Schéma (modifié) du cours de jacques-Alain Miller du 2.2 | |
sensibilité (Sinnlichkeit)
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entendement |
ce qui relève de la sensation / intuition | . met en jeu la faculté, le pouvoir des concepts par lequel on peut conceptualiser ce qui vient de l’intuition . appartient à la spontanéité du sujet / la spontanéité, c’est le jeu des signifiants |
« intuition pure » | « jugement analytique a priori, à savoir de ce que nous appellerons tout simplement l’usage purement combinatoire d’éléments extraits de la position première d’un certain nombre de définitions » ( voir là: JL, Sém. IX) |
déterminations spatio-temporelles | déterminations conceptuelles |
» Est-ce […]que cette intuition pure, […] ne nous enseigne rien ? Elle nous enseigne assurément de discerner sa cohérence et aussi sa disjonction possible de l’exercice justement synthétique de la fonction unifiante du terme de l’unité en tant que constituante dans toute formation catégorielle et, les ambiguïtés étant une fois montrées de cette fonction de l’unité, de nous montrer à quel choix, à quel renversement nous sommes conduits sous la sollicitation de diverses expériences. » (voir là : JL, Sém. IX) | |
« au point précis où on peut faire remarquer la minceur du point de conjonction entre le fonctionnement catégoriel et l’expérience sensible dans Kant, le point d’étranglement, si je puis dire, où peut être soulevée la question si l’existence d’un corps, bien sûr tout à fait exigible, en fait ne pourrait pas être mise en cause dans la perspective kantienne » (voir là: JL, Sém. IX) | |
La connaissance relève toujours de l’intuition (réceptivité) et du concept (spontanéité). Il y a là un « goulot d’étranglement » dit Lacan. Il faut à Kant trouver un médiateur, il le trouvera dans le schème, pour lequel il invente un pouvoir propre de l’âme qu’il appelle le schématisme. réceptivité ◊ spontanéité c’est le schème qui fera poinçon |
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« . Le schème : vous disposez d’un concept, et le problème c’est déterminer la relation spatio-temporelle qui correspond à ce concept.
. Un concept étant donné, comment est-ce que je peux produire dans l’intuition ? C’est à dire dans l’espace et dans le temps, un objet conforme au concept. Produire dans l’espace et dans le temps, ça c’est l’opération du schème. En d’autres termes, le schème ne renvoie pas à une règle de recognition, mais il renvoie à une règle de production. . Le schème de la maison c’est ce qui vous permet de produire dans l’expérience, dans l’espace et dans le temps, quelque chose, des objets conformes au concept. Mais ça ne sort pas du concept; vous aurez beau retourner le concept dans tous les sens, l’ensemble fait pour abriter les hommes, vous n’en tirerez pas les règles de production, les règles de construction de la maison. Si vous avez la règle de production vous avez un schème. » Deleuze, voir là |
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« Le schème kantien, on peut arriver à le réduire à la Beharrlichkeit, à la permanence, à la tenue, dirais-je vide, mais à la tenue possible de quoi que ce soit, dans le temps. » Lacan, voir là |
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jouissance | toujours liée à un premier événement de valeur traumatique du jeu des signifiants, et donc relève de l’Autre. |
Le fantasme fait schème entre la réceptivité de la jouissance et la spontanéité des signifiants. | |
Sujet barré ◊ a |
Archives par mot-clé : schème
le schème kantien selon Deleuze
En passant
[ Complément de lecture du cours de jacques-alain miller du 2 février 2011]
Source : Sur le site Webdeleuze : DELEUZE / KANT – Cours à Vincennes – 04/04/1978
[…]
Le centre de tout ce que je voudrais dire aujourd’hui c’est exactement ceci : si on s’en tient à la critique de la raison pure, livre célèbre de Kant, on voit bien, quant aux thèmes qui nous occupent concernant le temps, on voit bien qu’il y a deux grandes opérations. Ce qu’il y a de commun entre ces deux grandes opérations de la connaissance – puisque la raison pure s’occupe de la connaissance -, ce qu’il y a de commun entre ces deux grandes opérations de la connaissance c’est que dans les deux cas on fera correspondre, malgré leur hétérogénéité, malgré leur différence de nature, des déterminations conceptuelles et des déterminations spatio-temporelles.
Ces deux grandes opérations par lesquelles on fait correspondre – quelles que soient les difficultés de cette correspondance, une fois dit leur hétérogénéité -, déterminations spatio-temporelles et déterminations conceptuelles, ce sont toutes les deux des opérations synthétiques.
Elles sont synthétiques pour des raisons très simples, elles sont nécessairement synthétiques puisque, on l’a vu, déterminations spatio-temporelles d’une part et déterminations conceptuelles d’autre part, espace-temps et concept sont hétérogènes, donc l’acte qui les met en correspondance ne peut être qu’une synthèse d’hétérogènes. Ces deux opérations synthétiques ont un nom. Ces deux opérations ont aussi en commun d’être des actes de l’imagination. Évidemment imagination ne veut plus dire se faire des idées, ou imaginer quelque chose, puisque Kant donne un sens fondamentalement nouveau à l’acte d’imagination puisque c’est l’acte par lequel des déterminations spatio-temporelles vont être mises en correspondance avec des déterminations conceptuelles.
Vous me demanderez pourquoi est-ce qu’il appelle ça « imagination » ?
Comprenez qu’il en est déjà à un niveau où il saisit l’imagination à un niveau beaucoup plus profond que dans les philosophies précédentes; l’imagination ce n’est plus la faculté par laquelle on produit des images, c’est la faculté par laquelle on détermine un espace et un temps d’une manière conforme à un concept, mais qui ne découle pas du concept est d’une autre nature que la détermination de l’espace et du temps. C’est vraiment l’imagination productrice par opposition à l’imagination reproductrice. Lorsque je dis : j’imagine mon ami Pierre, c’est de l’imagination reproductrice. Pierre, je pourrais faire autre chose que de l’imaginer, je pourrais lui dire bonjour, aller chez lui, je pourrais me le rappeler, ce qui n’est pas la même chose que l’imaginer. Imaginer mon ami Pierre c’est de l’imagination reproductrice. En revanche, déterminer un espace et un temps conformément à un concept, mais de telle manière que cette détermination ne peut pas découler du concept lui-même, faire correspondre à un concept un espace et un temps, ça c’est l’acte de l’imagination productrice. Qu’est-ce que fait un mathématicien ou un géomètre ? Ou d’une autre manière que fait un artiste ? Ils vont faire des productions d’espace-temps.
Les deux opérations synthétiques qui établissent des mises en correspondance d’espace-temps à des concepts. Je dis que Kant leur donne des noms très stricts, et ce serait déjà très fâcheux de confondre ces deux opérations. L’une est désignée sous le nom de synthèse à proprement parler, la synthèse comme acte d’imagination productrice et l’autre – qui n’est pas moins synthétique -, Kant lui réserve un autre nom, celui de Schème. Un schème. C’est aussi une opération de l’imagination productrice. Continuer la lecture
III. L’expérience analytique et ses effets – 2 février 2011
- PARTIE I /
- PARTIE II / Des effets épistémiques de la traversée et au-delà
- PARTIE III / Les amphibologies du réel
- PARTIE IV / Le schème et le fantasme
partie I
cure – expérience
Il fut un temps où Lacan parlait de la cure analytique. C’est que, alors, il fallait dédouaner la psychanalyse en la faisant passer pour une thérapeutique – pour une action ayant pour but une guérison…
Vous savez qu’il lui substitua, dans son usage le plus courant, celui d’expérience analytique – expérience au sens où dans une analyse se passent des choses, on y vit quelque chose de tout à fait singulier / et le mot expérience a l’avantage de ne pas spécifier qu’il en résulte quelque chose comme une guérison… C’est prudent, et réaliste 😉
cure – psychanalyse didactique / guérison – formation
Conceptualiser l’expérience, comme on le faisait, et comme Lacan un temps l’a adopté, comme cure, oblige à en distinguer la psychanalyse dite didactique, celle dont le but est de formation.
Autrement dit, jusqu’à Lacan la psychanalyse se trouvait dédoublée. Il y avait la psychanalyse comme cure, avec finalité de guérison et l’expérience comme pédagogique, avec finalité de formation.
L’incidence de Lacan s’est marquée parce qu’elle a fait une union de ces deux versants de la pratique.
« Expérience », le mot, qualifie une processus unique – à la fois de guérison et de formation. Sauf que ces 2 termes apparaissent l’un et l’autre tout à fait inadéquats à désigner ce dont il s’agit, la façon dont Lacan mettait en œuvre la psychanalyse, la façon dont il invitait à la pratiquer ne trouvant pas à se ranger sous l’une de ses rubriques – même si on les confond.
effets / fantasme, passe et traversée
Tout ce qu’on peut dire, tout ce qu’on peut concéder, c’est qu’il y a en effet des effets … qui se déprennent du processus de la psychanalyse, des effets qui ne sont à trouver ni dans la guérison ni dans la formation. En revanche, la pratique de la psychanalyse comporte des conséquences qui convergent sur le fantasme, le fantasme du psychanalysant. Ces effets, Lacan concevait qu’ils se cristallisaient – ni en guérison ni en formation – mais en ce qu’il appelait la PASSE. En quoi il désignait le franchissent d’une impasse constitutive du sujet, proprement originelle et se traduisant par un effet majeur, que, pour le qualifier, j’ai retenu un mot employé par lui une fois dans un de ses écrits : TRAVERSÉE. Traversée du fantasme.