaise de la civilisation une fonction prévalente.

Alors, pourquoi est-ce qu’on y aspire, à cette expérience ?

Pour le dire de la façon la plus générale : quand on ne sait pas très bien qui on est. Quand est on est quelque peu décollé de ce qui s’appelle l’identification. On aspire à l’expérience de parler et d’être entendu, quand on soupçonne que en-dessous du signifiant-maître, du S1, ou de l’essaim, de la multiplicité des signifiants auquel le sujet est identifié, y a encore quelque chose d’autre. Continuer la lecture

III. L’expérience analytique et ses effets – 2 février 2011

  • PARTIE I /
  • PARTIE II / Des effets épistémiques de la traversée et au-delà
  • PARTIE III / Les amphibologies du réel
  • PARTIE IV  / Le schème et le fantasme

partie I

cure – expérience

Il fut un temps où Lacan parlait de la cure analytique. C’est que, alors, il fallait dédouaner la psychanalyse en la faisant passer pour une thérapeutique – pour une action ayant pour but une guérison

Vous savez qu’il lui substitua, dans son usage le plus courant, celui d’expérience analytique – expérience au sens où dans une analyse se passent des choses, on y vit quelque chose de tout à fait singulier / et le mot expérience a l’avantage de ne pas spécifier qu’il en résulte quelque chose comme une guérison… C’est prudent, et réaliste 😉

cure – psychanalyse didactique / guérison – formation

Conceptualiser l’expérience, comme on le faisait, et comme Lacan un temps l’a adopté, comme cure, oblige à en distinguer la psychanalyse dite didactique, celle dont le but est de formation.

Autrement dit, jusqu’à Lacan la psychanalyse se trouvait dédoublée. Il y avait la psychanalyse comme cure, avec finalité de guérison et l’expérience comme pédagogique, avec finalité de formation.

L’incidence de Lacan s’est marquée parce qu’elle a fait une union de ces deux versants de la pratique.

« Expérience », le mot, qualifie une processus unique – à la fois de guérison et de formation. Sauf que ces 2 termes apparaissent l’un et l’autre tout à fait inadéquats à désigner ce dont il s’agit, la façon dont Lacan mettait en œuvre la psychanalyse, la façon dont il invitait à la pratiquer ne trouvant pas à se ranger sous l’une de ses rubriques – même si on les confond.

effets / fantasme, passe et traversée

Tout ce qu’on peut dire, tout ce qu’on peut concéder, c’est qu’il y a en effet des effets … qui se déprennent du processus de la psychanalyse, des effets qui ne sont à trouver ni dans la guérison ni dans la formation. En revanche, la pratique de la psychanalyse comporte des conséquences qui convergent sur le fantasme, le fantasme du psychanalysant. Ces effets, Lacan concevait qu’ils se cristallisaient – ni en guérison ni en formation – mais en ce qu’il appelait la PASSE. En quoi il désignait le franchissent d’une impasse constitutive du sujet, proprement originelle et se traduisant par un effet majeur, que, pour le qualifier, j’ai retenu un mot employé par lui une fois dans un de ses écrits : TRAVERSÉE. Traversée du fantasme.

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